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Laura Alcoba
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Le 14 mars 2021 à 15h50, Laura Alcoba longe la rive droite de l'Aven, entre Pont-Aven et le moulin du Hénan, lorsqu'elle voit à la surface de l'eau, entre les branchages et les rochers, le dessin d'un coeur. Le trouble de cette vision presque magique réveille sa mémoire. À l'Aven se superpose l'image du Rio de la Plata, que les premiers navigateurs espagnols avaient nommé la mer Douce, tant le fleuve était vaste. Apparaissent alors, comme dans une promenade hallucinatoire, les moments essentiels de sa vie, ceux qui l'ont construite et ont fait d'elle une des écrivaines les plus talentueuses d'aujourd'hui. Toujours prise entre deux fleuves, deux langues, deux pays. Laura Alcoba n'a rien oublié de son enfance clandestine en Argentine. Ce voyage intérieur en forme d'autoportrait ressemble à un radeau qui conduit dans les points les plus sauvages et parfois les plus douloureux d'une vie.
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La narratrice a une dizaine d'annes lorsqu'elle parvient quitter l'Argentine pour rejoindre sa mre, opposante la dictature rfugie en France. Son pre est en prison La Plata. Elle s'attend dcouvrir Paris, la tour Eiffel et les quais de Seine qui gayaient ses cours de franais. Mais Le Blanc-Mesnil, o elle atterrit, ressemble assez peu l'image qu'elle s'tait faite de son pays d'accueil. Comme dans son premier livre, Manges, Laura Alcoba dcrit une ralit trs dure avec le regard et la voix d'une enfant blouie. La vie d'colire, la dcouverte de la neige, la correspondance avec le pre emprisonn, l'existence quotidienne dans la banlieue, l'apprentissage merveill de la langue franaise forment une chronique acidule, joyeuse, profondment touchante. Prix de soutien de la Fondation Del Duca 2013 Prix littraire des rotary clubs de langue franaise 2013
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«Bavarder entre la banlieue parisienne et la prison argentine où se trouve mon père, c'est un peu comme du tir à l'arc - avec de l'expérience et un peu d'application, on arrive à atteindre notre point de mire, l'endroit précis du calendrier où nous nous sommes donné rendez-vous.» Deux ans après avoir fui la dictature argentine, la jeune narratrice raconte son installation à Bagnolet avec sa mère et leur amie Amalia. Par petites touches, elle évoque les aléas de l'adolescence, son collège de cité, la correspondance avec son père, emprisonné à La Plata.
La danse de l'araignée fait entendre une musique d'exil chantée par une voix d'enfant.
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«Dès notre premier rendez-vous au Bûcheron, Flavia m'a parlé de la mère que Griselda a été pour elle, durant toutes ces années.- Présente, aimante. Très aimante.Elle m'a regardée dans les yeux en prononçant ces mots. Pour s'assurer que j'avais bien entendu, pour me faire savoir qu'elle ne disait pas ces mots à la légère. Aimante, vraiment.»Griselda était la mère de trois enfants, deux garçons et une fille. Un jour d'hiver, au milieu des années 80, alors qu'elle était exilée en France, elle a noyé ses deux garçons dans la baignoire.Plus de trente ans après les faits, la narratrice retrouve les survivants de ce drame familial. Sans dissiper le mystère du geste de Griselda, elle enquête pour tenter d'approcher l'inconcevable. Et d'entrevoir, au fond de la nuit, autour de la figure lumineuse de Flavia, le pari de l'amour et de la vie.
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Nous sommes en Argentine, à La Plata, en 1976, date du coup d'État militaire et du début de la " sale guerre " menée par la junte contre les opposants. La narratrice a huit ans, et ses parents appartiennent au mouvement révolutionnaire des Montoneros, principale cible de la répression. Elle vit dans un monde d'adultes apeurés, qui passent leur temps à se cacher, à déjouer les filatures et les délations. Dépositaire de secrets qui la dépassent, elle est privée de la vie normale d'une petite fille : elle ne doit se confier à personne, n'a pas d'amis, change de maison et de nom...
Quand son père est arrêté, elle s'installe avec sa mère dans la " maison aux lapins " : sous couvert d'un élevage industriel de lapins qui justifie les va-et-vient permanents d'hommes et de véhicules, l'endroit abrite l'imprimerie clandestine du mouvement. Car, selon les préceptes exposés par Edgar Poe dans La Lettre volée et repris par un théoricien du groupe, " il faut parfois savoir cacher en exhibant. " La mère, qui n'y croit guère, juge la cache peu sûre et décide de partir en exil. Finalement, toute la famille se retrouvera en France, alors que l'aventure de la " maison aux lapins " a fini par un massacre - comme toujours ou presque, il y a eu un traître.
Aujourd'hui, la " maison aux lapins " est devenu un mémoriall de la résistance, et c'est à partir de ses souvenirs que Laura Alcoba a écrit ce roman de l'enfance privée d'enfance. Car, ici, les faits et les lieux évoqués sont réels. Et les " manèges " du titre désignent, tout autant que les manigances des adultes ou les mouvements de la mémoire, ces manèges de fête foraine où la fillette n'avait pas le droit de monter.
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Madrid, 1960. Ava Gardner quitte sa maison des environs de Madrid pour s'établir dans la capitale espagnole, avenida del doctor Arce. Dans le même immeuble, au premier étage, le général argentin, Juan Domingo Perón, a emménagé peu de temps auparavant. Bientôt, une jeune femme silencieuse, Carmina, s'installera au rez-de-chaussée.
On pourrait penser que tout sépare ces trois personnages. Mais d'un étage à l'autre, leurs existences révèlent d'étranges correspondances : exils, regrets, fantômes et une incommensurable solitude dont un petit jardin, au bas de leur immeuble, se fait l'écho. Un jardin qu'Ava veut aussi blanc que possible. À moins qu'il ne s'agisse du désir d'Eva ? C'est que le souvenir et la voix d'Evita Perón hantent les lieux chaque jour davantage...
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«Lors de notre traversée de l'Atlantique à bord de l'Anna C., je devais avoir un peu plus d'un mois. Je ne sais pas quel nom je portais à l'époque - mes parents ne s'accordent pas sur la question, comme sur tant d'autres choses.» Au milieu des années 1960, une poignée de jeunes Argentins quittent clandestinement leur pays pour s'embarquer dans un périple qui doit leur permettre de rejoindre le Che Guevara. Ils sont prêts à donner leur vie pour qu'advienne la Révolution. Laura Alcoba a composé ce roman à partir des souvenirs des rares survivants de cet incroyable voyage, dont ses parents faisaient partie et au cours duquel elle est née.