Gustave Flaubert (1821-1880)
Le langage du corps
A l'occasion du festival, voici un aperçu de la sélection et de nos coups de coeur
Nous sommes en 2001 et l'Argentine est plongée dans une grave crise politique et économique. Rocío, une jeune fille de dix-neuf ans, emménage dans l'ancienne maison de sa grand-mère Vilma, peu de temps après les funérailles de cette dernière. Dans cet environnement marqué par l'absence, Rocio se remémore la vie de Vilma, une histoire teintée de tragédie qui commence dans les années 1920 en Italie. Les parents de Vilma fuient le pays peu après sa naissance, au moment de l'accession au pouvoir de Mussolini. Arrivés en Argentine sans le sou, ils ne peuvent financer les études de Vilma. Celle-ci doit alors quitter l'école, puis est mariée de force à un voisin après être tombée enceinte et avoir été abandonnée par l'homme avec lequel elle pensait faire sa vie. L'histoire de Vilma dans cette société patriarcale sera une longue suite de désenchantements et de sacrifices, qui la rendront progressivement acariâtre. Vilma terminera sa vie seule, ayant coupé les ponts avec la plupart des membres de sa famille, à l'exception de Rocio. La jeune fille, qui se pose énormément de questions sur son avenir, va tenter de tirer des leçons de cette tragédie familiale.
Ambitieux, ample, fourmillant de nombreuses trouvailles narratives et graphiques, Naphtaline est en partie inspiré de l'histoire de la famille de Sole Otero. La narration sur plusieurs époques, l'inventivité du découpage et de la mise en scène, les jeux sur les couleurs, font de ce roman graphique une jolie découverte et de Sole Otero une autrice promise à un bel avenir.
Milieu des années 1990, une ancienne ville minière écrasée de toutes parts par les montagnes rouges du Colorado. C'est dans cette Amérique « profonde », oubliée dans une décennie de prospérité économique, que grandit Michael, un ado paumé style skateur cheveux mi-longs baggy hoody et converses. Il y a aussi Durham, le gamin SDF accro au crack; le gros Don, qui s'efforce d'échapper aux brutes du collège; et, bien sûr, Suzy, la rebelle androgyne, toujours un coquard au coin de l'oeil laissé par son shérif de père. Mais la vie est belle parfois, entre le skate l'école, buissonnière, les rêves, les premières fois, de l'amour aux bières, tout ça sous le soleil cuisant de juillet... Jusqu'au jour où un gosse de la ville qui avait disparu est retrouvé à moitié dévoré. Aussitôt, les quatre potes décident d'enquêter. Dans l'ombre, le tueur - la Chose? - les regarde s'agiter. Et bientôt les prend en chasse.
Dès 1850, les jeunes amérindiens étaient internés de force dans des pensionnats catholiques pour les assimiler à la nation américaine. En 1900, la population des natifs en Amérique du Nord avait diminué de 93%. La plupart étaient morts de nouvelles maladies importées par les colons, d'exterminations subventionnés par l'état, et lors des déportations. Georges est un jeune Lakota élevé par le pasteur qui administre sa réserve. Acculturé, le jeune garçon oublie peu à peu ses racines et rêve d'un futur inspiré du modèle américain, en pleine expansion. Il va croiser la route de Little Knife, amérindien froid et violent à la recherche du meurtrier de sa mère. Accompagné de ses deux comparses, celui-ci arrache Georges à sa vie et l'embarque dans son périple. Au fil de leur voyage, l'homme et le garçon vont s'ouvrir l'un à l'autre et trouver ce qui leur est essentiel : l'apaisement de la colère par la transmission de sa culture pour l'un et la découverte de son identité et de ses origines pour l'autre.
A l'armée, Petar écrivait les lettres d'amour de ses compagnons de chambrée. Ensuite, c'est la vie de bohème dans les rues et les squats jusqu'à ce qu'il rencontre Liza. Commence alors une lumineuse idylle entre le poète vagabond et la jeune danseuse. Mais les démons de Petar ne le laisseront pas tranquille longtemps et Liza devra l'abandonner à son triste sort...
