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Philippe Jaccottet - hommage
Notre sélection pour découvrir la vie et l'oeuvre de Philippe Jaccottet.
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À travers ces notes, Philippe Jaccottet peint avec sa propre palette des réflexions d'une grande délicatesse qui touchent à la fugacité de la vie, les lueurs d'espoir ou d'effroi qui la traversent. Promeneur attentif, il saisit la lumière à travers l'ombre, le tintement d'une cloche à travers le silence, faisant la part belle aux paysages et aux sons. L'auteur ne se départit jamais d'une grande douceur pour évoquer ses pensées, tantôt paisibles, tantôt douloureuses, comme un murmure.
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Dans ce recueil d'une trentaine de poèmes, Philippe Jaccottet livre une version moderne des grands textes qui l'ont inspiré. Nous traversons le royaume des ombres sur les traces d'Orphée, d'Ulysse, célébrons les travaux et les saisons, prenons part à des fêtes chargées de mystère. On perçoit en filigrane des références aux traductions de l'auteur (Homère, Ungaretti, Dante) qui viennent flouter le cadre temporel pour donner toute sa nuance de madrigal au recueil, comme un écho à Claudio Monteverdi.Les Madrigaux apparaissent dans l'oeuvre du poète comme le point d'orgue de son art : sa virtuosité dans l'usage du vers libre, son extrême musicalité, le fil continu du jeu de l'ombre et de la lumière.
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Cahier de verdure ; après beaucoup d'années
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 10 Avril 2003
- 9782070428618
Les deux recueils rassemblés ici se tiennent sur un versant apaisé de l'oeuvre de Philippe Jaccottet, et témoignent d'une prise de distance avec les peurs, les douleurs, les alarmes passées. Non que la destinée humaine ait changé de trajectoire et se soit magiquement affranchie de sa finitude, mais des passages, des éclaircies sont ici entrevus qui tentent de déjouer les pièges du temps.Depuis le dessin général des paysages jusqu'à la floraison ascensionnelle de la rose trémière (que le poète nomme la «passe-rose»), la nature se donne pour la médiatrice privilégiée, celle qui, fragmentée, diversifiée, voire chaotique, suggère pourtant l'unité de la création. Et cette unité perceptible en chaque détail s'incarne dans l'écriture de Philippe Jaccottet qui joue ainsi de différentes formes d'expression (poèmes, proses poétiques, notes de carnet) pour, usant de la diversité comme un peintre des couleurs, composer un tableau qui estomperait son cadre et concilierait visible et invisible.Avec une économie de moyens qui lui est propre, Philippe Jaccottet dit l'essentiel:«que la poésie peut infléchir, fléchir un instant, le fer du sort. Le reste, à laisser aux loquaces».
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Entretien avec Reynald André Chalard.
« Écrire ! À quoi bon une oeuvre, disait Marcel Arland, si elle ne peut se confondre avec l'amour, et si le chant qu'elle ébauche, tandis que je vais sur ma fin, ne peut monter d'un coeur plus nu ? ».
Ces quelques mots illustrent admirablement le talent de Philippe Jaccottet, l'exigence, la rigueur et l'honnêteté de toute une vie consacrée à la poésie et à la traduction des plus grands.
Au cours de cet entretien entre un jeune homme et un poète, il nous est permis d'entrevoir les cheminements mêmes de l'expérience poétique, la fragile beauté du paysage, les choses et leurs secrets, l'apparente tranquillité des mots, l'inquiétude souveraine et la résistance du monde.
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à la lumière d'hiver ; pensées sous les nuages
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 15 Février 1994
- 9782070328222
«Autrefois,moi l'effrayé, l'ignorant, vivant à peine,me couvrant d'images les yeux,j'ai prétendu guider mourants et morts.Moi, poète abrité,épargné, souffrant à peine,aller tracer des routes jusque-là !À présent, lampe soufflée,main plus errante, qui tremble,je recommence lentement dans l'air.»
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Philippe Jaccottet a lui-même choisi les oeuvres rassemblées dans ce volume, y recueillant tout ce qu'on pourrait qualifier d'écriture «de création» et laissant de côté son travail de critique et de traducteur, ainsi que certains textes de circonstance liés à des voyages ou à des hommages ; il a veillé à ce que ses livres apparaissent selon la chronologie de leur publication initiale, qui était jusqu'alors parfois masquée par des regroupements éditoriaux ultérieurs.
