Filtrer
- Nos partenaires
- Revue de presse
- Galerie
-
- Les incontournables de La Machine à Lire
-
- Jack Kerouac
- L'oeuvre d'Annie Ernaux
- Maggie Nelson
- L'oeuvre de Mathieu Riboulet
- La Machine à lire à Lire en Poche
- Lisez Kae Tempest !
- Le printemps des poètes 2022
- Des pépites en stock à La Machine à Lire
- Découvrez le Tripode au format poche !
- Des inédits de Marcel Proust
- Les éditions de l'Olivier ont 30 ans !
- Femmes poètes
- Printemps des Poètes
- Philippe Jaccottet - hommage
- Oulipo - la littérature en jeu(x)
- Carte blanche à Laurent Mauvignier
- Autour de Georges Orwell
- Les éditions Interférence
- Autour de Jean-Claude Pirotte
- Gustave Flaubert
- L'univers de Nathacha Appanah
-
- Une sélection de regards sur les continents africains.
- Mythologie(s)
- Collection Biophilia
- Mémoire de l'esclavage
- Guerre en Ukraine
- Les choses
- bell hooks
- Hannah Arendt
- Au nom de la loi, je vous libère
- Les mondes de l'esclavage
- "Travailler, c'est trop dur!"
- Où atterrir ?
- Afghanistan, notre sélection de lectures
- Edgar Morin
- Il y a une merveilleuse distance entre leur forme et la nôtre...
- Le courage d'écouter
- Les éditions Arkhê ont dix ans !
- La Commune de Paris - 1871
- Mobilisation en Birmanie
- La question de l'inceste
- La galaxie Bruno Latour
- Janvier 2021 - quelques essais récents
- D'un pôle à l'autre, Arctique et Antarctique
- D'un genre à l'autre
- Pensées chinoises
- L'espèce humaine
-
- Gérard Garouste
- Ernest Pignon-Ernest
- Hommage à Jean-Jacques Sempé
- Autour de Jane Campion
- Hommage à Pier Paolo Pasolini
- Folies et créativité
- Georgia O'Keeffe
- Dans les pas de Frida
- Arles donne à voir
- Couleurs de Printemps
- Pour découvrir toute la collection Ma nuit au musée
- Marre ! Marre ! Y'en a marre !
- Les femmes et l'art
- Streetart et graffiti
- Hommage à Bertrand Tavernier
-
- Zoom sur les albums de Jo Weaver
- Pour s'occuper, s'amuser et créer
- A vos papilles !
- Marie-Aude Murail - Prix Hans Christian Andersen
- Festival Gribouillis 2022
- Festival d'Angoulême 2022
- Notre sélection - été 2021
- Nos pépites pour les 6/8 ans
- Frères et soeurs : quand la famille s'agrandit
- Nos pépites pour les tout-petits
- Des livres pour les premiers mots de Bébé
- Nos albums pépites pour les 3 à 6 ans
- Le genre - notre sélection jeunesse
- Je me bouge pour ma planète
- Pour noyer ton ennui, pars à l'aventure !
-
- Le chamanisme
- 50 ans Folio
- Festival d'Angoulême 2022
- David Peace - Eric Vuillard : Deux visions de l'Histoire
- Le temps d'un souffle - quinzaine japonaise
- Le signal
- Lire, penser, respirer
- Transsibérien
- Rétrospective 2021
- Le temps qu'il fait fête ses 40 ans
- Le monde du travail
- Lisez Kae Tempest
- La couverture est...
- Les femmes et l'art
Gustave Flaubert (1821-1880)
- Vietnam
- Le Printemps des Poètes
- Rendez-vous dans les îles...
Le langage du corps
- Les éditeurs de Nouvelle-Aquitaine
- NON à une société sans spectacles !
- Prendre l'air
- En route pour l'Ouest !
