Voici un livre unique pour qui veut découvrir, comprendre ou approfondir la philosophie.
Il est constitué d'une série de leçons consacrées aux grandes questions philosophiques, que l'on pourra lire dans l'ordre que l'on voudra, selon ses goûts, ses besoins ou ses choix.
Ces leçons mobilisent les apports des philosophes les plus précieux, des classiques aux contemporains : Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Hegel ou Nietzsche, mais aussi Arendt, Rawls, Levinas, Foucault, Derrida ou Habermas.
L'ouvrage aborde également les débats les plus actuels : découvertes scientifiques, bioéthique, environnement, retour du religieux, bouleversements artistiques, mutations sociales et politiques... Chaque leçon dégage ainsi un bilan des contributions de la philosophie à l'état actuel de la réflexion.
Un avant-propos nourri fournit des fils conducteurs pour que le lecteur puisse s'orienter dans les questionnements philosophiques.
Une conclusion très ouverte s'interroge sur les avenirs possibles de la philosophie dans la culture contemporaine.
Fragilisation de l'école, montée de l'individualisme, expérience
toujours plus problématique de la parentalité :
jamais les modèles d'après lesquels les adultes exercent
leurs responsabilités à l'égard des enfants ne sont apparus
aussi énigmatiques.Ni la posture réactive - il faut réarmer les formes anciennes
de l'autorité - ni le discours progressiste - on ne doit à aucun
prix brader les libertés acquises - ne s'attaquent frontalement
à la question décisive : les formes de pouvoir qui, dans
les sociétés traditionnelles, ont fonctionné sur le mode
de l'autorité (éducative, mais aussi politique, judiciaire,
médicale) sont-elles encore compatibles avec la logique
de la démocratie oeSi l'exercice de l'autorité consiste à conférer au pouvoir
une dimension mystérieuse qui le rende indiscutable, la
crise de l'autorité n'est-elle pas inhérente aux sociétés qui
considèrent qu'aucun pouvoir n'est légitime s'il n'a obtenu
l'adhésion de ceux sur qui il s'exerce ? Curieusement, nos
sociétés n'ont pas encore tiré toutes les conclusions de la
conviction qui constitue leur pari le plus audacieux.Entre l'appel réitéré à réactiver purement et simplement
l'autorité et l'affirmation illimitée des formes les plus
spontanées de la liberté, cet essai tente d'ouvrir une voie
originale : les interrogations qui traversent aujourd'hui la
famille, l'école et plus généralement tous les lieux de pouvoir
n'appellent-elles pas surtout à repenser les pouvoirs, voire
à les consolider sur des bases renouvelées oe
C'est chez Aristote, au IVe siècle avant notre ère, que la philosophie politique a obtenu sa dénomination, pour désigner une libre interrogation sur l'attribution du pouvoir et sur sa juste répartition. De la Grèce à Rome, ce premier volume explore les conceptions à la faveur desquelles la rationalité a pris en charge, contre le poids de la tradition, l'enquête sur le meilleur régime.
Parallèlement, il s'attache à l'influence que les représentations juives, chrétiennes, islamiques ont exercé sur l'édification d'univers anciens où la liberté s'inscrivait dans des dispositifs dominés par les valeurs de l'autorité et de la hiérarchie. C'est dans le même espace religieux où le principe divin affirmait sa tutelle sur le monde humain que les hommes ont commencé à se réapproprier le pouvoir d'organiser leur propre existence. Les grandes religions qui ont thématisé les principes de dépendance et de hiérarchie ont aussi fourni le cadre où ces valeurs se sont trouvées discutées, amorçant ainsi le passage à un tout autre univers.
Ont contribué à ce volume : Ridha Chennoufi, Lambros Couloubaritsis, Ortfried Höffe, André Laks, Alain Renaut, Aviezer Ravitzky, Pierre-Henri Tavoillot, Alonzo Tordesillas.
