À l'aube de notre modernité, le romantisme a transformé la littérature, la musique, les Beaux-Arts, et plus généralement notre manière de penser, d'aimer, de percevoir la nature, l'Histoire... en un mot, de vivre. Né en terre germanique à la fin du XVIIIe?siècle, il a brillé d'un éclat formidable dans la France post-révolutionnaire, avant d'essaimer dans l'Europe entière et, au-delà, dans les empires coloniaux et en Amérique. Partout, il a accompagné la naissance des États nationaux et préparé culturellement l'émergence des démocraties parlementaires et des sociétés libérales.
Ce dictionnaire, le premier à en présenter une vision globale, propose en 650 articles de tout connaître de celles et ceux qui ont fait le romantisme : Staël, Byron, Hugo, Beethoven, Sand, Novalis, Chopin, Turner, Delacroix, Pouchkine, Garibaldi... Le lecteur y découvrira également les idées, les motifs, les modes qui dessinent les contours de la culture romantique et permettent d'en saisir les multiples visages à travers le monde.
L'histoire littéraire est en plein renouveau. Cet ouvrage en offre la première synthèse générale. Il se confronte aux grandes notions que rencontre toute théorie littéraire (la littérarité, l'auteur, le genre, le lecteur, la mimésis, etc.) et présente les voies les plus récentes de la recherche.
Il est aussi un essai d'interprétation original, dont l'orientation est résolument pluridisciplinaire. Considérant la littérature comme un système culturel parmi d'autres, l'histoire littéraire entre en résonance avec l'anthropologie et la sociologie ; se définissant elle-même comme histoire de la communication littéraire, elle croise l'histoire culturelle et la médiologie ; visant à édifier une poétique historique des formes littéraires, elle porte la même attention aux inventions et aux pratiques esthétiques que l'histoire de l'art.
Au fil des chapitres, l'ouvrage esquisse enfin une interprétation historique globale des grandes phases de la littérature française et, de façon plus précise, des bouleversements majeurs (esthétiques et institutionnels) qu'elle a connus de la Révolution jusqu'au XXIe siècle.
Initier à la poésie, c'est dire ce qu'elle est, ou fut, et expliquer comment il faut l'analyser en recourant aux acquis méthodologiques des théories littéraires et linguistiques.
Cet ouvrage présente, de manière claire et pédagogique, les savoirs indispensables à l'étude d'un texte poétique : analyse des rythmes, métrique, phonétique, sémiotique, etc.
Il propose une réflexion originale sur les incertitudes d'un genre qui cristallise toutes les utopies de l'écriture.
Cette nouvelle édition, profondément renouvelée par rapport à la précédente, propose des développements sur le vers syllabique français et sur le lyrisme moderne.
Cet ouvrage s'adresse aux étudiants littéraires de classes préparatoires et de cycles L et M.
Alain Vaillant est professeur de littérature française à l'université Paris 10-Nanterre, directeur de rédaction de la revue Romantisme.
Avec l'avènement de la démocratie, le rire apparaît comme un bien commun, partagé par tous et irriguant la totalité de l'espace public. Ce rire démocratique prend aussi appui sur la puissance de propagation et d'innovation des nouvelles industries médiatiques, qui acquièrent un poids économique et une force de frappe incomparables?: acteur majeur de notre culture moderne du loisir et du divertissement, le rire s'est imposé à tous et constitue aujourd'hui l'un des moteurs de la société marchande et du consumérisme. Mais le rire répond aussi à un besoin anthropologique plus large?: il soulage face aux angoisses de l'existence, et permet d'expérimenter le plaisir de la connivence sociale et celui de la fantaisie imaginative.
Pour lui restituer toute sa richesse, cet ouvrage a choisi de multiplier les angles d'approche, en proposant à la fois une histoire culturelle du rire, une description de ses formes et des techniques utilisées, une réflexion théorique sur ses usages dans l'espace social.
Tous les aspects du rire y sont envisagés de façon transdisciplinaire?: des catégories du risible aux cibles du rire, de l'esthétique du rire à son usage au service des idéologies - à travers les beaux-arts, la littérature, la caricature, les arts de la scène, la télévision et les médias, la publicité, internet. Dans cette encyclopédie stéréoscopique du rire, abondamment illustrée, on aura encore plaisir à retrouver, au fil des pages et des images, toutes les grandes figures de l'humour depuis près de deux siècles. Il s'agira donc de prendre au sérieux la culture du rire, et de mesurer le rôle capital qu'elle a pu jouer dans l'histoire de notre modernité.
