Je cherchais un pays n'est pas qu'une anthologie de livres publiés précédemment ; il s'agit d'un nouveau livre, maintenant dans sa forme « définitive ». Il commence par l'enfance en revisitant la Franche-Comté de Gustave Courbet ; il se poursuit par la quête de mes origines italiennes à partir de l'oeuvre de Cesare Pavese ; il épouse ensuite la terre de la femme aimée, l'Iran des poètes persans. Une seconde partie expose l'expérience singulière de la lecture qui a guidé l'écriture de ces trois récits et qui imitent, pour chacun d'eux, un topos littéraire : le retour au pays, le voyage en Italie et le voyage en Orient. Il s'achève enfin par un dernier récit, le premier paradoxalement écrit, demeuré inédit ; en lui, était déjà contenus, de manière fragmentaire, en germe, le pays que je cherchais, tout en annonçant autre chose, une époque différente de l'écriture. L'ensemble constitue un cycle qui raconterait une même histoire et qui peut se lire comme une espèce de roman. À déchiffrer. L'imparfait indique que la réponse est au bout du voyage.
"On doit s'aligner. Mon Belleville ne regrette rien, n'a plus grand chose à regretter. En 1993, le dernier cri du vitrier expirait. Un paradoxe tenace voudrait pourtant que Belleville demeure Belleville et on finira peut-être par détruire ce qui a détruit Belleville en retrouvant des lois plus organiques. Après la Seconde Guerre mondiale, l'heure était à la reconstruction. On manquait d'hygiène, l'environnement était insalubre, les ravages de l'industrialisation, du charbon noircissaient les villes.
D'où les luttes. Il fallait loger, loger une population en perpétuelle expansion. La planification familiale primait. Le confort dictait les règles, commençait à isoler, séparer, individualiser les solidarités collectives". Pendant une journée (matin, midi, après-midi et soir), on suit un narrateur qui déambule, arpente Belleville où il vit depuis plus de vingt-cinq ans. A travers son regard, quotidien, ordinaire, quelque chose se dit de lui-même et de ce quartier de l'Est parisien, raconte une histoire qui se lit dans les interstices urbains ou les différentes strates archéologiques qui composent aujourd'hui Belleville.
À partir des Quatre saisons de Nicolas Poussin, en passant par le Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac, ce livre interroge notre rapport au musée, en l'occurrence le musée du Louvre, qui devient le lieu d'un apprentissage, un apprentissage d'écrire, et d'une inquiétude d'être au monde. Durant douze mois, un peu comme un journal de pensées, les paysages de Poussin tracent un itinéraire, un voyage dans le temps et les âges qui rythment les différentes phases de notre vie. L'enquête, plus le livre progresse, se transforme en quête, celle peut-être d'un paysage perdu qui trouverait sa résolution dans la formule des Bergers d'Arcadie : Et in Arcadia ego...
Le présent ouvrage propose de relire l'auteur de La Divine Comédie à la lumière des grands lecteurs de Dante, européens et italiens : Ezra Pound et T.S. Eliot, James Joyce et Samuel Beckett, Ossip Mandelstam et Jorge Luis Borges, Primo Levi, Edoardo Sanguineti et Pier Paolo Pasolini. Il interroge également la réception de Dante en France, de Paul Claudel à Philippe Sollers et Jacqueline Risset. Autant de lectures, plurielles, qui constituent une introduction à La Divine Comédie et à la littérature du XXe siècle, de ses courants les plus novateurs, qui ont su coordonner Dante à notre modernité.Cette nouvelle édition de l'ouvrage Lectures de Dante, un doux style nouveau, paru en 2006, n'est pas qu'une simple révision. Il s'agit en partie d'une réécriture, augmentée d'une postface de Sara Svolacchia.
De « paese » (le pays) à « Pavese », il n'y a qu'une lettre. Ce « paese », à la frontière de la Lombardie et du Piémont, est à la fois celui du père de l'auteur et celui du grand écrivain et éditeur Cesare Pavese (1908-1950). Jean-Pierre Ferrini, à la recherche des traces de sa propre histoire familiale, a croisé les traces de l'écrivain.
