Best-seller depuis sa parution en france en 1974, ce livre a été vendu à plus de 300000 exemplaires.
" une étude passionnante sur le conditionnement dont sont victimes les petites filles, dès la crèche, à l'école, dans leur famille. " marie-claire " pourquoi du côté des petites filles plutôt que des petits garçons. parce que les femmes sont les premières victimes des principes d'éducation qui inculquent aux enfants la différence entre une manièr'e d'être féminine et une manière d'être masculine.
" lire " la soi-disant infériorité des femmes, affirme elena gianini belotti, naît de leur conditionnement. elle n'est pas plus naturelle que ne l'est la supériorité de l'homme. et si l'éducation ne visait qu'à développer les qualités humaines de l'enfant, sans tenir compte de son sexe, cette ingégalité s'effacerait d'elle même. " marie-france " ecrit par une enseignante, étayé par des enquêtes, c'est un livre important : il montre, pour la première fois, de façon claire et irréfutable les racines de l'inégalité entre hommes et femmes.
Dès sa naissance, la petite fille est traitée différemment du petit garçon, dès la maternelle, elle est enfermée dans un rôle écrité à l'avance. best-seller en italie, ce livre est à mettre entre toutes les mains, surtout celles des parents et des enseignants. " télérama " ce livre ne veut pas être un acte d'accusation contre les parents, mais un appel qui doit leur faire prendre conscience des conditionnements qu'ils ont subis et qu'ils risquent de reproduire en les transmettant à leurs enfants.
Cette étude rigroureuse n'est pas un roman. pourtant, l'amour, l'aventure, la passion habite ses pages. l'amour des enfants, l'aventure de leur développement et la passion de leur liberté vont toucher au coeur les parents qui sont tous coupables. " parents.
On est au début des années 1970. La Malcastrée raconte, en la faisant remonter à l'enfance, la maltraitance exercée par les institutions psychiatriques. Celle-ci est illustrée de manière saisissante par le sort d'enfants trisomiques que la narratrice est chargée d'attacher à leurs sièges toute la journée... Avant qu'elle ne retourne la situation en les détachant tous, libérant leurs mouvements au risque de sa propre vie. Ainsi se succèdent des moments-limites, traversés dans la souffrance et dans une solitude impitoyable.
Au rythme d'une écriture pulsionnelle, l'autrice décrit les traitements chimiques destructeurs, les avortements forcés, l'abandon par l'homme aimé, l'interdit d'écrire. Et finalement l'expulsion, une forme douloureuse de libération, payée très cher par le suicide d'une compagne d'infortune. Emma Santos qualifie son deuxième livre de témoignage, « écrit avec beaucoup de rage et de révolte ».
« La Malcastrée a été écrite moitié dehors, moitié dedans, entre deux opérations, entre les rues de Paris et les hôpitaux, dans le silence, demi-honteuse, toujours triomphante, entre la réalité et le rêve. Les mots sont étroitement liés à mon corps, à ma maladie.
Je n'ai jamais envié une bonne santé. Et pourtant j'écrivais déjà avant la maladie, dans l'enfance. Un geste, ce geste, l'acte, rejeter.
Il n'y avait pas cette tentative littéraire. Cette tentative exhibitionniste. Se reconstruire avec des mots. Se reconstruire en espérant surtout ne jamais y arriver. La Malcastrée, c'est déjà si vieux. 1971. La recherche du comment. Le système des mots, comment on y entre. Écrire comme on meurt ou écrire quand on ne meurt pas. » E.S.
« Je ne me souviens pas d'avoir pleuré. Je sentais seulement la caresse du mouvement - du mouvement dans le corps d'une autre - absorbée, sombrée dans la chair d'une autre, bercée par le rythme de l'eau, la lente palpitation des sens, le bruissement de la soie. » A.N.
Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans. Voici donc le portrait d'une femme de combat, au plus près des témoignages et grâce aux lettres inédites, aux rapports de filature, aux interrogatoires de police. Celles et ceux qui l'ont connue gardent le souvenir d'une femme passionnée, symbole de courage, de générosité, de haute valeur humaine.
