Ma mère ne vint pas, et sans ménagements pour mon amour-propre (engagé à ce que la fable de la recherche dont elle était censée m'avoir prié de lui dire le résultat ne fût pas démentie) me fit dire à Françoise ces mots : « Il n'y a pas de réponse ».
Marcel Proust
« Enfin elle, je l'aimais et ne pouvais par conséquent la voir sans ce trouble, sans ce désir de quelque chose de plus, qui ôte, auprès de l'être qu'on aime, la sensation d'aimer. »
Que celui qui pourrait écrire un tel livre serait heureux, pensais-je, quel labeur devant lui ! Pour en donner une idée, c'est aux arts les plus élevés et les plus différents q'il faudrait emprunter les comparaisons ; car cet écrivain, qui d'ailleurs pour chaque caractère en ferait apparaître les faces opposées, pour montrer son volume, devrait préparer son livre, minutieusement, avec de perpétuels regroupements de force, comme une offensive, le supporter comme une fatigue, l'accepter comme une règle, le construire comme une église, le suivre comme un régime, le vaincre comme un obstacle, le conquérir comme une amitié, le suralimenter comme un enfant, le créer comme un monde sans laisser de côté ces mystères qui n'ont probablement leur explication que dans d'autres mondes et dont le pressentiments est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l'art.
Comme il y a une géométrie dans l'espace, il y a une psychologie dans le temps, où les calculs d'une psychologie plane ne seraient plus exacts parce qu'on n'y tiendrait pas compte du Temps et d'une des formes qu'il revêt, l'oubli...
PROUSTUn amour de Swann (André Dussollier-Lambert Wilson) " Et avec cette muflerie intermittente qui paraissait chez lui dès qu'il n'était plus malheureux et que baisser du même coup le niveau de sa moralité, il s'écria en lui-même : " Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour pour une femme qui me plaisait pas, qui n'était pas mon genre ! "
La décroissance du jour me replongeant par le souvenir dans une atmosphère ancienne et fraîche, je la respirais avec les mêmes délices qu'Orphée l'air subtil, inconnu sur cette terre, des Champs-Élysées. Mais déjà la journée finissait et j'étais envahi par la désolation du soir. Regardant machinalement à la pendule combien d'heures se passeraient avant qu'Albertine rentrât, je voyais que j'avais encore le temps de m'habiller et de descendre demander à ma propriétaire, Mme de Guermantes, des indications pour certaines jolies choses de toilette que je voulais donner à mon amie.
Ce roman se divise en deux parties : la première, «Autour de Mme Swann», suit directement «Noms de pays : le nom» ; la deuxième, «Noms de pays : le pays», décrit, deux ans plus tard, un séjour au bord de la mer ;À la fin des vacances, le narrateur récapitule les diverses images que les jeunes filles ont laissées en lui, l'évolution de leurs visages, fait l'histoire de ses impressions.
Paru à la NRF en 1919, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, obtient cette année-là le prix Goncourt.
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
Ce coffret est accompagné d'une présentation de l'oeuvre et d'une biographie de l'auteur par Jean-Yves Tadié, professeur émérite à la Sorbonne, spécialiste et biographe de Marcel Proust.
Texte lu par : André DUSSOLLIER, Lambert WILSON, Robin RENUCCI, Guillaume GALLIENNE, Denis PODALYDÈS, Michaël LONSDAL.
Livre audio nouveau format 18 CD MP3.
+ 1 CD bonus «Portrait de marcel proust» par Jean-Yves Tadié.
+ Livret illustré 80 pages.
Texte intégral - 131h00 d'écoute.
« Il n'y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. »
Premiers écrits de Marcel Proust.
Après des études littéraires perturbées par une santé fragile, le jeune Marcel Proust passe une licence de lettres et de philosophie, une autre de droit mais sans désir de carrière.
