Filtrer
nathalie castagne
-
Texte précieux pour les adorateurs de L'Art de la joie, Les Certitudes du doute clôt le cycle autobiographique que Goliarda Sapienza avait intitulé Autobiographie des contradictions.
Les Certitudes du doute est le récit de la relation passionnelle que Goliarda Sapienza eut, au début des années1980, avec une jeune femme révolutionnaire rencontrée en prison. Ensemble, elles vont parcourir Rome, une ville prise entre le poids de son histoire et la désolation de la modernité marchande.
Les Certitudes du doute dévoile aux lecteurs une nouvelle facette de Goliarda Sapienza, celle d'une femme éprise, qui fait des rues et des sous-sols romains le théâtre de ses émotions. Après
Moi, Jean Gabin, qui narrait son enfance en Sicile, et
L'Université de Rebbibia, récit de son séjour carcéral dans la prison de Rome, ce nouveau récit clôt le cycle autobiographique que Goliarda Sapienza avait intitulé
Autobiographie des contradictions. Le texte, précieux pour les adorateurs de
L'Art de la joie (on y découvre combien la personnalité sensible et généreuse de l'auteur a pu s'insuffler dans celle de son héroïne Modesta, et ce qu'elle a pu y fondre de désirs inassouvis et de soif d'absolu) est le témoignage d'un être qui n'a jamais cessé de remettre en question sa vie et le monde qui l'entoure. Ancrée dans son siècle autant que farouchement décidée à échapper aux embrigadements de toutes sortes, Goliarda nous donne une nouvelle leçon de vie.
" Goliarda Sapienza évoque la relation passionnelle qu'elle entretint avec Roberta, une jeune révolutionnaire toxicomane liée aux Brigades rouges. Roberta avait tout d'une danseuse "qui ferait des gestes début de siècle', et elle était une petite crapule - elle était la "Vie', nous dit Sapienza. "
Véronique Ovaldé, Le Monde
" Retrouvant Roberta, la tête lui tourne tant Goliarda Sapienza la désire. En plus de nous promener dans Rome, d'en restituer les sons, la lumière, le texte enregistre la fébrilité de l'auteur et sa maladresse. Il n'en est que plus hospitalier pour le lecteur. "
Virginie Bloch-Lainé, Libération -
Vies, morts et renaissances de Goliarda Sapienza
Nathalie Castagne
- Le Seuil
- 3 Mai 2024
- 9782021563788
Romancière, Goliarda Sapienza (1924-1996) a eu une vie qui s'apparente à un roman. Sa traductrice nous propose, à travers le portrait passionné d'une femme hors du commun qui a traversé le XXe siècle, la genèse d'une oeuvre vibrante de ferveur et une aventure éditoriale très singulière. Elle nous raconte les vies (militante, actrice, délinquante, prisonnière, enfin romancière), les morts (la prison, les tentatives de suicide, l'obscurité) et les renaissances (la passion de l'écriture et le triomphe posthume) de cette personnalité qui va devenir une icône littéraire et féministe. Enfant de famille recomposée et révolutionnaire, Goliarda Sapienza a grandi dans le bain de l'engagement socialiste, de la fréquentation des déshérités. Elle est tôt passée d'une Sicile dont l'empreinte la marque définitivement à Rome où elle devient comédienne de théâtre et actrice de cinéma. Elle vit et collabore avec le cinéaste et responsable du Parti communiste italien, Francesco Maselli. Mais sa grande affaire sera son oeuvre, commencée avec des poèmes et des textes autobiographiques. Après plusieurs publications et des carnets intimes, c'est dans son grand roman, L'Art de la joie, et dans son héroïne, Modesta, qu'elle met l'essentiel de sa vie et de ses aspirations, jusqu'à sa mort, solitaire, malgré le soutien sans faille de son second compagnon Angelo Pellegrino, de vingt ans son cadet. Ce chef-d'oeuvre fut partout refusé en Italie. Ce que réparera la traduction posthume en français qui obtient un succès phénoménal jamais démenti jusqu'à ce jour, permettant une réhabilitation spectaculaire de Goliarda Sapienza dans son pays et sa notoriété mondiale.
-
Goliarda Sapienza face aux démons de son passé : cette Lettre ouverte est le premier livre de Goliarda Sapienza, celui où elle règle les comptes de son histoire familiale et devient écrivain. Publié en 1967, Lettre ouverte paraît l'année même où commence l'écriture de L'Art de la joie.
