Dans cet ouvrage, Pedro Mairal trouve une forme pertinente pour évoquer, avec un ton désabusé et drôle, les péripéties économiques, sociales et politiques de la société argentine post-crise. Dans un style simple mais lexicalement recherché, le poète s'affirme en désacralisant le poème et le faisant entendre dans la cité. L'ouvrage se présente comme une descente de la poésie vers la place publique. En mêlant la beauté poétique à la saleté de l'argent, le poète interroge inlassablement les maillons de la chaîne productive.
Hilarante odyssée d'un quadragénaire en crise, l'Uruguayenne met en scène les angoisses d'un loser contemporain magnifique, écrasé par ses questionnements amoureux, son statut d'écrivain raté et le poids de la paternité.
À 17 ans, Daniel vit et vivote dans un petit village de la province d'Entre -Rios, en Argentine. Il vit chez sa grandmère depuis la disparition dramatique de ses parents dans un accident de la route. Le jour, il travaille à plein temps dans un entrepôt frigorifique, plumant des poulets à longueur de temps. Le soir, il s'enferme dans sa chambre pour regarder la télévision, porno de préférence.
Lors d'un concours organisé par une chaîne câblée, Daniel gagne une nuit avec la célèbre star du X, Sabrina Love.
Pour remporter son prix, c'est-à-dire se mettre sous les draps avec son idole, il doit se rendre à Buenos Aires.
Après un voyage rocambolesque où il doit, entre autres, sauter d'un bateau et affronter des petites frappes, Daniel découvre les lumières de la ville et commence son éducation sentimentale. Il rencontre un poète raté, un photographe qui entretient son frère gay Enrique, une animatrice télé plutôt jolie et Sabrina Love. Le jeune homme, mi-matois, mi-naïf, découvre l'autre côté du miroir : la femme de ses rêves n'est qu'une figure touchante, fabriquée et fatiguée dans un décor de carton pâte.
Roman d'apprentissage avec, dans le rôle titre , une sorte de Candide, Une nuit avec Sabrina Love est aussi une formidable photographie de l'Argentine.
Après un accident de cheval à l'âge de neuf ans, Salvatierra a perdu l'usage de la parole.C'est donc dans le silence qu'il commence à peindre, en secret, sous forme de longs rouleaux, une toile de quatre kilomètres de long qui représente un fleuve et les détails de la vie quotidienne d'un village côtier en Argentine. Après sa mort, ses enfants installés à Buenos-Aires reviennent s'occuper de l'héritage : un gigantesque paquet contenant les rouleaux peints. Intrigué par le travail monumental de son père, Miguel commence à trier ses papiers. Il découvre alors des secrets de familles liés au passé et qui étendent leurs ombres sur le présent.Alors qu'il tente, avec obstination, d'exposer cette extraordinaire peinture (soixante-quatre rouleaux cousus ensemble), il est déconcerté et ému par la luxuriance, la couleur, la beauté de la toile en opposition à la morosité de la vie terne qui est la sienne, ses ratages, sa solitude. Au fur et à mesure qu'il dévoile le passé, la figure de son père grandit et devient de plus en plus complexe.
En douze nouvelles, certaines mezzo voce d'autres quasi luxuriantes, Pedro Mairal fait la preuve de l'étendue de son registre.
Un enfant sur la plage arrière de la voiture qui mène à la maison de famille, devient d'année en année, d'automobile en automobile grand et conscient de la finitude du monde. Comme si la route était une métaphore du trajet qui mène de vie à trépas.
Un adolescent, Walter, s'éprend de sa voisine Karina et met au point, pour obtenir qu'elle lui offre sa virginité, un stra tagème apparemment innocent mais qui, très vite, se révèle catastrophique : il se sert d'Internet pour la mettre à prix. Dépassé par les évènements l'adolescent s'enfuie. Karina l'accompagne. Mais il ne sait ni comment ni à quel moment lui avouer son forfait. Une femme devenue grise, le professeur Bellini, raconte aux autres membres du petit cercle qu'elle fréquente dans un appartement vieillot, son voyage organisé en Grèce. Mais ce qui pour elle fut un événement majeur ne suscite chez les autres que de l'indifférence.
Histoire d'oiseaux pris dans les rets ou de filets chassant le papillon : toutes les nouvelles de Pedro Mairal, qu'elles relèvent de l'un ou de l'autre point de vue, ont en commun une atmosphère douce-amère à la fois âcre et succulente dans sa justesse.
Que se passerait-il si les aiguilles du temps s'emballaient et qu'un pays remontait le cours de son histoire ? Comment le peuple argentin va-t-il survivre à cette mystérieuse intempérie qui avance inexorablement et menace de tout réduire à néant ?
C'est à Buenos Aires, où María Valdes Neylan et son père vivent, que des milliers d'Argentins déferlent pour fuir la catastrophe. La ville désorganisée, déstructurée, devient un immense capharnaüm d'immeubles condamnés et de tunnels. Les habitants s'entassent et se barricadent, des hordes révolutionnaires sèment la terreur. María, elle aussi, se claquemure, perdant tout contact avec le temps et le monde réel.
Après la mort de son père grabataire, la jeune fille décide pourtant de se risquer au dehors. Le monde est devenu méconnaissable. Les riches quittent le pays par bateaux entiers, la plupart des hommes travaillent sur les docks ou à l'usine, les femmes ont perdu jusqu'au droit de vote.
María s'enfonce dans cette nouvelle jungle. De ville en ville et de fuite en fuite, elle survit comme femme de ménage, prostituée, ouvrière puis esclave, dans un monde dévasté et redevenu primitif. Fourmillant de personnages baroques, de scènes magiques et de péripéties hallucinantes, cette intempérie éclatante pousse à l'extrême la métaphore des crises politico-économiques qui ont récemment traversé l'Argentine.
Pedro Mairal, romancier et poète argentin a écrit cette histoire en 60 sonnets illustrés par Jorge Gonzales, à qui nous devons l'incroyable bande dessinée Chère Patagonie parue en 2012 aux éditions Dupuis. Dans une Argentine affamée, de jeunes gens se font enrôler de force dans l'armée pour pêcher d'horribles poissons chats (surrubis) afin d'assouvir la faim des habitants de Buenos Aires. Un Surubi géant, une sorte de Moby Dick devient la proie de ces pêcheurs par défaut qui survivent dans cet enfer. Chaque sonnet est illustré par un dessin somptueux de Jorge Gonzales qui restitue une ambiance inquiétante et sordide à cette partie de pêche misérable.