Gustave Flaubert (1821-1880)
Le langage du corps
La parution des cours de Paul Valéry au collège de France met en danger notre pensée, pour notre plus grand plaisir. À l'occasion de cet évènement, nous avons sélectionné des ouvrages supplémentaires que vous retrouverez rassemblés sur une table en chêne.
L'amateur de poèmes SI je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d'entreprises interrompues par leur propre facilité, qui se transforment l'une dans l'autre, sans que rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style. MAIS je n'ai pas tous les jours la puissance de proposer à mon attention quelques êtres nécessaires, ni de feindre les obstacles spirituels qui formeraient une apparence de commencement, de plénitude et de fin, au lieu de mon insupportable fuite. UN poème est une durée, pendant laquelle, lecteur, je respire une loi qui fut préparée ; je donne mon souffle et les machines de ma voix ; ou seulement leur pouvoir, qui se concilie avec le silence. JE m'abandonne à l'adorable allure : lire, vivre où mènent les mots. Leur apparition est écrite. Leurs sonorités concertées. Leur ébranlement se compose, d'après une méditation antérieure, et ils se précipiteront en groupes magnifiques ou purs, dans la résonance. Même mes étonnements sont assurés : ils sont cachés d'avance, et font partie du nombre. MU par l'écriture fatale, et si le mètre toujours futur enchaîne sans retour ma mémoire, je ressens chaque parole dans toute sa force, pour l'avoir indéfiniment attendue. Cette mesure qui me transporte et que je colore, me garde du vrai et du faux. Ni le doute ne me divise, ni la raison ne me travaille. Nul hasard, mais une chance extraordinaire se fortifie. Je trouve sans effort le langage de ce bonheur ; et je pense par artifice, une pensée toute certaine, merveilleusement prévoyante, - aux lacunes calculées, sans ténèbres involontaires, dont le mouvement me commande et la quantité me comble : une pensée singulièrement achevée.
Dans cette conférence prononcée en 1935, Paul Valéry délivre ses impressions sur l'évolution de l'intelligence en une époque où le progrès ne cesse de bouleverser les habitudes et les modes de pensée. Les progrès techniques de l'âge industriel apportent un nouveau confort mais aussi entraînent une certaine paresse, de corps et d'esprit, une impatience toujours plus vive à obtenir ce qu'on veut avoir... Surtout, ils engendrent un autre rapport au temps, désormais rétréci, amenuisé. Seule échappatoire : une éducation qui continue à valoriser les langues mortes et le bon usage de la langue française. Valéry dénonce une éducation qui mise sur le succès au baccalauréat, sans parvenir à développer la formation d'esprits indépendants.
Socrate Par les dieux, les claires danseuses !... Quelle vive et gracieuse introduction des plus parfaites pensées !... Leurs mains parlent, et leurs pieds semblent écrire. Quelle précision dans ces êtres qui s'étudient à user si heureusement de leurs forces moelleuses !... Toutes mes difficultés me désertent, et il n'est point à présent de problème qui m'exerce, tant j'obéis avec bonheur à la mobilité de ces figures ! Ici, la certitude est un jeu ; on dirait que la connaissance a trouvé son acte, et que l'intelligence tout à coup consent aux grâces spontanées... Regardez celle-ci !... la plus mince et la plus absorbée dans la justesse pure... Qui donc est-elle ?... Elle est délicieusement dure, et inexprimablement souple... Elle cède, elle emprunte, elle restitue si exactement la cadence, que si je ferme les yeux, je la vois exactement par l'ouïe. Je la suis, et je la retrouve, et je ne puis jamais la perdre ; et si, les oreilles bouchées, je la regarde, tant elle est rythme et musique, qu'il m'est impossible de ne pas entendre les cithares. (in L'Âme et la Danse)
Dernier recueil publié du vivant d'Aragon, en 1981, Les Adieux et autres poèmes est sans doute l'un des plus beaux de son oeuvre poétique et l'un des plus émouvants:adieux à Elsa disparue, adieux à la vie et au monde, son histoire tourmentée traversée de beautés irréductibles, salut à la poésie à travers un poignant hommage à Holderlin, salut enfin aux grands peintres compagnons de voyage, Chagall, Picasso, Paul Klee et André Masson. Le chant d'Aragon est ici au plus haut de son lyrisme blessé. Loin de nous la poésie d'Aragon? Non, jamais plus proche assurément que dans ces vers d'intime douleur où le chant justement jamais ne renonce.