Trois personnages, ayant tendance à se faire souffrir et à saboter leur vie, décident de cohabiter dans une maison?: - Un homme qui ne s'intéresse qu'aux filles susceptibles de lui faire du mal. - Une femme cavalière qui dit aimer seulement les chevaux les plus dangereux. - Un homme qui cherche à écrire mais qui n'est jamais satisfait et détruit ce qu'il invente. Entre eux, une amitié se noue et leur maison devient l'abri qui les protège de la folie du monde extérieur. Avec La Maison nue, Marion Fayolle met en pages trois existences marginales, qui, malgré leurs profondes différences, cherchent ensemble à mieux se connaître et se comprendre à travers les jeux et les rapports quotidiens de leur colocation. La Maison nue nous questionne sur les douleurs qu'on s'inflige à soi-même, sur la beauté de la mélancolie, l'attrait pour les gouffres et la peur d'être seul.
Dans une atmosphère lourde, accentuée par des lavis marrons et des fonds charbonneux, une société s'écroule lentement sous le coup de la pénurie de metax, un mystérieux matériau enfoui qui leur a autrefois valu le prestige.
Les paysages, rendus lunaires par les cicatrices causées par les incessantes fouilles minières, sont le théâtre d'une série de tragédies : des attentats terroristes envers le royaume, des exécutions secrètes, et un étrange virus faisant apparaître des étoiles dans les yeux de ses victimes...
Pendant que l'ingénieur en charge de l'extraction du metax essaie désespérément de trouver de nouvelles pistes, l'homme de main du roi, tire les ficelles pour servir la cupidité de celui-ci et les rebelles tentent au mieux de protéger leur secret.
Avec ses compositions et son découpage cinématographiques, Antoine Cossé nous transporte dans un univers suffocant où les routes sinueuses semblent ne jamais mener nulle part. Cette atmosphère est accentuée par une narration tout en déliés et une ambiance sonore graphiquement très appuyée. Metax est une oeuvre sombre, romantique et poétique, une exploration de la cupidité, de ses conséquences et de la possibilité de s'en échapper.
Tout commence par un arbre terrassé par le vent, puis des notes de guitare sur un air manouche, de l'herbe pailletée par les cendres, une réunion de gueules cassées, l'infinie recherche de la courbe parfaite... Ludovic Debeurme rassemble ses multiples souvenirs pour réaliser un autoportrait tout en nuances.
Avec une grande douceur, il retrace son histoire, celle de ses parents et de ses grands-parents pour explorer la notion de filiation dans tout ce qu'elle a d'immuable et paradoxalement de changeant. Au fil des pages, il recrée des liens avec sa généalogie mais aussi avec le monde qui l'entoure jusqu'à développer une vraie conscience de l'écosystème avec lequel il cohabite.
Le temps paraît malléable, Debeurme laisse libre cours à ses pensées qui se déversent dans des compositions fluides et dansantes. Il nous propose un véritable retour aux sources, à l'essence même de l'être humain, porté par ses traits épurés où la force de la ligne s'exprime avec vigueur. En replongeant dans son histoire familiale pour recomposer les fragments de son identité, Ludovic Debeurme offre une autobiographie sensible et puissante qui soulève la question de la transmission et de l'héritage informel. Tout en finesse, il convoque en chacun de nous une question universelle : quelle part de notre identité doit-on à nos parents et comment nous en affranchir ?
L'ancien leader du célèbre groupe Herzog est de retour dans sa ville natale après avoir juré de ne plus jamais y remettre les pieds.
Dans cette bourgade où le temps semble s'être arrêté, trois adolescents partagent leur temps entre le skatepark et la salle de répétition, rêvant de connaître un jour le même succès que celui d'Herzog en son temps. Une nuit, des événements étranges ont lieu dans la forêt avoisinante. La suspicion des habitants se porte alors sur Willie, « l'original » du village.
Sillonnant Paris jour et nuit au volant de sa BMW à crédit, Nathan enchaîne les courses Uber pour subvenir aux besoins de ses frères et soeurs. Faisant littéralement corps avec son GPS, Nathan plonge dans un vide assourdissant quand son portable tombe en panne. Suite à un accident, Annie, sa dernière cliente, lui propose de partir vivre en forêt avec Zoé et Etienne au fin fond de l'Alaska.
L'Arabe du futur, une jeunesse au Moyen-Orient (1978-2011) est une série de bande dessinée en six tomes, écrite et dessinée par Riad Sattouf.
