Gustave Flaubert (1821-1880)
Le langage du corps
Profondément engagée pour la cause des femmes, Laure Adler retrace la vie et l'oeuvre d'une brillante intellectuelle féministe : Françoise Héritier. Une précurseuse, une aventurière de la pensée, une citoyenne engagée et une amie très chère, qui n'a cessé de déconstruire les idées reçues sur le masculin et le féminin et de lutter contre toutes les formes d'oppression dont souffrent les femmes.
« Bien avant la naissance de #MeToo, elle se révèle à la fois une théoricienne et une avocate des causes essentielles de la vie de la société. À l'heure du tout voir, du tout savoir, du tout exposer, à l'heure où des jeunes filles sont victimes chaque jour de harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux, à l'heure où le corps des femmes continue à être une marchandise ou un butin de guerre, à l'heure où l'intégrisme gagne du terrain, à l'heure où, en Ukraine, le viol est une arme de guerre, à l'heure où, en Afghanistan, les filles n'ont pas eu le droit de faire leur rentrée des classes, Françoise Héritier m'apparaît comme une vigie, une lanceuse d'alertes, une scientifique qui nous laisse en héritage des manières et des moyens de combattre les violences sexuelles, sociales et politiques dans un monde inégalitaire et fragmenté. Elle incarne aussi à mes yeux la figure d'une penseuse qui a toujours réfléchi de manière non occidentale, d'après ses observations en Afrique, terre nourricière de ses premières interrogations, sur ce qui fait société. Françoise, l'aventurière de l'esprit, Françoise, qui croyait au bonheur et qui, partout et en toute chose, détectait et goûtait le sel de la vie. »
Loin d'être le remède miracle aux crises auxquelles nous faisons face, la croissance économique en est la cause première. Derrière ce phénomène mystérieux qui déchaine les passions, il y a tout un système économique qu'il est urgent de transformer.
Dans cet essai d'économie accessible à tous, Timothée Parrique vient déconstruire l'une des plus grandes mythologies contemporaines : la poursuite de la croissance. Nous n'avons pas besoin de produire plus pour atténuer le changement climatique, éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités, créer de l'emploi, financer les services publics, ou améliorer notre qualité de vie. Au contraire, cette obsession moderne pour l'accumulation est un frein au progrès social et un accélérateur de l'effondrement écologique.
Entre produire plus, et polluer moins, il va falloir choisir. Choix facile car une économie peut tout à fait prospérer sans croissance, à condition de repenser complètement son organisation.
C'est le projet de ce livre. Explorer le chemin de transition vers une économie de la post-croissance.
Il est temps de convoquer un nouvel imaginaire : les villes de demain n'ont plus vocation à grandir éternellement. Plus tôt nous mettrons en pratique le «zéro artificialisation », plus grande sera notre résilience face aux crises écologiques à venir. Au plus vite, la ville doit devenir stationnaire : continuer à vivre, à s'épanouir et à s'embellir en cessant de dévorer l'espace autour d'elle.
Réguler l'étalement urbain et la transformation des terres agricoles ou des sites naturels en terrains constructibles (en France, 25 à 30 000 hectares de sols sont détruits par an pour agrandir les villes) par une revitalisation des territoires ruraux et un urbanisme circulaire : privilégier la réutilisation de l'existant, la récupération de friches industrielles ou commerciales, et s'orienter toujours plus vers la réhabilitation.
Quelque dix ans après "Congo", David Van Reybrouck publie sa deuxième grande étude historique, consacrée cette fois à la saga de la décolonisation de l'Indonésie - premier pays colonisé à avoir proclamé son indépendance, le 17 août 1945. Il s'agit pour lui de comprendre l'histoire de l'émancipation des peuples non européens tout au long du siècle écoulé, et son incidence sur le monde contemporain. Fidèle à la méthode suivie dès son premier ouvrage, l'auteur se met lui-même en scène au cours de son enquête, alternant sans cesse, et avec bonheur, exposé de type scientifique et «reportage» à la première personne - ce qui rend la lecture de l'ouvrage à la fois aisée et passionnante. Le résultat est à la hauteur de "Congo" : c'est une grande réussite.
Le bonheur tient à peu de choses. Il se cueille au jour le jour dans les parterres fleuris du beau jardin, millénaire, de la sagesse épicurienne. Le philosophe grec Épicure (340-270 avant J.-C.), mais aussi les grands poètes qu'il a influencés, Horace, Lucrèce, Virgile, bien d'autres encore, jusqu'à la Renaissance et au-delà, promettent le bonheur pourvu que nous sachions nous contenter de sobres plaisirs.
