Alors que l'époque vante l'éphémère, le transitoire, le syncrétisme, Jean Bastaire plaide, dans cet essai incisif et très personnel, pour une fidélité " neuve " en même temps que revenue à ses sources.
Il l'examine aussi bien dans le domaine des rapports humains (conjugalité, famille) que dans le domaine social, économique et politique ou encore dans celui de la religion. La fidélité (fidelitasl est bien l'incarnation de la foi (fides), cette source, cette disposition existentielle, cette sève qui nourrit et fait tenir debout.
" Celui qui ne rend pas une place peut être tant laïque qu'il voudra.
Il n'en sera pas moins petit cousin de Jeanne d'Arc. Et celui qui rend une place ne sera jamais qu'un salaud. " Tel est l'appel lancé par Péguy le 17 juin 1940, dans un tract distribué à Brive par Edmond Michelet.
Comment se fait-il que depuis cinquante ans, on n'ait retenu de ce Péguy que l'image d'un pétainiste honteux, peu fréquentable ? Il existe là-dessus un contresens infâme qui transforme cet éternel insurgé en un apôtre de la conservation cléricale.
Il est grand temps de satisfaire à son sujet au fameux devoir de mémoire.
Jean Bastaire s'y emploie en montrant qu'à partir de Munich et non de Vichy, Péguy a constitué un universel recours contre le relâchement, l'abandon, la déroute ; presque tous les partis l'ont revendiqué. La résistance s'en est si bien inspirée qu'il a été question de le porter au Panthéon à la Libération avec Romain Rolland et Bergson.