Henri Le Saux - Swâmî Abhishiktânanda - fut moine, sannyâsî, écrivain, poète et mystique. Après dix-huit années passées à l'abbaye Sainte-Anne de Kergonan, il se rendit en 1948 en Inde du sud pour y fonder avec Jules Monchanin, prêtre originaire du diocèse de Lyon, l'âshram du Saccidânanda, avant de remonter en 1968 en direction des contreforts de l'Himâlaya pour y mener une vie d'ermite et de pèlerin.Les quatre-vingt-douze lettres qu'il adressa à sa soeur Marie-Thérèse - en religion soeur Thérèse -, moniale à l'abbaye Saint-Michel de Kergonan, retracent son itinéraire en Inde de 1952 à 1973.En abordant cette correspondance, on est saisi par la proximité d'âme entre un frère et une soeur, que ni le temps ni l'espace ne sauraient gêner. Leur séparation n'empêcha pas - et développa même - une grande intimité spirituelle qui n'est pas sans rappeler celle de saint Benoît avec sa soeur sainte Scholastique. Leurs échanges de lettres rapprochèrent leurs âmes, un peu à la manière de l'amour mystique. L'âme de soeur Thérèse devint celle de son frère et réciproquement.Pour nous aujourd'hui, l'originalité de ces lettres réside en ce qu'elles nous conduisent sur les chemins de notre espace intérieur - notre « dimension de profondeur » - pour reprendre une expression chère à Henri Le Saux. Elles sont une invitation à chercher la Lumière au fond de soi, au centre de l'espace du coeur : « La véritable Résurrection, c'est le jaillissement au plus profond du coeur de la divine Lumière » écrit le frère très aimé à sa soeur le 25 mars 1956. Cette expérience intérieure, située au-delà de toute conceptualisation, appartient à l'histoire spirituelle de l'humanité.
Armelle Dutruc est chargée d'études documentaires et auteur de sept ouvrages. Elle a notamment publié les lettres de guerre de François Josaphat Moreau, moine de Saint-Martin de Ligugé (Saint-Léger, 2018) et un ensemble de commentaires à propos des lettres d'Henri Le Saux adressées à sa soeur Marie-Thérèse (Grégoriennes, 2018).
Après les nombreux ouvrages du père Le Saux et ceux publiés à son sujet, l'édition de cette bonne centaine de lettres introduit le lecteur dans l'intimité de sa vie quotidienne.
La régularité avec laquelle le bénédictin a écrit à son ancien confrère restitue dans la durée, depuis son arrivée en Inde en 1948 jusqu'à sa mort en 1973, son expérience unique de sannyasi chrétien.
Du Saccidananda Ashram, fondé avec l'abbé Monchanin en 1950, à l'ermitage aux sources du Gange, le père Le Saux relate, avec toute la fraîcheur de son tempérament, les étapes de sa recherche éperdue de synthèse entre l'hindouisme et le christianisme.
Ce faisant, il exprime son vif désir de voir la richesse des traditions d'Intériorité et d'Eveil féconder l'Eglise universelle, d'où son impatience à lui transmettre ce message de l'Inde.
Cette extraordinaire entreprise spirituelle, vécue dans la profondeur de l'être, était déjà perceptible dans les publications antérieures. Ici, elle s'incarne avec son poids de sentiments, de contradictions, sans taire les incroyables difficultés matérielles inhérentes à un tel choix.
Espoirs, déceptions, réflexions scandent ce courrier poursuivi avec une confiance et une fidélité sans réserve. L'évocation des personnes rencontrées, les échos de la vie des Eglises de l'Inde au moment du concile Vatican II, forment, sur le ton de la confidence, un faisceau de renseignements très précieux. Ces lettres constituent donc une inestimable documentation tant sur l'itinéraire personnel de cet homme voué, avec une radicalité extrême, au dialogue interreligieux, que sur l'histoire de l'évangélisation au lendemain de l'indépendance de l'Inde.
