Quelles sont les notions principales qui structurent la production poétique et la pensée essayiste d'Yves Bonnefoy ?
Le poète lui-même n'a cessé d'affirmer, et de montrer, que « poésie » et « critique » ont, depuis Baudelaire, partie liée de manière consubstantielle. Une première partie plus théorique dresse la liste des principes et catégories de cette critique en poésie ; une seconde déploie les diverses modalités d'application pratique d'une poésie qu'on peut dire critique.
L'oeuvre considérable d'Yves Bonnefoy, poète mais aussi théoricien du fait poétique et auteur d'une oeuvre critique mal aperçue, fait ici l'objet d'une première interprétation du point de vue de sa conception de l'image, préoccupation majeure de notre époque et au centre de sa poésie. Patrick Née s'attache à confronter les «propositions» du poète, comme il le dit lui-même, avec les travaux les plus stimulants en sciences humaines à ce sujet, en tentant ainsi de lancer le débat du point de vue poétique dans l'histoire des idées contemporaines. Ce faisant, il dissipe le malentendu du prétendu crypto-christianisme du poète, établissant au contraire que l'athéisme est l'un des soubassements de son oeuvre, ou bien encore bat en brèche sa réputation de classicisme. Il ne s'agit par là que de mieux cerner l'originalité de la pensée du poète, replacée dans le contexte de ses lectures, de ses influences, ou opposée à d'autres courants de réflexion, par où elle acquiert sa vraie découpe.
Alors qu'il occupe une place prépondérante sur le plan éditorial et remplit un rôle littéraire aussi important que celui du théâtre, de la poésie ou du roman, l'essai est le genre le moins étudié dans le monde. Cet ouvrage entend faire avancer la réflexion sur l'essai à travers l'exemple de plusieurs cultures européennes.
Avec le soutien de l'université de Poitiers et du Conseil régional de Poitou-Charentes.
Il est urgent de mettre Lorand Gaspar à la place qui doit lui revenir dans le concert des poètes penseurs de la seconde moitié du XXe siècle et du début du XXIe. La singularité de sa position explique son relatif retrait : il a vécu loin des cercles littéraires parisiens, ayant exercé la médecine en Palestine puis en Tunisie ; jeune polytechnicien hongrois avant guerre, il a choisi la langue et la nationalité françaises à l'issue de cette guerre en même temps que l'exercice de la chirurgie comme moyen terme entre ses deux passions, l'art et la science. Les dix chapitres de cet essai restituent l'ampleur de la culture du poète dans sa relation aux sciences humaines (et sa résistance à la forclusion structuraliste du signe), à la culture médicale depuis la tradition hippocratique, à la pensée extrême-orientale de l'art, à la part déterminante de l'inconscient dans le processus de création, puis à la séduction des neurosciences.
De par sa conscience aiguë d'une interdépendance de tous les éléments qui composent ce qu'on appelle le vivant, il n'est pas d'oeuvre, aujourd'hui, qui puisse nous interpeller davantage.
Sur quoi se fonde la poétique de Philippe Jaccottet ?
Quelles sont ses influences philosophiques ?
Quelle vision du monde propose-t-elle ?
C'est à ces questions que cet essai entend répondre, en restituant les enjeux intellectuels de l'oeuvre de Philippe Jaccottet dans son ensemble, jusqu'ici très peu été explorés par la critique. Les rapports du poète à Platon, à Plotin, au religieux mystérique grec éclairent ses textes et, notamment, son choix de la lumière comme expression même du réel. De même, la conception chrétienne de l'Incarnation, qui dialogue avec l'héritage antique, nourrit la réflexion jaccottetienne : d'où, dans toute son oeuvre, la lutte entre deux types d'incarnation la « païenne » et la chrétienne , et l'attrait pour un syncrétisme contemporain original.
Véritable présentation de l'ensemble de l'oeuvre du poète, ce livre constitue une somme d'une ampleur inégalée.
