Gustave Flaubert (1821-1880)
Le langage du corps
Ce court récit inédit de Julien Gracq met en scène une fascination. C'est la vision initiatrice, brève mais répétée, d'une demeure, aperçue à chaque trajet depuis un car traversant la campagne pendant l'Occupation, qui pousse le narrateur à se mettre en route, cheminant seul dans les sous-bois pour s'approcher de la maison. À travers le récit de ce parcours aussi sensuel et contemplatif qu'intériorisé, La Maison déplie, comme une intrigue, la naissance d'un désir.
« Le soir tombait plus vite qu'ailleurs sur l'égouttement de ces fourrés sans oiseaux. Leurs bruits légers et distincts :
Craquements de branches, sifflement faible du vent dans un pin isolé, éteignaient les bruits insignifiants de la campagne - au long d'eux, dans la brume pluvieuse, on marchait comme dans une ombre portée : la route tout entière feutrée et épiante, n'était plus qu'une oreille collée contre la lisière des bois. [...] Après quelques allées et venues assez incertaines au long de la route, l'envie me vint une minute, devant cet obstacle absurde, de renoncer à mon équipée - mais la curiosité fut la plus forte. »
Comment sortir du monde nous rappelle les textes emblématiques d'Annie Ernaux, d'Edouard Louis ou plus récemment de Fatima Daas (La Petite dernière).
Un premier roman virtuose, une bombe littéraire, selon Diaty Diallo, sensation de la rentrée 2022.
Le territoire d'où je suis né n'a aucune capacité à nous propulser dans le monde. Le territoire duquel je suis apparu, il tue les rêves, mange les aspirations. C'est une zone aplanie, morne, mais verdoyante par endroits.
Comment sortir du monde, c'est l'histoire d'un jeune homme en colère. Hanté par une seule chose : fuir.
Comment sortir du monde, c'est l'histoire d'un hybride, un différent, un déraciné.
Comment sortir du monde, ce sont des traversées : de la forêt à la ville, de Paris à Tanger, des applis de rencontre à la découverte des sentiments.
«Proust. Avant, ce nom mythique était pour elle comme celui de certaines villes - Capri, Saint-Pétersbourg... - où il était entendu qu'elle ne mettrait jamais les pieds.»Clara est coiffeuse dans une petite ville de Saône-et-Loire. Son quotidien, c'est une patronne mélancolique, un copain beau comme un prince de Disney, un chat qui ne se laisse pas caresser. Le temps passe au rythme des histoires du salon et des tubes diffusés par Nostalgie, jusqu'au jour où Clara rencontre l'homme qui va changer sa vie : Marcel Proust.
ENTRE 1868 et 1869, quatre très jeunes femmes convergent vers Lyon pour travailler dans la première branche mécanisée de l'industrie de la soie : « ovalistes », elles garniront les bobines des moulins (ovales) afin de donner au fil grège la torsion nécessaire au tissage.
Rien ne les destinait à se rencontrer, hormis la nécessité de gagner leur vie : Toia est piémontaise, le curé du village l'a recommandée au colporteur chargé de recruter des filles de bonne moralité comme ouvrières non qualifiées. Ne sachant ni lire ni parler le français, elle arrive seule à Lyon en diligence, l'adresse de l'atelier notée sur un papier qu'elle montre à qui pourra l'aider.
Il en va de même pour Rosalie Plantevin, originaire de la Drôme où sévit la maladie du mûrier : elle n'a pas trouvé à s'y employer pour nourrir son enfant, laissé en pension à sa soeur. Marie Maurier, elle, vient de Haute- Savoie, où son père est carrier. Vive, drôle, elle amusera tout le monde, dans son atelier de la Guillotière. La très blonde Clémence Blanc est la seule Lyonnaise du quatuor, que révolte la mort en couches de l'amie avec qui elle partageait un minuscule garni.
Dans une magnifique métaphore autour de la forme ovale - celle du moulin, celle du stade -, Maryline Desbiolles imagine ses quatre personnages en relayeuses se passant le témoin pour une course qui les mènera, non pas à un record, mais à devenir parties prenantes d'un événement d'importance : la première grève de femmes de l'histoire.
