Dans "Femmes, Race et Classe", Angela Davis, historienne et militante, développe une analyse critique des liens parfois conflictuels ayant existé au cours des XIXe et du XXe siècles entre féminisme et luttes d'émancipation du peuple noir. Elle démontre que les luttes ont porté leurs fruits à chaque fois qu'elles ont été solidaires. Se refusant à mettre en concurrence les différents éléments constitutifs de sa propre identité, elle affirme que les oppressions spécifiques doivent être articulées à égalité pour dépasser les contradictions et mener un combat global contre le système capitaliste au fondement de toutes les exploitations.
Cet essai dense et fondateur, écrit en 1980, trouve aujourd'hui une actualité centrale avec les débats contemporains sur le féminisme dit « intersectionnel ».
À l'automne 1918, la Première Guerre mondiale à peine terminée, les généraux cèdent la place aux hommes d'État qui doivent définir les termes de l'armistice et ouvrir les négociations de paix. Des femmes politiquement engagées, notamment dans le mouvement pour le suffrage des femmes, n'entendent pas laisser les hommes décider seuls et demandent qu'une délégation soit reçue et admise à la table des négociations alors que doit se tenir Conférence de la paix, à Paris. Le refus du président des États-Unis, Woodrow Wilson, et du Premier ministre britannique, David Lloyd George, n'entame en rien leur détermination à agir : les femmes s'organisent entre elles et se préparent à exiger l'égalité des sexes et la justice sociale ainsi que des mesures pour instaurer une paix durable dans le monde d'après-guerre. La Conférence de la paix de Paris suscite une vague de militantisme féminin sans précédent, attirant sur la scène internationale des femmes venues du monde entier pour défendre simultanément la paix, la démocratie et les droits des femmes. Tel est le point de départ de cet ouvrage, dont le fil rouge pourrait être que « Nul ne peut se croire autorisé à parler au nom des peuples tant que les femmes seront exclues de la vie politique des nations », selon la formule de la féministe et suffragiste française Marguerite de Witt Schlumberger.
Les femmes des pays engagés dans la Première Guerre mondiale, qui ont dû remplacer dans tous les domaines les hommes partis au front, ont « accompli de grandes choses » et pris conscience de leur valeur. Pour elles, « impossible de revenir en arrière ». La Conférence de la paix se devait de reconnaître pleinement leurs droits. Le combat sera long...
Très documenté et précis dans la relation des faits historiques, Artisanes de la Paix est parsemé de notations sur la personnalité et la vie des femmes dont Mona Siegel fait le portrait, retraçant leur parcours pour s'émanciper des normes imposées par la société et par leur milieu d'origine, mettant en valeur leur capacité à s'organiser dans leur lutte incessante pour les droits des femmes dans tous les domaines - droit de vote, travail salarié, travail domestique, etc. - tant au niveau national qu'au niveau international.
Le livre vient de recevoir aux États-Unis le prix Elise M. Boulding Prize in Peace History.
« Je suis féministe, je voudrais faire quelque chose de concret mais je ne sais pas par où commencer. Vous avez des conseils ? ».
En voyant ce genre de message s'accumuler sur leurs réseaux sociaux, les deux activistes féministes Sarah Constantin et Elvire Duvelle-Charles ont compris qu'il manquait un livre. Un manuel pratique pour guider la nouvelle génération de féministes dans l'activisme. Leur expliquer comment transformer leurs idées en actions concrètes et leur montrer comment, chacune à son niveau, seule ou en groupe, que Sarah et Elvire avaient les moyens de faire évoluer la société.
Ce livre s'inscrit dans la ligne directe de ce qu'elles ont déjà commencé à bâtir avec leur série documentaire Clit Révolution, un road-trip autour du monde pour lever les tabous autour de la sexualité féminine. Ce travail leur a permis de donner corps à une communauté de femmes qui osent revendiquer leur sexualité pour changer les mentalités de la société et créer un débat public.
À leur contact, elles se sont enrichies de nouveaux savoirs et ont appris de nouvelles méthodes d'activisme toutes plus étonnantes et créatives les unes que les autres.