Vendue à plus de 3 millions d'exemplaires et traduite en 23 langues, elle raconte l'enfance et l'adolescence de l'auteur, fils aîné d'une mère française et d'un père syrien. L'histoire nous mène de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d'Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne, de Rennes au cap Fréhel.
Ce sixième tome couvre les années 1994-2011. C'est le dernier tome de la série.
Fin du XXIe siècle. C'est la Guerre Sourde, l'ère des mafias d'État, des métropoles insurrectionnelles, des séparatismes génétiques et des stations spatiales privées. Dans la jungle indonésienne, la docteure Ann Vega fait une découverte qui la projette au coeur d'un extraordinaire réseau d'intrigues politiques et scientifiques.L'unité et les limites du genre humain sont en jeu. Anticipation à la vraissemblance suffocante, entre effondrement de la biodiversité et chaos politique, VEGA est le fruit choc de la rencontre de deux géants : le virtuose de l'illustration Yann Legendre, et Serge Lehman, le scénariste aux 6 Grand Prix de l'Imaginaire.
Troisième volume (sur quatre prévus) du « Grand Récit » de Jens Harder, «Beta» volume 2 traite des 2000 ans écoulés depuis J.C, survolant les siècles, les grandes pages et les plus sombres tragédies de l'ère moderne.
C'est l'histoire d'un monde qui se divise en millions de petits mondes infinis, comme dans un thème classique de la science fiction : les mondes parallèles.
Bien que des histoires de mondes parallèles ont été écrites à travers de nombreux médiums, La Princesse du Château sans Fin propose une nouvelle manière de montrer ces mondes superposés, par le prisme du château médiéval, symbole de la puissance des shoguns.
On y retrouve les éléments forts des mangas de Kago : virtuosité de la composition, sexe grotesque et gore, réécriture d'événements historiques, dessins et décors totalement fous.
Ce manga graphique , dérangeant et fascinant installe Shintaro Kago comme un maitre de la narration et du récit d'horreur.
Dans un monde médiéval hostile où sévit une implacable chasse aux sorcières, le jeune Georg aide Ongle et Pluie, deux étranges jeunes filles au passé traumatique, à fuir le Sanctuaire, une prison de l'inquisition. Dotées de pouvoirs effrayants pour le commun des mortels et bien incapables d'expliquer leurs origines, ni même qui elles sont, Ongle et Pluie, accompagnées de Georg, se lancent dans une errance désespérée à travers le pays.
Où trouver cependant un lieu sûr, dans ce monde qui veut leur mort ? D'autant qu'un implacable inquisiteur, surnommé Le Mage, est sur leurs traces et semble capable de les trouver jusque dans leur rêves. Recevront-iels l'aide de cette étrange voix venue des tréfonds de la forêt dans laquelle iels s'enfoncent inexorablement ?
"Voilà une histoire qui s'annonce délicieuse pour qui aime s'ennuyer. ", nous prévient-on au début de cette histoire. Tulipe, moine ventru et débonnaire, vit dans une communauté dirigée par le Prieur Cosmos. La vie est paisible au monastère, rythmée simplement par les heures qui défilent - celle du sermon, celle de la soupe, celle de la sieste. Pourtant, Tulipe et sa quiétude sont un jour troublés par le défi d'un arbre, sous lequel notre ours s'était assoupi : "- Au lieu d'en rêver vainement, auras-tu le courage d'aller trouver le véritable Jardin d'Eden ?" Ce Paradis, dont parle Cosmos dans son sermon, existe-t-il bel et bien? quelles fleurs prodigieuses trouvent-t-on dans ce jardin, quels oiseaux inconnus les butinent ? Tulipe surprend son monde et se met en mouvement ; son voyage lui réservera autant de rencontres étonnantes que découvertes émerveillées - et finalement, que l'Eden soit, ou non, au bout de son chemin, n'est peut-être pas le plus important... Dans ce récit surprenant, d'une grande finesse et d'une grande beauté, Sophie Guerrive nous fait le cadeau de faire vivre à son ours Tulipe une véritable aventure. On retrouve avec plaisir tous les personnages de son univers bien connu (Tulipe, 4 tomes parus), mais rien n'empêche un lecteur nouveau de se plonger dans cet album. Dépaysant ses voix dans un univers médiéval dont elle maîtrise aussi les codes, elle ajoute aux digressions poético-philosophiques de Tulipe une dimension spirituelle, avec pudeur, sensibilité et intelligence : Sophie Guerrive est au sommet de son art.