Acculée par ses contradictions, ses traumatismes et ses peurs, Goliarda Sapienza a décidé de faire face et de se confronter aux chaos de son passé.
C'est cela que nous propose avant tout
Lettre ouverte, la conscience d'un conflit intérieur majeur et la volonté de le surmonter. Peu importe si cette aventure oblige Sapienza à couper les ponts avec le monde culturo-bourgeois qui était le sien jusqu'alors, si elle la laisse cloîtrée chez elle, l'écrivaine ira jusqu'au bout :
" Je me trouve maintenant avec les tiroirs ouverts débordant de lettres, de photographies. Des rubans, des chemisiers, des livres en tas en plein milieu de la pièce, par terre ; la porte crucifiée par l'échelle que le concierge m'a prêtée. Je ne pourrai plus sortir. Je resterai ensevelie entre le divan et la porte. "
Lettre ouverte a d'abord été publié en 2008 par les éditions Viviane Hamy, au sein d'un recueil intitulé
Le Fil d'une vie. Pour cette nouvelle édition, la traductrice a entièrement révisé sa première traduction, forte de sa connaissance des oeuvres découvertes par la suite et des singularités - si grandes - de la langue de Goliarda Sapienza. -
La poésie de Goliarda Sapienza, inédite et en version bilingue
Un recueil qui rassemble pour la première fois les poèmes de l'auteure de
L'Art de la joie (plus de 100 000 exemplaires vendus), dans une édition bilingue.
Les poèmes rassemblés dans ce recueil ont été rédigés principalement dans les années 1950 et correspondent aux premiers écrits connus de Goliarda Sapienza. Comme
L'Art de la joie, ils furent rejetés par les éditeurs italiens et abandonnés dans la pénombre d'une malle. Ce n'est qu'en 2013, soit près de vingt ans après la disparition de l'auteure, qu'ils furent publiés en Italie.
L'intensité du destin mélancolique et le désir qui habitent Goliarda Sapienza éclairent d'un jour plus profond l'ensemble de son oeuvre si singulière. On y retrouve, de façon bouleversante, convoquées par sa voix lyrique, les figures décisives de ses parents et la mythologie personnelle sur laquelle se déploiera sa vie par la suite.
Nous avons choisi de publier
Ancestrales dans une édition bilingue, puisse ce livre faire ainsi mieux prendre conscience aux lecteurs de la beauté de ces poèmes, à la fois gemmes et germes de l'oeuvre de Goliarda Sapienza. -
En 1976, Goliarda Sapienza en a fini avec l'écriture de
L'Art de la joie : dix ans de sa vie viennent de trouver leur conclusion. Réduite à une grande précarité financière, l'écrivaine ressort de cette aventure épuisée.
Commence alors pour elle, tout d'abord de façon anodine, le projet d'écrire au fil des jours ses pensées dans un carnet. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle poursuivra ce projet durant vingt ans, jusqu'à sa mort en 1996, remplissant ainsi près de 8 000 pages réparties sur plus d'une quarantaine de carnets.
Et c'est un chemin de vie, fuyant l'arrogance des certitudes, qu'elle choisit d'emprunter et que l'on voit se dessiner au gré des pages, à mille lieues de toute sensiblerie : " Si tu ne travailles pas, ça veut dire que tu es une conne comme tant d'autres, qui lisent des choses, en tirent des idées de vie positives et puis n'en font rien. Et toi, Goliarda, l'histoire de Modesta, tu l'as lue, ou pas? Apprends d'elle, et suis ton chemin. " (
Carnets, janvier 1979)
Exceptionnel par son ampleur et sa vérité, ce journal est désormais considéré en Italie comme l'autre grand chef-d'oeuvre de Goliarda Sapienza. -
Après le livre sur Berthe Morisot (2021), Pagine d'Arte accueille un nouveau texte d'Elisabetta Rasy, cette fois sur la vie et l'oeuvre de Suzanne Valadon. Au départ, tout oppose ces deux artistes. La première, née dans la familiarité des poètes et des artistes, a toujours été entourée et suivie par des maîtres qui ont su stimuler son talent ; Suzanne Valadon, au contraire, est née en province de père inconnu et dans une situation familiale d'extrême précarité. Enfant, sa mère l'emmène à Paris où le village de Montmartre promet du travail... et l'enfant qui refuse l'école deviendra modèle avant de passer de l'autre côté du chevalet : sa place est devenue rapidement celle du peintre. Habituée à défier l'ordre établi, Suzanne Valadon quitte son rôle de modèle et s'invente artiste, écartant des obstacles de tout genre. Mais sa persévérance lui permettra de connaître, encore en vie, la reconnaissance de son oeuvre, notamment de la part d'artistes comme Toulouse-Lautrec. Son fils unique, Maurice Utrillo, toujours soutenu dans son art et son talent par sa mère, deviendra à son tour un peintre reconnu. Entre difficultés et extravagances, comme le souligne bien Elisabetta Rasy dans son texte, Suzanne Valadon et Maurice Utrillo ont su créer leur place dans l'histoire de la peinture.
