Le nom de Virginia Woolf est indissociable du quartier de Bloomsbury. Mais ses promenades dans Londres dépassaient de loin ce cadre étroit. On se souvient des rues bruyantes parcourues par Clarissa Dalloway pour aller chercher - elle-même - ses fleurs, et des cloches de Big Ben que l'on entend, de près ou de loin, sonner les heures, de Westminster à Bond Street. On trouvera ici réunis tous les écrits que Woolf consacra à sa ville de Londres.
«Trois guinées» est sans doute le texte le plus engagé de Virginia Woolf. Lors de sa sortie, en 1938, «The Times» affirmait: "L'appel aux femmes de Mrs Woolf est un défi sérieux auquel doivent répondre tous les penseurs." En 2020, ce texte demeure un défi. Il s'inscrit comme une suite d'«Une chambre à soi.»
C'est en 1910 que Virginia Woolf rencontra Roger Fry pour la première fois. Leurs liens amicaux, intellectuels et même familiaux furent dès lors très étroits. Au cours d'une de leurs conversations, Roger Fry avait lui-même suggéré à son amie qu'elle donne l'illustration de ses théories sur l'art du biographe en dressant son portrait littéraire. Ainsi, dans une oeuvre de maturité qui navigue entre la biographie, le portrait et le roman, Virginia Woolf a recréé la vie d'un artiste peintre et critique qui, comme elle, fut un personnage central du groupe de Bloomsbury. «La Vie de Roger Fry» est le dernier texte de Virginia Woolf publié de son vivant.
Dans ce court texte écrit en 1926 pour la revue de T. S. Eliot, Virginia Woolf s'interroge sur cette expérience particulière dont personne ne parle, dont le langage peine à rendre compte mais que tout le monde connaît : la maladie. Lorsqu'on tombe malade, constate-t-elle, la vie normale interrompt son cours réglé pour laisser place à un état de contemplation où le corps reprend ses droits et où l'univers apparaît soudain dans son indifférence totale à la vie humaine.
Le portrait que Virginia Woolf consacre à chacune d'elles fait à chaque fois vibrer une sensibilité unique, précieuse, plus rare que ne furent jamais les diamants ou les hommes. Son livre n'est pourtant pas celui d'une militante. De salons en imprimeries, dans la paisible campagne de Madame de Sévigné ou parmi l'activité bouillonnante de Geraldine Jewsbury et Jane Carlyle, Virginia Woolf, si rarement à l'aise en société, ne construit pas un mausolée aux Grandes Dames. Parmi les figures éternelles du génie féminin, la plus drôle d'entre elles se choisit des amies, simplement.
Lorsqu'elle contemple son miroir, Virginia Woolf ne lui demande pas si elle est plus belle qu'Oscar Wilde, mais elle y pense.
« Suis-je snob ? » : de cette question cruciale, la géniale romancière a fait le thème d'une méditation joyeuse et enlevée, exposée à la fin des années trente devant ses amis du Memoir Club. La réponse, évidemment, est affirmative. Car l'acuité du regard de Virginia Woolf impose tout autant à ses romans une sévère critique sociale qu'à sa vie une vigilance absolue en matière de goût.
L'esthétique de l'existence, que Wilde faisait jouer contre la morale, prend chez elle la valeur absolue d'une exigence à l'égard du réel. Tout alors se réenchante : des « Réflexions sur une voiture » à celles sur « La nouvelle robe », les autres textes qui composent ce volume montrent Virginia Woolf qui laisse libre cours à ses émotions de jeune fille, tout en maîtrisant pleinement son art d'écrivain. Et pourquoi pas ?
L'émerveillement ici n'est pas celui d'une consommatrice moderne et ne s'attache pas aux objets ; il signale l'agrandissement du champ de l'expérience. « Le rire, l'humour et la comédie » lui donnent le ton. C'est ainsi qu'avec les instruments de la fiction comme de la théorie, Woolf volette autour de toutes choses, s'enthousiasme, s'extasie, et termine en contemplant en face « La Mort du Papillon ».
Cinq des sept textes de ce volume sont inédits.
En 1928, Virginia Woolf est invitée à donner une conférence dans une université de Cambridge sur le thème "Les femmes et la fiction". Très vite, elle en modifie l'angle d'approche et étudie les disparités homme-femme au fil de l'Histoire, montrant combien la sujétion économique de la femme l'a longtemps empêchée d'écrire. Même quand elle accède à une autonomie relative, il ne lui est pas donné de se dégager des références et des traditions littéraires posées par les hommes afin de trouver sa propre voix. Sans compter que le manque de soutien l'empêche de passer de l'expression de soi à l'expression artistique. En conclusion, Virginia Woolf dégage l'idée que l'esprit de tout grand écrivain est androgyne, faisant appel aussi bien à la part masculine qu'à la part féminine du cerveau.
Ce texte en six chapitres relate les réflexions de l'auteur au fil des deux journées qui précèdent la conférence. Virginia Woolf y mêle anecdotes, interruptions de la vie quotidienne et digressions en un style étonnamment vivant et proche du lecteur, puisqu'au plus près d'ellemême, de la réalité et de la vie.
Que nous reste-t-il de notre émerveillement devant le monde ? Dans sa "Lettre à un jeune poète", méditant la question à l'adresse du jeune John Lehmann, Virginia Woolf évoque plus qu'une simple forme littéraire. La question qui la hante est plus profonde : que nous faudra-t-il inventer, pour dire nos enthousiasmes, notre amour ou notre élan vers la beauté ? Traversant tous les genres littéraires, l'immense romancière manipule la question en tous sens et découvre au passage de nouvelles dimensions esthétiques : l'évaluation collective, l'émerveillement devant le kitsch... Une nouvelle preuve que l'humour propre à Virginia Woolf est assez inspirant pour donner aux débutants confiance en l'avenir.