Voici enfin en édition de poche le deuxième recueil d'essais de féminologie d'Antoinette Fouque, paru initialement en 2007, après "Il y a deux sexes. Féminologie I" (Gallimard, coll. « Le Débat », 1995 - 2004 ; Folio 2015) et avant "Génésique. Féminologie III" (éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2012) qui sort en même temps au même format de poche.
La pensée et l'action pionnières d'Antoinette Fouque ont imprégné le monde contemporain d'une conception positive de la différence des sexes et de l'existence des femmes, De tous ses livres, "Gravidanza" qui réunit plus d'une trentaine d'écrits, d'interventions, d'entretiens entre 1968 et 2007, est sans doute celui dans lequel la cofondatrice du Mouvement de libération des femmes développe le plus longuement ses propositions psychanalytiques. Elle y critique la théorie freudienne de « l'envie de pénis » chez les petites filles en affirmant l'existence d'une envie d'utérus chez les hommes qui se traduit notamment par la tentative de maîtriser et de contrôler ce qui leur échappe : la procréation. Elle y déconstruit l'affirmation d'une libido unique, mâle, qui donne lieu au célèbre postulat de Lacan « La femme n'existe pas », rappelle que les femmes, avec une sereine insistance, continuent le mouvement infini de l'humanité. Elle expose comment, au plan politique, une démocratie paritaire permettrait à l'humanité, enfin adulte et féconde, d'accéder à sa maturité.
« Au début, cette voix, je ne l'avais pas bien perçue, tant elle était couverte par le bruit des campagnes et des polémiques. Mais depuis ma première lecture de Il y a deux sexes, je l'ai constamment entendue, plus nette, plus audible que les autres. C'est une voix à la fois insistante et retenue, chargée de passion, pleine d'une imagination créatrice, et révélatrice de secrets, une voix que je n'ai trouvée que dans Rimbaud... Ce que j'essaie ici de dire va beaucoup plus loin que reconnaître l'importance d'une des tendances du féminisme ; il s'agit de percevoir le passage, faut-il dire la mutation, d'une culture à une autre, dans laquelle ce nouveau féminisme a joué un rôle central. » Alain Touraine (Préface)
Voici en collection de poche, « Qui êtes-vous, Antoinette Fouque ? », un livre d'entretiens avec le journaliste et essayiste Christophe Bourseiller, initialement paru en 2009 chez Bourin éditeur dans la collection « Qui êtes-vous ? ».
Cette collection a pour but de « questionner les rares penseurs inclassables qui éclairent l'époque présente ».
Facilement accessibles, courts et synthétiques, plus qu'une introduction à Antoinette Fouque, ces entretiens sont un témoignage unique sur la vie, la pensée et le parcours de l'une des plus importantes militantes et intellectuelles d'aujourd'hui. Ils permettent de découvrir ou de redécouvrir une des pensées contemporaines les plus anticonformistes et les plus créatrices sur le rôle des femmes dans le monde actuel et l'alternative dont elles sont porteuses à travers l'expérience de la procréation.
Christophe Bourseiller présente ainsi l'ouvrage « On sait que le mouvement des femmes se divise depuis l'origine en deux branches. La première privilégie le social et milite pour les droits des femmes. La seconde est plus philosophique. Elle s'interroge : qu'est-ce qu'une femme ? C'est tout le travail d'Antoinette Fouque. En quoi consiste l'être-femme ? [...] Tout se tient dans le saut qualitatif. On change de registre. On interroge la substance. [...] Peut-on concevoir recherche plus enthousiasmante ? Il en va de notre avenir à tous ».
La presse en a parlé « Antoinette Fouque mena un travail intense sur le terrain qui, loin d'attiser la guerre entre les sexes, voulait les réconcilier afin qu'ils vivent dans une société où l'indépendance sexuelle, économique et politique des femmes ne serait plus mise en question. (...) Un petit livre extrêmement riche parce qu'il dit l'essentiel. Il nous livre la trame d'une vie sur laquelle se sont fixés durablement tant de généreux motifs. » Edmonde Charles Roux, La Provence, Mai 2010 « J'ai trouvé ce livre aussi facile d'accès que passionnant. Il fait vivre de l'intérieur toute une atmosphère intellectuelle propre aux années 60, l'ébullition de mai 68 par le prisme de l'engagement du MLF, avec des aperçus sur l'évolution du panorama et des luttes politiques. (...) Une vie inspirante de femme de pensée autant que d'action. » G.C. Blog Chroniques de livres écrits par des femmes
Voici enfin en édition de poche le troisième recueil d'essais de féminologie d'Antoinette Fouque, paru initialement en 2012, après "Il y a deux sexes. Féminologie I" (Gallimard, coll. « Le Débat », 1995 -2004 ; Folio 2015) et "Gravidanza. Féminologie II" (éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2007) qui paraît en même temps au même format de poche.