En dix chapitres portant sur la littérature des XIXe et XXe siècles, ce livre entend rendre sensible le caractère structurant de la problématique de l'Ailleurs. Qu'il s'agisse de poèmes ou de proses, les oeuvres ici étudiées entretiennent toutes un rapport à l'Ailleurs qui, lorsqu'on l'examine avec l'attention qu'il mérite, agit à la manière d'un révélateur : il permet de faire entendre un son inouï et éclatant. Par cette lecture, un sens profond se trouve comme libéré.
Quelle est cette structure d'Ailleurs, qui s'est constituée depuis le romantisme ? De prospective qu'elle était du Moyen Âge au XVIIIe siècle, son sens s'inverse brutalement au XIXe : au moment où la planète achève d'être exploré, l'Ailleurs devient rétrospectif ; ce n'est plus la « curiositas » qui l'anime, mais le fantasme régressif de l'origine perdue.
Deux conséquences en découlent : d'une part, la radicale d'évaluation de l'Ici ; et, d'autre part, l'idéalisation d'un Ailleurs compensatoire (avec son inévitable déception) en un triomphe de la mélancolie occidentale. Il appartiendra alors au XXe siècle d'inventer un nouvel équilibre bipolaire entre l'Ailleurs et l'Ici.
Le lecteur pourra tester la validité de l'entreprise à la fécondité herméneutique d'une telle démarche, éclairant des oeuvres la plupart du temps célèbres.
Qu'Yves Bonnefoy ait e te lecteur d'Alfred Jarry et du plus e rotique de nos grands poe tes, Gilbert Le ly, est un fait peu connu et cependant capital a plusieurs titres. A celui de la compre hension ve ritable de sa conception de la poe sie, tout d'abord, qui traverse en les inte grant toutes les forces du de sir ; ensuite, au titre de la reconnaissance du ro le central que joue dans le processus cre ateur ce qu'avec la psychanalyse on a pris l'habitude de nommer sce ne primitive : c'est-a -dire l'un des fantasmes dits originaires dont les cre ateurs seraient pre cise ment ceux qui s'en saisiraient pour le re e laborer en faisant oeuvre. L'essai passe ainsi d'une lecture de Jarry a une autre de Lely toutes deux centre es sur le ro le moteur de l'affrontement a leur propre sce ne primitive. Or, cette hypothe se, dont Patrick Ne e cre dite l'interpre tation d'Yves Bonnefoy en l'entrelac ant a sa vision personnelle de ces deux auteurs, vient de trouver une e clatante confirmation dans une sorte de trilogie re cemment publie e, Deux sce nes et notes conjointes, ou Yves Bonnefoy aborde directement sa sce ne primitive.
Une présentation de l'oeuvre critique et poétique de Bonnefoy. Cahier iconographique, biographie et bibliographie.
Analyse les dimensions linguistique, philosophique et métaphysique de la poétique d'Yves Bonnefoy et la place de son oeuvre dans l'histoire de la poésie.
Si la critique s'est trop souvent arrêtée à la remise en perpective de la psychanalyse opérée par Yves Bonnefoy en opposant les langages du concept à la parole de poésie, Patrick Née nous montre ici combien l'inconscient est toujours apparu constitutif de l'image poétique surréaliste pour cet auteur dont le dernier récit, Les Planches courbes, est au centre du présent essai. Il avance l'hypothèse que l'on doit à une exigence auto-analytique la clarification des rapports du sujet à ses objets d'amour fondamentaux et dévoile une perception aiguë des luttes intrapsychiques, ressaisies à travers les oeuvres de Georges Bataille et, dans une moindre mesure, d'Alfred Jarry ou de Gilbert Lely. Cette démarche nous porte au coeur de la créativité : une manière de concevoir la transgression de nos représentations, laquelle assure la critique des idées reçues dans les domaines de l'art et de la poésie.
Tout pour réussir l'agrégation.