C'est bien connu : la musique adoucit les moeurs. Firmin Falaise, mélomane et diplomate, en est en tous les cas convaincu. Après quelques déboires, aux abords de l'année 1900, il se voit finalement autorisé par le ministère à organiser une « colonne musicale », une expédition à destination du fin fond du Dahomey, sur une boucle du Niger, afin d'aller civiliser les jeunes garçons en leur apprenant à jouer Haydn, Bach ou Beethoven.
La colonne sera commandée par le rigide capitaine Isidore Mouc-Marc, qui se fait la même idée de la chose musicale que de la chose militaire. Violoncelles et violons, escortés d'hommes en armes, partent ainsi pour le coeur de « l'Afrique mystérieuse ».
Dans l'État futuriste d'Europack, conçue comme une gigantesque branche d'ADN reliant les différents nucléo- Paris/Berlin/Barcelone/Naples, etc, l'apocalypse climatique a déjà éclaté. L'éventrement définitif de la couche d'ozone a depuis longtemps sonné le glas des ondes domestiques et du trafic aérien, peu à peu remplacé par les trains-zéphir ultra rapides et capables, quand ils doivent progresser à découvert, de s'entourer d'une gaine protectrice : le générateur de bouclier embarqué peut être déclenché à volonté, même si ce n'est plus guère nécessaire que sur les lignes transversales encore confrontées aux dernières zones rurales. Conséquence directe de l'insécurité écologique, la corruption, étroitement mêlée aux intérêts politiques, bat son plein, symbolisée par l'alliance improbable entre trois hommes : Alessandro Born, le Grand Pensionnaire d'Europack, Glenn Trippa, le chef du puissant Magasin qui a la haute main sur le marché des vox-lifters et le Père Niels à la tête des Jésus m'aime, mouvement de développement personnel qui a juré la perte de l'Eglise. L'enjeu du pouvoir ? La population masculine qui, frappée de plein fouet par le dérèglement climatique, souffre d'une pathologie incurable : la dégénérescence vocale. Faute de remède adéquat, les implants de voix de synthèse font florès. Le Starkvox, infiniment plus coûteux que le Voxup - car plus efficace et moins destructeur à court terme - nécessite d'énormes quantités de Pantatigre, précieuse variété de chanvre. Hélas, cette plante-miracle a peu à peu muté sous l'effet des radiations et, si la formule qui en résulte dope la libido, elle présente aussi désormais de sérieux risques pour la peau, la moelle osseuse, le système nerveux, etc. Un homme, un seul, défie cette triste condition du sexe fort :
Melchior Maluir, le chanteur lyrique, surnommé « Tue-Tête » à cause de sa voix d'or. « Dernier homme chantant », Tue-Tête exerce sur les foules un pouvoir quasi physique. Il est vrai qu'il séjourne toute l'année au Dulce&Decorum, vieil hôtel du nucléo-Amsterdam au luxe visionnaire et bénéficie à ce titre des services empressés, parfois inavouables, du majordome David Adhum, être complexe, à la fois raffiné, discret et décadent, passé maître dans l'art du compromis, gardien des secrets les plus honteux et, malgré tout, humaniste dans l'âme.
Ida Mésange, l'inspecteur de Pack-Stups en lutte depuis des décennies contre les filières de vox-lifters découvre son agent Edilion étrangement assassiné au nucléo-Barcelone : une brûlure intérieure a fait littéralement fondre sa nuque. Un ouvrage repose à côté du cadavre. Entraînée depuis toujours à décrypter inscriptions et graffitis, Mésange y décèle très vite un message caché : Lämplein - Mésange - Amsterdam. Car Edilion était censé lui livrer de précieuses informations sur l'histoire de sa famille. Orpheline, Ida Mésange cherche désespérément la vérité sur ses origines. Elle ignore qu'elle est sur le point de tout en découvrir au péril de sa vie quand elle décide soudain d'assister au prochain récital de Tue-Tête, accompagné de Zoé Zaffius, pianiste non moins légendaire , qui se donne le soir même au Concertgebouw du nucléo-Amsterdam.
L'argument de cette pièce musicale, fantaisiste, se concentre autour de la personnalité d'un "esthète" à la fois fou et riche d'intuitions artistiques, agressif et mélancolique, séduisant et inquiétant : croyant détenir le cerveau de Mozart dans un bocal, il entend soumettre à trois musiciennes - violon, alto, violoncelle - sa conception idéaliste de l'interprétation musicale. Mais elles l'attendent de pied ferme, instrument en main... Sous couvert d'une fable tragi-comique, ce texte invite chacun à méditer sur les pouvoirs de la musique.
Avec pour point de départ la théorie littéraire du romantisme allemand et à l'aide d'une notion baptisée «méloforme», cet ouvrage s'efforce de mener la genèse d'une utopie esthétique: l'application au roman de procédés musicaux, et, plus généralement, l'action sur la poétique romanesque d'un paradigme musical.
Le personnage de l'artiste fait toujours rêver mais sa figure, sacralisée depuis l'âge romantique en Occident, comme sa réalité ont évolué. Son identité peut être critiquée, démystifiée, voire déconstruite.
Cet ouvrage pluridisciplinaire, qui réunit des chercheurs ou artistes-chercheurs en lettres, langues, arts, design et philosophie, interroge sous l'angle tant esthétique que politique l'identité de l'artiste comme une construction historique, culturelle et sociale. Il articule les questions de l'identité et du pouvoir de l'artiste à celles des formes de l'art, à travers les problématiques très actuelles de la représentation de soi, du genre, de l'art militant ou de la recherche-création. En traversant des Lumières à nos jours ses identités multiples, une vingtaine d'études explorent les représentations dont l'artiste fait l'objet dans les oeuvres ainsi que les stratégies, les discours ou les pratiques qu'il ou elle peut investir pour être ou exister, les valeurs, enfin, qui lui sont associées dans nos sociétés.
Sur la scène contemporaine, tant théâtrale que musicale, s'inventent de nouvelles relations, de type dialogique, entre la musique et le théâtre. Celles-ci n'ont rien de fusionnel et ne s'inscrivent pas véritablement dans les genres constitués que sont l'opéra ou la comédie musicale. On parle alors de "musicalité" de la mise en scène ou des textes de théâtralité de la musique et de l'interprétation musicale. Cet ouvrage s'attache à décrire, identifier, explorer l'ensemble de ces relations et à en esquisser la généalogie.
Réunissant des contributions de spécialistes de divers domaines (musique, cinéma, littérature française ou étrangère), cet ouvrage est consacré aux représentations littéraires et cinématogra- phiques de l'accordeur de piano, figure le plus souvent humble, passée sous silence, oubliée de la gloire, et jouant pourtant un rôle déterminant. Du «conciliateur» des origines, garant d'une forme d'accomplissement musical, au perturbateur en tous genres, passant du silence au réveil, de l'ombre à la lumière, les personnages auxquels l'accordeur donne naissance chez écrivains et cinéastes com- posent une galerie inédite, le plus souvent révélatrice de la force d'appel que représente la musique et de la puissance désirante qui lui est invariablement associée.
Cet ouvrage proose une cartographie d'une figure musicale détentrice des clés de tout un pan de l'imaginaire humain.