« La pensée qui m'a poussée à agir, en créant le Mouvement de libération des femmes en octobre 1968 avec Monique Wittig et Josiane Chanel, questionne [...] la compétence de procréation de toute femme comme productrice de richesse, comme moteur de l'évolution de l'Homo erectus à aujourd'hui », écrit Antoinette Fouque en introduction à "Génésique".
Dans cet ouvrage, qui regroupe des textes écrits entre 1974 et 2012, elle poursuit son questionnement sur ce qu'est une femme, à travers une pensée originale de la gestation comme « paradigme de l'éthique » c'est-à-dire de l'accueil de l'autre, de l'hospitalité charnelle.
De la gestation pour autrui comme levant « la forclusion sur le corps d'une femme comme producteur de vivant », à l'élaboration d'une écologie humaine qui n'oublie pas que le premier environnement de l'être humain est le corps d'une femme, et s'attache à souligner la transmission entre mère et fille, Antoinette Fouque pose les bases d'une alternative à l'économie phallique dominante et affirme : « Libérer la libido creandi de chaque femme, c'est donner sens, signification et orientation, à ce qui vient, à l'Avenir. Du creux du corps à la sculpture la plus accomplie, de l'oeuvre d'être à l'oeuvre d'art, la génésique, à la fois nature et culture, transcende la capacité spécifique des femmes en compétence symbolique, en mouvement de civilisation. »
Un monde glacé, figé de silence : tel est « l'artifice », ce semblant, « cette asphyxie de l'âme » à quoi s'affronte Anaïs Nin dans Stella, Un hiver d'artifice, La Voix, trois nouvelles qui composent ce livre. Sur la scène de ce théâtre apparaissent tour à tour Stella actrice, star murée dans son rôle, le père, Dom Juan traversé de gestes creux, et un homme analyste dont seule émerge par instants « la voix » blanche, neutre. À moins que tous trois ne soient que les facettes d'une même personne: toujours absentée, sans corps, masque, rôle tenu par le père, ou plutôt au-nom-du-père. Et si une femme, au hasard des rencontres et des souvenirs dans la vie de tous les jours, parcourt ce dédale peuplé de masques, c'est pour aussitôt, avec la force vivante de ses gestes, de ses mots, de son écriture, démasquer, et trouver sous la mort hivernale l'eau vive, le feu des étés, une chaleur du corps enfin ranimée.
Juliet Mitchell tente de montrer en quoi la psychanalyse permet de comprendre les mécanismes de censure de la sexualité des femmes. Elle dénonce l'impasse théorique et pratique de Reich et Laing, la reproduction qu'ils font des schémas phallocratiques qu'ils dénoncent. Elle analyse les positions de théoriciennes féministes (de Simone de Beauvoir à Kate Millett), pour la plupart méfiantes, voire hostiles à la psychanalyse freudienne et insiste sur l'apport nécessaire de la psychanalyse (de Freud à Lacan) dans les luttes des femmes.
Ce livre est un témoignage individuel et universitaire de voies nouvelles que des pratiques comme celle du groupe « Psychanalyse et Politique » au sein du MLF français, inscrivent dans la lutte des femmes. Pratique qui dénoue le traditionalisme et l'étranglement sous-jacents au féminisme et qui produit une articulation de l'inconscient et de l'histoire, de la sexualité et du discours, de la subjectivité et de la lutte politique massive.
Dans la maison de Si-Mokrane, la tradition musulmane est toute-puissante : sorcellerie et fatalisme règlent la vie quotidienne, sanctionnent tout manquement à l'ordre immuable qui garde les femmes cloîtrées et assujetties à la loi du patriarche.