A l'heure où le débat politique fait de nouveau référence, avec insistance, mais aussi avec confusion, à la liberté du peuple souverain, il redevient indispensable de se demander ce qui fait précisément qu'un peuple peut se penser comme libre. La liberté d'un peuple se mesure-t-elle à la façon dont les droits des individus qui le composent se trouvent protégés ? Ou bien devons-nous considérer qu'un peuple libre est aussi, voire surtout, un peuple dont les vertus civiques sont suffisantes pour soutenir la participation des citoyens à la vie publique ? Deux modèles hantent ainsi notre imaginaire démocratique : celui du libéralisme politique, celui du républicanisme. Sont-ils incompatibles ? Peuvent-ils s'articuler, et à quelles conditions, l'un à l'autre ? Cet essai à la fois historique et critique entreprend de reconstruire la logique interne de ce dédoublement qui, dans les actuelles divisions de notre vie politique, joue un rôle de plus en plus déterminant, au point de subvertir les anciens clivages entre gauche et droite, ou entre progressisme et conservatisme.
Élever la diversité au rang de concept philosophique pour échapper à ce qu'a trop souvent de confus et d'idéologique le débat en cours, aussi bien en France qu'en Amérique du Nord : tel est l'objectif de ce livre, dont l'enjeu est bien de savoir " comment vivre ensemble avec nos différences " culturelles, religieuses, ethniques ou sexuées.
Alain Renaut montre de quelle manière la notion de diversité, jusqu'ici peu précise, s'est construite sur fond de repentance de la conscience moderne à l'égard de l'assimilationnisme colonial. Questionnant un idéal républicain trop souvent enclin à identifier comme " meurtrière " toute valorisation de la diversité humaine, il renouvelle la discussion politique et éthique sur l'universalisme. L'exploration de ces paramètres complexes de la diversité que sont la culture et la sexualité ouvre ici sur un " humanisme de la diversité " réconciliant la représentation de l'autre comme un semblable et la perception du divers comme une richesse.
Ni retour à un humanisme abstrait, ni culte d'une diversité fermée à l'universel. Dialoguant avec Édouard Glissant sur la créolisation des cultures ; discutant, chez Judith Butler notamment, les éloges les plus extrêmes du divers comme tel, Alain Renaut mène ici une enquête intellectuelle aussi claire que vigoureuse : "Jusqu'où le discours identitaire et celui de l'appartenance à une culture ou à un groupe quelconque peut-il se déployer au sein des démocraties modernes sans assigner aux individus des identités semblables à celles qui caractérisaient les sociétés traditionnelles et sans le risque d'un "ré-enracinement" en des lieux et en des histoires dont ils voudraient, en tant qu'individus, s'arracher ?
Un milliard d'êtres humains vivant avec moins d'un dollar par jour. 270 millions de morts, entre 1990 et 2005, sous l'effet de l'extrême pauvreté. Plus que toutes les victimes des guerres du xxe siècle. 18 millions de victimes, un tiers des décès mondiaux par an dus à la misère.
Ces données correspondent pour l'essentiel à la radicalisation des inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Faut-il, dans ce contexte, que les États riches s'emploient à remédier à la situation des États pauvres, et si oui, selon quelles modalités et à quelles conditions ?
Cette question, qu'on désigne aujourd'hui comme celle de la « justice globale », est venue s'ajouter, depuis la fin des années 1970, à la question classique des inégalités.
Quel peut être, au plan global ou mondial, l'analogue de ce que sont les politiques sociales au sein d'une société donnée ? S'agit-il, si l'on accorde que les États riches ont à contribuer au développement des pays pauvres, de le faire, là aussi, par des transferts de ressources ou plutôt par l'accès à des « pouvoir-faire » rendant les pauvres du monde capables de prendre en charge leur destin ?
Face à ces interrogations, les théories contemporaines de la justice, depuis John Rawls, ont chacune pris position.
Ce livre entend analyser et discuter les diverses options en présence.
L'hypothèse animant l'ensemble du parcours consistera à se demander si les pratiques relevant de la justice globale, quand elles prennent la forme de l'aide aux pays pauvres ou de transferts de compétences, ne doivent pas avant tout s'ancrer dans des engagements éthiques. Les actions concertées susceptibles de contribuer au développement ne gagneraient-elles pas en effet à clarifier leur statut en s'apparaissant à elles-mêmes comme des politiques se fondant moins sur la reconnaissance de droits que sur des choix de valeurs émanant de la communauté internationale ?
