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Richard Krawiec
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Pittsburgh, fin des années 80. La fermeture de l'usine a poussé des centaines d'ouvriers au chômage, sans espoir de retrouver un travail dans une ville tournée vers un avenir dont ils ne font plus partie. Malgré tout, Timmy lutte pour garder un semblant de dignité, trouver de quoi nourrir sa famille. Pat, sa femme, remue ciel et terre pour prodiguer des soins à leur fille aînée, Katie, handicapée depuis une commotion cérébrale.
Mais à quoi se raccrocher lorsque tout espoir semble perdu ? Lorsque la ville elle- même a abandonné ceux qui l'ont construite, qui ont forgé son identité ? Lorsqu'on n'a plus la sensation d'exister nulle part, même au sein de sa propre famille ?
La « renaissance » de Pittsburg est souvent citée en exemple comme l'une des reconversions urbaines les plus réussies. Croire en quoi ? nous montre ici l'envers du décor : la vie de tous ceux qu'elle a laissés pour compte. -
Donjie se réveille à l'hôpital. Dernier souvenir : foncer à toute allure dans une voiture volée. Au volant, son grand frère ; à leurs trousses, la police.
" Âpre, tendre, généreux et désespéré. Je parle de cet auteur à tous ceux que je croise. " Hervé Le Corre
" Personne autour de lui ne cherchait le bonheur. Les gens cherchaient une distraction. Un moyen de tuer le temps. Il n'y avait pas de bonheur possible, sauf dans le sommeil. Pour lui, être éveillé, c'était être malheureux. Il tapota ses poches en quête de cachets ou d'un joint, mais ne trouva rien. "
Estropié lors d'un accident de voiture, Donjie comprend qu'il ne sera plus jamais le même. Sa famille de Donjie, à l'image de leur quartier métissé, a été taillée en pièces par la pauvreté, la drogue, la prostitution. Ici, les hommes brillent par leur absence ; les femmes encaissent les coups. Les habitants tournent en rond comme des rats dans leur poubelle, le Vietnam a marqué les corps et les âmes, et l'optimisme a déserté les rues. Comment, dans ces conditions, oser même espérer ?
Un roman âpre sur le décrochage d'une partie de la petite Amérique au tournant des années soixante-dix, au coeur d'une communauté qui s'englue dans le désarroi. Du noir très noir, à la Richard Krawiec, Les Paralysés ressemble à un roman initiatique dont les dés seraient pipés. -
Maire d'une petite ville éclaboussé par un scandale, Stewart Rome se rappelle le sordide fait divers qui a bouleversé sa vie alors qu'il n'était encore que le jeune Stewie, timide et empoté. En 1967, on retrouvait Masha, la fille dont il était fou amoureux, sauvagement agressée dans le sous-sol de son lycée. Un adolescent noir était rapidement arrêté. Était-il coupable ? De quoi se souvient réellement Stewart, narrateur trouble et manipulateur ?
Paria parle de l'adolescence, de ses émotions incandescentes et des choix draconiens qu'elle implique. Loin du flower power et des luttes sociales que l'on associe ordinairement aux années 1960, c'est une autre Amérique qui se dévoile : celle de la famille ouvrière, du racisme, de l'addiction, qui punit les femmes tentées de s'émanciper. Une société minée par la peur, qui se nourrit de ses parias pour tâcher de survivre.
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Magasins condamnés, bâtiments carbonisés, méfiance des habitants aux visages émaciés... Rien n'avait changé depuis le départ de Billy : c'était toujours le même désespoir qui régnait dans sa ville natale. Lui qui s'était pourtant juré de ne plus y remettre les pieds. Pourtant quand ses parents sont victimes d'un cambriolage inquiétant, Billy revient pour veiller sur eux. Et affronter la ville qui l'a vu basculer.
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Artie, qui vit dans une pauvreté extrême, essaie de ne pas s'enfermer dans le désespoir et la solitude. Il rencontre Jolene, mère célibataire d'un enfant malade, contrainte de trouver de l'argent pour le soigner en essayant de garder sa dignité - "quand on est une fille, y a plus beaucoup de moyens respectables de se faire de l'argent". De leur rencontre naît une association bancale, qui permet à Richard Krawiec de faire le portrait d'un monde souterrain que le rêve américain a laissé sur le bord de la route. Il nous oblige à regarder en face ceux que l'on fait semblant de ne pas voir quand on les croise tous les jours, en allant au travail ou en se promenant dans les rues. Dandy est un livre dur, qui attaque frontalement la misère du nos sociétés contemporaines. Cependant, la grâce de l'écriture de Richard Krawiec lui évite de sombrer dans le voyeurisme, lui permettant au contraire de poursuivre son exploration de la face honteuse de la société de consommation américaine, de creuser ces deux personnages complexes, partagés entre espoir et résignation.