C'est en juin 1869 que Philomène Rozan, figure bien réelle que l'autrice met en scène en camarade d'atelier de Clémence, prend la tête du mouvement :
Pour énoncer leurs revendications salariales, demander de meilleures conditions de travail et de logement et poser un préavis de grève, les filles ont recours à un écrivain public. Les maîtres mouliniers font bien sûr la sourde oreille. Elles s'enhardissent pourtant et, pendant quelques jours, le mouvement va s'amplifier. Le livre avance alors au rythme exaltant d'une troupe féminine s'autorisant enfin à cesser de courber l'échine :
Nos quatre relayeuses y apparaissent comme en couleur, dans une foule anonyme en noir et blanc, titubantes dans l'élan de leur propre audace.
La course aura été belle, Philomène Rozan repérée par Marx lui-même pour participer au congrès de l'Association internationale des travailleurs à Bâle, en septembre de cette année 1869. Mais trois hommes iront finalement à sa place, dont Bakounine.
L'acuité, la poésie, l'humour, la concision de l'écriture font ici merveille pour donner voix et corps à ces oubliées de l'histoire.
Prix Livre Inter 2023 et prix littéraire Le Monde 2022 !
Salué par la critique depuis vingt ans mais encore méconnu du grand public, Mathieu Belezi livre avec Attaquer la terre et le soleil un roman magistral, qui incarne la folie et l'enfer de la colonisation de l'Algérie au 19e siècle.
Attaquer la terre et le soleil narre le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne.
Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une oeuvre romanesque d'une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d' Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel ( C'était notre terre, 2008) et Flammarion ( Les vieux Fous, 2011 ;
Un faux pas dans la vie d'Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d'une femme et d'un soldat, la folie, l'enfer, que fut cette colonisation.
« On dit que tu es née sept jours après le terme. Je pense que tu es née pendant sept jours », écrit Marie Richeux au début de ce récit intense et lumineux.
Pendant les sept journées qui suivent le moment supposé du terme de sa grossesse, la narratrice nous entraîne dans le vertige de l'attente. Oscillant entre la hâte et la crainte, elle marche sur le fil de sensations et d'émotions qu'exacerbent la lumière et la touffeur de l'été. Téléphone et ordinateur éteints, elle semble suspendue à l'arrivée de l'enfant. Le monde s'invite pourtant dans l'étrange parenthèse : les lectures, les images qu'elle regarde, les musiques qu'elle écoute, les fêtes qu'elle aime à rejoindre, ses vagabondages au bois de Vincennes ou dans la fraîcheur d'une cage d'escalier font trembler les contours d'une bulle radieuse, où la réalité et le temps apparaissent comme diffractés.
L'écriture dense, précise et sensible à la fois, fait ici merveille pour transformer une expérience très intime en une belle et confiante célébration : « Ça va arriver », ne cesse de scander le texte.
C'est dans les couleurs et les odeurs de l'arrière-saison automnale que l'on retrouve l'écrivain-jardinier Marco Martella, arpentant ici les territoires plus personnels de la campagne briarde. Aux Fleurs (2021) succèdent les fruits, certains tardifs, comme les dernières pommes, ou sauvages, comme les prunes du myrobolan. Et sont l'occasion d'évoquer les amis, les compagnons de route, les « frères fantômes » qui animent de leur présence énigmatique les paysages aimés.
Qui était Germaine Richier née dans un monde étranger à l'art, pour qui l'art est devenu le centre de son monde ? Qui était cette artiste inclassable qui a tracé sa route envers et contre tout ? Laurence Durieu, petite nièce de l'artiste nous propose une biographie inédite, accompagnée d'un choix de textes des auteurs de son époque, lesquels ont célébré cette herbe folle qui a poussé dans la grande tradition de la sculpture.
Il faut voir La Feuille, La Vierge folle, Le Grain ou La Forêt, quatre sculptures qui, de la terrasse du musée Picasso dominent la baie d'Antibes depuis 1963, pour comprendre que cette oeuvre nous parle de la nature et des hommes, et que de cette conjugaison naissent des êtres hybrides qui font de Richier l'une des plus grande sculpteure du XXe siècle.
L'auteur du Dit du mistral (40 000 lecteurs depuis parution) est de retour !
Olivier Mak-Bouchard revient avec une fable sociale, simple et émouvante, l'histoire d'un homme paumé depuis l'enfance, au chômage, et à qui tout à coup le destin sourit.