La culture moderne n'en a jamais fini de dissiper le mystère qu'elle constitue pour elle-même. Deux schémas principaux inspirent aujourd'hui cette autoréflexion de la modernité. Dans la mouvance de Heidegger, les Temps modernes assurent le règne sans partage du sujet au sein d'un univers réduit à être objet de maîtrise et de possession. Selon une inspiration tocquevillienne comme celle, en particulier, de Louis Dumont, c'est l'individualisme qui, rompant avec la domination traditionnelle du collectif, sert de fil conducteur omni-interprétatif. Ces lectures ont pour point commun de rendre la modernité homogène, assimilée au «tout-sujet» ou au «tout-individu». Et surtout, elles occultent la césure qui brise l'histoire du sujet moderne en infléchissant l'humanisme vers l'une de ses figures possible, problématique et évanouissante : l'individualisme.
L'archéologie de cet énigmatique déplacement conduit Alain Renaut jusqu'à Leibniz. Là s'est décidée une profonde mutation : l'affirmation de l'individualité devient soudain compatible, au prix d'un dispositif intellectuel inédit, avec celle d'une rationalité du réel. Une culture de l'indépendance où chaque être, ne se souciant que d'accomplir sa nature, contribue à manifester l'ordre du monde, se greffe sur la valorisation de la raison.
Ainsi débarrassée des fausses linéarités, la logique de la modernité apparaît sous un jour neuf : loin d'avoir sans cesse consolidé le pouvoir de la subjectivité, elle a été aussi le lieu de son éclipse...
Les sociétés démocratiques sont de plus en plus exposées à la question de savoir sous quelle forme intégrer à leurs principes une prise en compte de la pluralité des cultures.
Entre libéralisme et communautarisme, comment assurer la coexistence d'identités culturelles distinctes ? Alain Renaut
La décomposition de l'univers ancien fait émerger, aux XVIe-XVIIe siècles, les valeurs de la liberté et de l'égalité. Or, ce bouleversement s'effectue dans le cadre même de ce qui avait illustré au mieux le régime antérieur de la tradition : la composante religieuse, plus particulièrement chrétienne (Augustin, Guillaume d'Ockham ou Vitoria), qui a ainsi joué un rôle essentiel, trop souvent oublié, dans la formation de l'individualisme politique.
Sur cette lancée, l'homme de l'humanisme moderne s'affirme comme celui qui n'entend plus recevoir ses lois ni de la nature des choses ni de Dieu, mais prétend les fonder à partir de lui-même. C'est la mise en oeuvre de cette affirmation de l'homme que ce volume entreprend d'explorer en montrant sur la base de quelles options la révolution jusnaturaliste s'est opérée et a pris pour norme le droit "subjectif". Il s'attache à faire ressortir la façon dont les sociétés se sont conçues comme auto-instituées, selon l'emblème du contrat social que, de Hobbes à Montesquieu, de Machiavel à Spinoza, de Suarez à Locke, la plupart des philosophies politiques se sont employées à approfondir ou à discuter.
Ont contribué à ce volume : Benoît Beyer de Ryke, Jean-François Courtine, Luc Froisneau, Fosca Mariani-Zini, Jürgen Miethke, Alain Renaut, Tzvetan Todorov, Yves Charles Zarka.
À Athènes, la raison s'était affirmée contre l'empire de la coutume. Depuis Descartes et Hobbes, le subjectivisme moderne avait progressivement conquis le terrain de l'interrogation sur le meilleur régime. Ce volume est consacré à un troisième grand " noeud ", inscrit dans le parcours de la philosophie politique : à travers le conflit entre Lumières et romantisme, c'est la possibilité même que s'arrogeait le sujet humain de s'arracher, par la force d'une liberté culminant dans la critique, à l'emprise de la tradition et de la nature, qui s'est trouvée remise en question.