Dans ce texte, écrit en 1910, Freud s'attache à étudier le processus de la création artistique chez Léonard de Vinci. Il part d'un des premiers souvenirs rapporté par le peintre. Pour Freud, il s'agit plutôt d'un fantasme, qu'il appellera « le fantasme au vautour » que Léonard « s'est construit plus tard et qu'il a alors rejeté dans son enfance ». Derrière, se cache « la réminiscence d'avoir tété le sein maternel, scène d'une grande et humaine beauté qu'avec beaucoup d'artistes Léonard entreprit de représenter dans ses tableaux de la Vierge et l'enfant ». Composé « du double souvenir d'avoir été allaité et baisé par la mère », ce fantasme fait « ressortir l'intensité du rapport érotique entre mère et enfant ». Le singulier sourire énigmatique de la Joconde ou de sainte Anne s'éclaire alors d'être trace de ce que « sa mémoire conserva comme la plus puissante impression de son enfance ».
Écrit au plus vif du Women's Lib américain, cet essai de Kate Millett, publié en 1970, est issu de sa thèse. Il a immédiatement rencontré un succès considérable et est devenu un classique mondial. Considéré comme le premier essai de critique littéraire féministe, il s'attache à dévoiler la dimension politique de la sexualité, à démasquer l'idéologie masculine à l'oeuvre dans la littérature (D.H. Lawrence, Henry Miller, Norman Mailer, Jean Genet) et à démontrer que les relations entre les deux sexes sont organisées à la manière d'une politique destinée à tous les niveaux à maintenir la domination des hommes sur les femmes. Au-delà de sa dimension militante, il a contribué au développement des études et recherches féminines et féministes au niveau universitaire.
Pour accomplir une destinée aussi extraordinaire que celle d'Élisabeth Vigée Le Brun, il ne suffit pas d'avoir du génie, il faut encore que ce génie coïncide avec celui d'une époque. Magnifiquement douée pour saisir la ressemblance dans un temps où le portrait est le seul moyen de représenter le visage humain, Élisabeth Vigée Le Brun était, à quinze ans, déjà connue, à dix-sept elle peignait les portraits de l'aristocratie, peu après vingt ans elle était à la cour et bientôt le peintre attitré de la reine Marie-Antoinette... c'est dire que sa réputation était établie dans l'Europe entière. Élisabeth Vigée Le Brun est à la mode, reçue partout, nommée à l'Académie de peinture et elle jouit certes de ses succès qu'elle nous rapporte en détail dans ses Souvenirs, mais jamais elle ne se prend au sérieux, jamais on ne sent chez elle la moindre pompe. S'amuser reste pour elle la grande affaire... et en faire un récit empreint d'une légèreté dont nous avons hélas perdu l'habitude.
Brillante philosophe et mathématicienne grecque de la fin du IVe et du début du Ve siècle de notre ère, Hypatie d'Alexandrie est en effet restée célèbre surtout pour sa mort tragique. Hypatie fascine depuis longtemps historiens, philosophes, poètes et romanciers. Mais ceux-ci se sont emparés du personnage, et l'ont souvent instrumentalisé pour défendre des causes aussi diverses que l'anticléricalisme, l'anti-catholicisme ou le féminisme...
« Quiconque demande qui était Hypatie se verra probablement répondre : " C'était une belle philosophe païenne qui s'est fait mettre en pièces par des moines (ou, plus généralement, par des chrétiens) à Alexandrie en 415. " [...] Embellie dans les arts, déformée par les affects et les partis pris idéologiques, la légende d'Hypatie est extrêmement populaire depuis des siècles ; mais jusqu'à ce jour toutes les tentatives pour présenter la vie de cette femme, de manière impartiale, ont échoué. » M. D.
Des mots pour agir est un recueil d'une cinquantaine de textes d'autrices et d'auteurs américains remarquables à qui Eve Ensler et Mollie Doyle ont demandé d'écrire des "Souvenirs, monologues, pamphlets et prières", pour être lus à l'occasion du festival de théâtre et du film « Until the Violence Stops » organisé, en juin 2006, à New York, pour soutenir le mouvement V-Day. L'objectif de ce mouvement, créé par Eve Ensler, est d'amener le problème des violences faites aux femmes sur le devant de la scène et de faire prendre conscience qu'elles sont un fléau mondial.
Ces textes forts, bouleversants, personnels souvent, parmi lesquels ceux de Eve Ensler et Mollie Doyle, Maya Angelou, Carol Gilligan, Robin Morgan, Alice Walker, Jane Fonda, sont accompagnés d'une « invitation à agir » sous forme de conseils pour organiser d'autres événements du même type.