Henri Le Saux (1914-1973), moine bénédictin, part pour l'Inde en 1948 où il ouvre la philosophie de l'advaita (non-dualité) à travers la méditation des Upanishads et par ses rencontres avec ces maîtres que furent Sri Ramana Maharshi et Gnânânanda.
Considéré par les hindous eux-mêmes comme un sannyâsî (moine errant), il demeurera toujours fidèle à son Eglise, jetant ainsi un des premiers ponts spirituels entre l'Orient et l'Occident.
Marie-Madeleine Davy a extrait des différents ouvrages d'Henri Le Saux un choix de phrases, formules et développements, clos par thèmes, qui nous font goûter la saveur d'une des plus riches pensées du XXe siècle, et découvrir un être de lumière.
« Entre le 19 et 22 septembre 1976, elle disparut sans laisser de traces. On peut tout supposer :
Accident, mauvais coup... On ne sait rien et on ne peut rien déduire de ses lettres. » De l'étonnante destinée de Thérèse de Jésus (1925-1976), partie du carmel de Lisieux pour rejoindre en Inde Henri Le Saux (1910- 1973) et disparue sur les bords du Gange, il semblait ne rester aucune trace.
En l'espace de trois ans, de Lisieux à Pondichéry, en passant par Delhi, plus de 700 pages de lettres ont été retrouvées par Yann Vagneux, prêtre des missions étrangères et grand connaisseur de l'Inde. De cet ensemble se dégage le dialogue spirituel exceptionnel qui a eu lieu entre cette femme assoiffée d'absolu et pleine de courage et le charismatique moine bénédictin devenu en Inde swami Abhishiktananda.
« Nulle âme qui sentit l'appel réel au-dedans ne peut demeurer insensible au souffle qui passe en la tension de l'Inde vers l'absolu », lui écrit le Swami. « Si la paix demeure au fond, écrit la Carmélite, ce n'est quand même pas sans quelque effroi que j'aborde l'aventure. Je crois que tout cela fera un bon creuset de purification. » Henri Le Saux a laissé de nombreux ouvrages (souvent hélas épuisés) étincelants d'intelligence et de liberté intérieure. Citons Sagesse hindoue, mystique chrétienne (1965) ou Souvenirs d'Arunâ-chala (1978).
Fondée sur la solide formation monastique des bénédictins et sur la méditation incessante des écritures chrétiennes et hindoues, son aventure spirituelle est l'une des plus fascinantes du XX° siècle.
Voici un livre rare qui a l'immense mérite d'être consacré à la fois à l'un des grands maîtres védantins de l'Inde contemporaine, Sri Gnanananda, et à son disciple venu de France, le bénédictin Dom Henri Le Saux.
Srî Gnânânanda est relativement peu connu du grand public francophone. Son nom est indissociable de celui de Dom Henri Le Saux bien plus connu en Europe pour son engagement dans le dialogue interreligieux.
Tous s'accordent à dire que ce sage advaïtin a l'aura et l'envergure spirituelle d'un Râmana Mahârshi. Il se dégage de son être sérénité (sama) et contentement (santosha) - qu'Henri Le Saux nomme « jubilation ».
Sri Gnanananda était un jnani, celui qui a réalisé l'Atman (le Soi). Son enseignement fondamental était celui du pur advaïta et est proprement universel dans sa portée. La Vérité se situe au-delà de toutes les religions et de toutes conceptualisations.
Srî Gnânânanda appelle, non à copier son propre cheminement, mais bien à trouver en nous-même notre propre vérité et chemin, notre propre nudité et transparence.
Puisse le lecteur trouver dans ce livre d'une grande richesse une introduction à la Non-Dualité dans sa forme la plus pure, et un guide fiable sur le chemin de la découverte du Soi.
« Le beau livre de Patrick Mandala cite abondamment les enseignements directs du sage. Il offre aussi au lecteur un excellent florilège, organisé par thèmes, qui couvre pratiquement tous les aspects de l'enseignement de ce grand témoin de l'advaïta. C'est dire l'importance de cet ouvrage qui trouvera écho auprès des chercheurs spirituels. » Svami Atmananda Udâsîn (extrait de la préface)