Le rire est à la mode. Mais sait-on vraiment de quoi l'on parle ?
Il y a mille formes du rire ; et autant de manières d'en parler, selon qu'on est philosophe, écrivain, artiste, psychologue, historien. Le premier objectif de cet ouvrage est d'en offrir un panorama complet et synthétique.
Mais il prend surtout le pari de l'unité fondamentale du rire, et défend une thèse originale : dans tous les cas, le rire naît chez l'homme face à l'irruption d'une menace potentielle qu'il décide de ne pas redouter, comme si un écran invisible l'en séparait. S'instituant spectateur du monde, il prend conscience de sa liberté, même précaire, au sein de la nature ou de la société. Le rire serait-il alors la matrice de toute civilisation ?
Cette donnée anthropologique explique l'importance capitale du rire, le large éventail de ses mécanismes comiques et, en particulier, son affinité mystérieuse avec l'émotion esthétique. Quant à notre actuelle culture médiatique, on sait bien qu'elle a transformé le monde en un spectacle universel : très logiquement, le rire lui est devenu indispensable. L'âge post-industriel a donc parachevé la vocation primitive du rire humain : la boucle est bouclée. Provisoirement.
Il y a, au coeur de ce livre, une thèse anthropologique et une thèse historique.
La thèse anthropologique est la suivante. Tout animal, chaque fois qu'il surmonte une difficulté, éprouve en retour une satisfaction, que son organisme lui procure sous forme de récompense. Rien de plus universel. Mais l'homme est cet animal singulier qui a appris à jouir pour lui-même de son plaisir cognitif. Ce qui n'était qu'un instrument est devenu un but en soi, qui a libéré l'homme de son environnement tout en l'enchaînant à sa propre quête de jouissance.
Il en découle une thèse historique aux conséquences capitales. Depuis que, à l'aube de sa préhistoire, l'homme a découvert son aptitude au plaisir, le devenir des civilisations n'a obéi qu'à une seule logique, profondément addictive : à l'intensification de ce plaisir. Le processus de très longue durée qui est alors enclenché s'appelle l'anthropocène. Car les sociétés humaines ont toujours avancé dans une même direction, mais elles le faisaient à leur insu : non pas en visant ce progrès de la civilisation qu'idéalisaient les philosophes des Lumières, mais entraînées par la poussée invisible de leur libido cogitandi.
À l'aube de notre modernité, le romantisme a transformé la littérature, la musique, les Beaux-Arts. Mais, plus généralement, il a bouleversé notre manière de penser, d'aimer, de percevoir la nature ou la société - en un mot, de vivre. Né en terre germanique, il a brillé d'un éclat formidable dans la France postrévolutionnaire, avant d'essaimer dans l'Europe entière et au-delà.
La notion est si vaste qu'on la prétend indéfinissable. On a tort. Mais si elle a un sens, il faut le chercher du côté de l'Histoire. Apparu au coeur de l'Occident moderne, le romantisme, quelles que soient ses variantes nationales, prépare et accompagne culturellement l'émergence de nos démocraties parlementaires et de nos sociétés libérales. De cette définition historique, il faut alors tirer toutes les conséquences artistiques et intellectuelles.
Et si le secret de Madame Bovary se dissimulait derrière un simple calembour, une burlesque histoire de veau ? Le soupçon circule secrètement depuis une quarantaine d'années dans la critique, mais Alain Vaillant mène jusqu'à ses ultimes développements une enquête qui touche à la métaphysique insciente de Flaubert et qui révèle la vraie signification de son célèbre « comique qui ne fait pas rire ».
L'étude du rire flaubertien s'accompagne d'une méditation historique sur la passion du romantisme pour le comique ; esquissant par-delà le XIXe siècle une anthropologie générale du rire, elle convoque les plus grandes autorités intellectuelles, d'Aristote à Freud, mais trouve son meilleur emblème dans la « blague supérieure » de l'ermite de Croisset.
