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Thomas Mann
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Hans Castorp rend visite à son cousin dans un luxueux sanatorium de Davos, en Suisse. Piégé par la magie de ce lieu éminemment romanesque, captivé par des discussions de haut vol, il ne parvient pas à repartir. Le jeune Allemand découvre son attirance pour un personnage androgyne et, au mépris du danger, se laisse peu à peu envoûter par cette vie de souffrances, mais aussi d'aventures extrêmes en montagne et de dévergondage, où fermentent des sentiments d'amour et de mort.Écrite entre 1912 et 1924, La Montagne magique est l'un des romans majeurs du vingtième siècle. Cette oeuvre magistrale radiographie une société décadente et ses malades, en explorant les mystères de leur psychisme. Évocation ironique d'une vie lascive en altitude, somme philosophique du magicien des mots, ce vertigineux « roman du temps » retrouve tout son éclat dans une nouvelle traduction qui en restitue l'humour et la force expressive.Traduit de l'allemand, annoté et postfacé par Claire de Oliveira.
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La Mort à Venise : suivi de Tristan et de le Chemin du cimetière
Thomas Mann
- Le Livre De Poche
- 1 Novembre 1975
- 9782253006459
La Mort à Venise est le récit de la passion folle et fatale qui saisit un écrivain d'âge mûr à l'apparition d'un gracieux adolescent d'une extraordinaire beauté. Dans Tristan, le dilemme qui s'offre à l'héroïne est de tenter de vivre en étouffant ses dons d'artiste ou « mourir de musique ». La fin de Lobgott Piepsam dans Le Chemin du cimetière prouve que la vie est dure aux faibles, mais que la mort vaut mieux que la débâcle d'une constante lâcheté. C'est peut-être dans ses nouvelles que Thomas Mann, l'un des plus célèbres écrivains allemands de ce siècle, a mis le meilleur de sa verve ironique et de sa sensibilité musicale, de son émotion discrète et dominée, qui se drape volontiers de sarcasme.
Introduction et notes d'Armand Nivelle. -
Thomas Mann Les Buddenbrook Les Buddenbrook, premier roman de Thomas Mann, devenu l'un des classiques de la littérature allemande, retrace l'effondrement progressif d'une grande famille de la Hanse au xixe siècle, de Johann, le solide fondateur de la dynastie, à Hanno, le frêle musicien qui s'éteint, quarante ans plus tard, dans un pavillon de la banlieue de Lübeck.
Le style, tout en nuances, où l'émotion se teinte de connivence et d'ironie, d'affinités et de détachement, traduit parfaitement la relation que l'auteur entretient avec la réalité et accentue subtilement la transcription du lent processus de décadence.
Les Buddenbrook ou le grand livre de la dégénérescence.
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Dans un receuil groupant plus de cinquante allocutions radiophoniques prononcées entre le mois d'octobre 1940 et le mois de juin 1945, Thomas Mann, lauréat du Prix Nobel, s'adresse directement aux Allemands. Suivant de près l'actualité internationale au cours de la guerre, sa pensée domine de très haut les problèmes soulevés par le conflit. Il dépeint la vie culturelle des Allemands avant l'avènement des Nazis et sa décadence rapide provoquée par le régime d'Hitler. Il trace un portrait saisissant du "maniaque" qui conduisit l'Allemagne à sa perte et aborde les problèmes que posent la paix future, la création des Etats-Unis d'Europe, l'établissement d'une véritable démocratie, la nécessité du progrès sociale, la question juive, la question russe, le rôle civilisateur de la France et il ébauche un monde nouveau sans frontières ni "Herrenvolker" où l'Allemagne aura, elle aussi, retrouvé sa place.
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Voici l'un des plus grands romans de Thomas Mann, celui qu'il a composé aux Etats-Unis de 1943 à 1947. L'intrigue, comme un écho flamboyant et tragique de l'histoire contemporaine, traite sur le mode romanesque de la crise spirituelle qui secoue l'Europe au sortir de la guerre.
Brassant les mythes, renouant avec le démoniaque, livrant son véritable testament spirituel, Thomas Mann compose la biographie imaginaire d'un artiste qui, comme Nietzsche, braverait la folie pour porter la souffrance d'une époque dans son orgueil de créateur et, comme Schonberg, serait l'inventeur de la musique sérielle.
« Jamais, disait-il, je n'ai autant aimé un personnage imaginaire. » -
En janvier 1926, Thomas Mann séjourne à Paris pendant neuf jours, où il est accueilli comme un grand « émissaire de l'esprit allemand ». Il y rencontre des personnalités singulières, prononce des discours, noue des relations. Filant d'un rendez-vous à l'autre à travers une Paris « scintillante de lumières et de publicités », Mann se confronte à des écrivains, activistes et intellectuels cherchant à construire un futur de paix.
