" Le sort des révolutions est lié à celui des femmes ! " Réédition du premier texte théorique de Françoise d'Eaubonne, intellectuelle et militante à l'origine du concept d'éco-féminisme, dont la pensée iconoclaste suscite en 2021 un fort regain d'intérêt. A la sortie du Deuxième Sexe, Françoise d'Eaubonne écrit à Simone de Beauvoir : " Vous êtes un génie, vous nous avez toutes vengées ! ". Pourtant l'essai est loin de faire l'unanimité.
Ses détracteurs sont nombreux et virulents, comme François Mauriac, qui voit dans ce livre " un danger pour l'individu, la nation et la littérature elle-même ". Françoise d'Eaubonne est alors une romancière de trente et un ans. C'est d'abord pour répliquer à ces critiques masculines et conservatrices qu'elle se lance dans un essai théorique. Bien décidée à défendre Le Deuxième Sexe, elle veut aussi avec Le Complexe de Diane faire la synthèse entre lutte des classes et lutte féministe, et entreprend de contrer les préjugés sexistes encore présents dans la psychanalyse et le communisme.
Convaincue que Marx n'est pas allé assez loin dans sa conception de la révolution prolétarienne, elle lui reproche de ne pas avoir remis en cause la structure de la famille, source d'inégalités flagrantes entre hommes et femmes. Chez Freud, elle remet en question la notion d' " envie du pénis ", attribuée aux femmes révoltées, et montre que leur refus de se soumettre à leur destin (le mariage et la maternité), loin d'être pathologique, relève d'une aspiration légitime.
Quant à leur supposé masochisme, sur lequel les adeptes de la psychanalyse s'étendent beaucoup pour expliquer leur soumission ou, même, leur infériorité, elle le conteste avec ferveur. S'appuyant sur la figure mythologique de Diane chasseresse, elle affirme que la nature féminine est une construction sociale qui tend à justifier la domination masculine en vertu d'un patriarcat nécessaire et éternel.
Elle se penche sur des modèles alternatifs, hérités de sociétés matriarcales archaïques et se montre d'une modernité remarquable lorsqu'elle se penche sur le concept d'éros féminin, absent du livre de Simone de Beauvoir. Les conclusions de son ouvrage mettent l'accent sur une bisexualité originelle de tous les individus, et annoncent ses livres et ses combats futurs, qu'ils soient féministes, écologistes ou libertaires.
Au retour de l'expédition sur le Satellite de l'Amande (tome I de La Trilogie du Losange), Ariane amorce une enquête historique sur la guerre des sexes ayant conduit à la société gynocentrique, Anima, dans laquelle elle vit. Les fécondateurs masculins ne sont plus, d'où la question entêtante d'Ariane : « les enfants mâles, qu'avez-vous fait d'eux ? ». À contre-courant des discours officiels, la narratrice interroge cette société et ses mythes, retraçant une histoire apocalyptique qui fait largement écho à ce que nous vivons aujourd'hui. On découvre avec plus de profondeur et de détails l'univers prolifique posé par le tome I de la trilogie, Le Satellite de l'Amande. Dans cette épopée délirante à l'humour corrosif, Françoise d'Eaubonne, mêle avec finesse les genres, de la science-fiction à l'essai en passant par l'utopie et le postapocalyptique.
La présente édition est enrichie d'une postface de Nicolas Lontel, spécialiste de l'autrice, pour comprendre l'oeuvre de Françoise d'Eaubonne que l'on redécouvre actuellement, et mettre en perspective les trois tomes de sa saga, La Trilogie du Losange. Un bonheur viril, le troisième tome inédit, conservé à l'IMEC (Institut Mémoire de l'Édition Contemporaine), paraîtra en octobre 2022 afin de parfaire une année où l'écrivaine est mise à l'honneur dans de nombreux évènements.
« Mes filles, mes reines, mes Mères ! Moi, l'enfant sans mère, l'enfant de cinquante ans, je vous remets ma main de guide : guidez-la. Pourquoi craindre que je crache sur vous ? [...] Je vois l'an 10, et les Terreurs, et les Années Rouges ; je vois danser crever hurler flamber dévorer saigner fracasser siffler fendre trouer piétiner mutiler déchiqueter trépigner énucléer crépiter raser édenter galoper embraser dénuder rugir enfouir éventrer rougir et jouir l'Apocalypse de la lutte de sexes. Une seule question, Mères : les enfants mâles qu'avez- vous fait d'eux ? » F.d'E.