Entre les lignes, on y lira enfin un manuel pratique d'herméneutique littéraire, qui prend joyeusement à rebrousse-poil les gloses sérieuses des « pédagogues tristes » pour dresser l'éloge iconoclaste mais réfléchi de l'art du rire.
« La vie d'un représentant en quincaillerie n'est pas ce que l'on imagine. Se balader en voiture pour vendre des trucs en ferraille à des entreprises travaillant les métaux ne peut être un métier très sérieux. Même la gendarmerie le dit, alors ! Oui, mais je les... Et pourquoi, quand des mecs se font défoncer la tête, c'est toujours sur moi que les soupçons se portent ? Je reprends ma route, direction Orléans, en passant par les derrières d'Olivet, par la route forestière solognote. J'aime bien ces petites routes ludiques. Il y a toujours quelque chose à regarder. Il n'est pas rare de voir tantôt un sanglier, tantôt un chevreuil. Ma fâcheuse tendance à récupérer tout et n'importe quoi va me jouer un vilain tour. Plusieurs, même. C'est ma vie qui en sera bouleversée ! » Ce roman policier nous fait visiter Orléans, la Sologne, la région orléanaise et une forêt du nord de la France. Quel rapport peut-il y avoir entre le Val d'Ardoux et la forêt de Mormal ? Après « Le Chien de Saint-Lyé-la-Forêt », Alain Vaillant nous transporte dans son univers et son imaginaire particulier. « L'Irrévérencieux de Saint-Lyé-la-Forêt » est un roman policier dont le théâtre est son pays, sa région, son village, sa passion. L'histoire de France et certains faits de société font toujours de ses textes une promenade pleine de découvertes et de méditations.
Initier à la poésie, c'est dire ce qu'elle est, ou fut, et expliquer comment il faut l'analyser en recourant aux acquis méthodologiques des théories littéraires et linguistiques.
Cet ouvrage présente, de manière claire et pédagogique, les savoirs indispensables à l'étude d'un texte poétique : analyse des rythmes, métrique, phonétique, sémiotique, etc.
Il propose une réflexion originale sur les incertitudes d'un genre qui cristallise toutes les utopies de l'écriture.
Apports de la nouvelle édition : actualisation approfondie faisant état des renouvellements de l'étude de la poésie et du vers depuis 1992 (refonte totale de 18 chapitres, mise à jour des 24 autres).
Les Fleurs du mal prouvent que, grâce à des oeuvres exceptionnelles, l'histoire littéraire est parfois faite d'inventions effectives, concrètes, explicables dans les termes de l'art.
Baudelaire est en effet le premier écrivain français à avoir su fier et contracter dans la forme poétique l'écoulement informe du discours : tous les poètes modernes qui, depuis, cherchent à concentrer l'émotion et l'imagination doivent l'essentiel à cette invention des Fleurs du mal, qui a radicalement changé le faire poétique. Or, de cette invention inaugurale des temps modernes, Baudelaire a dévoilé lui-même le secret : il tient tout entier dans une esthétique du rire, simultanément surnaturaliste et ironique, qui permet d'unifier dans un même acte artistique les forces contraires de la " vaporisation " et de la " centralisation ".
Baudelaire est ce singulier romantique pour qui le rire, contenu et latent, joue le rôle de la voix lyrique chez les autres poètes : au terme d'une vraie passion du rire, à la fois rieur et objet de dérision, il s'offre comme victime sacrificielle au public, pour lui faire partager ses extases intérieures à travers la surface ironique de ses images versifiées. Dans Les Fleurs du mal, Baudelaire a donc poursuivi, par son travail acharné et méthodique du vers, l'expérience esthétique la plus extraordinaire et la plus incontestablement créatrice, en révolutionnant à la fois la poésie et l'art du rire.
Et c'est parce que cette expérience était pleinement réussie, accomplie et indépassable, qu'elle n'avait aucune raison de ne pas être unique et solitaire. De telle sorte que Baudelaire reste, seul de son espèce et par excellence, le poète comique de la littérature française.