L'édition française du recueil réalisée en 2009 est une version augmentée, avec des textes de Nicole Ameline, Taslima Nasreen, Rama Yade, Charles Berling et Antoinette Fouque.
Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans.
Voici donc le portrait d'une femme de combat, au plus près des témoignages et grâce aux lettres inédites, aux rapports de filature, aux interrogatoires de police. Celles et ceux qui l'ont connue gardent le souvenir d'une femme passionnée, symbole de courage, de générosité, de haute valeur humaine. Autour d'elle : son mari Frédo Sérazin, résistant mort pour la France à Saint-Étienne ; son père, l'écrivain Jean-Richard Bloch, tenant d'un milieu intellectuel foisonnant, uni par des valeurs politiques et morales d'engagement ; une famille dispersée par la guerre, de l'Amérique du Sud à l'URSS, des prisons françaises aux camps d'extermination. En toile de fond, c'est aussi un pan central de la résistance communiste parisienne, organisée autour du XIVe arrondissement et de Raymond Losserand, qui nous est révélée et dont le couple France Bloch-Frédo Sérazin incarne l'idéal, l'union de la culture et du prolétariat.
« La pensée qui m'a poussée à agir, en créant le Mouvement de libération des femmes en octobre 1968 avec Monique Wittig et Josiane Chanel, questionne depuis quarante-quatre ans [...] la compétence de procréation de toute femme comme productrice de richesse, comme moteur de l'évolution de l'Homo erectus à aujourd'hui. On vient de retrouver une petite Vénus paléolithique : la plus ancienne représentation du corps féminin connue, jumelle d'une oeuvre de Louise Bourgeois, antérieure à sa mise au jour. J'ai plus de souvenirs que si j'avais 35 000 ans... Mémoire, archive, archéologie, histoire vivante, la gestation comme expérience biopoétique. Libérer la libido creandi de chaque femme, c'est donner sens, signification et orientation, à ce qui vient, à l'Avenir. Du creux du corps à la sculpture la plus accomplie, de l'oeuvre d'être à l'oeuvre d'art, la génésique, à la fois nature et culture, transcende la capacité spécifique des femmes en compétence symbolique, en mouvement de civilisation. » A.F.
« Comparable aux luttes pour l'avortement des années 70 et pour la parité, dans les années 90, le mouvement de protestation féminine récent déclenché par l'« affaire Weinstein » - véritable métaphore des agressions sexuelles et des liens entre jouissance et pouvoir - fait partie des moments d'Histoire, où se condensent les colères, où naissent les révoltes. C'est un acte collectif d'émancipation !
Au-delà de l'anecdote ou du fait divers, cet événement est pluriel, historique et politique : parce qu'il fait basculer l'un des hommes les plus puissants du monde (à la fois « chef » et « prédateur » ) ; parce qu'il a encouragé plusieurs milliers de femmes à demander justice et à remettre en cause un rapport de force ; enfin parce qu'il concerne aussi les hommes, leur masculinité et leur ressenti de la domination masculine.
À l'inverse des prises de position rétrogrades et culpabilisantes qui visent à inhiber ou à opposer, ce livre réunit les « prises de parole » et les « prises d'écriture » d'autrices et d'auteurs - militantes et militants, chercheuses et chercheurs, créatrices et créateurs, victimes ou non... -, qui, sans nier leurs divergences, s'accordent pour dénoncer les injustices et les violences réelles (professionnelles, économiques, sexuelles...) subies par les femmes aujourd'hui et réaffirment la nécessité de les penser et de les combattre.
Partant de la révélation de « l'affaire Weinstein » et des effets mondiaux de sa dissémination (#MeToo, #BalanceTonPorc, etc.), cet ouvrage pluridisciplinaire précise les enjeux des débats et des mobilisations, et les met en perspective au regard des réflexions récentes sur les violences de genre, le consentement, l'émancipation des femmes, et l'égalité des sexes. » S.L.
Avec les contributions de Asia Argento,? Alliance des femmes pour la démocratie, Fatima Benomar?, Natacha Chetcuti-Osorovitz, Wendy Delorme,? Catherine Deschamps,? Alicia Dujovne Ortiz,? Camille Froidevaux-Metterie, Valérie Gérard,? Mona Gerardin-Laverge, Charlotte Gonzalez,? Mélanie Gourarier,? He Yuhong,? Eva Illouz,? Kubra Khademi,? Catharine MacKinnon,? Michela Marzano,? Maïa Mazaurette, Jacqueline Merville?, Janine Mossuz-Lavau,? Émilie Notéris,? Patricia Paperman, Marie-Anne Paveau,? Michelle Perrot,? Élodie Petit,? Deborah de Robertis?, Sandrine Rousseau (Association Parler), Inna Shevchenko (FEMEN), ?Frank Smith,? Isabelle Steyer,? Élise Thiébaut,? Alain Viala.