Compte rendu parisien fait se côtoyer les problématiques d'une époque - dont la réconciliation entre la France et l'Allemagne, l'affrontement entre démocratie et nationalismes - et des pages de mondanités loquaces et amusées. D'une plume prodigieuse, l'auteur évoque des pans de traditions culturelles et interroge la relation ambiguë entre littérature et politique. -
Peintre puissant de la bourgeoisie allemande avec Les Buddenbrook, Thomas Mann publie à vingt-huit ans ce bref roman, une de ses oeuvres les plus révélatrices de son débat intérieur.
Jeune écrivain prisonnier de l'introspection et de la réflexion sur son art, Tonio Kroger est fasciné par son contraire : ceux qui vivent sans réfléchir, abandonnés à leurs instincts vitaux, comme son camarade Hans et la belle Ingeborge, dont il s'éprend. L'art et la pensée seraient-ils morbides ? La vraie vie résiderait-elle dans la sérénité heureuse et terre à terre des gens « normaux » ?
Dans cet étonnant portrait d'un homme qui ne parvient pas à s'approuver, le grand romancier, prix Nobel de littérature en 1929, mêle la réflexion philosophique à l'analyse des tourments de l'âme, avec une lucidité et un dépouillement qui font de ce roman une oeuvre classique au meilleur sens du terme. -
La fascination mortelle que peut exercer la beauté, tel est le sujet de La mort à Venise, ce chef-d'oeuvre d'inspiration très romantique où l'on retrouve l'essentiel de la pensée de Thomas Mann.
Gustav Aschenbach, romancier célèbre et taciturne, voit sa vie bouleversée par la beauté divine et la grâce d'un adolescent. Sous le regard interrogateur du jeune Tadzio, la descente aux abîmes de ce veuf respectable, dans une Venise au charme maléfique rongée par le choléra, est un des récits les plus troublants de cet auteur.
Le désordre passionnel qui s'empare de Gustav Aschenbach révèle une part des tourments intimes de l'immense écrivain que fut Thomas Mann dont l'autobiographie à peine voilée a inspiré toute l'oeuvre.
La mort à Venise est suivi de Tristan, dont l'univers glacé de la montagne et la gaieté factice du sanatorium composent une sorte de prélude à La montagne magique, un de ses grands romans. Dans ce monde qui déjà échappe aux vivants s'affrontent l'artiste, voué aux rimes morbides et à la métaphysique, et le bourgeois, homme d'action à la santé et aux affaires florissantes.
Une nouvelle brève mettant en scène un pauvre veuf alcoolique , Le chemin du cimetière, clôt ce recueil de façon poignante. -
L'ÉIu est l'histoire d'une généalogie pervertie, avec secrets d'alcôves, scandales étouffés, transgressions de tous ordres, accumulations d'incestes. A vous donner le vertige, dit l'un des personnages. Grégoire est le fils de jumeaux princiers et incestueux qui l'ont abandonné sur les flots, dans un tonnelet. Recueilli par des pêcheurs, élevé dans un monastère, à dix-sept ans, il part à la recherche de ses parents et arrive aux portes d'un royaume gouverné par une reine. Après avoir vaincu un «fat impudent et poilu» qui faisait une «guerre d'amour» à la souveraine, Grégoire épouse cette dernière, qui n'est autre que sa mère. Le secret découvert, il quitte son royaume et se fait enchaîner sur un rocher nu, sans autre nourriture que le suc de la pierre. Au bout de dix-sept ans, il ressemble à un porc-épic, couvert de lichens. C'est dans cet état que le trouvent les messagers de Rome, qui parcourent le monde à la recherche du nouveau pape, désigné par l'Agneau de Dieu.
Conté avec un humour qui transforme le récit édifiant en épopée perverse, L'Èlu reprend les thèmes (la clé de l'abîme, la femme et le dragon, la résurrection finale) de l'Apocalypse, que Thomas Mann lisait souvent en exil...
*LINDA LÊ. -
Les Histoires de Jacob reprennent des événements racontés dans la Bible. Replacé dans un contexte historique où se manifestent les influences, sur les juifs nomades, des civilisations assyrienne, babylonienne, égyptienne, le roman se déroule sur le plan du mythe et sur celui de l'histoire très particulière des rapports privilégiés d'un peuple avec son Dieu.