À l'orée du XXIe siècle, les femmes transmettent la vie par ectogenèse, sans le concours des hommes, et la civilisation du Losange maîtrise les voyages dans l'espace. Ariane, la narratrice, participe à une mission spatiale destinée à explorer la planète Amande. Sur place, les mystères se succèdent et les péripéties s'enchaînent, de l'auscultation de la planète à la découverte d'une société futuriste bien particulière. Françoise d'Eaubonne, de sa plume foisonnante à l'humour acéré, fait de son space-opéra un magnifique roman symbolique et poétique. Le Satellite de l'Amande, premier tome de La Trilogie du Losange, et sa suite Les Bergères de l'Apocalypse qui paraît simultanément, frappent par leur caractère visionnaire qui percute notre présent. Françoise d'Eaubonne, première écoféministe française, a vu plusieurs de ses oeuvres rééditées depuis 2020. Elle fera beaucoup parler d'elle en cette année 2022 avec, notamment, un colloque international qui lui sera consacré en novembre 2022, organisé à l'IMEC (Institut Mémoire de l'Édition Contemporaine). Cette édition est enrichie d'une préface d'Élise Thiébaut, autrice d'une biographie de référence, L'Amazone verte (Éditions Charleston, coll. Les Indomptées, 2021). Elle nous ouvre les portes de l'univers de Françoise d'Eaubonne, en nous éclairant sur les éléments de contexte de cette oeuvre très originale. Avant la publication prochaine du troisième tome de cette trilogie, Un bonheur viril, à paraître en octobre 2022.
« Une guerre pareille, de cette dimension, si elle avait été le fait des hommes, aurait laissé la terre exsangue. Mais comme elle fut menée et gagnée par des femmes, la cicatrisation se fit à une allure foudroyante. Les arts reprirent leur cours en même temps que les collèges se relevaient de leurs ruines et que la production des produits de première nécessité, accrue à une cadence galopante, se fixait pour but la fin du contingentement la plus rapide possible, pour limiter les dégâts moraux du marché noir. » F.d'E.
En faisant du capitalisme patriarcal le dénominateur commun de l'oppression des femmes et de l'exploitation de la planète, Françoise d'Eaubonne offre de nouvelles perspectives au mouvement féministe et à la lutte écologiste. Pour empêcher l'assassinat généralisé du vivant, il n'y a aucune alternative sinon l'écoféminisme. C'est le féminisme ou la mort. Longtemps inaccessible, ce texte devenu référence est introduit par deux chercheuses et militantes.
A l'aune de leur engagements et d'une lecture croisée de ce manifeste visionnaire, Myriam Bahaffou et Julie Gorecki soulignent les ambiguïtés de ce courant en pleine résurgence et nous proposent des pistes pour bâtir un écoféminisme résolument radical, intersectionnel et décolonial.
L'écoféminisme est une philosophie, une éthique et un mouvement né de la conjonction des deux « surgissements du monde moderne » que sont l'écologie et le féminisme. Ce nouveau concept opère la synthèse entre l'idée d'une double exploitation : celle de la nature par l'homme et celle de la femme par l'homme.
Dans cet ouvrage initialement paru en 1978, mais d'une actualité brûlante, l'auteure remet radicalement en question la notion de croissance, économique et démographique, dénonçant le capitalisme comme stade ultime du patriarcat.
La surpopulation et l'épuisement des ressources illustrent l'« illimitisme » caractéristique de ce qu'elle nomme le « système mâle », et elle est l'une des premières à affirmer qu'il faut préserver ce qui reste encore de l'environnement, sous peine de mort. Dans ce combat universel, les femmes, fortes de leur longue expérience d'exploitation, ont un rôle déterminant à jouer.
Les philosophies orientales ne posent guère la question du rapport de l'homme et de la femme, puisqu'elles se réfèrent à un ordre immuable: l'homme dominant et positif, la femme dominée et négative.L'Occident seul a semblé pressentir qu'il y avait là un problème. Mais sa façon de le traiter en philosophie n'aboutit guère à un ordre différent. La hiérarchie est maintenue ; mieux encore, la misogynie, si elle ne va pas de soi, n'en est que plus argumentée, expliquée, justifiée. Pourquoioe Pourquoi le féminin n'est-il vu que sous l'aspect défavorable ? Pourquoi la femme n'est-elle qu'un homme diminué (paganisme), ou une diminutrice de l'homme (temps modernes)oe Françoise d'Eaubonne tente ici une explication et une réponse.