Il y a cinquante ans, en 1968, naissait en France le Mouvement de libération des femmes (MLF) qui allait transformer radicalement la société, la culture et la conception que les femmes et les hommes ont d'eux-mêmes et de leurs relations réciproques.
Au coeur de ce mouvement qu'elle a cofondé, Antoinette Fouque a créé une pratique de pensée et d'action inédite, Psychanalyse et politique, qui en a fait l'originalité et la modernité. MLF- Psychanalyse et politique, 50 ans de libération des femmes, entend transmettre la vitalité et l'énergie transformatrice de cette pratique qui a lié de manière inédite l'inconscient et l'histoire, le subjectif et le politique.
Volume 1 : les premières années À travers des archives retrouvées, des témoignages, des documents tirés de l'oubli, le premier volume de cet ouvrage documente et restitue à l'Histoire le moment le plus créateur et le plus fécond d'un mouvement dont l'oralité a été la première expression. On y suit l'élaboration d'une pratique pionnière qui, en articulant engagement politique, inconscient et révolution intime, procréation et création, a levé la censure sur le corps des femmes et libéré une parole jusque-là enfouie.
Avec ce portrait passionnant et sensible, Benjamin Moser nous révèle, sans en altérer la part d'ombre, la troublante identité de celle qui pouvait dire « je suis si mystérieuse que je ne me comprends pas moi-même ». La petite fille née en Ukraine inventait des histoires magiques pour sauver sa mère, condamnée par les violences subies lors d'une terrible guerre civile. Écrivaine reconnue, Clarice Lispector n'abandonne pas sa croyance dans la force magique du langage. Elle place au coeur de son oeuvre la question des noms et de la nomination, proche en cela de la démarche des mystiques juifs. Elle ne cessa jamais de s'approprier les mots et d'en faire ressortir toute l'étrangeté jusqu'à devenir la « princesse de la langue portugaise ». Les nombreuses citations d'une oeuvre qui fut peut-être la « plus grande autobiographie spirituelle du XXe siècle » nous invitent à lire ou relire, inlassablement, la prose unique de Clarice Lispector.
Après le volume 1 qui a donné un éclairage inédit aux premières années du Mouvement de libération des femmes (MLF), ce second volume de MLF-Psychanalyse et politique, 1968-2018 - 50 ans de libération des femmes, retrace, documents historiques à l'appui, les années de maturation et de maturité d'un mouvement qui n'a jamais cessé, avec Antoinette Fouque, d'être à l'avant-garde, générateur de créations dans tous les champs, symbolique, politique, intellectuel et culturel.
Ce volume 2 commence dans les années 1974-75, au moment où les luttes des femmes émergent au niveau mondial et où des institutions étatiques commencent à s'en préoccuper. Il montre comment l'action continue du MLF a dynamisé un nouveau rapport des femmes au monde et du monde aux femmes; de la maîtrise de la fécondité à l'accès à l'écriture et à la création, de l'affirmation d'existence à la démocratisation et à la parité.
Ce livre retrace aussi l'apport d'Antoinette Fouque à la psychanalyse, à la philosophie, à l'anthropologie, à l'écriture et à la politique contemporaines et l'accueil qui lui a été réservé, le mouvement de pensée autour de la différence des sexes auquel il a donné lieu. Qu'il s'agisse d'y souscrire ou de s'y opposer, quiconque depuis cinquante ans réfléchit à ces questions s'y réfère explicitement ou implicitement.
En transmettant la dynamique du MLF-Psychanalyse et politique et les transformations qui en sont issues, ce volume met en évidence que le mouvement des femmes est plus nécessaire que jamais et plus que jamais d'actualité.