Parce que, dès les dernières années du XVIIIe siècle, les romantiques crurent apercevoir dans cette forme de liberté le sommet de l'illusion et le pire des dangers l'histoire de la raison politique, traversée par les débats autour de la Révolution française, fut près d'échapper à la trajectoire où elle s'était elle-même placée. Fallait-il, pour colmater la brèche, explorer une figure de la rationalité plus consciente de ses limites (Rousseau, Kant et Fichte) ? Ou doter au contraire la rationalité d'une surpuissance lui permettant d'intégrer ses négations comme autant de moments dans son propre déploiement (Hegel) ? On raconte ici comment se firent jour des doutes qui ne devaient plus cesser de hanter la confiance que la modernité avait pu acquérir à l'égard de ses propres idéaux.
Ont contribué à ce volume : Robert Legros, Alain Renaut, Pierre-Henri Tavoillot, Patrick Savidan, Lukas K. Sos?.
Partout, les symptômes d'une crise de l'autorité se multiplient et viennent brouiller l'exercice de l'autorité parentale. Pour une bonne part, cette situation est issue d'une transformation dans notre représentation de l'enfance : l'enfant est perçu comme davantage autonome, un être radicalement différent de l'adulte, même si paradoxalement on lui reconnaît des droits identiques. La thématique des droits de l'enfant consacre ainsi la nécessité d'une protection accrue de l'enfance tout en suggérant que les relations entre enfants et adultes pourraient devenir purement contractuelles. L'essai d'Alain Renaut se propose de tenir ce qui est gagné dans la dynamique égalitariste, avec la nécessité de réaffirmer des rôles et des responsabilités spécifiques des adultes envers les enfants.
Égalité, discriminations, justice sociale : un état des lieux de la réflexion sur la grande affaire de nos démocraties aujourd'hui. Et un appel à une politique préférentielle qui ne passerait pas par les quotas mais redonnerait son sens à l'égalité des chances. « Discriminations » : le terme est depuis quelques années au coeur du débat politique dans les démocraties, qu'il s'agisse de vanter les mérites de la discrimination positive ou de dénoncer les discriminations sociales, ethniques, religieuses. Ne cachant pas son souhait de soulever, en France, la question de la discrimination positive (que pourrait être une politique préférentielle qui ne passerait pas par les quotas oe), Alain Renaut revisite d'une plume limpide les grandes étapes de la réflexion sur l'égalité et la justice sociale : d'Aristote à Amartya Sen, en passant par Rawls, il dessine un état des lieux du débat. Mais, loin de faire oeuvre d'historien, Alain Renaut entend rouvrir le dossier de l'égalité des chances. Au terme de sa réflexion, il en appelle à une action préférentielle, qu'il illustre par un programme de réforme de l'université française.
Le philosophe est-il capable d'affronter intellectuellement les situations que subissent ceux dont la vie est confrontée à la plus extrême fragilité ? Par-delà l'émotion et l'indignation, peut-on forger des outils philosophiques qui puissent nous aider à agir ? A quoi servirait donc de philosopher, avec des concepts, des données et des images, en Haïti ou au sud du Sahara ? A dégager les logiques qui, entre raison et déraison, dictent les pires radicalisations de la souffrance et de l'humiliation dont le monde humain reste capable. A établir, au-delà de généralités convenues, d'indispensables priorités face aux exigences de la survie ou à celles d'une vie décente pour les femmes, les enfants, pour les plus vulnérables à la violence et au risque.
« Comme être humain et comme philosophe, j'ai postulé en décidant d'écrire ce livre que la philosophie, à condition de sortir de son enfermement dans les concepts et les purs principes, peut être humaine - je veux dire : prendre en charge, comme une pensée et comme un discours qui a ses spécificités, les questions que soulève le type de vacillement entre l'humain et l'inhumain qui m'apparaît constitutif de l'extrême. »
La dynamique d'un pays apparaît de plus en plus requérir une importante élévation du niveau de formation du plus grand nombre possible de ses citoyens. En ce sens, le taux d'accès à un enseignement supérieur digne de ce nom doit désormais être intégré aux exigences du développement humain. Toute la question est alors de savoir à quelles conditions un pays peut être considéré comme plus ou moins développé sur le plan de son système académique.
Interrogation à laquelle ne répondent pas les divers classements mondiaux des universités : il y s'agit bien plutôt d'apprécier l'état des systèmes nationaux d'enseignement supérieur et de faire apparaître de quelle manière les décideurs politiques pourraient l'améliorer. Une diversité de paramètres est ici envisagée : nombre des universités, nombre des étudiants, budget de l'enseignement supérieur, taux de réussite aux diplômes, productivité des chercheurs, mais aussi libertés académiques, absence de discrimination dans l'accès aux universités ou égalisation des chances.