Recueils de poèmes et livres de prose alternent d'abord, bientôt ponctués à intervalles plus ou moins réguliers par les notes de carnets qu'égrènent les différentes livraisons de La Semaison. Retrouvant leur titre unique, celles-ci sont ici restaurées dans toute la cohérence de leur projet et complétées par les Observations, 1951-1956, longtemps inédites et qui sont comme l'amorce de ces semences littéraires rassemblant choses vues, choses lues et choses rêvées.
L'évolution des poèmes est frappante : des sonnets rimés de L'Effraie (1953) aux pièces brèves et épurées d'Airs (1967) se fait sentir l'influence des révélations majeures que furent les paysages de Grignan et les haïku japonais. Par les chants plus tourmentés des livres de deuil qui se succèdent ensuite, de Leçons (1969) à Pensées sous les nuages (1983), le poète tente de maintenir le flux des mots malgré la mort qui semble faire vaciller jusqu'au langage. À partir de Cahier de verdure (1990), proses poétiques et vers se mêlent au sein d'un même recueil. Une forme éminemment personnelle s'invente, se concentrant sur les éclats de joie épars dont il s'agit de restituer la lumière.
Comment embrasser à la fois le clair et le sombre, le grave et le léger, le tout et le rien? L'oeuvre de Jaccottet s'impose par l'exigence de sa quête, la pureté rayonnante et sans affectation de son chant - «L'effacement soit ma façon de resplendir», écrivait-il dès L'Ignorant (1957). Sans céder jamais à l'épanchement, se refusant autant au nihilisme qu'à l'exaltation - à «l'écoeurant brouillard d'un certain lyrisme» -, elle trouve certes dans la beauté subtile et poignante de la nature - lumière d'hiver, vergers en fleurs - une réponse vitale à la violence du monde et au désenchantement. Mais cette beauté n'a rien d'un refuge éthéré ; elle est comme une lame qui permet de creuser dans l'opaque. Cette poésie, nourrie d'ombre, s'écrit avec le vide et contre lui.
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Paysages avec figures absentes
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 6 Janvier 1998
- 9782070404278
Ce livre de Jaccottet peut servir d'introduction à son oeuvre poétique et littéraire. Cet ensemble de textes sur la campagne contient aussi de très belles méditations sur le travail du poète, sur sa condition d'homme démuni et incertain, privé de tout recours à une foi ou à une idéologie rassurantes. La perception et le sentiment de la nature sont d'une extrême délicatesse et d'une rare ferveur. À travers la description, Jaccottet fait le point sur sa vie de poète, sur sa conception de la poésie.
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à travers un verger ; les cormorans ; Beauregard
Philippe Jaccottet
- Gallimard
- Blanche
- 5 Novembre 1984
- 9782070702213
Ces textes de Philippe Jaccottet tirent pour la plupart leur inspiration du thème du voyage, de la promenade. Ce sont des itinéraires de campagne, une rêverie sur des noms de lieux. Certains paysages apportent des moments mêlés d'exaltation et de mélancolie. Il y a aussi des hauts lieux, comme les riches sanctuaires romans du Roussillon, ou un quartier de Florence déjà rencontré dans un poème de Montale. Plus tard, en remontant vers le Nord, la lumière diffuse, voilée, de la Hollande et de ses peintres. «À la poursuite d'images profondes, le voyage avait bien fini par devenir intérieur», dit l'écrivain. Ses descriptions minutieuses, empreintes d'humilité, aboutissent à un émerveillement. Tel est le secret, livré au détour d'une phrase, de cette prose qui se tient au plus près de l'émotion.
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«Quelquefois la poésie, c'est-à-dire je ne sais quelle lumière, semble mêlée sans effort au mouvement simple des jours (comme la lumière physique aux objets) ; elle reste alors tout près du langage, imperceptiblement transfiguré par elle, et peut-être est-ce là qu'elle a le plus de vérité ; mais aussi, qu'il est le plus difficile de la maintenir. Trop souvent la voilà qui ne brille à nos yeux qu'en d'infimes échappées ; qui se sont ouvertes sans doute, elle aussi, dans la trame de notre vie ordinaire, mais, dirait-on, sur un lointain de moins en moins saisissable : les mots voudraient n'être plus que souffles, chaque poème une goutte d'eau pure.» Philippe Jaccottet.
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«Les événements du monde, depuis des années, autour de nous, proches ou lointains - mais plus rien n'est vraiment lointain, du moins en un sens, si plus rien n'est proche non plus -, l'Histoire : c'est comme si des montagnes au pied desquelles nous vivrions se fissuraient, étaient ébranlées ; qu'ici ou là, même, nous en ayons vu des pans s'écrouler ; comme si la terre allait sombrer.