Khadidja - donnée en mariage à Si-Mokrane pour sceller la vieille amitié de leurs pères - se rebelle, refuse les tatouages comme les croyances ancestrales, se fait accoucher d'un fils par la doctoresse blanche du village ; elle insufflera ses forces et sa révolte aux autres épouses, à leurs enfants, à Mouloud, à Faïza.
D'abord lointaine, la guerre devient une réalité pour le village : couvre-feu, menaces... jusqu'à l'indépendance : les frontières s'ouvrent, celles du village, celles du pays, celles de la famille.
Une génération après, la rébellion de Khadidja revit en Faïza. Elle fait ses études, rejette les traditions ; pour elle : « le village, c'est fini ».
Retable - La Rêverie est le premier livre de Chantal Chawaf. Le premier texte, Retable, est le récit d'une « enquête » menée par une petite fille auprès de ses parents adoptifs sur sa mère. Trois discours, donc, au moins, une vérité douloureuse, déchirée : la petite fille est née du corps mourant de sa mère, c'était la guerre, les traces sont brouillées qui conduiraient à cette courte vie de neuf mois « avec » sa mère... Il reste ces souvenirs du corps : une écriture qui rompt la tradition de la narration, qui renvoie au travail d'accouchement, au corps en travail, travaillé, excédant ses limites, sans plus de dedans ni dehors. Le deuxième texte, La Rêverie est l'histoire déroulée d'un acte d'amour dans ses replis, ses mouvements, ses odeurs...
Ce livre énonce cette différence dite des sexes d'une manière bouleversante, mettant en lumière ce qu'il en est d'une autre différence : la naissance d'un corps de femme et non plus la reproduction du corps maternel.
« Fille du peuple, brodeuse et chômeuse, mariée librement mais sans amour avec le dénommé Voilquin, bientôt séparée de lui, et non sans éclat, mère clandestine, saint-simonienne critique, journaliste virulente de La Tribune des femmes, sage-femme dévouée à l'homéopathie, qui suit des cours en habit d'homme dans un hôpital militaire du Caire, « Sultane » d'occasion dans un harem pour approcher la condition des femmes musulmanes, rescapée de la peste d'Égypte, voyageuse du Nouveau Monde par piété sororiste, elle fut trop en avance pour ne pas être une « bergère de l'apocalypse » mythifiée et mystifiée. Le sujet des présents mémoires - jusqu'ici inédits - sont les sept années passées par Suzanne dans la Russie de Nicolas 1er (1839-1846). Sur le ton de la confidence - ce sont des lettres adressées à sa soeur en Louisiane, non destinées à l'origine à la publication -, elle dit ses tourments d'exilée, ses appréhensions de femme, les difficultés d'exercer sa profession... » M.A. et D.A.
Les lettres de Sido, restées inédites jusqu'à la présente édition, furent écrites entre 1905 et 1912, année de sa mort. Elles sont toutes adressées à Colette. À les lire, on mesure tout ce que Colette a pu apprendre de sa mère et que l'on ne connaissait, jusqu'à maintenant, qu'à travers l'oeuvre et les déclarations de l'auteure elle-même. En ces lettres, coexistent la faiblesse émouvante de Sido vieillissante, comme sa force - affirmation et transmission d'une connaissance vitale. Sous l'orgueil, mêlé d'humour, d'une mère évoquant son « chef d'oeuvre », sous la trame d'un quotidien répétitif, symptomatique ou imprévu, un seul message, essentiellement centré sur la nature et l'identité des femmes, revient, et tout, psychologie animale, familiale, humaine et amoureuse, douleurs ou joies, le suscite. Sido créatrice existe, d'avoir transmis la vivante possibilité d'une interrogation et d'un accomplissement. Cette correspondance est précédée de quelques lettres inédites de Colette.