L'Union Ouvrière est l'oeuvre maîtresse de Flora Tristan, publiée grâce à une souscription qui la conduisit à un porte-à-porte militant auprès de personnalités comme de simples travailleurs et travailleuses. Pour faire entendre cet appel à la constitution de la classe ouvrière, elle accomplit un tour de France où son enthousiasme généreux est mis à rude épreuve et au bout duquel, seule et épuisée, elle meurt, à quarante et un ans. L'Union ouvrière est le premier manifeste politique cohérent d'une femme qui ne dissocie pas la lutte des femmes de la lutte ouvrière. C'est aux plus démunies, aux plus exploitées d'entre elles qu'elle adresse cette apostrophe qui nous touche encore aujourd'hui : « Mes soeurs, je vous jure que je vous délivrerai. » C'est aussi, quelques années avant Marx et Engels, l'un des premiers appels à l'union internationale de la classe ouvrière.
« Au début, cette voix, je ne l'avais pas bien perçue, tant elle était couverte par le bruit des campagnes et des polémiques. Mais depuis ma première lecture de Il y a deux sexes, je l'ai constamment entendue, plus nette, plus audible que les autres. C'est une voix à la fois insistante et retenue, chargée de passion, pleine d'une imagination créatrice, et révélatrice de secrets, une voix que je n'ai trouvée que dans Rimbaud... Ce que j'essaie de dire ici va beaucoup plus loin que reconnaître l'importance d'une des tendances du féminisme ; il s'agit de percevoir le passage, faut-il dire la mutation, d'une culture à une autre, dans laquelle ce nouveau féminisme a joué un rôle central. » A.T.
Ces essais de féminologie reprennent les motifs les plus marquants d'un travail théorique engagé depuis 1968 et largement diffusé dans les débats, colloques et publications du MLF et de Psychanalyse et Politique.
« Premier ouvrage complet écrit par le mouvement international FEMEN, dévoilant les témoignages personnels de nos activistes dans différents pays et développant nos combats et nos idées, Rébellion s'empare de thématiques telles que la prostitution, la laïcité, les violences faites aux femmes, les droits LGBT, la montée des intégrismes et la liberté d'expression, emmenant les lectrices et les lecteurs au coeur de notre lutte. Nous sommes parties d'un constat on ne peut plus actuel : les politiques délaissant le peuple, c'est au peuple, et donc à nous, de prendre la parole. C'est aux femmes de faire leur révolution. Mener des actions politiques, pratiquer la désobéissance civile, prendre tout espace public, politique et discursif réservé aux hommes est impératif pour que la voix et les intérêts des femmes résonnent dans ce système de domination masculine.
Rébellion est l'expression des nouveaux combats à mener, des revendications féministes actuelles. Nous voulons donner aux lectrices et aux lecteurs le courage de s'insurger et les moyens de s'organiser pour résister au patriarcat de façon active, puissante et efficace. Nous voyons l'activisme comme une responsabilité civique. Il est pour nous l'une des principales formes que le féminisme doit prendre, impérative pour réaliser ce monde égalitaire auquel nous rêvons. » Le mouvement FEMEN
L'histoire des ateliers d'écriture en France a commencé en 1969 avec l'expérience initiale relatée dans ce livre. De formation littéraire et journalistique, Élisabeth Bing raconte ici l'aventure de cette naissance auprès d'enfants classés comme caractériels.
On y lit l'invention d'un métier, au jour le jour, dans l'urgence et la passion. Loin de l'école et de la parole apprise, elle rend leurs propres mots à ces exclus de l'écriture, prenant en compte leurs textes comme des actes réels d'inscription dans le monde, jusqu'à ce qu'un jour un enfant lui dise : « Mais tu nous fais travailler comme des écrivains ! » Toutes les intuitions fondatrices d'une démarche qu'Élisabeth Bing a poursuivie et élaborée auprès d'adultes se trouvent réunies dans ce livre. La postface fait part de la suite du parcours. « Cette invention a décidé de ma vie, et un peu plus tard de celle de quelques personnes que d'abord ce livre a rassemblées autour de moi et que j'ai entraînées dans l'aventure, nous retrouvant à l'avant-garde d'un mouvement de fond qui connaît actuellement un très grand développement. »
Juliet Mitchell tente de montrer en quoi la psychanalyse permet de comprendre les mécanismes de censure de la sexualité des femmes. Elle dénonce l'impasse théorique et pratique de Reich et Laing, la reproduction qu'ils font des schémas phallocratiques qu'ils dénoncent. Elle analyse les positions de théoriciennes féministes (de Simone de Beauvoir à Kate Millett), pour la plupart méfiantes, voire hostiles à la psychanalyse freudienne et insiste sur l'apport nécessaire de la psychanalyse (de Freud à Lacan) dans les luttes des femmes.