Dans son éclairante préface à ce volume entièrement revu et structuré par ses soins, Bertrand Marchal évoque les perspectives de l'entreprise mallarméenne telle qu'elle commence à s'exprimer dans une lettre à Verlaine et telle qu'elle continuera de s'affirmer par la suite. Mallarmé se déclare en quête «d'autre chose» que ce qui fait d'ordinaire l'objet de la poésie. Et précisément, souligne Bertrand Marchal, «autre chose, ce pourrait être au fond le programme, ou le titre de ce volume qui, d'Igitur au Coup de dés en passant par les Notes sur le langage et Divagations, donne toute la mesure, ou la démesure, du rêve mallarméen.»«Rêver autre chose, c'est refuser de réduire la poésie à la production artisanale ou industrielle de vers, c'est manifester que le poète ne saurait se satisfaire d'être un simple versificateur.»«Autre chose - ou, si l'on préfère, le Livre -, note Bertrand Marchal, ce n'est donc pas seulement autre chose par rapport à quelques poèmes plus ou moins satisfaisants ; c'est, bien plus que cela, autre chose par rapport à ce que le poète nomme une formule absolue ; c'est un vide par rapport à un plein ; c'est ce qui donne du jeu, à tous les sens du mot, à une réalité ontologique qui ne peut se dire que sur le mode de la tautologie (N'est que ce qui est ou Rien n'aura eu lieu que le lieu), et qui ouvre par là même un autre lieu ou un autre espace au génie humain.»
«Comprendre Mallarmé a toujours paru difficile. Mais c'est que dès qu'il s'agit de lui, qui fut un des fondateurs de notre modernité, il ne faut pas hésiter à se référer pourtant à ce qui peut en paraître si éloigné:les grandes structures de la pensée archaïque. Celle-ci, en effet, cette longue et omniprésente tradition qu'a commencé de démanteler en Europe à la fin de la Renaissance le nouvel esprit scientifique, ancrait le besoin de connaître dans l'existence comme elle va, autrement dit dans le temps, avec pour horizon et énigme les moyens limités de la condition humaine, et le hasard des événements, et la fatalité de la mort. C'est par analogie avec ses situations de l'exister quotidien que les aspects que nous dirions les plus matériels du monde étaient abordés:choses que l'on percevait de ce fait comme des êtres, enchaînements qui semblaient dictés par un dessein, un vouloir. Et c'est donc de par l'intérieur de l'événement ou de l'objet qu'on avait l'impression d'accéder à leur raison d'être, à leur sens; et sans avoir perdu pour autant contact avec leur apparence la plus immédiatement sensorielle, alors encore non simplifiée par les instruments de mesure. Par exemple, la passiflore était comprise, dans l'univers médiéval. On avait reconnu dans ses organes floraux une représentation abrégée - une image en miroir - des instruments de la Passion, chiffres eux-mêmes du salut, de la Providence. Et ce savoir préservait donc toute la présence sensible de cette fleur, il en voyait la couleur, il en respirait le parfum. [...] Les couleurs, les odeurs, les sons restaient vifs dans l'idée de la passiflore ou du ciel étoilé, aussi riches ceux-ci apparaissaient-ils de significations symboliques; et pour peu qu'on approfondît cette lecture de signes, on pouvait donc déboucher sur une expérience d'unité sans quitter le plan des réalités sensibles:l'expérience même que Mallarmé dans ses premiers textes appellera une extase. Mallarmé qui a ressent durement, dès ses débuts de poète, que la connaissance ne s'élabore plus, de notre temps, que de l'extérieur, qu'elle réifie tout ce qu'elle touche, que les parfums, les couleurs, les sons ne soient donc pour nous que des émergences privées de tout sens profond, désordonnées.» Yves Bonnefoy.