« Quelle écriture tracer autour de Marie qui creuserait le cheminement d'espace clos et ouvert, le charruage incessant, le corps de terre battue, à la fin exilé, écartelé, puis cimenté par toutes ses fissures. Le corps de Marie m'échappe à chaque instant. Tout me le refuse, et le relègue là d'où il a surgi, lieu d'engloutissement présumé, là où il a bien fallu qu'il soit, chair active et enfouie jusqu'au dénudement final, sang clair et noir, lourd, eau tirée du puits, écoulement caillé. Tant d'amour et de violence pour le trouver, l'atteindre où il m'attend, là où les yeux sont vides de regard. Jamais un regard de Marie sur moi, et moi tout juste à hauteur des jupes noires, des pieds de bois, d'un flic-flac sourd qui heurte la cheminée, la terre en ondulations lentes, l'écorce des arbres, les fondrières où roulent les cailloux émergeant de la glaise. » C.V.
Paroles de femmes qui ont combattu la mainmise impérialiste sur tout un continent. Rompant avec l'oppression familiale, elles ont conquis, dans la guérilla, un espace de lutte, et trouvé une émancipation. Avec ses impasses : l'égalité dans la lutte armée, c'est l'égalité devant le pouvoir de l'arme, celle qu'on tient ou qui menace. Contraintes à s'identifier au militant-héros masculin, les Tupamaras, en tant que femmes, sont doublement clandestines. Quelques-unes prennent la parole...
« C'est ainsi que je commençais à écrire mon premier livre. Avec ces paroles. En langue française. Et cette première écriture a touché à jamais mon corps de femme, d'exilée, de combattante, de fille, de mère. Aujourd'hui, presque trente ans après, je suis rentrée « chez moi » au sud, en Uruguay, qui en langue Guarani, veut dire « fleuve des oiseaux peints ». [...] Nous sommes face à nos rêves... mais surtout, face à nos désirs de vouloir créer, malgré tout, un autre monde, une autre justice, une autre solidarité. » A.M.A.
Une femme, commandante du Front de Libération nationale du Salvador témoigne. Arrêtée en 1976 par des commandos paramilitaires à San Salvador, elle a passé plusieurs mois dans des prisons de l'armée, secrètes, où on peut garder les détenus pendant des mois, voire des années. Ils sont « disparus ». Elle subit alors tortures et chantage : ils veulent la faire parler, elle ne parlera pas. L'ERP (l'Armée révolutionnaire du peuple), dont elle faisait partie, enlève un homme d'affaires en échange de sa libération et celle d'un autre militant. Ils seront libérés et, par la suite, feront une analyse critique, dénonçant en particulier les impasses du « militarisme » dans leur lutte. Ana Guadalupe Martinez, la seule femme du comité politico-diplomatique du Front Démocratique Révolutionnaire est retournée au Salvador.
Son récit, publié clandestinement là-bas, pourrait être celui de tant d'autres femmes qui ont été humiliées, violées, mais qui ont su rester dignes et résister.
Une femme est allongée sur le sable. Allongée, blanche. Sous l'éclatante lumière solaire. Devant elle, l'informe océanique, anonyme et fécond. Derrière elle, le désert. De ces déserts qui, dans le monde, arrivent au bord de l'océan.
De cette situation territoriale naît l'écriture, sur le sable, images défaites, déconstruites, mouvantes.
Ici, la narration s'efface, s'éclate, se dissout, pour voir le vide creusé par un texte qui coule, insaisissable, mystérieux, impalpable.
Rien d'autre sur la plage qu'une idée du monde, une idée de fécondité et de stérilité intimement mêlées. Une idée de néant blanc, derrière soi, si proche, si près. Mais dans ce désert il existe une plante dont les racines trouvent l'eau à plus de cent mètres de profondeur.
Ainsi l'écriture puise à la source d'une parole souterraine et cachée, la substance unique, tellurique, immatérielle, d'un infini qui impose son ordre au monde.
En pleine dictature militaire, plus de deux cent femmes, venues de tout le Chili pour leur quatrième rencontre, organisée par le Département Féminin de la Coordination Nationale Syndicale, se sont réunies clandestinement dans un couvent près de Santiago en décembre 1981.
Deux militantes du MLF International répondaient à leur l'invitation et recueillaient des témoignages.
Pendant deux jours, toutes ont exposé et analysé leur situation, programmé des actions pour survivre et lutter contre la dictature.