« Quand je regarde Un enterrement à Ornans, je ne vois pas ce tableau seulement comme un visiteur peut le regarder au musée d'Orsay, je le regarde aussi depuis la Roche d'Haute-Pierre, comme depuis les coulisses de cette scène ordinaire (un enterrement) que Courbet éleva au rang de peinture d'histoire. Je reconnais presque quelques-uns des acteurs, le sacristain qui porte la croix, une des vieilles avec son bonnet blanc ; ma grand-mère avec son profil sévère pose aussi parmi le groupe de femmes. Si le regard plonge depuis le sommet de la Roche d'Haute-Pierre au fond des gorges de Nouailles où la Loue prend sa source, il plonge encore au fond du trou, de la fosse autour de laquelle, au centre d'Un enterrement, chacun s'approche inexorablement en portant ou simulant le deuil, distrait par une pensée ou par un des deux enfants de choeur. L'un semble attirer les regards parce qu'il a commis une maladresse. L'autre, c'est lui plutôt qui retient mon attention, regarde ailleurs. C'est l'Enfant, le récitant à l'avant-scène qui rêve toute la Comédie que nous jouons, cette procession, de la naissance à la mort. »
Jean-Pierre Ferrini.
Le principe du livre est simple. Le narrateur décide de visiter le «mausolée» de sept des plus importants poètes de l'âge d'or de la littérature persane : Ferdowsi (X e siècle), Omar Khayyam (XI e siècle), Nizami et Attar (XII e siècle), Roumi et Saadi (XIII e siècle) et Hafez (XIV e siècle). Il lit par conséquent autant qu'il voyage ; la lecture et le voyage, en alternant, rythment, créent la dynamique du livre qui propose une découverte de l'Iran d'un point de vue littéraire. Le voyage vers le mausolée de ces sept poètes (qui sont des lieux de pèlerinage) fait résonner le passé dans le présent et éclaire l'actualité paradoxale de l'Iran d'aujourd'hui, le hiatus qui sépare l'antique sagesse de la Perse d'hier de la modernité que les écrivains, les artistes, les cinéastes ont inventée au XX e siècle, de Sadegh Hedayat à Abbas Kiarostami en passant par Forough Farrokhzad. De plus, en voyageant avec le narrateur, on découvre que le territoire qu'il explore de Gandja (en Azerbaïdjan) à Samarcande correspond à une réalité géographique, une géopoétique plus qu'une géopolitique, qui n'existe plus, un territoire qui composait autrefois «l'empire des signes», la lingua franca qu'était le persan de Ferdowsi, d'Omar Khayyam, de Nizami, d'Attar, de Roumi, de Saadi et de Hafez. Ce que l'auteur appelle le grand poème de l'Iran.
Samuel Beckett n'a cessé de lire Dante depuis ses années d'études à Dublin jusqu'à sa mort, en 1989. Sa lecture n'est pas critique : elle est une source, une énergie qui apparaît, disséminée dans ses livres, avec une régularité exemplaire. Elle opère un déplacement de La Divine Comédie. Les coups et les cris que Dante entend derrière la porte de son Enfer ne finissent pas. Ni le Purgatoire ni le Paradis ne peuvent les apaiser. « Ô frère, aller là-haut, qu'importe ? » Une question qui traverse ce livre, comme les deux pôles d'un méridien, et qui renouvelle notre lecture de Beckett.Bien que de nombreuses études aient déjà traité du rapport entre Dante et Beckett, aucune encore n'avait proposé un inventaire exhaustif des emprunts de l'un à l'autre ni abordé dans son ensemble cette seconde grande influence, la première étant celle de James Joyce. Ce livre en représente la tentative.
Les lectures de dante sont plurielles.
Certains ne retiennent que la force poétique de l'enfer, premier volet de la divine comédie. pour d'autres, le purgatoire revêt une importance capitale. pour d'autres encore, comme philippe sollers, le paradis est la seule question : c'est par ce dernier livre que doit commencer notre lecture. qu'y a-t-il de commun entre desauteurs aussi différents que mandelstam, borges, joyce, pound, eliot, beckett, primo levi pasolini, montale ou caproni ? une référence partagée, celle de dante qui dicte au coeur même de leur oeuvre toute une poétique inimitable, une véritable communauté culturelle qui forme ce que jean-pierre ferrini appelle un " doux style nouveau " (selon l'expression de dante à propos des poètes toscans de la fin du treizième siècle).