Longtemps rélégué dans l´ombre, le rire est aujourd´hui à la mode. Mais on s´intéresse presque toujours au rire pour d´autres raisons que le rire lui-même. On veut démontrer ses significations philosophiques, exalter ses vertus esthétiques - comme s´il fallait toujours s´excuser de rire et de faire rire. À rebours, L´Esthétique du rire veut s´en tenir au rire. D´abord, en rappelant son irréductible unité, malgré toutes les variantes ou sous-catégories qu´il est loisible d´énumérer (l´ironie, le burlesque, la satire, la blague, la parodie, la farce, etc.). Ensuite, en affirmant avec force que, s´il existe bien un art du rire, il n´est rien d´autre que l´art de faire rire, avec le plus de force et de plénitude possible. Pour saisir cette dynamique du rire, il fallait un dialogue entre les spécialistes du Moyen Âge, des siècles classiques et de la modernité post-révolutionnaire. Mais l´histoire ne doit pas faire oublier l´essentiel : la nature anthropologique du rire. Le mécanisme comique plonge dans les zones les plus mystérieuses de l´homme : dans l´inconscient que refoule le moi sérieux ; dans les mondes merveilleux de l´enfance ; plus généralement, dans un stade archaïque et primitif de l´homme. L´art du rire opère la mystérieuse transfiguration des ténèbres opaques de l´intimité humaine en bruyant feu d´artifice. Et ce sont les extases d´imagination induites par cette inversion miraculeuse qui fait du rire un phénomène d´ordre esthétique.
La littérature est doublement mise à l'épreuve au XIXe siècle, par le déclin de la tradition rhétorique et par l'émergence de notre civilisation médiatique. L'écrivain décide alors que l'art sera son arche de Noé et il invente une esthétique de la subjectivation, désormais marquée d'un rire paradoxal.
Arthur Rimbaud (1854-1891) fut ce « météore » littéraire, devenu le symbole de toutes les révoltes. Au-delà de l'itinéraire personnel, il reste une oeuvre à tout jamais exceptionnelle, dont l'ombre portée sur tous les poètes à venir est immense. Ce dictionnaire est destiné à tous les lecteurs de poésie.
De part et d'autre de l'Atlantique, la presse moderne a permis à la fois l'émergence des identités nationales et un mouvement irréversible de mondialisation culturelle : nous sommes tous les héritiers de ce double processus. Réunissant des spécialistes d'Amérique latine, d'Amérique du Nord et d'Europe, cet ouvrage s'efforce de prendre la mesure de cette évolution historique, sans précédent par son ampleur et sa rapidité. Il souligne à quel point les médias ont été au coeur de la prise de conscience politique qui a présidé à la naissance des Etats démocratiques (ou en voie de démocratisation). Il permet en outre de vérifier que les transferts culturels ne doivent jamais être pensés en termes d'influence unilatérale ou bilatérale entre deux pays, mais dans le cadre d'une économie ouverte des échanges symboliques, dont les médias sont les meilleurs garants, malgré la suprématie de quelques modèles nationaux (au XIXe siècle, celle des journaux anglais et français).
Marie-Eve Thérenty est professeur de littérature française à l'université de Montpellier III, membre de l'Institut universitaire de France et directrice du centre de recherche RIRRA 21 (Représenter et inventer la réalité, du romantisme à l'aube du XXIe siècle). Alain Vaillant est professeur de littérature française à l'université Paris Ouest et directeur de la revue Romantisme.
Cette histoire de la littérature française du XIXe siècle a l'ambition de renouveler le regard que nous portons sur la production littéraire de ce siècle. Comment rendre sensible le lien qui unit le temps de l'Histoire et celui des imaginaires littéraires ? Pour répondre à cette question, ce livre articule de manière convergente une histoire socio-intellectuelle du siècle et l'étude des individualités les plus fortes. Il entrelace des chapitres sur l'évolution générale des contenus et des formes, et des analyses consacrées aux auteurs. Il invite à une lecture stéréoscopique de l'ensemble, de sorte que l'historicité et la singularité de chaque oeuvre soient également prises en compte.
Ce livre fort et rique, original et efficace, est destiné aux étudiants de lettres - classes préparatoires, premier et second cycles. Il sera aussi un excellent outil de synthèse pour les étudiants qui préparent les concours, pour les futurs professeurs de lettres en formation dans les IUFM, ainsi que pour les professeurs de l'enseignement secondaire.