Critères de recherche
Coups de coeur
-
« Il n'y a rien de tel que la réalité. » On pourrait dire que ce livre est un récit de voyages dans la réalité ou vers la réalité. Avec un premier voyage, il y a plus de vingt ans, où deux jeunes femmes en sac à dos, Netcha, la narratrice, et Maga, une amie espagnole, essaient de rejoindre un village du Chiapas, au Mexique, appelé précisément La Realidad. « Des sources fiables, dit cette amie, lui assuraient que le Sub, alias le souscommandant Marcos, était à La Realidad [...] Marcos est dans la réalité. » Quête autant politique (la rencontre avec les mouvements révolutionnaires zapatistes) qu'initiatique et intime. Si les deux amies renoncent en chemin, elles ne renoncent jamais vraiment. Elles insistent, et par d'autres voies, par d'autres routes, par toute sorte d'approches, on les voit avancer à tâtons vers ce qu'elles imaginent comme un monde inconnu, un monde nouveau, un monde autre. Pour Netcha, l'autre, ce sont avant tout les Indiens qu'elle aimerait rencontrer tout en ayant très peur de cette rencontre. Elle a peur de porter sur les épaules le poids de l'histoire, d'être une représentante du peuple de colonisateurs dont elle est issue, d'avoir lu trop de livres, de passer à côté de ce qui importe vraiment, c'est-à-dire l'altérité. Et c'est bien sûr quand elle décide d'arrêter de voyager, que le vrai voyage commence vraiment.
« Combien de fantômes murmurent encore dans ce livre ? » se demande, à la fin, la narratrice. Celui du mystérieux leader zapatiste, le sous-commandant Marcos, ceux des Indiens en lutte du Chiapas, celui d'Antonin Artaud qui en 1936 fit un voyage énigmatique au Mexique, mais aussi les fantômes d'une existence en quête d'un lieu autre, et le fantôme de la réalité, celui de nos blessures et de nos illusions. Ce nouveau livre de Neige Sinno, autobiographique lui aussi, confirme avec profondeur son immense talent d'écrivain, et offre un récit magique sur l'aspiration autant intime que collective d'un autre monde possible : « Il y a bien une question de stratégie, de choix, de recherche des armes qui nous permettraient de faire advenir un autre monde, mais les forces prennent des chemins qui ne sont pas ceux qu'on croit, plus longs, plus souterrains et moins clairs que ce que l'on souhaiterait. » -
"Si le mois dernier Mme Q. n'avait été témoin d'une scène ordinaire à coup sûr j'aurais tiré un an de plus et laissé Luna continuer de me maltraiter jusqu'à ce que les études nous séparent, qu'elle aille faire son école de commerce privée avec sa queue-de-cheval et que je rencontre à la fac molle des gens de ma trempe sans plan de carrière."
Coline est une lycéenne de milieu populaire vivant dans une ancienne ville minière du Nord de la France. Exposée au flux suffocant des discours stéréotypés, elle trouve refuge sur les terrils ensauvagés près de chez elle. Accompagnée d'un petit chien dans la poche ventrale de sa veste et des chansons de Jamila Woods dans son casque, elle se crée une pensée et un langage magiques pour survivre. Avec ce roman, Fanny Chiarello offre une plongée dans l'esprit et l'humour rageur d'une génération en quête de sens et de beauté. -
Virginia Woolf est une icône dont on a reproduit le visage à l'infini, dont on a usé certaines formules jusqu'à la corde : des images et des mots décontextualisés qui font écran, dépolitisant son oeuvre. Pourtant, celle-ci dialogue avec notre temps.
En féministe, Adèle Cassigneul mêle les voix et les registres pour revisiter à l'oblique la figure de VW, mettre en valeur la pluralité de ses gestes (d'écrivaine, de journaliste, d'éditrice) et réfléchir à ses engagements politiques et littéraires, ainsi qu'à leurs limites. -
Moi, c'est mon corps qui pense
Colette
Coup de coeur- Payot
- Payot Libertés
- 15 Janvier 2025
- 9782228937740
Célébrer la liberté, les sensations et l'écriture féminine, tel est le but de ce recueil qui balaie toute l'oeuvre de Colette et propose un choix de textes au féminin sur le corps, l'amour et la sexualité, mais aussi la gymnastique, la gourmandise, etc. Comme elle l'écrit, "Soyez sûrs qu'une longue patience, que des chagrins jalousement cachés ont formé, affiné, durci cette femme dont on s'écrie : "Elle est en acier !"". Elle est en "femme", simplement - et cela suffit."
