Dans un village à la lisière de la civilisation, Michaël, fils d'une veuve, clôt son enfance par un exploit. Tous pensent alors que s'ouvre à lui un destin à remuer le monde. Mais la nature, l'amour et l'amitié bouleversent la destinée de ce jeune berger. Sceptique face aux promesses du progrès technique, Ernst Wiechert (1887-1950) n'a pas pour autant succombé aux vents mauvais de son temps. À rebours du ressentiment et du culte de la force, il cueille les humbles dans les lueurs douces de sa frappante écriture. Le Roman d'un berger dispense en d'intenses mélodies une leçon intemporelle  :  mieux vaut chérir le monde que de le conquérir. Ému par la sagesse fougueuse du Roman d'un berger et par ses élans dignes de Cormac McCarthy, Frank Bouysse signe ici une préface qui fait entendre la note vibrante de cette noce en l'honneur des vaincus et du vivant.
"Mais il semblait que, derrière le grand incendie du ciel, il vit quelque chose : il voyait ce qui chaque soir s'était révélé à lui plus nettement. Peut-être pouvait-on appeler cela l'éternité de la vie."
Ce grand ciel embrasé qui sert de toile de fond à Missa sine nomine, c'est l'Allemagne vaincue de 1945, l'Allemagne "année zéro" qui survit dans les décombres.
Dans un château dont il a hérité mais qui est occupé par les Américains, Amédée von Liljecrona retrouve ses deux frères qui ont fui la Prusse orientale occupée par les Russes. Il a passé les quatre dernières années de la guerre dans un camp de concentration : Je ne suis plus un chrétien, je suis un fauve. J'ai été dans la fosse aux bêtes, il ne faut plus me parler."
Missa sine nomine est le récit de ce retour parmi les hommes. Toute la profondeur et la beauté de ce livre naissent de l'impossibilité d'un retour progressif. Il faudra pour vivre à nouveau une véritable conversion à la vie. Une offrande sans nom.