L'intégration de tels paramètres dans un Indice de développement académique (IDA) établi par nations permettrait d'exposer à la discussion le potentiel de développement personnel et social que chaque système d'enseignement supérieur met à disposition de ses jeunes citoyens.
Le livre Mai 1968 : " Il est interdit d'interdire. " Quarante ans plus tard, l'éthique gagne tous les sujets : début et fin de la vie, don d'organes, économie financière, obligations envers les pays pauvres, ou encore prostitution volontaire. De quelle morale, publique et privée, peut pourtant s'accommoder une démocratie comme la nôtre, fondée sur la reconnaissance de l'individu et de ses droits comme valeur suprême ?
Alain Renaut part du choix effectué après les guerres de religion d'une éthique fondée sur la reconnaissance de la pluralité des systèmes de valeurs. Cette option libérale, centrée sur l'idée de tolérance, s'est ensuite radicalisée, parallèlement à la dynamique de l'individualisme. Au point de faire surgir la perspective d'une éthique minimalisée, réduite au souci de ne pas porter tort à autrui. Cette perception de la sphère morale est-elle indépassable ? Ne pouvons-nous pas penser une éthique publique, sinon plus dense, du moins axée sur des repères précisés ? Une éthique qui, sans remettre en cause la liberté individuelle, nous laisserait moins démunis dans la conduite de nos vies.
Qui ne voit que notre « modèle social » est en train de craquer de toute part et que de plus en plus il ressemble à la Chimère, ce monstre hybride qui cause beaucoup de dégâts mais auquel on continue de croire ?
Ce que l'Etat français a inventé avec génie en 1945, cette façon particulière d'Etat providence, a assuré à la France une période de prospérité extraordinaire. Mais tout cela est bel et bien fini. Le chômage est massif, l'exclusion mutante et endémique, les Arabes et les Noirs maintenus en dehors, hors modèle. Alain Renaut plaide ici pour que nous cessions de fantasmer. Afin d'échapper à la « rupture » sarkoziste comme au mou conservatisme d'un PS exsangue qui se contente pour l'heure de « bricoler dans l'incurable »...
Le « système de la philosophie » se devrait dévoiler comme le « système du droit », comme système dont la réflexion sur le droit constitue l´unifiant. Après avoir justifié cette thèse, cet ouvrage analyse la structure systématique de la réflexion juridique elle-même, pour dégager ce qu´il doit en être de la théorie du droit pour qu´elle occupe effectivement le centre du « système de la philosophie ». De la fonction systémique du droit se déduit en effet l´articulation interne du Fondement du droit naturel comme constituant lui-même un système : un « système du droit » au sens, cette fois, du système dont le droit est l´objet?. Cette systématicité interne au Fondement du droit naturel, qui pose notamment le problème de l´articulation entre droit et politique, est requise par ce qui va apparaître comme la question centrale de la réflexion juridique de Fichte, celle de l´ « application ». Conduisant du Droit naturel (1796) au Droit naturel appliqué (1797), la question s´énonce ainsi : quelles sont les conditions de réalisation du concept de droit dans le monde sensible ? La recherche des conditions de réalisation du « système de la philosophie » se concentrera donc sur celle des conditions politiques de réalisation de la communauté juridique. À cet égard, Fichte est sans doute le seul penseur chez qui l´achèvement de la philosophie comme philosophie du droit et, plus précisément, comme philosophie politique, devient l´objet même de la philosophie.
En décembre 1933 paraissait {l'etre et le néant}. cinquante ans après, l'impossibilité de concevoir un projet du même ordre fournit la meilleure approche négative de notre situation philosophique. dernier philosophe d'un style aujourd'hui disparu, sartre fut aussi le premier philosophe de renom dont le trajet consacra le divorce entre production philosophique et institution universitaire. s'y rattache le singulier destin qui fit de lui, après 1945, le détenteur du plus absolu magistère intellectuel jamais connu jusqu'à ce jour. c'est à interroger les raisons de cette mutation, inscrites au coeur de la philosophie du premier sartre, que s'emploie ce livre : ni sartrien ni sartrolâtre, mais contribuant à ouvrir une interrogation sur ce qu'il pourrait en être de la condition philosophique à la fin du xxe siècle.