Or, quand à cela, quant à l'Histoire, nul doute : il s'agit bien - ce qu'on aura vécu - de près d'un siècle de l'Histoire humaine ; une masse considérable, une espèce de montagne, en effet, dont la pensée a du mal à faire le tour, le coeur à soutenir le poids ; et tant de ruines, de cimetières, de camps d'anéantissement qui seraient, de ce siècle, les monuments les plus visibles, d'autres espèces de montagnes, sinistres. Et la pullulation des guerres, la plus ou moins rapide érosion de tout règle, et les conflits acharnés entre règles ennemies. Tout cela multiple, énorme, obsédant, à vous boucher la vue, à rendre l'avenir presque entièrement obscur.» Philippe Jaccottet.
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Au coeur des apparences ; dans la compagnie des peintres
Sébastien Labrusse, Philippe Jaccottet
- Transparence
- 23 Mai 2012
- 9782350510705
Inédite autour d'un thème que le poète a peu développé : le rapport entre poésie et peinture. La première partie est constituée de l'entretien (richement annoté par Sébastien Labrusse), où Philippe Jaccottet évoque tout d'abord sa découverte de la peinture sur un mode autobiographique : découverte décisive de Piero della Francesca (" le grand choc de ma vie "), rencontre avec sa femme Anne-Marie, en 1953, elle-même peintre, fréquentation de Giacometti, Braque, Chagall...
Puis il développe les liens qu'entretiennent ses proses de paysage (cf. Paysages avec figures absentes) avec l'expression picturale. Jaccottet évoque en particulier le mystère de cette " lumière originaire " qui habite secrètement les apparences. Comment dire cette lumière sans en dénaturer le secret ? En se confrontant aux images, Philippe Jaccottet livre un passionnant témoignage de son art poétique.
L'essai de Sébastien Labrusse revient sur quelques thèmes évoqués dans l'entretien et donne ainsi à ce livre son unité : la part d'invisible ou d'originaire dans le réel, la défiance à l'égard des images et des métaphores. Puis il consacre un superbe essai à " l'épreuve de la joie " qui médite la question de la finitude dans l'?uvre de Jaccottet. Un cahier quadri reproduit 8 oeuvres des artistes évoqués dans l'entretien : Anne-Marie Jaccottet, Gérard de Palézieux, Nasser Assar, Claude Garache, Alexandre Hollan, Jean-Claude Hesselbarth.
Le recueil À la lumière d'hiver (Gallimard, 1974) est au programme des classes littéraires du baccalauréat pour deux ans (sessions 2012 et 2013).
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Philippe Jaccottet poursuit ici un dialogue amorcé il y a bien longtemps avec la terre. Apologie du regard, sa prose s'attache à la fragilité et traque l'éphèmère en conciliant intensité et transparence. Dessins inédits d'Anne-Marie Jaccottet.
"Tendre trace silencieuse laissée par tous ceux qui ont marché là, depuis très longtemps, trace des vies et des pensées qui sont passées là, nombreuses, diverses, traces de bergers et de chasseurs d'abord - et il n'y a pas si longtemps encore -, puis de simples promeneurs, d'enfants, de rêveurs, de botanistes, d'amoureux peut-être. Le temps humain qui inscrit ses lignes souples dans le sol".
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Nombre de raisons, dont les meilleures ne sont que trop douloureusement évidentes, m'ont fait hésiter à publier ces pages. Que la menace qui pesait déjà sur le Liban quand nous nous y sommes rendus, sous le prétexte de deux lectures de poésie, en 2004, loin de se dissiper, se soit aggravée depuis au point qu'on ne sait plus où trouver de quoi réveiller en nous ne fût-ce qu'un infime espoir, voilà ce qui nourrit plus que toute autre chose mon scrupule.
Il y a tout de même quelque chose qui m'a permis de surmonter d'aussi légitimes scrupules :
C'est que ce dont je parle maladroitement ici, fait aussi, après tout, partie de la réalité ; que toutes sortes de formes de beauté persévèrent, que l'amitié sous mille aspects demeure, et l'hospitalité, la générosité, la grâce ; comme surviennent encore des moments de profond calme, d'échanges vrais, et des éclaircies aussi indubitables que les nuages les plus noirs ou orageux ; de sorte que s'entêter à recueillir ces signes et en faire un petit livre, d'ailleurs sans prétention, ce serait moins insulter à l'épreuve de ces pays que leur rendre hommage et, en fin de compte, ne pas ajouter au désespoir vers lequel presque tout, aujourd'hui, nous entraîne.
En ces pages où il convoque à ses côtés les plus grands poètes du Proche-Orient, Philippe Jaccottet nous entraîne dans un Liban tout intérieur et une Syrie maintenant disparue.