Ce livre est un témoignage individuel et universitaire de voies nouvelles que des pratiques comme celle du groupe « Psychanalyse et Politique » au sein du MLF français, inscrivent dans la lutte des femmes. Pratique qui dénoue le traditionalisme et l'étranglement sous-jacents au féminisme et qui produit une articulation de l'inconscient et de l'histoire, de la sexualité et du discours, de la subjectivité et de la lutte politique massive.
Qui est donc Milagro Sala, prisonnière politique la plus célèbre d'Argentine ?
Pour le savoir, Alicia Dujovne Ortiz est allée enquêter sur place, dans la province de Jujuy, au printemps 2017. Elle a rencontré Milagro Sala dans sa prison ainsi que son mari, ses camarades de luttes, des membres de son association Tupac Amaru, ses voisins, ses ennemis aussi. Au fil des témoignages se révèle une femme hors du commun, une révolutionnaire d'une générosité exceptionnelle qui a su mettre la cause indienne sur le devant de la scène, et qui est aujourd'hui en danger de mort. Ce livre se joint à la mobilisation internationale lancée pour exiger sa libération.
Dans cet ouvrage, Hidéko Fukumoto et Catherine Pigeaire considèrent la période qui va du Moyen Âge au XVIIe siècle. Dans la première partie, elles mettent en évidence le rôle prééminent des femmes dont les deux plus illustres sont les femmes de lettres Murasaki Shikibu et Sei Shônagon ; elles brossent autour d'elles un tableau de l'Âge d'Or du Japon.
Dans la seconde partie, elles mettent en scène de grandes figures de femmes - les éminences grises, les intrigantes, les nourrices, les guerrières, les pionnières du christianisme en Asie... - et retracent le rôle qu'elles ont joué auprès des samouraïs : « Toutes ont été des politiques, des femmes qui, s'étant fixé une mission, n'ont jamais renoncé à la mener à bien, s'effaçant, au besoin, pour faire triompher leur cause. » À l'issue de cette étude, elles s'interrogent : « Ce pacte clandestin entre les deux sexes » n'est-il pas « la clé de bien des réussites en ce pays sage, mais prêt à tout, même au suicide » ?
« Si la femme a été exclue de la philosophie par l'indécidable neutralité du sujet qui s'y faisait entendre, par la constante pensée de la différence sur le mode de l'opposition et de la symétrie qui la voue à l'effacement, par la production de définitions à recevoir, il faut lire qui ne se réclame pas de cela. La considération inactuelle - c'est-à-dire autre qu'actuelle - de Levinas se propose. Le sujet philosophique de ces textes est revendiqué en effet comme rebelle à toute neutralité et il s'essaie à une pensée de la différence, non sur le mode de la logique formelle ou dialectique, mais sur celui d'une ineffaçable asymétrie. Levinas parle d'une surenchère qui toujours déjà excède l'ordre logique et l'être qu'il arrive à épouser. Cette démesure, celle de l'Autre, convoque à la déconstruction du propre et à la libération d'un espace de transcendance qu'il nomme "métaphysique". C'est là qu'il conviendra d'entendre "les figures du féminin". » C.C.
Elles avaient seize, vingt ou trente-trois ans en 1968. Venues de tous milieux, de divers pays, elles ont créé ou rejoint le MLF. Ce mouvement a transformé leur vie et celle de millions de femmes et d'hommes et engendré une mutation de notre civilisation.
Aujourd'hui, une cinquantaine d'entre elles se souviennent et, toujours en mouvement, imaginent les libérations à venir, affirment que les femmes sont la force émergente du XXIe siècle. Les témoignages sont accompagnés de documents d'époque et d'une chronologie inédite, de la naissance du MLF (octobre 1968) à nos jours.
Génération MLF a été élaboré sur un temps long, au rythme des réunions, rencontres, universités d'été séminaires, proposés, animés, dirigés par Antoinette Fouque. En ont assumé la responsabilité avec elle : Sylvina Boissonnas, Catherine Guyot, Michèle Idels, Marie France Llauro, Elisabeth Nicoli, Jacqueline Sag, avec Françoise Borie, Joëlle Guimier, Marie-José Le Magourou, Janine Manuceau, et bien d'autres militantes.