Mouvement des Citoyens du Monde (Garry Davis) et prend part à de nombreuses manifestations publiques, Publication de Martinique, charmeuse de serpents, ouvrage écrit en collaboration avec le peintre André Masson. 1952: polémique avec Camus à propos de la révolte. 1953: publication de La Clé des champs. 1956: fondation de la revue Le Surréalisme, même . Prise de position contre l'intervention soviétique en Hongrie. Adhésion au comité des Intellectuels contre la poursuite de la guerre en afrique du Nord. 1960: Breton signe parmi les tout premiers le Manifeste des 121 sur le droit à l'insoumission . 1966: mort d'André Breton. Une foule de jeunes gens se rend au cimetière des Batignolles.Le surréalisme s'est attaqué, s'attaquera aux problèmes qui ne sont éternels que par la peur qu'ils n'ont cessé d'inspirer à l'homme.René CrevelLe temps était aux aurores boréales invisibles dans les salles d'attente du dictionnaire _ Tu lançais le Manifeste du surréalisme _ comme une bombe explosant en vol de paradisiers faisant le vide dans la basse-cour _ et les éclats atteignaient au passage quelque digne vieillard à trogne d'élégie...Benjamin PéretCe qui frappe aujourd'hui dans ce texte historique (Poisson soluble), c'est une certaine légèreté, _ une légèreté d'élément, qui n'est pas celle de la poésie légère, mais celle de la première montgolfière, et qui comme elle brûle le papier.Julien GracqNous ne savons ce qu'est réellement mourir, sinon que c'est la fin du moi _ la fin de la prison. Breton plusieurs fois fit éclater cette prison, dilata ou nia le temps et, dans un instant sans mesure, coïncida avec l'autre temps. Cette expérience, noyau de sa vie et de sa pensée, est invulnérable et intangible: elle est au-delà du temps, au-delà de la mort, au-delà de nous.Octavio Paz
Etre au monde, c'est à la fois voir le monde et le penser. Ainsi, devant l'un des plus beaux spectacles naturels _ celui de la côte de la Gaspésie, au Canada _, Breton n'en commence la description que pour s'abandonner bientôt au va-et-vient entre le paysage physique et son paysage mental. La Beauté est là, toute visible, mais, à l'intérieur, la réflexion de cette beauté se double de celle de la femme aimée, et la beauté + l'amour entraînent nécessairement Breton vers ce qui en est inséparable: la poésie et la liberté. Entre ces quatre pôles, tout le présent, alors, est mis en jeu dans la montée d'une question qui, en partant de la catastrophe de la guerre mondiale, pose le problème du destin de l'homme.A un moment tout le paysage bruisse du mouvement de milliers d'ailes, et de même ce livre où le lent tourbillon de la pensée et des images nous élève souverainement vers l'Etoile (l'Arcane 17) pour découvrir que: c'est la révolte même la révolte seule qui est créatrice de lumière. Et cette lumière ne peut se connaître que trois voies: la poésie, la liberté et l'amour qui doivent inspirer le même zèle et converger, à en faire la coupe même de la jeunesse éternelle, sur le point moins découvert et le plus illuminable du coeur humain .
Au printemps 1941, André Breton et le peintre André Masson, quittant la France de Vichy pour les Etats-Unis, font une escale forcée à la Martinique. Ils découvrent les préjugés raciaux, l'oppression des masses et la triste bureaucratie coloniale, mais en même temps le paradis.