Un jour de septembre, un jeune homme perd son emploi. Il pense que c'est la fin. Il a tout faux : c'est le début d'une autre vie, où l'accompagnent bientôt un chat en smoking et un rapace qui a des envies d'ailleurs. N'oublions pas, pour la route, une abonnée à trente millions d'amis, un homme mystérieux qui joue avec le feu, ou encore un frère, le plus beau représentant des blaireaux.
La Ballade du feu est un livre sur les erreurs. Les erreurs d'orientation professionnelle, les erreurs de géolocalisation. Les erreurs que l'on peut faire quand on croit que la vie ne nous appelle plus. On y parle en fait de ces jours où on se demande ce qu'on a fait au Bon Dieu ; ces jours où vous auriez pu dire non mais où, allez savoir pourquoi, vous avez finalement dit oui.
Changer de regard sur la jeunesse. Les jeunes seraient « paresseux », « incultes », voire « égoïstes et individualistes ». J'ai entendu mille fois ces accusations à l'égard de la jeunesse : dans des dîners de famille, à la volée chez un commerçant ou portées par des éditorialistes remontés à la télévision. Ces jugements négatifs sont non seulement infondés, mais aussi délétères pour toute la société. Entre le chômage, la dégradation de la situation économique, la pandémie et l'urgence écologique, les jeunes doivent composer avec des paramètres inédits. De plus, les défauts qu'on leur prête sont souvent le symptôme d'une profonde incompréhension - d'un désintérêt ? - pour leurs préoccupations et leurs pratiques.
À dix-neuf ans, Hisham Matar développe une mystérieuse fascination pour l'école siennoise de peinture. La même année, il perd toute trace de son père, probablement disparu dans les geôles de Kadhafi. Il faudra à l'écrivain plus de vingt ans pour se rendre enfin à Sienne. Au coeur de la Toscane, cette ville longtemps évitée lui révélera, contre toute attente, une part de lui-même. Ponctué de tableaux, ce récit est une invitation au voyage et une bouleversante réflexion sur l'art et la littérature, ces élans pleins d'espoir qui nous relient à ceux que l'on aime et à ceux que l'on a perdus.
« Fin mai 2022, j'ai acheté, dans un magasin parisien spécialisé dans les randonnées en montagne, un lit de camp, un sac de couchage et une lampe torche. Le lendemain, j'ai installé mon équipement d'alpiniste sur le sol froid du musée de l'Acropole à Athènes pour y passer une nuit de lune décroissante, entièrement seule.
Comment arriverez-vous à dormir avec tous ces yeux de marbre qui vous fixent ? m'avait-on prévenue. Mais c'est une nuit dans un musée vide que je m'apprêtais à passer devant l'Acropole. À Athènes, il ne reste que des miettes : un pied de déesse, la main de Zeus, la tête d'un cheval. Nous avons tous dérobé quelque chose à la Grèce : ses idées, à partir desquelles nous avons forgé nos racines occidentales. Les marbres du Parthénon, arrachés à la pioche et envoyés en Angleterre par Lord Elgin au début du XIXe siècle. Dans ce vol collectif, je ne suis qu'un imposteur parmi d'autres : je ne suis pas grecque, je ne parle pas le grec moderne, et pourtant j'ai bâti ma vie et mon écriture sur ce vol.
Ce soir, ce privilège sans précédent dans l'histoire du musée m'a pourtant été accordé, à moi, qui n'ai ni Homère ni Platon dans mon sac, mais la biographie de Lord Elgin. »A. M.
Traduit de l'italien par Béatrice Robert-Boissier
- Le dolmen dont tu m'as parlé, Johan, il est bien sur la route du petit pont ?- À deux kilomètres après le petit pont, ne te trompe pas. Sur ta gauche, tu ne peux pas le manquer. Il est splendide, toutes ses pierres sont encore debout.- Ça date de quand, un dolmen ?- Environ quatre mille ans.- Donc des pierres pénétrées par les siècles. C'est parfait pour moi.- Mais parfait pour quoi ?- Et cela servait à quoi, ces dolmens ? demanda Adamsberg sans répondre.- Ce sont des monuments funéraires. Des tombes, si tu préfères, faites de pierres dressées recouvertes par de grandes dalles. J'espère que cela ne te gêne pas.- En rien. C'est là que je vais aller m'allonger, en hauteur sur la dalle, sous le soleil.- Et qu'est-ce que tu vas foutre là-dessus ?- Je ne sais pas, Johan.