Du XVe au XVIIIe siècle, l'Europe chrétienne (catholique comme protestante) fut prise d'une brusque frénésie contre la sorcellerie. Des dizaines de lilliers de personnes, accusées à tort ou à raison de pratiques démoniaques, furent torturées avant de se retrouver dans les flammes des bûchers. La quasi-totalité des victimes furent des femmes. Ce ne peut être l'effet du hasard.
Dans ce pamphlet rageur, l'auteur replace ces trois siècles de chasse aux sorcières dans le contexte général de la misogynie fondamentale du christianisme pour lequel toute femme incarne peu ou prou le mal.
C'est tout d'abord à la science-fiction que l'on pense en commençant "Le satellite de l'amande". Ce jeune XXIe siècle où il ne reste que des femmes se reproduisant par ectogenèse, cette planète inconnue qu'elles explorent, ne sont-ce pas des thèmes classiques de l'anticipation ? Mais le lecteur qui ne s'est pas méfié se trouve tout à coup confronté au poème du symbole et à la configuration du fantasme plus que du fantastique. Il s'agit peut-être d'une subtile vengeance d'une femme écrivaine contre les corvées auxquelles l'a réduite une société désespérément mâle et capitaliste.
Françoise d'Eaubonne a été pendant une trentaine d'années l'amie de Simone de Beauvoir qui fut sa lectrice, sa critique, sa conseillère, et a témoigné à ses procès. Elles ont lutté côte à côte pour la naissance du M.L.F et échangé une longue correspondance. De cette amitié précieuse - en dépit de quelques désaccords théoriques - Françoise d'Eaubonne tire aujourd'hui le droit de nous présenter la vraie figure de la grande disparue. Elle la suit pas à pas à travers l'étude de ses oeuvres, son rapport intime à Sartre et parmi d'autres écrivains (Nathalie Sarraute, Violette Leduc, Jean Genet, Mauriac, etc.)
Les questions cruciales de la mondialisation, de la dictature économique et de la fin du travail - sans compter les perspectives bouleversantes qu'elles ouvrent - sont traitées par Françoise d'Eaubonne dans une réflexion sur ce monde déshumanisé du XXe siècle. Cet angle d'approche renouvelle les critiques et les propositions déjà avancées par Viviane Forrester, André Gorz et Jerem Rifkin. Un essai à ne pas oublier sur le rayon des prophéties contemporaines.
Ces Mémoires sont d'abord le libre regard que pose une femme sur son XXe siècle, siècle de luttes et de lettres françaises.
Françoise d'Eaubonne est née en 1920 et a écrit une cinquantaine de romans, essais et biographies sans jamais dissocier l'art d'écrire de l'engagement politique.
Féministe radicale, elle est co-fondatrice du FHAR en 1971, fondatrice en 1978 d'Ecologie-Féminisme qui essaime jusqu'aux USA où on l'enseigne à l'University, titulaire en sus de plusieurs prix littéraires. Le premier, pour Comme un vol de gerfauts, lança en 1947 les éditions René Julliard. L'Australie lui a consacré une thèse des Lettres.
Des Années folles aux années Mitterrand, les personnages, amis ou ennemis, qui ont traversé la vie de cette irréductible provocatrice sont philosophes, écrivains, poètes, politiques ou artistes...
Dans les souvenirs personnels de Françoise d'Eaubonne, de la tragédie de la guerre à l'humour caustique de Saint-Germain-des-Prés se croisent Hervé Bazin, Simone de Beauvoir, René de Ceccatty, Jean Cocteau, Colette, Paul Eluard, Léo Ferré, Jean-Edern Hallier, Maurice Herzog, Guy Hocquengem, Marcel Jouhandeau, Monique Lange, Le Corbusier, Violette Leduc, François Mauriac, André Maurois, Anaïs Nin, Rachilde, Christiane Rochefort, Robert Sabatier, Nathalie Sarraute, Pierre Seghers, Marguerite Yourcenar...
Les artistes maudits n'appartiennent pas seulement au passé.
Au XXe siècle, trois écrivains français ont subi l'opprobre pour avoir célébré des amours différentes. Tandis que les textes de Violette Leduc étaient passés sous silence, ceux de Nicolas Genka étaient tout simplement interdits. Quant à Jean Sénac, il fut assassiné dans des conditions mystérieuses en 1973. Françoise d'Eaubonne, qui a côtoyé ces auteurs à Saint-Germain-des-Prés, démonte les mécanismes de la censure nous fait découvrir la beauté littéraire de ces trois artistes bâillonnés.