Cependant dès l'adolescence, paraissent en revue des nouvelles, pastiches, portraits, essais et poèmes en vers et en prose qu'il réunit sous forme d'itinéraire et publie à l'âge de 25 ans sous le titre Les plaisirs et les jours. Abordant les thèmes de l'art, la vie mondaine, les relations humaines, sorte d'avant-goût de À la recherche du temps perdu, le style est déjà là, le talent se profile.
« Comme je quittai l'église, je vis devant le vieux pont des filles du village qui sans doute parce que c'était un dimanche se tenaient attifées, interpellant les garçons qui passaient. Moins bien vêtue que les autres, mais semblant les dominer par quelque ascendant - car elle répondait à peine à ce qu'elles lui disaient -, l'air plus grave et plus volontaire, il y en avait une grande qui assise à demi sur le rebord du pont, laissant pendre ses jambes, avait devant elle un petit pot plein de poissons qu'elle venait probablement de pêcher. Elle avait un teint bruni, des yeux doux, mais un regard dédaigneux de ce qui l'entourait, un nez petit, d'une forme fine et charmante. Mes regards se posaient sur sa peau et mes lèvres, à la rigueur pouvaient croire quelles avaient suivi mes regards. Mais ce n'est pas seulement son corps que j'aurais voulu atteindre, c'était aussi la personne qui vivait en lui. »
Découvrez Lettres à Reynaldo Hahn avec 3 CD audio, le livre de Marcel Proust. Marcel Proust avait vingt-trois ans lorsqu'il rencontra le musicien Reynaldo Hahn dans le salon parisien de Mme Madeleine Lemaire, en 1894. Les deux jeunes gens ignoraient alors qu'ils deviendraient pour le premier, l'un des plus grands écrivains français et pour l'autre, l'un des compositeurs les plus courus du XXe siècle. Pendant deux ans, ils vont s'aimer, et ils garderont toute leur vie une amitié et une intimité indéfectibles. Ce livre audio contient une sélection des lettres de Marcel Proust à Reynaldo Hahn.
Jupien revint, suivi par le baron. Celui-ci, décidé à brusquer les choses, demanda du feu au giletier, mais observa aussitôt: "Je vous demande du feu mais je vois que j'ai oublié mes cigares." les lois de l'hospitalité l'emportàrent sur les règles de la coquetterie. "Entrez, on vous donnera tout ce que vous voudrez", dit le giletier, sur la figure de qui le dédain fit place à la joie. La porte de la boutique se referma sur eux et je ne pus plus rien entendre.
Je dis à ma mère: "Je sais la peine que je vais te faire D'abord au lieu de rester ici comme tu le voulais, je vais partir en même temps que toi. Mais cela n'est encore rien. Je me porte mal ici, j'aime mieux rentrer. Mais écoute-moi, n'aie pas trop de chagrin. Voici, je me suis trompé, je t'ai trompée de bonne foi hier, j'ai réfléchi toute la nuit. Il faut absolument, et décidons-le tout de suite, parce que je me rends bien compte maintenant, parce que je ne changerai plus, et que je ne pourrais pas vivre sans cela, il faut absolument que j'épouse Albertine."
« Le pépiement matinal des oiseaux semblait insipide à Françoise. Chaque parole des « bonnes » la faisait sursauter ; incommodée par tous leurs pas, elle s'interrogeait sur eux ; c'est que nous avions déménagé. »
Mon père nous avait raconté qu'il savait maintenant par A. J. où allait M. de Norpois quand il le rencontrait dans la maison (...) « Le père Norpois m'a dit que Mme de Villeparisis t'aimait beaucoup et que tu ferais dans son salon la connaissance de gens intéressants. Il m'a fait un grand éloge de toi, tu le retrouveras chez elle et il pourrait être pour toi d'un bon conseil même si tu dois écrire. Car je vois que tu ne feras pas autre chose... »
Lu par Robin Renucci, Guillaume Gallienne.