Que reste-t-il du lien que deux soeurs ont su tisser au milieu de l'enfance explosée, quand leurs parents se séparèrent et s'absentèrent ? Ce lien est celui de Maddi et Nina, la cadette, soeur intense, soeur jaillissante. Au côté de l'écorchée vive, Maddi a su se faire une carapace d'intelligence pour se retirer et observer la vie sans jamais trop s'y exposer.
Mais, longtemps après, lorsqu'elle décide de laisser un temps sa maison parisienne, ses deux enfants et son couple forteresse-tendresse, pour revenir sur les lieux de son enfance, Maddi sent que sa carapace se fendille et qu'un équilibre menace de se rompre. Tout le passé resurgit, les lumières déchirantes de Rome, Mylène la gouvernante athlétique, les espérances, les leçons, les duretés et ce lien avec Nina plus fort que l'amour.
Que faire alors d'une carapace ? de deux ? Et les carapaces vieillissent-elles ? N'interdisent-elles pas les caresses ? Et puis, apportent-elles la paix ? Parce qu'il est le roman des soeurs, Sous ma carapace est celui des femmes dans le temps des fidélités.
Bobby s'enfuit?: à trente et un ans, avec son air d'enfant éternel, il veut échapper au « Gros », son horrible beau-père qui le martyrise. Le camionneur qui le prend en stop s'improvise assassin en écrabouillant un pauvre lapin, geste qui lui est fatal. Surgit alors un petit homme qui, sans se préoccuper du misérable gisant dans l'herbe, se penche sur la petite créature et lui creuse une sépulture. Monsieur Summers fait ainsi une entrée miraculeuse dans la vie du fuyard qu'il va prendre sous son aile, l'initiant à ses rituels de mise en terre de tous ces petits animaux victimes de l'insouciance ou de la cruauté des humains.
Le long des routes et au milieu des forêts, sur les plages de Cornouailles, ils vont mener sans répit leur invisible croisade, quand une idée peut-être un peu grande pour eux va jaillir.
Ce roman, que Roald Dahl a qualifié d'extraordinaire à sa sortie, possède la grâce des livres venus de nulle part qui vous conduisent vers un ailleurs aussi familier qu'inquiétant.
Un roadtrip d'étude de trois mois dans l'Est des États-Unis à la découverte de l'architecture vernaculaire.
Un témoignage en douze étapes, qui associe constructions modernes et traditionnelles, pour s'imprégner et s'inspirer de principes architecturaux encore riches d'enseignements.
Le jardin de Fred Bernard, petit bijou de biodiversité, s'est agrandi. Dans son havre de paix, le jardinier-poète observe, raconte, dessine les couleurs et parfums, les animaux rares et les phénomènes naturels qui rythment les saisons de sa campagne bourguignonne.
Au fil des pages, il convoque sa famille, ses amis, ainsi qu'une multitude de penseurs et de philosophes, nous offrant une plongée singulière dans son rapport intime à la nature.
Un journal organique, personnel et puissant, qui célèbre avec passion la beauté du vivant.
Ce matin, en me promenant, j'ai trouvé un meilleur ami. Enfin je crois. En tout cas, ça y ressemble. J'ai mis un peu de temps avant de lui parler. Il s'appelle Poc. Il a une vraie tête de meilleur ami. Je crois même qu'il va devenir MON meilleur ami. Des amis, on peut en avoir plein, mais un MEILLEUR ami, c'est une autre histoire. Puis Momo est arrivé...
Olive, la petite soeur d'Odilon, rêve de suivre les traces de son frère. Pour devenir une escargote de course, elle va devoir aller au bout d'elle-même ! Un entrainement de championne l'attend pour la préparer à affronter le circuit de la Grande Laitue... Zélie, de son côté, prépare un spectacle avec Bélonias, sous l'oeil avisé de tante Hypoline. Soudain, patatras, une virevolte entraine sa chute puis une visite à l'hôpital. Pourra-t-elle toujours monter sur scène ? Après le succès de Marcel et Odilon, retrouvez leur univers à hauteur de brin d'herbe dans trois nouvelles histoires drôles et émouvantes où coccinelles et escargots poursuivent leur rêve sans jamais oublier de faire la fête.