-
Goliarda Sapienza, telle que je l'ai connue est le témoignage émouvant de celui qui a été le dernier compagnon de Goliarda Sapienza et qui, après sa mort, a sauvé son oeuvre de l'oubli. Lui-même comédien, écrivain, traducteur et éditeur, Angelo Maria Pellegrino dirige désormais en Italie l'édition des oeuvres complètes complètes de Sapienza au sein des prestigieuses éditions Einaudi. Son texte, inédit, est adressé aux lecteurs français, qui ont été les premiers a reconnaître l'importance de Goliarda Sapienza. On y découvre avec des mots empreints d'amour les arcanes d'une des personnalités les plus singulières de la littérature contemporaine. Se dessinent l'univers hors norme de l'enfance de Sapienza, ses convictions politiques, ses errances, ses indignations, ses contradictions et les mouvements d'une vie qui la plongèrent dans les désespoirs les plus profonds comme les joies les plus minérales. Goliarda Sapienza voulait que la littérature et la vie se rejoignent, ne fassent qu'un. Grâce au témoignage de son ultime compagnon, on comprend à quel point cette exigence la poussa au plus loin de l'existence et de cette phrase qu'elle écrivit dans l'un de ses livres : «Qu'est ce que la beauté, sinon de la cohérence ?»
-
Elisabetta Rasy invite le lecteur à une rencontre inattendue avec Berthe Morisot, dont elle raconte l'immense talent et son indépendance par rapport au contexte de sa famille et de son époque. Née en 1841, l'artiste fréquente très tôt les milieux artistique et intellectuel parisien. Elle y côtoie la famille Manet, mais aussi Degas, Mallarmé, Renoir, Claude Monet et Zola. Les cours de dessin de Berthe et de sa soeur Emma répondent aux exigences d'une bonne éducation.
Berthe poursuit sa formation et devient l'élève de Corot. Impressionné par la figure austère et séduisante de Berthe, Édouard Manet dessine et peint de nombreux portraits de l'artiste. Elle, de son côté, restera toute sa vie fascinée par la peinture de Manet, devenu son beau-frère à la suite de son mariage avec Eugène Manet, de qui elle aura une fille, Julie. Grâce à son talent et à sa détermination, Berthe Morisot sera reconnue, avec Mary Cassat, comme une des rares peintres impressionnistes. Paul Valéry, devenu par la suite de sa famille, est l'auteur de plusieurs textes sur l'artiste.
-
Rhapsody in blue : des mots sur la musique de George Gershwin
Nadia Campanotta, Serena Piazza
- Pagine D'Arte
- 22 Octobre 2021
- 9788894904437
Pagine d'Arte propose un livre qui associe, comme souvent, les mots et les images: le texte de Serena Piazza - destiné à tout public - est construit parallèlement aux illustrations de Nadia Campanotta. Inspirées par la musique de George Gershwin - le grand compositeur et pianiste américain (1898-1937) - l'écrivaine et l'artiste imaginent les débuts du grand musicien dans la New York des années 20 et au sein d'une famille de juifs russes immigrés aux États-Unis, pour qui la musique constitue une présence régulière. L'arrivée en famille du premier piano, destiné à son frère aîné, Ira - va permettre à George de révéler ses grands talents de musicien. Ce livre raconte une spéciale journée de Gershwin :
Celle d'une promenade dans New York et de l'agacement (la fureur même) parce qu'on a annoncé un concert avec une oeuvre qu'il n'a pas encore écrite... celle de la rencontre d'une jeune femme dont il tombe amoureux.. une journée où il éprouve une forte envie de composer et où, à son retour précipité devant sa porte, il la trouve fermée...