L'histoire de Marli était celle de bien d'autres Brésiliens de la Baixada Fluminense, grande banlieue de Rio où la samba et la vie le disputent à la misère et au chômage... Jusqu'en 1979, où, une nuit d'octobre, Paulinho, son frère, est enlevé et assassiné par un escadron de la mort. Ce sont ces groupes d'extermination que dénonce et démasque le témoignage de Marli, enregistré par deux journalistes de Rio, Maria Teresa Moares et Maria Alice Rocha, toutes deux actives dans le mouvement des femmes.
Marli raconte sa lutte contre les bandes de policiers qui rançonnent la population et assassinent impunément. Sa fermeté dans son combat a permis l'arrestation de membres de « l'escadron de la mort » et encouragé d'autres femmes à se défendre et à dénoncer le fascisme tristement quotidien qui terrorise les Noirs et les chômeurs de la Baixada Fluminense. C'est toute la vie de Marli qui est ici retracée : une vie de femme brésilienne de classe populaire, dans une langue orale, rapide et colorée.
Dans Paris, la nuit, une jeune femme dévide une bobine de fil blanc liant ainsi des lieux, des itinéraires, des places, des édifices. Par cette trace laissée sur les trottoirs, Héléna Roujanski entreprend un geste créateur fondé sur l'abandon, l'absence, l'usure, la mémoire, la fable et les mythes. Geste irréel qui la conduit à baliser les avenues et les petites rues. Ses nuits sont éclairées par une lumière intérieure, par une lampe élevée au-dessus de sa tête, elle-même veilleuse vigilante.
« La règle du jeu était claire : les points de la ville reliés les uns aux autres permettaient de coudre les pièces, les morceaux épars d'une histoire qui, sans cela, n'était que ruines, lambeaux ou haillons de passé suspendus... » A.C.
En prenant part à la lutte armée contre le fascisme hitlérien et mussolinien pendant la guerre, les Albanaises ont gagné le droit à l'existence politique. En entrant massivement dans la production, elles ont acquis, avec le pouvoir économique. Enfin, elles se sont attaquées à la tradition musulmane et patriarcale en se lançant dans la lutte idéologique. À partir d'enquêtes, d'interviews et discussions avec des femmes albanaises, Annick Miské retrace les étapes de leur lutte et donne des éléments factuels et chiffrés sur leur situation. Si l'intégration des femmes dans tous les secteurs de la production et des responsabilités politiques va de pair avec la construction des crèches et des écoles, avec la liberté de la contraception et de l'avortement, pour les Albanaises, le travail politique consiste aussi à remettre en cause les schémas traditionnels du pouvoir masculin, par une pratique de discussions au sein de la famille et des quartiers.
« Comme le temps où j'ai écrit Des Albanaises paraît éloigné ! C'était bien avant la chute du fameux mur de Berlin. [...] Il serait vain aujourd'hui de rechercher les Albanaises rencontrées alors. Leur démarche, dans une société sortant à peine d'un patriarcat sans concession, reste néanmoins intéressante à méditer. Bien sûr, ce livre a été écrit au siècle précédent, à une période militante, euphorique, presque insouciante, où l'autre était l'objet d'une attention particulière. Il est difficile d'imaginer l'idéalisme contagieux qui animait les féministes de la décennie 1970, leur volonté de tout changer, mais aussi d'être à l'écoute, d'apprendre ce qui se passait ailleurs pour en tirer des enseignements utiles. » A.M.
« Elle écrit un livre avec du sang et une plume sergent-major. L'écriture est brun foncé. Elle montre le texte à l'homme. Elle se réveille. Il ronfle doucement. Elle met le ronflement dans son ventre. Ça pourrait faire un bébé, pour quelques instants. Ça ronronne, ça caresse, l'homme tousse. Elle expulse.
L'intérieur du corps est enfin vide, bien raclé. Il est possible d'y tendre une grande toile d'araignée. De la crête iliaque à l'apophyse coracoïde, de la cavité glénoïde à la symphyse pubienne, l'anatomie détient des noms doux et croquants. Les fils sont tissés. Maintenant il faut attendre que les mots viennent s'y prendre. Elle guette. Il faudra attendre plus de neuf mois. [...] Elle attend. Souvent les mots avortent. Quelques-uns naissent. [...] Cri après cri, année après année, travaillée au corps à corps, l'écriture se condense en texte où une femme tente de dire. À un homme, des hommes, des femmes. » C.P.R.