Drôle de destin que celui des Chants de Maldoror ! Jamais mis en vente du vivant de son auteur, ce livre monstre est aujourd'hui partout, mais envahi de commentaires, dans des éditions scolaires à l'orthographe modernisée. 150 ans après la mort d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, le revoici tel qu'en lui-même, avec un texte respectant scrupuleusement l'édition de 1869, donné sans la moindre note. La seule lecture donnée par cette édition est celle de Magritte, avec 77 dessins qui témoignent de sa période solaire méconnue, qui aux traits nets et aux aplats lisses de sa manière habituelle substitue des courbes, des tracés tremblés et vibrants.
«Une paillette d'or est un disque minuscule en métal doré, percé d'un trou. Mince et légère, elle peut flotter sur l'eau. Il en reste quelquefois une ou deux accrochées dans les boucles d'un acrobate.» Ainsi s'ouvre Le funambule, un des textes emblématiques de l'oeuvre de Jean Genet, dédié à son ami Abdallah.
Robert Desnos? Le jeune prophète «parlant surréaliste à volonté» (Breton). L'auteur de poèmes d'amour «aussi beaux que ce que vous pouvez connaître de plus beau dans le genre, Baudelaire ou Ronsard» (Artaud). «Le faiseur d'épopées et le poète populaire» (Leiris). Le créateur, pour les enfants de ses amis, de merveilleux albums qu'il illustre lui-même. Le lecteur de Fantômas et des Pieds Nickelés, dont les articles exaltent les pouvoirs de rêve et d'érotisme du cinéma muet et du phonographe, et qui écrit scénarios et chansons. Le pionnier de l'art et de la publicité radiophoniques. L'homme enfin qui, tout en «collaborant» au journal Aujourd'hui, soumis à l'occupant, appartient au réseau de résistance «Agir». Multiple Robert Desnos qui affirmait dès 1923:«Les lois de nos désirs sont des dés sans loisir» et, en 1942:«En définitive, ce n'est pas la poésie qui doit être libre, c'est le poète.»
« Quant à notre sens le plus central - notre sens de l'intervalle entre le désir et la possession de son objet, qui n'est autre que le sens de la durée - et qui se satisfaisait jadis de la vitesse des chevaux ou de la brise, il trouve que les rapides sont bien lents, que les messages électriques le font mourir de langueur. Les événements eux-mêmes sont demandés comme une nourriture. S'il n'y a point ce matin quelque grand malheur dans ce monde, nous nous sentons un certain vide. Il n'y a rien aujourd'hui dans les journaux, disent-ils. Nous voilà pris sur le fait. Nous sommes tous empoisonnés. » Préface d'Eric Chevillard.
La Promenade est le tout premier livre en prose de Philippe Jaccottet. Commencé à l'automne 1952, repris et complété peu après le mariage de Jaccottet et son établissement à Grignan, il marque dans l'oeuvre un premier mouvement de retour sur une expérience poétique encore à ses débuts, treize ans avant la parution de Paysage avec figures absentes. C'est par La Promenade que Jaccottet inaugure la forme de prose méditative à laquelle on l'associera, découlant tout entière de sa pratique de la note, cette prose toujours à la recherche de la plus grande exactitude (le poète se demande sans cesse si ce qu'il vit, fait ou décide «sonne juste») oscille entre le recueil d'observations, le discours solennel et la confession. Le livre est à la fois nocturne et matutinal, «le plus lumineux et le plus perméable de tous les arts poétiques du XXe siècle » selon Peter Handke. L'admirable, c'est que la description d'une expérience menée à l'intérieur des mots nous parle en réalité de notre propre vie. Comme le remarque son préfacier, «on y perçoit presque à tout moment la présence d'une discrète jubilation, l'eurêka modeste du poète qui découvre la cohérence de sa propre manière.»