-
Géricault a vingt-six ans quand il entreprend de mettre en scène un fait divers retentissant : le naufrage de
La Méduse qui a eu lieu, deux ans plus tôt, en 1816. Géricault ose ! Il joue sa vie qui sera courte sur un tableau géant. Il affronte, seul, la toile blanche qu'il vient d'acheter, cinq mètres de haut et sept de large. C'est un défi, une invraisemblable prouesse dans l'atelier parisien du Roule. Entre 1818 et 1819, il se bat avec ses démons. C'est la fin de la passion clandestine qui le lie à sa tante par alliance, Alexandrine. Le radeau est d'abord un naufrage intime avant de devenir politique. Géricault fait parler les rares témoins survivants de la catastrophe qui se succèdent, les modèles souvent célèbres dont Eugène Delacroix. La nuit tombe, Géricault vient regarder sa journée de travail, ses esquisses, ses portraits. Son corps- à-corps avec le chef-d'oeuvre l'épuise. Il est dévoré par le doute. Il meurt en ignorant que le Louvre va acheter, enfin, la Nef de sa folie clairvoyante.
Le Radeau de la Méduse que le monde entier vient aujourd'hui contempler. -
Près des abeilles
Georges Navel
Coup de coeur- Gallimard
- Le Sentiment Géographique
- 20 Février 2025
- 9782073096845
«En élevant des poules, des lapins, des abeilles, j'espérais tirer ma subsistance, lutter, vaincre la nature, faire pousser des légumes, loin des patrons, des chantiers, des bourgeois, vivre libre, dans une heureuse pauvreté. J'avais trente ans, des illusions, il en fallait pour ma tentative. Mon capital d'entreprise se limitait à trois mois de vivres, le temps d'atteindre à la récolte des pommes de terre et d'un carré de haricots verts. Pionnier d'un foyer futur, je vivais momentanément seul.» Dès la fin des années 1920, Georges Navel vit d'une saison à l'autre dans l'arrière-pays provençal. Il habite, tantôt seul, tantôt entouré d'amis, une maison abandonnée entre vignes et forêt. Tout ne va pas sans heurt. Il y a des moments d'affrontement ou de désespoir. Mais dans ces pages à la poésie merveilleuse, extraites de Chacun son royaume, nous voyons «cette patiente recherche du bonheur» s'accomplir tel un «travail de héros grec», les «Travaux et les Jours d'un Hésiode syndicaliste», selon les mots de Jean Giono.
-
lntérimaire chez Supergel, Samuel doit veiller à ce qu'aucun surimi ne dépasse des boîtes. Pour rompre avec la solitude, il décide d'adopter un poisson. Elle s'appelle Betty, ses lèvres sont délicatement ourlées et elle fait des ronds dans l'eau comme personne. Plus rien ne pourra les séparer. C'est ce qu'il raconte à la commissaire Delair, quand elle lui demande comment tout a commencé.
Et si laisser l'autre entrer dans sa vie, c'était prendre le risque que tout bascule ? -
Une lettre de l'Est : Voix plurielle des femmes ukrainiennes
Inna Shevchenko
Coup de coeur- Des femmes
- Fiction
- 20 Février 2025
- 9782721013903
Un livre sur la guerre d'Ukraine, par Inna Shevchenko, activiste FEMEN.
Cet ouvrage est une plongée bouleversante au coeur de la guerre en Ukraine, racontée à travers un monologue fictif façonné par des dizaines de voix réelles de femmes ukrainiennes. Inna Shevchenko compose le portrait universel d'une protagoniste qui incarne des millions de femmes, témoignant de l'arrivée brutale de la guerre, de l'occupation et de son engagement dans la défense de son pays, tout en partageant ses émotions à vif.
Un véritable cri collectif des femmes face à la guerre.
Un véritable cri collectif, cette Lettre de l'Est mêle récits de survie et de résilience, révélant l'indomptable esprit de celles qui luttent pour leur liberté, leur avenir et l'âme de leur patrie. Originaire de Kherson, une région dévastée par le conflit, l'autrice nous offre un témoignage à la fois intime et universel, éclairant la guerre à travers les yeux des femmes, souvent oubliées, mais essentielles.