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Joseph se rend célèbre par son art d'interpréter les songes. Appelé à la cour du Pharaon, il peut mettre en valeur ses qualités d'organisateur. Seule l'Égypte échappera à la famine tandis que les pays voisins paieront très cher son blé. Ainsi se termine Joseph et ses frères. L'histoire familiale y est en même temps celle d'un peuple souvent divisé, incrédule et querelleur, auquel finit par s'imposer, dans une filiation à la fois familière et mystérieuse, la toute-puissance de la parole.
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Thomas Mann
Sang réservé
suivi de Désordre
Romancier à grand souffle des Buddenbrook et de La Montagne magique, Thomas Mann n'a cessé en même temps d'être fasciné par l'art de la nouvelle, fait d'intensité et de concision. En témoignent ces textes écrits à divers moments de sa vie, et qui révèlent un aspect particulier de son génie d'écrivain.
La passion sensuelle qui conduit un frère et une soeur à outrepasser le tabou de l'inceste ; un chagrin d'amour enfantin, dans l'Allemagne chaotique et déboussolée des années 1920 : en traitant avec une telle subtilité des thèmes et des ambiances très différents, Thomas Mann nous impressionne par la rigueur et la force de son écriture, la lucidité et l'humanité de son regard.
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Joseph emmené en Égypte par les Ismaélites, vendu à Putiphar, officier à la cour du Pharaon, n'est qu'un serviteur parmi les plus humbles. Sa patience, son intelligence et son esprit pratique lui gagnent la faveur de l'intendant, qu'il finira par remplacer auprès de son maître. La passion que conçoit pour lui Mut-em-enet, épouse de Putiphar, et qui la conduit du caprice à la fureur, à Ia folie et à la mort, se développe dans une gradation tragique qui suscite chez le jeune homme des émotions contradictoires. Ce roman décrit une période transitoire dans la vie de Joseph. Sous le nom d'Osarsif, nous le voyons peu à peu s'adapter à son nouveau milieu, devenir un Égyptien et s'élever dans la hiérarchie sociale, tandis que l'élu du Seigneur, exposé à la tentation, bouleversé par des sentiments qu'il a, peut-être inconsciemment, suscités, préserve son intégrité sinon sa pureté. S'il échappe à la mort, il est condamné à la captivité dans une forteresse, sentence prononcée par Putiphar mais où l'on peut voir aussi le doigt de Dieu. Un décor brillant, animé de nombreux personnages, nous donne ici une peinture de la vie dans l'ancienne Égypte, tandis que Thomas Mann poursuit, en l'approfondissant, sa démarche, dans le double mouvement d'une histoire à la fois sacrée et profane.
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La mort à Venise ; der Tod in Venedig
Thomas Mann
- Le Livre de Poche
- Le Livre De Poche Bilingues
- 22 Février 1989
- 9782253049364
BilingueSérie allemande dirigée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent Les ouvrages de la collection Bilingue vous proposent :- des textes de grands auteurs étrangers ;
- une traduction fidèle et précise ;
- une introduction critique permettant d'approfondir le sens des textes ;
- de nombreuses notes de caractère culturel, et des précisions linguistiques éclairant certains partis pris de traduction.
La collection Bilingue permet ainsi au plus grand nombre d'accéder à une réelle compréhension des littératures et donc des cultures étrangères.
La Mort à Venise- Der Tod in Venedig Traduction nouvelle et notes d'Axel Nesme et Edoardo Costadura Identifiée désormais par beaucoup aux images du film de Luchino Visconti, cette histoire d'un écrivain vieillissant, Aschenbach, saisi d'une passion déchirante pour le jeune Tadzio, gracieux adolescent rencontré au Lido de Venise, a pris place dans les grands mythes romanesques du xxe siècle. -
Mario et le magicien : (*) Suivi de Expériences occultes et autres récits
Thomas Mann
- Grasset
- 25 Septembre 2002
- 9782246093138
Thomas Mann, que ses enfants et ses proches appelaient « le magicien » et qui s'intéressait à tout, s'est naturellement intéressé à la magie. Le magicien dont on trouvera le portrait dans Mario et le magicien est un inquiétant hypnotiseur de foire. Il exerce sur son petit public un pouvoir comparable à celui des dictateurs sur les foules. Aussi cette nouvelle, qui raconte des vacances familiales dans l'Italie mussolinienne, a-t-elle pu apparaître comme une satire du fascisme. Elle est, plus généralement, une interrogation sur la nature de la volonté et sur les limites de la liberté individuelle.