De la critique libérale de Rousseau par Benjamin Constant à l'assaut de Nietzsche, puis de Heidegger contre les valeurs mêmes du rationalisme, en passant par la subversion marxiste de la rationalité du monde bourgeois, ce volume fait apparaître comment plus d'un siècle et demi de philosophie politique a été dominé par la discussion du programme même de la modernité. Tantôt pour accomplie plus radicalement ce programme, tantôt pour en reformuler la teneur ou pour opposer à nouveau aux idéaux démocratiques les vertus perdues de l'ancien univers aristocratique.
Irréductibles les unes aux autres dans leurs soubassements comme dans leurs effets, les critiques évoquées ici témoignent, ne serait-ce que par leur répétition de la vigueur du projet moderne de rompre avec le régime de la tradition. La multiplicité antagonique des discussions libérales, positives, républicaines, anarchistes sociales, néo-traditionalistes de la modernité politique, apparaît comme le signe le plus évident que désormais, par la logique de cette modernité, une référence à de quelconques principes absolutisés, fût-ce ceux de la modernité elle-même, était à jamais exclue.
Ont contribué à ce volume : Catherine Audard, Jean-Michel Besniers, Luc Ferry, Dick Howard, Sylvie Mesure, Alain Renaut, Pierre-Henri Tavoillot.
Cet essai renoue avec la grande tradition de la philosophie politique " pratique " telle que le philosophe John Rawls l'a conceptualisée. Un va-et-vient permanent entre la théorie et l'action, entre les " représentations du monde " et l'actualité, donne à cet ouvrage sa singularité - et sa formidable utilité.
Les repères du débat politique sont aujourd'hui pour le moins brouillés. L'explosion du bloc de l'Est avait déjà fragilisé, depuis une quinzaine d'années, une gauche longtemps dominée par des schémas de pensée issus du marxisme. Ni les septennats de François Mitterrand, où les illusions ont vite cédé le pas au pragmatisme, ni les chances qu'offrit en 1997 une reconquête du pouvoir vite obérée par l'échéance présidentielle, n'ont donné lieu à un aggiornamento d'ampleur. Le séisme politique de 2002 acheva de jeter notre univers politique dans une situation d'extrême désarroi. Les échecs successifs de la droite, sur les quelques dossiers qu'elle tenta d'ouvrir depuis son retour au pouvoir, n'ont rien arrangé à cet état de confusion. Depuis le rassemblement républicain d'avril 2002 contre le Front National, le débat politique, inaudible à gauche comme à droite, a atteint ainsi son degré zéro. Seule la répétition d'alternances rapides paraît désormais pouvoir maintenir politiquement l'apparence d'une dynamique.
Parce que la vie de la cité requiert des choix qui engagent une représentation de l'avenir, cet essai exprime une conviction : plus rien aujourd'hui, sur les principes ultimes auxquels nous nous référons, ne distingue suffisamment gauche et droite. Plus de justice sociale dans le respect des mêmes libertés fondamentales : qui n'adhérera à un tel programme ? Un véritable débat sur ce qui serait politiquement juste requiert avant tout, à gauche comme à droite, la capacité de faire valoir des choix. Et pour dégager les conditions d'une " politique juste ", l'auteur s'emploie ici à montrer que nous pouvons mieux faire resurgir la force des principes en nous demandant, non plus seulement de quelle manière les fonder en raison, mais comment il peut se faire qu'à partir des mêmes principes, viennent à se creuser, dans la politique telle qu'elle se fait, des désaccords dans leur application. Au-delà d'une perception plus claire des principes de justice, la voie d'une politique juste requiert la capacité à mieux discerner, quand il s'agit d'appliquer ces principes, quelle est la logique des possibles. Ce qu'Alain Renaut tente de faire ici à partir de dossiers particulièrement délicats où s'est embourbée en France l'action politique la plus récente : celui de l'enseignement des langues régionales, celui de l'autonomie des universités.