Charles Senard, au fil des chapitres, les égrène : conversations amicales, amour et poésie, campagne charmante, bons vins, trésors des souvenirs. La philosophie épicurienne est l'un d'eux, d'autant plus précieux qu'il est fragile : beaucoup de ses grands textes ont disparu, plusieurs ont été sauvés in extremis, déchiffrés dans les rouleaux carbonisés, patiemment dépliés, d'une bibliothèque d'Herculanum.
Dans ces pages légères et profondes, l'auteur propose une initiation poétique à une philosophie source d'inspiration quotidienne.
La Terre s'est formée il y a 4,5 milliards d'années mais nous ne le savons que depuis la seconde partie du XXe siècle. Alors que nous recensions quelques milliers d'espèces au milieu du XVIIIe siècle, on en identifie aujourd'hui deux millions, et l'on estime que ce nombre ne représente que 20 % de la richesse totale encore à décrire ! Quant à l'humain, si l'on pensait que son histoire se résumait à une succession de deux ou trois espèces sur deux millions d'années, on découvre aujourd'hui que dix fois plus d'espèces d'hominines ont existé, sur sept millions d'années. Chaque découverte augmente le niveau de complexité de ce que l'on sait et élargit le périmètre de ce qu'il reste à connaître.
La vitalité de la recherche bénéficie de multiples évolutions techniques, méthodologiques et conceptuelles. Si l'histoire naturelle favorise depuis toujours les approches interdisciplinaires, quelques-unes - comme la cosmochimie, l'archéozoologie ou encore la paléogénétique - ont connu un grand élan ces dernières décennies. Le perfectionnement des outils de mesure, de l'imagerie scientifique ou des instruments de séquençage génétique donne un nouveau souffle à des études engagées de longue date. Enfin, de nouvelles façons de faire et de penser émergent, comme en témoignent l'essor des sciences participatives et l'apparition de nouveaux concepts (holobionte, anthropocène, One Health, etc.).
Voici un aperçu des foisonnants travaux menés au Muséum national d'histoire naturelle, qui remettent en cause la façon dont chacun d'entre nous se situe dans l'univers, dans la nature, dans la société. Des premiers indices de vies aux biofilms des caniveaux urbains, les contributions ici réunies relatent d'étonnantes petites et grandes découvertes. Entre miscellanées et synthèse, cet ouvrage donne à voir la diversité d'un patrimoine qu'il nous incombe de découvrir et de défendre.
Réduction ou abattage des troupeaux, déplacements de ceux qu'on appelait les « Lapons » (« porteurs de haillons » en suédois), intégration à marche forcée de ces « populations primitives » qu'il convient de civiliser : en signant en 1919 une Convention sur le pâturage des rennes, Suède et Norvège initient en réalité la dislocation de la société samie du Nord, cette « civilisation du renne » organisée depuis des siècles autour d'une transhumance peu soucieuse des frontières nationales.
C'est une histoire douloureuse et méconnue que s'attache à exhumer cette enquête qui restitue le parcours d'un ensemble de familles samies de l'entre-deux-guerres. Tissant souvenirs des derniers témoins, récits, chants et photographies, elle fait entendre une voix jusque-là étouffée, ainsi que la poésie d'un certain rapport au monde et à la nature.
Ce recueil de textes - qu'Anders dit avoir longtemps songé à intituler « L'Obsolescence de la Terre » - prolonge la réflexion sur le rapport de l'homme au monde technique initiée par le premier tome de L'Obsolescence de l'homme (1956). Il porte sur un projet particulier : les vols spatiaux à destination de la Lune. S'intéressant de près à l'histoire des vols spatiaux et à la dimension mythique de la conquête spatiale, Anders montre que ce qui est décisif dans ces vols, ce n'est pas tant qu'ils aient permis de voyager dans l'espace et d'aller sur la Lune mais qu'ils aient offert « pour la première fois à la Terre la chance de se voir, de se rencontrer ». Jusqu'alors voir « notre Terre natale comme étant un objet céleste parmi d'autres objets célestes » exigeait de passer par un acte d'abstraction ou d'imagination. Désormais nous n'en avons plus besoin.
En réduisant le décalage entre ce dont l'Homme avait rêvé (de Cyrano de Bergerac à Hergé en passant par Jules Verne) et ce qu'il peut désormais faire, ces vols spatiaux ont créé un nouveau « décalage prométhéen », touchant aux limites de son imagination.
Vue de la Lune invite à porter un regard critique et renouvelé sur notre condition humaine et terrestre. Avec en filigrane cette question : à quoi cela peut-il bien servir d'aller sur la Lune ?