Il y a d'abord eu la puanteur, qui a brutalement remplacé la brise parfumée soufflant habituellement sur la vallée des êtres fourmis, ces hommes de quelques millimètres de haut vivant dans les sous-bois. Puis, la maladie du Bacille s'est répandue comme une traînée de poudre, n'épargnant aucun village endeuillant chaque foyer. C'est au paroxysme de l'épidémie qu'ils sont apparus, immenses salvateurs divins : les êtres montagnes ont donné l'antidote au Prieur Armillaire et ont ainsi sauvé son peuple. Tout le monde connaît cette légende, y compris Myco et sa petite soeur, Paille, qui ont perdu leurs parents dans cette tragédie... Et l'austère Prieur, désormais chef du village des Champignons, s'assure que personne ne l'oublie et que tout un chacun honore dûment les êtres montagnes. Alors quand un étranger portant un masque doté d'un long bec d'oiseau arrive au village et annonce que la maladie est de retour, personne ne veut le croire. Mais Myco, qui voit des premiers stigmates apparaître sur la peau de sa soeur, décide, contre l'avis de tous, de gravir la montagne pour chercher la dernière dose antidote.
Un tueur à gages napolitain, résidant à Milan, fait son boulot (et parfois même des heures supplémentaires) sans aucun état d'âme. Impitoyable. Enveloppé dans la fumée d'une gauloise, il finira par rencontrer l'autre. L'autre est un boxeur raté, né en Sardaigne, d'origine milanaise. Coureur de jupons, visage abimé et la gâchette facile, toujours au service du mal. Quelqu'un a tué Pupa le ventriloque, le protégé du parrain local. Ce quelqu'un doit payer. On raconte que c'est le tueur aux gauloises... Igort revient à ses amours pour le noir dans la lignée de 5 est le numéro parfait ou Sinatra : une plume acérée, concise, taiseuse, qui installe immédiatement l'atmosphère des meilleurs polars. Andrea Serio y ajoute l'élégance et la chaleur du dessin aux pastels : après Rhapsodie en bleu, preuve est faite qu'il faudra compter sur cet auteur dans les années à venir.
Entrez dans le monde de Junji Ito : un abîme d'horreur et de beauté sublime.Plus de trente ans après avoir débuté sa carrière, le maître incontesté de l'horreur mondiale est mis en avant à travers un ouvrage de plus de 130 images de ses titres incontournables (Tomie, L'Amour et la Mort, Soïchi) à ses oeuvres les plus rares.Cet artbook indispensable comprend toutes les illustrations inoubliables de Junji Ito en couleurs et en noir et blanc. Retrouvez également une interview du mangaka sur ses techniques artistiques ainsi que ses commentaires sur chaque oeuvre.
Esther et Rita se rencontrent dans un atelier de dessin. La première, jeune artiste, anime un cours de dessin de nu pour adultes. Rita, plus âgée, mère divorcée, est modèle pour arrondir ses fins de mois. Aussi différentes soient-elles, les deux femmes sont néanmoins liées en tant que dessinatrice et modèle. Une relation qui tourne autour de la vulnérabilité et de la physicalité, autour du fait de regarder et d'être regardée. En dehors de ces moments, chacune mène sa propre vie. Toutes deux luttent contre leur propre passé, leurs propres insécurités. Esther ne trouve pas l'amour, Rita a une relation difficile avec sa fille... Les deux femmes attendent quelque chose et, en attendant, elles se débrouillent comme elles peuvent.
Peau est une histoire de corps et de mise à nu. Une histoire sur le vieillissement, la maternité, l'idéal de beauté, la soif de perfection et l'impact du temps. Sur les cicatrices, la honte, la fierté, la sexualité, l'intimité. Et sur la vie.
Premier roman graphique belge - et flamand - publié aux éditions çà et là, Peau est un beau roman graphique aux illustrations et couleurs douces et délicates, et un superbe portrait de femmes liées par une amitié d'abord ténue, qui devient progressivement essentielle.
