Au sud du lac de Pskov, sur un petit territoire aujourd'hui partagé entre l'Estonie et la Russie, les Setos (prononcé setou) ont développé depuis plusieurs siècles une culture originale qui les distingue de leurs voisins estoniens et russes. Parlant une variante de l'estonien du sud, de confession orthodoxe, ils sont aujourd'hui célèbres pour leur chant polyphonique, le leelo, inscrit par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Dans l'Entre-deux-guerres, les Setos ont fait l'objet d'une tentative d'annexion identitaire de la part de la jeune république d'Estonie, qui, tout en valorisant leur culture, a cherché à les persuader qu'ils faisaient partie du peuple estonien.
À l'époque soviétique, le déclin de la foi orthodoxe et de la culture traditionnelle ont menacé la survie de la fragile identité seto. Celle-ci connaît cependant, depuis les années 1990, un étonnant renouveau. En s'appuyant sur leurs anciennes traditions, les Setos d'Estonie se sont engagés dans un processus exemplaire de reconstruction identitaire, remettant à l'honneur leur langue et leur culture, se dotant d'un drapeau et d'un hymne, d'une organisation représentative, d'un institut culturel, et inventant avec humour de nouvelles traditions festives.
L'Estonie des premières décennies du XXème siècle fut le théâtre d'une entreprise singulière d'aménagement linguistique. Lancé en 1912 par le linguiste et traducteur Johannes Aavik (1880-1973), le mouvement de "rénovation de la langue" (keeleuwendus) s'était fixé pour objectif l'embellissement et l'enrichissement de l'estonien, notamment en vue de son usage littéraire. Aavik proposa et propagea des innovations radicales de la graphie, la phonétique, la morphologie et la syntaxe de l'estonien, ainsi que plusieurs milliers de mots nouveaux. La réussite du mouvement keeleuwendus est d'autant plus étonnante qu'elle s'est même constituée contre les instances de standardisation linguistique. Antoine Chalvin retrace ici l'histoire de ce mouvement original.
En 2001, l'Estonie célèbre le dixième anniversaire de son retour à l'indépendance. Cet ouvrage pose le débat de l'identité des estoniens et de son évolution à travers les vicissitudes de l'histoire et s'interroge sur les circonstances de cette indépendance , sa déclaration , sa perte puis sa réhabilitation en l'espace de soixante dix ans seulement.
"Les Études finno-ougriennes sont le seul périodique de langue française consacré aux langues finno-ougriennes et aux peuples qui les parlent. Fondée en 1964 par Aurélien Sauvageot et Jean Gergely, la revue est publiée à raison d'un tome par an par l'Association pour le développement des études finnoougriennes (ADÉFO), qui réunit les principaux chercheurs français spécialisés dans ce domaine. Revue pluridisciplinaire, les Études finno-ougriennes abordent tous les domaines des sciences humaines. Outre les études linguistiques, la revue publie des travaux relatifs à l'histoire des peuples parlant des langues finnoougriennes, à leurs institutions, à leurs cultures, notamment à leurs littératures et à leurs arts, et les événements de la période actuelle suscitent des études sur la situation de ces peuples et leur évolution dans un continent en pleine mutation."
Les vrais Européens, ce sont les traducteurs, affirme l'écrivain Gyorgy Konrad. Et il ajoute : C'est grâce aux traducteurs que l'Europe multilingue a pu devenir, ici et là, un tissu culturel. Or le rôle fondateur de la traduction dans la formation des littératures écrites et dans l'émergence de formes et de genres nouveaux en Europe est loin d'avoir été suffisamment exploré. C'est particulièrement vrai pour l'Europe dite médiane, située entre les aires culturelles germanique et russe, qui s'est retrouvée, au cours de son histoire, plus ou moins proche de l'épicentre des mouvements culturels européens.
Cet ouvrage, qui réunit les contributions de 26 spécialistes de 16 langues et littératures d'Europe médiane, permet, pour la première fois, de mieux comprendre comment la circulation des textes traduits a contribué au fil des siècles à forger une culture polyphonique proprement européenne, un processus dans lequel cette partie du continent a joué un rôle largement méconnu. A l'heure où les Européens doutent de leur unité, une meilleure connaissance de la culture des autres et des interactions en matière de création littéraire ne peut que contribuer à renverser des stéréotypes et favoriser le rapprochement des représentations mutuelles.