Au-delà d'un panorama des plus grands lecteurs de dante, cet essai constitue à la fois une introduction à la divine comédie et à l'histoire de la littérature du vingtième siècle, de ses courants les plus novateurs qui ont su replacer dante au centre de notre modernité.
Le voyage en Italie, depuis le film de Roberto Rossellini en 1954, n'est plus le " grand tour " que les jeunes européens effectuaient à l'époque de Goethe pour parfaire leur formation artistique ou intellectuelle.
C'est le lieu de l'amour ou, pour le moins, celui où l'on interroge l'amour.
Tel est le prétexte de ce livre, qui raconte l'histoire d'un couple décidant de se rendre à Ferrare afin de tenter de résoudre la crise amoureuse qu'il traverse.
Mais en choisissant Ferrare pour destination, ville de toutes les passions, Jean-Pierre Ferrini rend également hommage à la littérature, car Ferrare est la ville de Giorgio Bassani et de Michelangelo Antonioni, mais encore de L'Arioste et du Tasse.
Ainsi, Un voyage en Italie brouille les frontières entre la littérature et la vie. Sans doute parce que l'élan est le même. Sans doute parce que, dans l'un et l'autre cas, lire, écrire ou vivre, il s'agit d'aimer, de savoir aimer.
Nous avons voulu revisiter le pays de Courbet, en retrouver les ressemblances et réfléchir les différences qui désormais nous en séparent. L'instrument de mesure est une chambre photographique. Pendant que l'un photographiait avec cette « chambre », l'autre écrivait et l'accompagnait, le guidait en Franche-Comté dans une région qui est sa région natale. Dix neuf photographies donc, qui riment avec la naissance de Courbet en 1819, rythment durant quatre saisons notre périple. En arpentant les paysages de la vallée de la Loue dans les environs d'Ornans que la peinture de Courbet éclaire « comme la lumière », nous avons voulu également revisiter l'esprit qui animait le réalisme, essayer de le traduire à partir de notre propre inquiétude, tant du point de vue de la photographie que de celui l'écriture. En fait, presque un manifeste.
J'écris à quelqu'un marque le retour à la littérature d'André Bernold, plus de vingt ans après la parution en 1992 de L'amitié de Beckett, l'un des plus émouvants témoignages sur l'écrivain irlandais.
Vivre semblait l'avoir conduit à un silence qu'il ne voulait ou ne pouvait rompre. Il continuait d'écrire pourtant, des lettres, à quelques-uns mais à travers chacun à quelqu'un de plus indéfini, et c'est à l'un des destinataires de celles-ci, Jean-Pierre Ferrini, que ce livre doit d'exister.
Trésor d'auto-observation sévère, il est aussi et surtout un exercice de mémoire et d'admiration où les amitiés d'une vie (Beckett bien sûr, Derrida, Deleuze, Cioran, le musicien hongrois Györgi Kurtàg, l'artiste Simon Hantaï...) côtoient les fixes du ciel d'André Bernold (Saint-Simon, Spinoza, Retz, le logicien Kurt Gödel, Bach, omniprésent).
Louis Pergaud a 32 ans lors de la mobilisation générale du 2 août 1914.
Il a déjà publié au Mercure de France De Goupil à Margot (prix Goncourt en 1910), La Guerre des boutons (1912) et Le roman de Miraut (1913). Il part à Verdun le 3 août 1914. Dans la nuit du 7 au 8 avril 1915, lors de l'attaque de la cote 233 de Marchéville, il disparaît dans la boue de la Meuse. En recevant la cantine militaire de son mari, sa femme Delphine trouva à l'intérieur le Carnet de guerre. Pergaud y rend compte de sa vie quotidienne: les corvées, les revues, la solidarité, les mesquineries de la vie en commun, la bonne santé et la crainte des maladies, la qualité du sommeil, la nourriture...
Les phrases sont interrompues, heurtées, dictées par une urgence, comme hachées par l'éclat des obus ou les rafales de mitrailleuses. Enfin disponible dans son intégralité, ce Carnet éclaire la guerre d'une lumière brute et factuelle.