Cet ouvrage porte sur la spécificité de l'action éducative d'un établissement de placement familial : le Centre de Placement Familial Spécialisé - oeuvre de l'abbé Denis de 1973 à 1999 à Pau. A travers l'histoire de l'institution et dans son fonctionnement actuel, le travail de recherche-action éclaire le positionnement d'une équipe, qui d'expérimentations en théorisations, se pose dans l'espace de la loi et dans la dynamique d'un territoire social. L'approche pédagogique souligne comment se construit une action éducative spécialisée dans l'accueil d'adolescents en grande difficulté, le plus souvent mineurs délinquants, hébergés dans des familles d'accueil.
1836 : Émile de Girardin, aventurier des médias, lance le quotidien La Presse et bouscule le paysage des journaux traditionnels. Il réinvente à la fois l'économie de la presse (le journal sera deux fois moins cher que ses concurrents, grâce à l'introduction massive de publicité) et surtout il définit les nouvelles lois de l'écriture journalistique, avec des innovations comme le roman-feuilleton (Balzac, Dumas...).Pour la première fois, cette étude exhaustive de La Presse sur sa première année permet d'analyser les conditions de son lancement, les tâtonnements de la formule éditoriale et l'émergence d'une poétique journalistique. Nouvelles du monde, politique, économie, « potins » du Faubourg Saint-Honoré, publicité... : tous les secteurs du journal sont passés au crible.Au fil de l'analyse émerge un nouveau type d'auteur : l'écrivain-journaliste. Car le journal, d'apparence informe et polymorphe, s'avère un extraordinaire espace d'invention et de liberté scripturale, un objet littéraire à part entière.À l'issue de cette étude fouillée, plusieurs chercheurs ayant travaillé sur des corpus de presse proposent en annexe une série de recommandations méthodologiques utiles à tout chercheur entreprenant un travail similaire.
Nous voilà en passe d'être débarrassés de l'un de ces nombreux clichés qui encombrent notre mémoire collective : quoi qu'en dise Balzac, au demeurant l'un des plus brillants journalistes de son temps, le journal - l'imprimé périodique - n'est pas la machine diabolique d'où seraient venus tous les maux de la littérature, depuis que la France est entrée, sous la monarchie de Juillet, dans l'ère du capitalisme industriel et culturel - de la modernité , comme disent les esthètes. Cette découverte est un événement majeur pour la connaissance du XIXe siècle : l'histoire littéraire s'obstinait à célébrer le Verbe rimbaldien, le Roman, balzacien ou flaubertien, le Vers mallarméen, sans s'apercevoir que le principal laboratoire d'invention scripturale - et, en particulier, littéraire - n'était ni le Livre, ni le Manuscrit, ni le Carnet, mais le périodique, sous ses formes variées et banales. Bien avant le règne d'Internet, c'est donc au XIXe siècle qu'éclate la première grande révolution médiatique avec la multiplication des quotidiens, des revues et des magazines et la diffusion d'une culture de presse qui irrigue tout le territoire national et toutes les couches sociales. L'invention de cette presse moderne modifie le quotidien des Français, impose de nouveaux rythmes de lecture, d'écriture, une nouvelle scansion et un nouveau rapport à la vie intellectuelle : la politique, la vie sociale, les philosophies, les sciences et les savoirs, les arts et les spectacles connaissent une profonde métamorphose dont cet ouvrage propose un large aperçu. Quant aux écrivains, presque tous acteurs et témoins privilégiés de la presse, ils sont aussi les premiers rejetons de cette hybridation culturelle entre l'univers du périodique et l'art d'écrire : on vérifiera en effet, en revisitant les auteurs du panthéon littéraire du XIXe siècle (Stendhal, Théophile Gautier, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Alfred de Musset, George Sand, Charles Baudelaire, Barbey d'Aurevilly, Stéphane Mallarmé, Jules Vallès, Villiers de l'Isle-Adam, Emile Zola, Marcel Schwob, Anatole France...), que cet éclairage nouveau transforme notre vision même de la Littérature.Marie-Eve Thérenty est maître de conférences à l'université de Montpellier III, spécialiste des rapports entre presse et littérature au XIXe siècle. Alain Vaillant est professeur de littérature française, directeur du centre d'études romantiques et dix-neuviémistes de l'université de Montpellier III, auteur de nombreux ouvrages sur la littérature du XIXe siècle. Ensemble, ils ont déjà publié 1836, l'an I de l'ère médiatique, Nouveau Monde éditions.