Sa voix basse murmurante se faufile entre les apparences et ne demeure que la justesse.
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« Il suffit d'être possédé par le songe dans ses profondeurs et de savoir trouver l'accord de ces quatre mots. » (Philippe Jaccottet) Je souhaite que chaque photographie soit une expérience poétique, où l'immédiat, le lieu, et mon désir d'image entrent en dialogue. Aller à l'essentiel à travers l'expérience du paysage, marcher en s'oubliant, percevoir l'immanence du réel, contempler toujours, oser la poésie, être.
Le ton, les doutes, la quête, l'émotion, l'exigence, la beauté de l'oeuvre de Philippe Jaccottet m'ont toujours accompagnés. Reconnaître ce qui est le plus proche de soi est le plus difficile à voir, se reconnaitre dans l'autre est une chance et une résonnance. Voir et écrire, sont comme deux personnes en regard. Trouver l'accord de la note entre ces deux verbes est une quête, la donner à entendre dans un espace où le souffle d'un instant est retenu par la beauté est un bonheur.
J'ai porté en moi les écrits de Philippe Jaccottet, comme cette phrase citée plus haut, en me disant : voici ce que je voudrais faire en photographie. Il existe un espace non défini entre le visible et l'invisible, à voir à travers l'épaisseur du visible. Et certainement, avant tout, le gout très particulier, indescriptible, d'aimer marcher dans la montagne, le long des rivières, que je signifie dans le silence de mes images en tentant d'ouvrir un espace imaginé que j'entends dans les écrits de Philippe Jaccottet.
(Nathalie Savey)
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Guerre : longues files de fuyards sous la neige ; vieillards incapables de marcher traînés à même le sol sur de grands sacs en plastique par des parents à peine moins vieux et moins harassés, femmes qui tremblent de froid.
Familles terrées dans des caves, des égoûts. Même plus de larmes pour leurs yeux desséchés.
«Voici un choix de notes récentes, analogue à ceux qu'il m'est arrivé de faire paraître, ces dernières années, à l'enseigne de la Semaison : des choses vues, autour de nous ou plus loin, des choses rêvées (plutôt de l'ordre du cauchemar), des choses lues - et que j'essaie de dire avec la plus grande immédiateté possible, comme à la source. Toutefois, ce choix-ci se distingue des précédents par une radicalité et une concentration plus grandes, comme si le «ravin» d'où l'on risque de ne jamais plus remonter, en se creusant en son centre, y aggravait la tension, et la dissonance irrésolue entre la merveille et la détresse d'être au monde, leur donnant, à l'une comme à l'autre, plus de relief.»
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Philippe Jaccottet a bien connu Francis Ponge, rencontré juste après la guerre à Paris, alors que lui-même travaillait pour l'éditeur suisse Mermod qui publia notamment Le Carnet du bois de pins, et d'autres écrits de l'auteur, déjà reconnu, du Parti pris des choses. De l'admiration qu'éprouvait le jeune poète pour son aîné, qu'il allait souvent voir rue Lhomond dans ses années parisiennes, est née une amitié qui s'est poursuivie, malgré l'éloignement géographique, jusqu'à la mort de Ponge, en 1988. Le présent livre réunit deux textes, écrits à la suite de cette disparition, et une postface, écrite en 2013. Le premier de ces textes, publié dans le numéro d'hommage de la NRF en 1988, relate la cérémonie au cimetière de Nîmes, étonnamment modeste pour un écrivain si glorieux.
Jaccottet y est frappé par le rapprochement de deux textes, lus au cours de la cérémonie : un psaume de David, « L'éternel est mon berger, il me conduit dans de verts pâturages », et un poème de Ponge, Le Pré, qui semblent se répondre à travers les siècles. Et, à partir de là, il s'interroge sur le devenir de la parole poétique. Le second texte, écrit peu après le premier mais qu'il ne se résolut longtemps pas à publier ? comme il s'en explique dans la postface, en partie de peur de paraître désavouer son admiration de jeunesse ?, approfondit la réflexion sur ce qui le sépare de Ponge, admirateur de Malherbe et hostile à toute ouverture vers ce qui est hors de portée, vers l'invisible. Ce faisant, il est amené, plus ouvertement peut-être qu'il ne l'a jamais fait auparavant, à préciser, tout au long de ces cinq chapitres, le coeur même de sa poétique propre et de ce qui lui apparaît comme le critère ultime : quelle parole (ou quelle musique) nous semble « tenir », face à la mort, et pourquoi. Comment définir ce qu'il nomme « l'énigme du pur » ? Ce qui le conduit à donner des exemples, et évoquer les modèles qui furent les siens, Rilke, Hölderlin, Rimbaud, Dante, Shakespeare mais aussi tel un haïku de Buson, qu'il rapproche d'un des plus fameux poèmes de Goethe.