« Vous voulez savoir ce que cela signifie d'être une femme dans cette guerre ? Cela signifie mener deux combats - un pour votre pays, et un autre pour le droit même de le défendre. [...]
Regarder des armes être distribuées à des garçons qui peuvent à peine les tenir, à des hommes qui les détestent, alors que vous, debout, prête, brûlante, les poings serrés, on vous dit encore : «Pas toi.» » - I. S. -
«?Sophia se crée la trouille de longer les arbustes, rampants, sournois, quand elle doit sortir de la maison et joindre la cave, afin d'aider son grand-père, elle court à tout va, craint alors de tomber. C'est un jeu sans jeu, auquel elle s'adonnera longtemps et ce d'autant plus que les boiseries extérieures sont rouges et effilées. Sophia s'arrête pour cueillir un coquelicot, là, se trouve son courage. En déplaçant la fleur, il ne reste qu'un caillou. Une fois devant la porte, Sophia hésite à s'engouffrer dans cet endroit, de pierre et de tuyaux, de cliquetis : rien de bon ne peut sortir de là, et la petite rebrousse chemin.?» (Éléonore de Duve, Sophia)
-
La maison hantée
Michèle Audin
Coup de coeur- Éditions de Minuit
- Roman Francais Minuit
- 2 Janvier 2025
- 9782707355966
Je voulais écrire un roman de Strasbourg pendant son annexion par le IIIe Reich.
Pas l'histoire haletante d'un réfractaire poursuivi par la Gestapo. Non, simplement un roman de la vie quotidienne.
Mais il n'y a plus de témoins.
Et puis, dans un carton d'archives, j'ai découvert Emma... et les fantômes de la rue Dunat-Diehr. -
Vie de Gilles
Marie-Hélène Lafon
Coup de coeur- Les éditions du Chemin de Fer
- 14 Février 2025
- 9782490356515
Le livre réunit deux nouvelles qui se font écho et qu'il faut lire comme deux épisodes de la vie de Gilles. Gilles c'est le frère de Claire et Isabelle, qui étaient les personnages du dernier roman de Marie-Hélène Lafon, Les sources.
Si la première partie "La confession" évoque le personnage de la Nini, qui fait le catéchisme aux enfants, c'est bien Gilles qui est au coeur du texte. Gilles enfant, qui imagine l'enterrement du père, qui a hâte d'être un homme sans bien savoir ce que cela veut dire. Gilles incapable de trouver les mots pour se confesser, car ce sont des pensées et des pulsions intimes qu'il faudrait dire.
Dans la seconde, "Cinquante ans", Gilles est devenu adulte. Sa soeur Claire qui habite Paris revient dans la ferme familiale pour quelques heures. Les usages et habitudes de la maison, les souvenirs de la vie d'avant lui reviennent, mais c'est Gilles qu'elle attend et redoute en même temps. Gilles, le taiseux qui, contrairement à elle, n'a pas quitté le monde d'où tout deux viennent, son frère qui reste littéralement embourbé dans la terre qui l'a vu naître.
Vie de Gilles est un double portrait dans lequel le lecteur retrouve les sources, les lieux et l'univers de Marie-Hélène Lafon : le Cantal, la vallée de la Santoire, le monde paysan et la ferme isolée d'où elle vient, auxquels son oeuvre revient sans cesse et que son écriture creuse et transfigure depuis de nombreuses années. -
Ce que Cécile sait : Journal de sortie d'inceste
Cécile Cée
Coup de coeur- Marabout
- 25 Septembre 2024
- 9782501189651
Cécile Cée raconte dans une quête intime sa sortie d'amnésie traumatique et réalise qu'elle a subi l'inceste.
La culture de l'inceste est une histoire de domination ; des familles entières normalisent l'inceste par des mécanismes de silenciation inhérents à notre société.