Les récits qui suivent l'apologue du magicien : Expériences occultes, Doux sommeil, Seize ans, entre autres, prolongent cette exploration de l'inconnu où l'auteur de la Montagne magique est vraiment dans son élément. -
Septembre 1816, Weimar. Une paisible matrone arrive à l'hôtel de l'Éléphant. Elle est très vite identifiée comme étant, à quarante-quatre ans de distance, la Lotte de Werther. Toute la petite ville est alertée, et Charlotte assaillie de visites. Elle reçoit enfin l'invitation tant attendue de Goethe lui-même.
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Thomas Mann écrivit son roman Docteur Faustus entre 1943 et 1946. Dans ce roman
philosophique, il exprime par l'intermède de son héros les souffrances de l'Allemagne humiliée de
l'après première guerre mondiale. Le journal du Docteur Faustus, qui rassemble des notes
chronologiques sur cette période, constitue le pendant de cet ouvrage. A cette époque, Thomas
Mann était l'exilé allemand le plus célèbre des Etats-Unis. Il rencontrait tout le monde : des
hommes politiques de premier plan, des savants comme Einstein, de grands musiciens tels que
Schoenberg et des philosophes comme Adorno. Le journal du docteur Faustus constitue aussi le
récit et le témoignage d'une grande aventure intellectuelle et politique par un écrivain au sommet
de son art et de sa notoriété.
L'auteur
Né en 1875 à Lubeck et issu de la bourgeoisie munichoise, Thomas Mann a été un témoin privilégié
de la chute de son milieu ainsi que de bouleversements historiques. Il a d'abord travaillé dans une
compagnie d'assurances mais a vite abandonné ce métier qu'il juge bourgeois pour se consacrer à
l'écriture. Il se fait d'abord remarquer grâce à un recueil de nouvelles, puis 'Les Buddenbrook',
publié en 1901, le porte au devant de la scène littéraire et sera considéré comme 'l'un des
classiques de la littérature contemporaine'.
Arguments commerciaux
"Publié pour la première fois en France, il y a plus de trente ans, le Journal du Docteur Faustus,
loin de ne concerner que les exégètes de Thomas Mann, ne cesse de nous surprendre par sa
richesse. De l'Amérique des années 40 à l'Europe en ruine de l'après-guerre, c'est tout un pan de
l'histoire intellectuelle et politique européenne qu'il nous invite à redécouvrir et à méditer. A la
condamnation sans appel de l'Allemagne que les critiques y virent jadis, on y trouvera aujourd'hui
plutôt ce qui constitue la chair même du livre : des notes tissées d'angoisse, de souffrance, de
révolte et qu'accompagne une immense pitié." (Jean-Michel Palmier, 1994)
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" L'histoire de Sita aux belles hanches - fille de Sumantra, l'éleveur de vaches issu d'une lignée guerrière - et de ses deux époux (si l'on peut dire !) est tellement sanglante et si propre à confondre les sens qu'elle met à rude épreuve la force d'âme de l'auditeur et sa faculté d'accueillir à la fine pointe de son entendement les cruelles facéties de Maya.
Souhaitons-lui de prendre exemple sur la fermeté du narrateur car l'entreprise de conter pareille histoire requiert presque plus d'intrépidité qu'il n'en faut pour l'ouïr. " Thomas Mann.
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L'élu est l'histoire d'une généalogie pervertie, avec ses secrets d'alcôves, scandales étouffés, transgressions de tous ordres, accumulations d'inceste.
A vous donner le vertige, dit l'un des personnages. Grégoire est le fils de jumeaux princiers et incestueux qui l'ont abandonné sur les flots, dans un tonnelet. Recueilli par des pêcheurs, élevé dans un monastère, à dix-sept ans, il part à la recherche de ses parents et arrive aux portes d'un royaume gouverné par une reine. Après avoir vaincu un " fat imprudent et poilu " qui faisait une " guerre d'amour " à la souveraine, Grégoire épouse cette dernière, qui n'est autre que sa mère.
Le secret découvert, il quitte son royaume te se fait enchaîner sur un rocher nu, sans autre nourriture que le suc de la pierre. Au bout de dix-sept ans, il ressemble à un porc-épic, couvert de lichens. C'est dans cet état que le trouvent les messagers de Rome, qui parcourent le monde à la recherche du nouveau pape, désigné par l'Agneau de Dieu. Conté avec un humour qui transforme le récit édifiant en épopée perverse, L'Elu reprend les thèmes (la clé de l'abîme, la femme et le dragon, la résurrection finale) de l'Apocalypse, que Thomas Mann lisait souvent en exil...