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L'ancien élève, ou mieux, le disciple d'un grand philosophe, dont l'enseignement et la bienveillance personnelle ont joué un rôle capital dans sa vie, revient d'un long séjour à l'étranger et son premier soin est de revoir son maître. Après de longues recherches, il découvre sa retraite. La découverte est navrante : ce brillant esprit, ce savant admiré et fêté, cet amoureux fougueux et romanesque, ce père enfin, ont fait place à une espèce d'animal farouche qui vit seul dans l'obscurité, replié sur lui-même en une sorte d'attente provocante et révoltée de la mort. Car cet homme est une victime de l'idée de la mort ; elle s'est emparée de son esprit au point que toute activité, toute vie affective lui sont devenues impossibles. Aucune des hautes pensées qu'il inculquait jadis à ses élèves n'a eu de pouvoir contre l'horreur de cet anéantissement inéluctable. Il répond aux questions gênées de son disciple par des phrases comme : «Rien n'est vrai, rien n'est hormis le mal de le savoir».L'émotion, l'effroi, causés par ce drame suscitent chez le narrateur toutes sortes de méditations ; il cherche dans le souvenir de certaines scènes - en particulier d'une poursuite à travers les rues d'une ville où le grand homme tâchait de rejoindre une jeune beauté rebelle à son amour - des explications possibles. Mais le «maître» ne goûtait-il pas depuis longtemps déjà les joies d'un foyer heureux, avec une femme aimante, un enfant, dans un cadre naturel qu'il aimait ?Le disciple cherchera donc seul une telle maladie de l'âme : «Ce sont peut-être les légers, les téméraires qui ont raison..., ceux qui acceptent le risque de se perdre sans espoir de compensation...»Ce récit se distingue par une simplicité qui n'exclut pas une réelle science d'écriture, par son sens subtil des nuances et des atmosphères, sa pudeur, qui ne voile cependant pas le drame du disciple devant l'échec de son «maître».
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Nouvelle édition en 1979
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"Ce livre étincelant, qui maintient de la façon la plus exquise le difficile équilibre entre l'essai et la comédie épique, n'est plus, Dieu soit loué, un "roman" au sens habituel du terme. Son ironie, son intelligence, sa spiritualité relèvent du domaine le plus religieux, le plus enfantin, celui de la poésie" Thomas Mann, Journal, 1932.
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L'oeuvre de Rilke a longtemps disparu sous l'accumulation d'anecdotes et de souvenirs relatifs à la
vie du poète (notamment sa vie sentimentale), de commentaires élogieux ou sévères, dont une
gloire tissée de malentendus (certains ont vu en Rilke un saint, un prophète, voire un esthète de
légende). Dans cette monographie, Philippe Jaccottet s'emploie à retrouver un regard plus clair et
plus libre sur le poète et son oeuvre, pour en découvrir et en explorer l'espace merveilleux. Un
texte signé par un des poètes français les plus importants, grand traducteur de l'oeuvre de Rilke.
Philippe Jaccottet est né en 1925. Il publie son premier recueil en 1945, Trois poèmes aux
démons. Lors de son séjour à Rome en 1946, il se lie d'amitié avec le poète Ungaretti. Sa première
traduction paraît la même année : La Mort à Venise, de Thomas Mann. À l'automne 1946, il
s'installe à Paris comme collaborateur des éditions Mermod. Il y fréquente les cercles littéraires,
notamment celui de la N.R.F (Jean Paulhan, Francis Ponge, Jean Tardieu), se lie avec des poètes de
sa génération (Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, André du Bouchet), ainsi qu'avec Pierre Leyris et
Henri Thomas. Outre l'écriture poétique (une trentaine d'ouvrages à son actif) et diverses
collaborations critiques, Philippe Jaccottet a traduit aussi bien des auteurs allemands (Musil, Mann,
Hölderlin) qu'italiens (Ungaretti, Leopardi, Cassola), espagnols (Gongora), grecs (Homère) ou
russes (Mandelstam).
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L'Homme sans qualités n'est pas seulement l'une des oeuvres majeures du XXe siècle. Elle en condense de manière incomparable les interrogations et les potentialités, les contradictions et les craintes. Elle nous offre l'extraordinaire tableau d'un monde qui allait être précipité dans la catastrophe, et dont Vienne fut le laboratoire.