L'inceste, c'est ça ! Tout un système. -
«En fait, Dickens ne croyait pas à cette histoire de cannibalisme, qui lui paraissait un peu trop mélodramatique. Même lui, qui adorait les grosses ficelles, n'aurait pas osé. Les Esquimaux étaient de très mauvais auteurs, à l'évidence. » Londres, 1847. Voilà deux ans que l'explorateur John Franklin, parti en expédition dans le Grand Nord avec trois navires et une centaine d'hommes, n'a plus donné de nouvelles. Pour le retrouver, Jane, son épouse, remue toute l'Angleterre victorienne : de l'Amirauté, sommée d'envoyer les secours, jusqu'à Charles Dickens missionné pour redorer la réputation écornée de l'aventurier, et même des voyantes en lien avec les fantômes... Mais John est-il réellement le héros que sa femme voit en lui ?
-
«Ali te fascinait. Il y avait chez lui une liberté absolue, une absence de calcul, une exaltation du présent. Il n'était lié par aucun passé et ne concevait pas l'avenir à travers les mêmes contraintes que toi. Il se contentait de vivre et tu te surprenais parfois à espérer que vivre serait contagieux.» Dans le Caire des années 1980, Tarek est un jeune homme à l'avenir tout tracé. Après avoir repris le cabinet médical de son père, il s'apprête à épouser Mira, son amour de jeunesse. Mais, en ouvrant un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam, Tarek fait la connaissance d'Ali. Cette rencontre inattendue ne tarde pas à ébranler ses certitudes... De l'Égypte au Canada, ce roman, fait de dévoilements successifs, nous entraîne à la suite d'un homme en quête d'une vérité aussi brûlante que libératrice.
-
«Toute leur vie, une partie d'eux restera dans le camp et bien sûr ils continueront à travailler, à faire des enfants, à vivre, à progresser mais ça leur manquera toujours comme une enfance perdue à jamais, comme une langue oubliée.» En 1872, le trisaïeul de Nathacha Appanah débarque à l'île Maurice avec sa femme et leur fils âgé de onze ans. Comme des milliers d'autres coolies, cet homme a quitté l'Inde pour venir remplacer les esclaves noirs dans les plantations sucrières coloniales. Plusieurs générations se succéderont dans ces champs de canne, jusqu'au grand-père de l'autrice, dont le courage et la dignité briseront l'asservissement et éclairent ces pages.
-
«Le dimanche matin j'attendis longtemps le bus nº6 devant un arrêt situé lui aussi (comme La Polonez) en rase campagne, et cependant vandalisé avec tant de soin qu'il n'en subsistait que la grêle et parallélépipédique armature métallique, tel un gibet de poche. Il pleuvait de temps à autre. Dans les prés gorgés d'eau, les vaches égarées lors du déménagement attendaient de leur côté que l'on vînt s'occuper d'elles, et les betteraves enfin soustraites à la terre durcie s'entassaient de plus en plus haut au bord des routes. À quelque distance se tenait une jeune fille solitaire, comme répudiée, encombrée de bagages, issue probablement du centre d'apprentissage situé non loin de l'hôtel Campanile.» Jean Rolin, on le sait, n'est pas un voyageur comme les autres. Il pose ses valises là où le vent le mène, flâne au gré des paysages, sans jamais savoir ce qui l'attend. De la vallée de la Fensch à Marseille, en passant par Clermont-Ferrand, il explore des chemins de traverse, en quête de nouveaux horizons.
-
Le titre du livre est emprunté à un vers d'un célèbre poème d'Alfred de Vigny (Le Cor) évoquant la Chanson de Roland et le passage des armées de Charlemagne par les cols pyrénéens. Le franchissement des Pyrénées, entre l'Ariège et Banyuls, il en est bien question ici. Le narrateur part sur les chemins empruntés, durant les années de guerre en 40-45, il y a déjà quatre-vingts ans, par des aviateurs alliés, des réfractaires au STO, des résistants et des Juifs pour gagner l'Espagne, et, de là, la France libre. Multiples histoires d'évasion dont Jean Rolin suit et croise les fils, qui finissent par former un puzzle historique, personnel et narratif captivant. Souvent empêché, plein d'auto-dérision pour narrer ses propres aventures burlesques, ou évoquer certaines figures troublantes de sa famille, Jean Rolin parvient à écrire aujourd'hui les cicatrices de la grande tragédie de l'exil, de la persécution et de la guerre, tout en exhumant les drames associés à la clandestinité : passeurs véreux ou douteux, itinéraires précaires, reliefs escarpés, rencontres improbables de passagers de fortune. Aviateurs héroïques (comme Bud Owen), destins tragiques (comme ceux de Philippe Raichen ou du philosophe Walter Benjamin), anonymes ou célébrités (comme Jean-Pierre Grumbach alias Jean-Pierre Melville). Jusqu'au rocambolesque Cabrero, passeur louche, résistant, gangster, qui sera accusé après la Libération d'avoir liquidé Jacques Grumbach (frère de Jean-Pierre), blessé dans sa marche.