Dans Les Chambres, dernier recueil publié de son vivant en 1969, Aragon offre un des dénouements de sa poésie. À l'heure du bilan, le poète invoque ses thèmes de prédilection (l'amour d'Elsa, la mémoire et le chant) pour se confronter à la désillusion communiste et à la mort prochaine de l'être aimé.«Ces chambres ici dont je parle sont toutes chambres, Elsa, que nous eûmes ensemble.» Ces chambres du passé, si semblables et pourtant chacune si unique, sont celles de l'adieu à la compagne d'une vie, qui s'éteindra un an après la publication. Cet au revoir à la Muse se déploie en vers libres, déstructurés, suivant la dérive mémorielle. Il faut écrire une fois de plus cet amour, l'écrire avant qu'il ne soit trop tard. «Parce que tout passe, mais non point le temps d'avoir aimé, d'aimer encore, jusqu'au dernier souffle, bientôt, ce dernier mot proche et terrible.»
Recueil resté dans l'ombre et publié initialement en 1931, Persécuté persécuteur est pourtant une pièce centrale de l'oeuvre d'Aragon. Se bousculent les engagements politiques, la mort du père, la naissance du grand amour et se déploie toute la rage de l'écriture du poète. L'impératif est d'écrire «en mettant le pied à la gorge de sa propre chanson», écrire pour se révolter contre le monde mais aussi contre soi-même. Ce sont les soubresauts de l'indignation, des ruptures et du fracas qui dictent la recherche poétique d'Aragon et qui insufflent un rythme nerveux dans le vers.Persécuté persécuteur est un hymne politique où frémit toute la croyance d'Aragon dans le communisme. Mais par-delà l'engagement se tracent délicatement les premiers mots tournés vers Elsa, les timides débuts de l'immense fresque poétique dédiée à la glorification de sa Muse.
Je sais l'autre:c'est à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg qu'un jeune apprenti bijoutier suisse a découvert la troublante formule que Gérard de Nerval, peu de temps avant sa mort, a inscrite au bas de son portrait par le graveur Gervais. Dans ce refus de sa propre image, Freddy Sauser a-t-il entendu l'injonction qu'il attendait? L'autre pour lui, l'autre lui-même, ce sera donc le poète, mais un poète en mouvement perpétuel et brûlant ses vaisseaux. Pendant plus de quarante ans, il s'en fera une devise de vie et une règle dêcriture. Lorsqu'il se rend à New York, fin 1911, sa décision est déià prise:il écrira. À son retour en Europe, il emporte son premier poème, Les Pâques, et pour le signer il emprunte à l'oiseau phénix le nom de l'autre:Blaise Cendrars.La collection «Tout autour d'aujourd'hui» présente, en quinze volumes, les oeuvres complètes de Blaise Cendrars 1887-1961) dont elle propose la première édition moderne, avec des textes établis d'après des sources sûres (manuscrits et documents), accompagnés de préfaces et suivis d'un dossier critique comprenant des notices d'oeuvres, des notes et une bibliographie propre à chaque volume.Le premier volume recueille les Poésies complètes de Cendrars dans leur chronologie de composition et avec les illustrations des éditions originales (Kisling, Modigliani, Picabia, Tarsila do Amaral...).