Publiée pour la première fois en 1939, l'Anthologie de l'humour noir se vit refuser le visa de censure par les autorités de Vichy. Réimprimé en 1947, le livre a marqué son époque: à son apparition, l'association des deux mots n'avait pas de sens. C'est seulement depuis lors que la locution a pris place dans le dictionnaire: on sait quelle fortune la notion d'humour noir a connue! Le présent ouvrage reprend l'édition définitive parue en 1966. L'humour noir est un rire insultant qui part du fond du moi révolté, provoque et défie l'opinion publique et le fatum cosmique. Michel CARROUGES Breton est tout entier dans l'Anthologie. On voit mal, on ne voit pas qui, en dehors de lui, aurait eu l'audace et les moyens nécessaires pour nous faire accomplir ce saut périlleux au-dessus de l'avalanche [...] L'Anthologie de l'humour noir n'a d'anthologique que le titre. Je me souviens que la bande du livre portait cette mention: L'ouvrage le plus explosif de Breton . Les textes qui en constituent le corps [...] n'ont pas été réunis dans le but de convaincre, de démontrer. Ils ne servent d'illustration à aucune thèse. Ils brillent et ils brûlent, ils sont des armes. Jean-Louis BEDOUIN ... L'humour noir est borné par trop de choses, telles que la bêtise, l'ironie sceptique, la plaisanterie sans gravité [...] mais il est par excellence l'ennemi mortel de la sentimentalité à l'air perpétuellement aux abois _ la sentimentalité toujours sur fond bleu _ et d'une certaine fantaisie à court terme, qui se donne trop souvent pour la poésie, persiste bien vainement à vouloir soumettre l'esprit à ses artifices caducs, et n'en a sans doute plus pour longtemps à dresser sur le soleil, parmi les autres graines de pavot, sa tête de grue couronnée. André BRETON
35-7986-9 Né républicain _ en plein Bocage vendéen! _ en 1841, Georges Clemenceau dut, tout jeune, combattre le pouvoir issu du 2 Décembre. Jusqu'à sa mort (1929), il garda de cet apprentissage la conviction que la vie publique était une lutte: lutte pour consolider la République quand d'aucuns prêchaient un modus vivendi avec ses adversaires; lutte pour la laïcité, lutte pour Dreyfus, lutte pour renforcer l'armée quand la paix paraissait à ce prix, lutte enfin pour la victoire quand la guerre devint inévitable. Ni l'intérêt personnel _ il refusa plusieurs fois le pouvoir à des conditions qui ne lui convenaient pas _ ni l'idéologie _ il évolua de l'extrême gauche vers le centre et s'opposa, lui l'athée convaincu, aux excès de l'anticléricalisme _ ne le guidèrent jamais. La République et la France s'identifiant à ses yeux, il entendait les fortifier et non les diviser.Passionné, orgueilleux, d'une lucidité terrible sur les hommes, dur, brutal à l'occasion, il ne cessa, par le verbe comme parlementaire (élu de Paris, puis du Var), par la plume comme journaliste, écrivain et patron de presse, d'appeler à la vigilance et à l'effort. Et quand, en 1917, tout parut perdu, quand les politiciens et les généraux routiniers eurent échoué, il fallut bien se tourner vers le seul homme qui ne fût pas compromis dans les expériences antérieures, le seul aussi dont la combativité et l'ardeur fussent inentamées en dépit de l'âge _ soixante-seize ans! _: Clemenceau. C'est lui, on le sait, qui mena le pays à la victoire, mettant un terme à d'indicibles souffrances.A cet homme exceptionnel _ au jeune médecin des pauvres, au maire de Montmartre sous la Commune, au tombeur de ministères , au directeur de journal qui trouva le titre J'accuse pour le célèbre article de Zola, à l'ami de Monet, au voyageur, à l'amoureux, à l'auteur de Démosthène et de Au soir de la pensée, au collectionneur de Kogos japonais, au duelliste et à ses mille autres facettes _, Jean-Baptiste Duroselle consacre un ouvrage non moins exceptionnel, foisonnant d'informations nouvelles admirablement maîtrisées _ une biographie définitive.Membre de l'Institut, professeur émérite à la Sorbonne, Jean-Baptiste Duroselle est spécialiste de l'histoire politique et diplomatique du XIXe et du XXe siècle. Il est le maître incontesté des études consacrées aux relations internationales à l'époque contemporaine.