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C'est toujours un rare privilège de pénétrer dans la vie quotidienne d'un grand écrivain. Avec le Journal de Thomas Mann, le privilège est multiple:nous participons à ses petites joies et à ses petites misères de tous les jours, mais aussi à l'élaboration de son oeuvre au fur et à mesure qu'il y travaille, qu'il forme des projets pour l'avenir, qu'il livre ses textes à la publication. Mais l'intérêt essentiel de ce Journal, ce sont sans doute les réactions à chaud de l'auteur face à la situation politique, d'abord dans les années 1918 à 1921, période où il vit intensément la fin de la Première Guerre mondiale, les troubles de la République des Conseils de Munich et les débuts de la République de Weimar. Il faut ensuite attendre 1933 pour que le Journal reprenne son fil. Nous ne saurons donc jamais comment Thomas Mann a ressenti la première tentative de faire fonctionner en Allemagne un État démocratique. Surpris par la prise de pouvoir de Hitler alors qu'il effectuait un séjour en Suisse, il comprend aussitôt la gravité de ce qui se passe et décide de ne pas rentrer en Allemagne. Dès lors, son Journal nous fait vivre sa répulsion vis-à-vis du national-socialisme, les problèmes que lui pose l'abandon en Allemagne de sa maison et de l'essentiel de sa fortune, mais aussi les espoirs et les joies que lui procure l'accueil que lui réserve l'étranger. Les séjours en France et en Amérique jalonnent cette période, et l'attitude antinazie de l'écrivain ne se dément jamais.
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Les textes qui paraissent ici pour la première fois en français sont restés inédits ou introuvables, en Allemagne même, près de vingt ans après la mort de l'auteur. Si leur forme, leur ampleur et leurs sujets varient, de l'ébauche autobiographique à la polémique politique, en passant par le commentaire d'oeuvres ou la profession de foi, leur préoccupation centrale et presque constamment sous-jacente, c'est la condition malheureuse de l'écrivain allemand contemporain de Staline et de Hitler. L'esthète bourgeois et le piètre démocrate que fut d'abord Thomas Mann devient l'antinazi le plus résolu et le plus acerbe, au point d'être accusé de communisme au retour de son exil américain. Ces textes mal connus révèlent le grand écrivain sous un jour nouveau qui n'a rien d'inactuel.
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«Avec Goethe et Nietzsche, Thomas Mann aborde les deux grandes figures allemandes antithétiques qui n'ont cessé de le fasciner, d'autant plus qu'il avait en lui-même de l'un et de l'autre. L'Improvisation sur Goethe est un remarquable portrait biographique et le témoignage d'une compréhension profonde des contradictions secrètes qui font la singularité de ce génie. Les réflexions sur Nietzsche ont la même acuité et la même pertinence. Quant aux quelques pages où Thomas Mann explique pourquoi, et dans quel esprit, il a risqué la vaste entreprise des quatre volume de Joseph et ses frères, non seulement elles éclairent avec une sorte d'alacrité ce chef-d'oeuvre, mais elles débouchent sur une profession de foi en l'homme, alors à peine sorti des épreuves de la Seconde Guerre mondiale, où l'on retrouve la hauteur d'esprit du grand romancier.» Philippe Jaccottet.
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Siegmund et Sieglind, frère et soeur, sont les personnages de {Sang réservé }(1921), ils s'attirent mutuellement par un vertige sensuel. Mann mêle ici satire et poésie, se fait censeur et complice d'un esthétisme fin de siècle. {Désordre }(1925) est le croquis d'une période troublée et le récit du premier amour d'une enfant. Enfin, {Maître et chien }(1918) décrit les rapports subtils de l'homme et de l'animal.
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Lorsque commence cette deuxième partie du Journal, Thomas Mann a soixante-cinq ans. Il s'agit donc ici des quinze dernières années de l'écrivain. Installé aux États-Unis, dont il ne tardera pas à devenir citoyen, il se fait construire la grande et belle maison de Pacific Palisades, tout près d'Hollywood. Il vit à son aise et en accord avec la politique de Roosevelt. Ce n'est qu'au plus fort de la guerre froide qu'il exprimera de vives réticences à l'égard de la politique américaine, et ce sera l'un des éléments qui détermineront son retour en Europe, puis son installation en Suisse. Le Journal nous montre un homme vieillissant mais encore plein de vitalité, avec ses faiblesses - vanité tirée de sa réception à la Maison-Blanche ou de son audience privée chez le pape, amourette de vieillard avec Franzl, le dernier de ses «jouvenceaux divins» - mais aussi avec ses grandeurs face à la souffrance collective et personnelle - la guerre, bien sûr, le suicide de son fils Klaus et la mort de son frère Heinrich. Un témoignage passionnant sur les dernières années d'un grand écrivain.