La « Grande Histoire » côtoie les petitesses humaines, les héros des salauds. Dans un art distancé, Jean Rolin emporte l'adhésion, ménageant ses surprises et ses chutes, entre le rire et l'effroi. Il fait le grand récit contemporain d'une mémoire historique vacillante, de ses archives dispersées, et dans une mélancolie de détails contemporains : un oiseau plongeur, la mue d'un serpent dans un vieux cimetière de montagne, un paysage grandiose et étonnamment vide. -
Ce récit est souvent érotique. Quand il résiste à l'appel du désir, il écoute les voix des bêtes, des arbres, des pierres, de ceux qu'on a appelés les dieux - les voix de la guerre, aussi. L'amour et la guerre sont père et mère de tout récit, depuis le premier, qui est le Chant d'Homère. J'ai essayé d'entrevoir Homère dans ses antiques temps et lieux, mais aussi ici et maintenant. Le Chanteur inlassable hésite entre son époque et la nôtre, sans regret ni nostalgie, ni illusions. Avec étonnement peut-être. Il est aveugle, n'est-ce pas. Nous voit-il ? Homère est le héros de ce livre. P. M.
-
Un perdant magnifique
Florence Seyvos
Coup de coeur- Éditions de l'Olivier
- 3 Janvier 2025
- 9782823619553
Au coeur d'une famille en pleine implosion, le beau-père atypique capte toutes les attentions. Mythomane, dépensier, capricieux, suicidaire, généreux, élégant, clochardisé, sincère, menteur, enthousiaste, dépressif, Jacques est tout cela à la fois. Entre la France et la Côte d'Ivoire, il entraîne la narratrice, sa soeur Irène et leur mère dans un tourbillon qui finira par le tuer.
Depuis toujours, Florence Seyvos est comme hantée par ce personnage mystérieux... et toxique. Avec Un perdant magnifique , elle n'a jamais été aussi proche de la vérité. Une vérité douloureuse qu'elle restitue avec ce mélange de pudeur et de violence qui est sa marque de fabrique. Comme dans Le Garçon incassable , son plus grand succès à ce jour, elle parvient à poser un regard précis, parfois cruel, sur toutes les situations, mais avec une délicatesse infinie. -
La révolution par les femmes
Corinne Aguzou
Coup de coeur- Tristram
- Litterature Francaise
- 2 Janvier 2025
- 9782367191010
" Enfin, une femme écrit avec humour sur les femmes, leurs luttes, leurs échecs, leurs espoirs. " (Le Monde)
" La révolution par les femmes a-t-elle échoué avant ou après avoir eu lieu ? "
Angèle, Barbara, Mira, Mariette, Suzanne et Marouchka sont les victimes, diversement amochées, d'un monde où violence sexuelle et violence économique semblent indissociables.
Armées de leur seule conscience politique - doublée d'un sens comique parfois involontaire - elles fomentent, avec l'aide de quelques hommes, dans les marges et sous-sols d'un grand ensemble appelé le Blockhaus, une révolution " post-féministe ".