Le roman s'oppose à Du côté de chez Swann comme le monde de la campagne et de la petite bourgeoisie à celui de l'aristocratie. Le thème général est en effet la traversée des hautes classes de la société par le Narrateur. Tout commence avec l'emménagement de la famille du Narrateur dans un appartement de l'hôtel de Guermantes à Paris. On découvrira la haute société du spectacle, l'affaire Dreyfus, qui fait sa première apparition dans ce livre...
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
Qu'il est troublant ce paysage de l'innocence enfantine aux émois féminins, du giron d'une mère chérie aux passions dévorantes ! De la confession de cette jeune fille naissent tendresse et émotion, comme a su si précisément les décrire Marcel Proust. Retraçant toute une époque de fastes, de riches dîners et de mondanités, il sonde et démasque les coeurs. De l'indifférence blessante à la jalousie sournoise, les sentiments sont traqués jusqu'en leurs profondeurs les plus intimes. Dans un climat d'insouciance et de frivolité, l'amour est conçu comme une incurable entrave au bonheur, peut-être une malédiction de laquelle seule la mort peut libérer.
Sodome et Gomorrhe revient sur la fin de Guermantes : le Narrateur, observant un insecte dans la cour de l'hôtel, surprend le malaise de Charlus avec le tailleur Jupien.
C'est la révélation de l'inversion : un exposé sur la «race des hommes-femmes» fait suite , M. de Charlus et Jupien formeront un couple. Sur l'horizon mondain des Guermantes à Paris, des Verdurin à Balbec, évoluent les homosexuels qui justifient le titre du roman ; au premier plan, les progrès de la liaison du Narrateur avec Albertine, et l'affirmation des «intermittences du coeur».
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
Du côté de chez Swann est à la fois l'ouverture, comme une ouverture wagnérienne, de toute l'oeuvre, et un roman complet. C'est un retour en arrière qui permet de présenter le personnage de Swann (qui annonce celui du Narrateur), de fournir une première démonstration des passions de l'amour et de la jalousie, de peindre la société parisienne, destinée à évoluer au cours de l'oeuvre.
Il a été remasterisé pour former un coffret de 5 CD MP3 d'une excellente qualité sonore.
La Correspondance de Marcel Proust avec sa mère constitue à la fois une véritable biographie de l'écrivain, mais aussi et surtout une porte ouverte sur tous les éléments d'une vie sublimée par l'oeuvre À la Recherche du temps perdu, où on retrouve le Narrateur sous un aspect parfois drôle, et souvent provocateur. La sélection de lettres que proposent les éditions Thélème dresse le portrait vif d'un auteur pour qui "la littérature, c'est la vie".
"Parmi les chambres dont j'évoquais le plus souvent l'image dans mes nuits d'insomnie, aucune ne ressemblait moins aux chambres de Combray, saupoudrées d'une atmosphère grenue, pollinisée, comestible et dévote, que celle du Grand Hôtel de la Plage, à Balbec, dont les murs passés au ripolin contenaient, comme les parois polies d'une piscine où l'eau bleuit, un air pur, azuré et salin." Marcel Proust, Noms de pays : le nom Situé à la fin d'Un Amour de Swann, "Noms de pays : le nom" raconte l'adolescence du narrateur à Paris, ses souvenirs de Combray et de Balbec et son amour naissant pour Gilberte Swann.
De simples gens élégants peuvent défendre leur porte trop envahie. Mais celle des Guermantes ne l'était pas. Un étranger n'avait presque jamais l'occasion de passer devant elle. Pour une fois que la duchesse s'en voyait désigner un, elle ne songeait as à se préoccuper de la valeur mondaine qu'il apporterait, puisque c'était chose qu'elle conférait et ne pouvait recevoir. Elle ne pensait qu'à ses qualités réelles, Mme de Villeparisis et Saint-Loup lui avaient dit que j'en possédais. Et sans doute ne les eut-elle pas crus, si elle n'avait remarqué qu'ils ne pouvaient jamais arriver à me faire venir quand ils le voulaient, donc que je ne tenais pas au monde, ce qui semblait à la duchesse le signe qu'un étranger faisait partie des « gens agréables ».