Un jour, alors que Tortue, Lièvre, Ours et Souris sont en forêt, ils trouvent un oeuf. Chacun leur tour, ils vont en prendre soin.
Souris prête son bonnet et son écharpe pour que Petit oeuf ait bien chaud.
Ours, qui adore le sport, encourage son ami à sortir de sa coquille, et Petit oeuf devient alors Petit Oiseau !
Lièvre fait goûter toutes sortes d'aliments à Petit Oiseau qui découvre ce qu'il aime.
Et Tortue lui apprend à utiliser son imagination, ils se racontent plein d'histoires merveilleuses.
Ses nouveaux amis aident Petit Oiseau à découvrir le monde, et grâce à eux il va pouvoir prendre son envol !
Mise en scène sous forme de bande-dessinée, cette histoire touchante met en avant des thématiques fortes : l'amitié, la quête d'identité, et la prise d'indépendance.
Toute la beauté de cet album réside dans la simplicité de ses mots, et dans ses illustrations aux couleurs douces.
Seymour, 27 ans, d'origine irakienne, est monteur dans le cinéma du Hollywood des années 1970. Films de série B, bandes annonces... il n'est que simple exécutant au sein des studios Revery. Or, Seymour se rêve cinéaste, et espère qu'il pourra bientôt réaliser son premier projet, Blood of the virgin, un film de loup-garou qu'il a presque fini d'écrire. Lorsqu'on lui propose enfin de le produire, le budget alloué est minime, on lui en refuse la direction et il s'en retrouve très vite complètement dépossédé. Perpétuellement rabroué lors des conflits avec ses collaborateurs et leurs egos, Seymour traverse en même temps une crise dans son couple, fragilisé depuis la naissance de leur fils.
Tout semble lui échapper à mesure qu'il s'accroche. Seymour évolue dans un système qui broie les individus, les rend fous ou désabusés. Dans un monde où les apparences deviennent identités et les vérités avancent sous le masque du non-dit, il n'a pas d'autres choix que de partir en quête de lui-même et de la femme qui partage sa vie.
Cette histoire captivante et profonde sur le désenchantement du rêve hollywoodien s'enrichit de digressions géographiques et temporelles, de changements de points de vue et d'un découpage nerveux et cinématographique.
Sammy Harkham réussit avec brio à nous plonger dans le quotidien de ses personnages, dont la sensibilité et l'imperfection provoquent immédiatement l'attachement.
Drame dans les montagnes du Kurdistan iranien.
Le Kurdistan iranien se situe au Nord-Ouest du pays, le long de la frontière avec l'Irak. C'est une région montagneuse très pauvre et connue pour être un haut lieu du trafic de cigarettes, d'alcool ou de vêtements. Les villageois y sont exploités par des bandes mafieuses pour faire de la contrebande entre les deux pays, à travers les montagnes. Ils empruntent des chemins mortellement dangereux, passant par les sommets de plus de 4 000 mètres des monts Zagros, en portant des marchandises. Ces contrebandiers sont appelés des « kolbars », et chaque année, plusieurs dizaines d'entre eux trouvent la mort, victimes des gardes-frontière iraniens, des mines antipersonnel, d'avalanches ou des rigoureux hivers de cette région.
Dans Les oiseaux de papier, Jalal, dit l'Ingénieur, est recruté pour participer à l'une de ces expéditions en compagnie d'hommes de son village. Une petite troupe est constituée et entreprend le dangereux périple. Un drame se noue alors entre les membres de l'expédition qui meurent un à un.
Cette première fiction de Mana Neyestani est un drame humain saisissant, plein de suspense, qui raconte aussi une histoire de crime d'honneur et le terrible quotidien des habitants de ces régions obligés de prendre des risques insensés pour assurer leur pitance.
«?L'accouplement est un cérémonial - s'il ne l'est pas c'est un travail de chien.?».
Au début des années soixante, un jeune homme est nommé instituteur dans un village du Périgord, le pays des grottes préhistoriques, entre Les Eyzies et Montignac.
Dense, tendu, plein de fulgurances et d'emportements le roman fait de cette terre l'espace à vif d'une quête amoureuse. Yvonne, la belle buraliste, porte en elle la brûlure du désir, tout le mystère de la différence des sexes - l'origine du monde.