" Il est passionnant de relire ce livre en 2025, dans un contexte qui n'est (heureusement) plus du tout celui de sa première édition. Le développement et les métamorphoses des fictions féministes n'ont cessé, au cours des années, de nous ramener à cette Révolution par les femmes, découverte sur manuscrit, avec sidération, en 2005. Il y a eu de grands livres féministes (plus souvent des essais que des romans) avant et après La Révolution par les femmes, mais un tel appareillage de vigueur politique, d'originalité narrative, de frénésie burlesque, était et demeure unique. " (Note des éditeurs)
Corinne Aguzou vit à la campagne, dans le Lot. Elle a publié deux autres romans chez Tristram :
Printemps et
Les Rêves de l'Histoire. -
Ravagés de splendeur
Guillaume Lebrun
Coup de coeur- Christian Bourgois
- Littérature Française
- 9 Janvier 2025
- 9782267053524
Au début du IIIe siècle, le court règne d'Héliogabale sur l'Empire romain est fait de rage et de fureur. L'identité sexuelle d'Héliogabale et la passion amoureuse qu'il nourrit pour la grande Vestale et un ancien esclave grec ont marqué les historiens et nous interrogent encore aujourd'hui.
À la mort de Caracalla, les complots fomentés par sa famille portent le jeune Héliogabale à la tête de l'Empire romain. Il quitte sa Syrie natale pour implanter à Rome le culte de Baal et fait scandale en déléguant la plupart de son pouvoir politique à sa mère et à sa grand-mère, permettant ainsi aux femmes d'entrer au Sénat. En épousant la grande Vestale Aquilia, qui avait fait voeu de chasteté et devait consacrer trente années de sa vie à la Déesse Vesta, il continue à transgresser toutes les règles. Quand il tombe follement amoureux de l'ancien esclave grec affranchi Hiéroclès, une nouvelle forme de triumvirat s'installe au Palais. Bientôt, Héliogabale demandera à ses sujets de l'appeler Impératrice plutôt qu'Empereur, et jusqu'à sa mort violente tentera d'instaurer une liberté totale.
Ravagés de splendeur percute le lecteur par l'évocation puissante de la transgression sous toutes ses formes. Héliogabale, sous la plume de Guillaume Lebrun, devient une figure de la transidentité, un être habité par un violent désir et dynamitant tous les codes de la société. Le Bas-Empire qu'il dépeint ressemble par bien des aspects à notre monde contemporain, et le personnage historique hors du commun que fut Héliogabale, incarne ainsi l'interrogation sur le genre, la question du féminin et du masculin et celle de la décadence et de l'utilisation du pouvoir. -
Thalie, 16 ans, vit avec ses parents, Gabriel et Sandrine, dans la Cité de Sainte-Foy au Québec. Nul n'a le droit de franchir le Mur qui entoure la ville et protège ses habitants de la dévastation et du chaos qui sévissent au-delà.
Chaque printemps et jusqu'au retour des neiges, Sandrine quitte son amoureux et sa fille pour reboiser le Nord du pays avec un groupe de femmes. Cette année, Thalie obtient le droit de l'accompagner. Loin de toute forme de civilisation, au contact de ces planteuses d'arbres généreuses et acharnées, l'adolescente découvre un monde insoupçonné, où la nature est omniprésente, où la sororité règne, où tout semble encore possible. -
Mon vrai nom est Elisabeth
Adèle Yon
Coup de coeur- Éditions du sous-sol
- Feuilleton Fiction
- 6 Février 2025
- 9782364689572
Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C'est à peu près tout. Les enfants d'Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n'en parlent pas à leurs enfants qui n'en parlent pas à leurs petits-enfants. "C'était un nom qu'on ne prononçait pas. Maman, c'était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c'était un non-sujet.'
Mon vrai nom est Elisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différents genres : l'enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l'essai. À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l'hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d'une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets. -
Un siècle d'histoire vu par un tableau.
Tout commence en 1919 dans une forêt en bordure de Berlin. Otto Mueller peint Deux filles nues.
De l'atelier de l'artiste aux murs du bureau de son premier propriétaire, le tableau observe le quotidien avant d'être emporté par les tribulations de cette période noire : l'arrivée d'Hitler au pouvoir, l'antisémitisme d'État, l'art moderne qualifié de « dégénéré » par les nazis, la spoliation des familles juives, les expositions, les ventes, les bûchers...
Acteur passif d'un monde qui le dépasse, Deux filles nues est un survivant.
Fruit d'une enquête menée par Luz, ce roman graphique et historique nous appelle à la plus grande vigilance face à toutes les formes de censures politiques et culturelles.