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Luz Volckmann
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Le souvenir d'une amitié absolue et pourtant étiolée de l'enfance, le retour pour arpenter et confronter le territoire familial, l'apprentissage et l'éveil d'un corps ralenti, au dos longtemps objet médical. Trois temps racontent les recoins du placard, celui dans lequel on enferme les trans, les queers, les anormales. Ils sont écrits par la haine, la violence, la pauvreté, la prison, l'hégémonie, mais à cela y répondent l'impitoyable poésie du corps, le lien organique et sensible au sol, la mémoire locale et rurale, la tendresse et la force du devenir, le rire et la rage de se tenir debout.
Car Luz Volckmann le rappelle : "le placard nous réduit. Or, j'ai l'orgueil du peuple des géants".
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À l'instar d'une rivière, les mots se déversent : en apparence paisibles, ils remuent le fond, retournent la vase, explorent les profondeurs. En faisant remonter à la surface la transphobie et l'homophobie, les violences institutionnelles et policières, l'enfermement et la mort, le poème s'efforce de les combattre. À l'urgence de dire se greffe un élan libertaire : celui de faire front ensemble et à contre-courant. Par le déferlement d'une langue de la riposte et de la fierté, ce recueil oeuvre à sortir des voix et des vies de l'invisibilité : il devient le lieu d'une réappropriation puissante du verbe et du monde.