Après avoir exploré dans Fun Home et C'est toi ma maman? les figures complexes de son père et de sa mère, c'est à la recherche d'elle même qu'Alison part avec ce nouvel ouvrage. Et où mieux se trouver que dans cette passion pour les sports violents, ineptes ou dangereux qui la pousse depuis l'enfance vers les derniers modèles de sneakers, tatamis, skis de fond, moutain bikes et autres instruments de torture? Mais plus Alison se cultive physiquement, plus sa psyché semble lui faire obstacle. C'est donc du côté des philosophies orientales et des poètes romantiques et transcendantalistes des siècles passés, de Coleridge à Jack Kerouac, que notre exploratrice traque l'illumination. En artiste virtuose et athlète qui-ne-rajeunit-pas, elle parvient à la conclusion que le secret de la force surhumaine ne réside pas dans la vie au grand air et les abdos en plaquette de chocolat, mais plutôt dans le fait d'accepter sa dépendance aux autres, cruciale à la survie mentale. Comme dans toute son oeuvre, humour, culture, introspection et profondeur de vue entrent en fusion pour faire de ce Secret de la force surhumaine une pierre de plus dans le jardin zen d'Alison Bechdel et une nouvelle pépite du roman graphique.
Une rainette (éclose au printemps dernier) fait la rencontre de deux crapauds vagabonds qui ont capturé le fantôme d'une fleur de Shungiku tout juste fanée. L'esprit aspire à rejoindre les tropiques, tout comme les deux crapauds. La rainette décide alors de les accompagner dans leur périple vers le sud. Il s'agit, le temps d'une saison, de suivre la vie d'une petite grenouille qui expérimente tout pour la première fois. En chemin, la rainette rencontre des souris, des chats, des chiens, des arbres, des kakis, et autres êtres vivants fascinants. Ce récit initiatique se présente sous la forme d'un road-trip méditatif parsemé de réflexions sur la vie.
Mais qu'est-ce qui s'est passé hier soir? Ella, lycéenne rebelle, brunette et pétillante a beau se remuer ses méninges imbibées d'alcool, c'est le blackout:impossible de se souvenir de la fête d'hier soir dans l'énorme villa d'un mystérieux inconnu, ni pourquoi elle s'est réveillée dans son lit entourée d'objets visiblement coûteux qui ne lui appartiennent pas. C'est ce moment que choisit Madeleine - oui, la douce et énigmatique Madeleine sur laquelle Ella bulle, bave et fantasme sans avoir jamais osé lui parler -, pour sonner à la porte et lui déclamer sa flamme.
Ella n'en revient pas de bonheur. Jusqu'au moment où Maddy lui raconte que, la veille au soir, elle s'est faite cambrioler à la fête... qu'elle avait organisée chez ses parents! Oups...
Jeune artiste... aïe ! Précaire... sans blague ! Peu adapté au «monde du travail»... ben tiens ! Vous connaissez le topo par coeur ? Pas autant que Timothée qui, depuis sa sortie d'école d'art, maîtrise sur le bout des doigts les démarches administratives labyrinthiques de Pôle Emploi ou de la CAF. De guerre lasse - et parce qu'il faut bien manger - il signe un contrat d'assistant pédagogique dans un lycée professionnel en Moselle. Le choc culturel est dur : catapulté figure d'autorité il se confronte à des adolescents eux-mêmes peu motivés à l'idée de travailler et encore moins par ses ateliers artistiques. Tiraillé entre l'envie de glander comme eux et de les aider, Timothée débute sa quête pour essayer de trouver tant bien que mal un sens au « travail » et redevenir peu à peu au contact des élèves un artiste «à plein temps».
Merel, âgée d'une quarantaine d'années, est une femme libre vivant sans mari ni enfants. Partageant son quotidien entre l'élevage de canards, le club de football local et l'écriture, elle mène une vie d'harmonie et d'amitiés. Mais tout se dérègle lors d'une soirée au cours de laquelle elle fait une blague sur la sexualité du mari de l'une de ses voisines. Une blague qui va faire courir le bruit que Merel couche avec tous les hommes de son petit village de Flandre... L'ensemble de la communauté va dès lors se liguer contre elle, faisant de sa vie un enfer...
Clara Lodewick, jeune autrice bruxelloise, propose ici un premier album plein de maturité graphique et scénaristique, une peinture sociale de la ruralité flamande à la fois juste et rare. Son ton et son dessin en couleurs directes vous rendront ses personnages immédiatement proches !