Figure incontournable du Paris littéraire de l'entre-deux-guerres, compagne de Sylvia Beach et proche amie de James Joyce, Adrienne Monnier fut également l'auteur de plusieurs brèves nouvelles, dont Vierges folles est sans doute la plus marquante. Chronique de l'existence farouchement indépendante d'une petite bande de jeunes femmes, Vierges folles nous donne à voir la pauvreté, les amours malheureuses, les espoirs déçus - toujours vaincus par une irrépressible envie de vivre.
«Les Français aiment les livres, ils sont toujours prêts à les aimer. [...] Ils ne laissent pas les livres leur en imposer - laissent-ils rien leur en imposer ? Pour eux, un livre, c'est un ami ou rien. Leur résistance envers la reliure ou le cartonnage d'éditeur est très significative ; ils ne supportent la rigidité que d'un livre d'étude. Ils veulent les volumes brochés, souples, pas trop grands ; il est bon de pouvoir les mettre dans sa poche et de les retourner un peu, un tout petit peu en les lisant ; on sait bien que ce n'est pas bon pour le livre, on se retient quand le livre est neuf ou quand il ne vous appartient pas, mais quand on a la chance d'avoir entre les mains un volume usagé acquis pour quelques sous ou peu de francs, on le traite sans façon, c'est un bouquin.»
Adrienne Monnier était comme un jardinier, et dans la serre de la rue de l'Odéon où s'épanouissaient, s'échangeaient, se dispersaient ou se formaient les idées en toute liberté, en toute hostilité, en toute promiscuité, en toute complexité, souriante, émue et véhémente, elle parlait de ce qu'elle aimait : la littérature.
Jacques Prévert évoquait ainsi la fondatrice de « La Maison des amis des livres ». Inaugurée en 1915 au 7, rue de l'Odéon, cette librairie devient très vite le rendez-vous du Tout-Paris littéraire. Louis Aragon, Walter Benjamin, André Gide, Nathalie Sarraute, André Breton s'y croisent lors de lectures, expositions ou soirées musicales. Foyer de la vie culturelle de l'entre-deux guerres, dont la renommée franchira les frontières françaises avec la traduction en 1929 de l'Ulysse de Joyce, édité par Adrienne Monnier, ce lieu mythique est indissociable de la personnalité qui l'habite et l'anime. Autoportrait d'une femme de passion et d'idées, subtile évocation de l'incroyable atmosphère d'émulation qu'elle sut créer autour d'elle, ce livre de référence est avant tout un hommage à la littérature.
Avec une lettre de Valery Larbaud
Nouvelle édition revue et augmentée en 1960