Ce premier volume des Poésies complètes d'Herman Melville regroupe toute l'oeuvre poétique de l'auteur de Moby Dick, à l'exception de Clarel qui, en raison de sa singularité et de sa dimension (l'un des plus longs poèmes de langue anglaise, plus long que Le Paradis perdu de Milton ou le Don Juan de Byron), fera l'objet d'une publication à part, dans un second tome. Figurent ici le recueil publié par Melville chez Harper Bros., Tableaux et aspects de la guerre (1866), ainsi que les deux plaquettes qu'il a éditées à compte d'auteur à vingt-cinq exemplaires chacune, John Marr et autres marins (1888) et Timoleon (1891). À ces trois recueils achevés et parus du vivant de l'auteur s'ajoutent trois ensembles : Herbes folles et sauvageons..., avec Une rose ou deux, le manuscrit que Melville avait laissé à sa mort, l'ensemble étant largement inédit en français ; Parthenope, constitué de deux longs poèmes attribués à deux personnages imaginaires ; et une quarantaine de poèmes épars. Très diverse dans la forme comme dans les thématiques, la poésie de Melville constitue, en quelque sorte, le troisième « acte » de son oeuvre, après la période des romans (1846-1857), et celles des nouvelles (1853-1856). On retrouve, en particulier dans Tableaux et aspects de la guerre qui est sans doute avec les Drum-Taps de Walt Whitman, le plus beau et poignant recueil poétique consacré à la guerre de Sécession, le souffle melvillien, qui ne s'apaise peut-être que dans les poèmes d'amour de la toute fin, ceux de Herbes folles et sauvageons..., dédiés à son épouse. Chacun de ces recueils ou ensembles tourne autour d'une même thématique, ce qui donne à chacun une tonalité différente, une force et une inspiration sans cesse renouvelée, surprenant souvent le lecteur par son audace et son originalité. Si Timoléon (seul recueil intégralement traduit en français à ce jour) est inspiré des lieux visités lors du séjour de Melville en Europe et au Proche-Orient, John Marr est comme l'adieu à la mer de celui qui fut sans doute l'un de ses plus grands chantres. Melville est un écrivain du souffle, son écriture est celle du long cours. La forme poétique l'obligeant à endiguer la force prodigieuse de son inspiration, elle en fait d'autant mieux ressortir la sensibilité. Pour le lecteur francophone, la poésie de Melville pourrait bien être son chef-d'oeuvre inconnu.
J'ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, aff amés hystériques nus... Ainsi commence l'un des plus célèbres poèmes du canon littéraire américain : Howl, long cri de rage, d'amour, de désir et de détresse. Nous sommes en 1956, dans une Amérique encore corsetée par les valeurs puritaines, et ce texte incendiaire va attirer à son auteur, Allen Ginsberg, trente ans à peine, les foudres de la censure et de la justice ; mais il va aussi l'imposer du jour au lendemain comme l'un des plus grands poètes de son temps. Par sa puissance incantatoire, sa charge politique, son lyrisme jazz et son audace formelle, Howl donne le coup d'envoi d'une véritable révolution littéraire qui va accompagner les grands bouleversements des années 1960.
Près de sept décennies plus tard, ce poème halluciné n'a rien perdu de sa force, bien au contraire, et cette nouvelle traduction française en fait entendre à merveille tous les accords convulsifs, la beauté mêlée à la fange, l'amour à la violence, le sublime au chaos. Hymne de toute une génération, Howl s'inscrit ainsi défi nitivement dans l'histoire de la littérature comme une oeuvre intemporelle, dont la lecture est à chaque fois un choc et une redécouverte éblouissante.
Les éditions Seghers rééditent le grand livre de leur fondateur, paru en 1974 et depuis lors entré dans la légende : La Résistance et ses poètes. Vendu à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, La Résistance et ses poètes retrace l'aventure individuelle et collective des poètes qui se sont engagés, au péril de leur vie, dans la lutte contre l'occupant, lors d'une des périodes les plus sombres de notre histoire. Dans une captivante présentation historique et littéraire, Pierre Seghers nous explique comment « sauver l'homme de l'humiliation, de l'avilissement et de l'écrasement devint action, réaction spontanée, écriture. » Cette aventure individuelle et collective, qui a rassemblé les grands noms de la poésie française du xxe siècle (Aragon, Char, Desnos, Eluard, Supervielle, Tardieu, Vercors) mais aussi de belles voix sans lendemain, nous rappelle que poésie et résistance vont fondamentalement de pair.
Conçu selon le principe de la collection « Poètes d'aujourd'hui », cet ouvrage de près de sept cents pages comporte deux parties nettement distinctes : une étude générale et une anthologie de poèmes qui deviennent, dans cette nouvelle édition, deux volumes distincts.
Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du «Système» total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XX? siècle.Dans ce premier tome, qui couvre les trois premières années du cours, Valéry insiste sur le rôle fondamental que jouent le corps et l'esprit dans la poétique, entendue de façon large comme étude de tous les processus de création. Rien n'échappe à l'analyse : les illusions de la philosophie sont dénoncées, l'utilité de l'art questionnée, l'existence psychique mise à nu. L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale donne lieu à des réflexions bouleversantes sur l'avenir de l'Europe et des intellectuels.Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée.
Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du «Système» total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité:situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XX? siècle.Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée.Dans ce second tome, couvrant les années d'Occupation et la Libération, la réflexion s'élargit aux «oeuvres collectives de l'esprit». Comment le langage organise-t-il la vie psychique? Comment fonde-t-il aussi l'existence sociale? Tandis que les méditations sur la société et sur l'histoire prennent une importance croissante, Valéry livre, la dernière année, son testament intellectuel sur la responsabilité de l'écrivain et sur l'idéal de la littérature.
Ouvrage réalisé d'après les maquettes de Massin. Nouvelle édition en 1982
Le génie poétique de Louis Aragon a trop souvent été éclipsé par ses engagements. Hourra l'Oural (1934) a longtemps pâti de ce destin:oeuvre de passion et d'aveuglement, ce poème témoigne de la fascination d'Aragon pour l'URSS des grands chantiers staliniens des années 1930.Pourtant, au-delà de toute obédience politique, Hourra l'Oural est une pépite de l'héritage littéraire aragonien. Par sa modernité stylistique, par sa recherche de formes artistiques nouvelles, ce long poème s'inscrit dans la tradition de Maïakovski et des futuristes russes, mais aussi de Blaise Cendrars et des surréalistes français. À travers ce texte, Aragon entend participer au cours de l'Histoire. Sa verve et sa virtuosité l'emportent aujourd'hui sur son manque de clairvoyance politique.Préface inédite de Dan Franck:Le romancier et spécialiste des avant-gardes du xx?siècle donne à cette réédition une indispensable remise en perspective historique.
Les éditions Seghers rééditent le grand livre de leur fondateur, paru en 1974 et depuis lors entré dans la légende : La Résistance et ses poètes. Vendu à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, La Résistance et ses poètes retrace l'aventure individuelle et collective des poètes qui se sont engagés, au péril de leur vie, dans la lutte contre l'occupant, lors d'une des périodes les plus sombres de notre histoire. Dans une captivante présentation historique et littéraire, Pierre Seghers nous explique comment « sauver l'homme de l'humiliation, de l'avilissement et de l'écrasement devint action, réaction spontanée, écriture. » Cette aventure individuelle et collective, qui a rassemblé les grands noms de la poésie française du xxe siècle (Aragon, Char, Desnos, Eluard, Supervielle, Tardieu, Vercors) mais aussi de belles voix sans lendemain, nous rappelle que poésie et résistance vont fondamentalement de pair.
Conçu selon le principe de la collection « Poètes d'aujourd'hui », cet ouvrage de près de sept cents pages comporte deux parties nettement distinctes : une étude générale et une anthologie de poèmes qui deviennent, dans cette nouvelle édition, deux volumes distincts rassemblés, à cette occasion, dans un coffret.
Comme tant de grands poèmes mallarméens, le présent recueil décrit un combat, la « lutte d'un génie et de la mort ». Ces « éclats » poétiques, que Stéphane Mallarmé rassembla après la mort de son fils Anatole, âgé de huit ans, apparaissent aujourd'hui d'une modernité saisissante. Aucune oeuvre du poète ne possède la qualité brûlante, immédiate, la puissance crue d'émotion que l'on trouve dans ces pages.
L'importante introduction de Jean-Pierre Richard souligne la profondeur, la rigueur de Mallarmé, et met en lumière la subtile cohérence de cette méditation douloureuse.