-
-
L'ambition d'Adriano Olivetti (1901-1960) est celle de créer une activité industrielle moderne, dans le cadre d'une vision humaniste et du respect du travail de ses collaborateurs. Il est sensible aux relations sociales et en même temps attentif à la communication d'entreprise. Olivetti essaie de rénover l'esprit de la culture italienne en modernisant le monde du travail. Le fascisme brise son espoir d'un socialisme modéré et l'oblige, en tant que juif, à se réfugier en Suisse en 1944. Il accomplie un tour industriel aux Etats-Unis où il étudie le passage de la production de la phase mécanique vers le nouveau modèle de l'électronique.
Homme de pensée et homme d'action, Adriano Olivetti a inventé une icône mondiale en créant sa mythique machine à écrire Lettera 22. Proche de Denis de Rougemont, il s'engage dans la défense d'un idéal mouvement fédéraliste pour l'Europe. Sa vision performante et humaniste du monde du travail en pleine évolution, est ici proposée pour la première fois en français. Adriano Olivetti était persuadé que les racines de l'être humain se trouvent dans la nature : il insiste sur la responsabilité de l'homme vers l'environnement et propose une société nouvelle à la mesure de l'homme.
-
Contenu du livre. Ce sont les frères Piccolo (un peintre et un poète, Casimiro et Lucio), amis intimes de la famille Lampedusa, qui ont laissé dans leurs papiers ces lettres imaginaires que l'auteur du Guépard leur a toutefois effectivement envoyées entre 1925 et 1930. Lampedusa (né en 1896 et mort en 1957) avait donc moins de trente ans. Ces textes facétieux et poétiques (signés le « Monstre ») révèlent de l'écrivain sicilien une facette inattendue, dans l'humour caustique, dans la verve. Moins inattendues sont son extrême érudition et sa curiosité. La grande découverte qu'apporte cette publication (le livre a paru en Italie en décembre 2006, c'est-à-dire près d'un demi-siècle après sa mort) est que Lampedusa n'est pas un écrivain de la maturité, mais que dès sa jeunesse, il avait une vocation littéraire profonde. On doit lire ces lettres comme un tableau de la Sicile, et de Palerme en particulier, à travers l'Europe : l'écrivain, en effet, feint d'être une sorte de Candide ou plutôt d'auteur des lettres persanes de Montesquieu qui décrit, pour des amis restés en Sicile, Londres, Paris, puis l'Allemagne, la Suisse et la Russie. Mais les références culturelles sont nombreuses : Proust qui vient de mourir, Dickens, Chesterton sont en quelque sorte les modèles plus ou moins conscients de cette série de portraits, situés dans le milieu des ambassades, mais aussi dans des milieux intellectuels ou populaires. La lecture très vivante annonce déjà le ton de certains passages du Guépard et l'on sent dans ces lettres un tempérament à la fois ironique et
désabusé et une grande poésie. La Sicile, on l'a souvent dit, est nourrie du xviiie siècle : aussi est-ce essentiellement aux écrivains anglais du « Grand Tour » que l'on pense. C'est également un document exceptionnel sur la période du début du fascisme et de celle qui annonce la montée du nazisme en Allemagne. Lampedusa était alors un aristocrate curieux, mais il était loin d'être antifasciste. Les comptes-rendus d'exposition ou les descriptions architecturales sont également très intéressantes : il ne s'agit jamais de simples analyses objectives, mais il y a, outre l'érudition, un esprit sarcastique, provoquant, avec d'innombrables plaisanteries et allusions à des personnages en vue (éclairées dans les notes) de la société palermitane.
En quelques mots. On sent combien Lampedusa s'est nourri de culture anglo-saxonne (Kipling, Wilde). C'est un livre qui aurait eu sa place naturelle dans la bibliothèque idéale de Borges, pour donner une idée générale de ce type d'ouvrage qui ne doit pas être lu comme une simple correspondance, mais plutôt comme une sorte de témoignage poétique et reconstruit, un peu aussi du type de la collection « Temps retrouvé » au Mercure.
L'auteur. Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896-1957) est l'auteur du Guépard.
-
Figures de la mélancolie réunit huit brefs essais sur l'art à travers lesquels le lecteur retrouve d'incontournables chefs-d'oeuvres : Goya, Turner, Hopper entre autres artistes des cultures française et italienne dans une lecture associée à des concepts comme le paysage, le pathos, la vanité ou la lumière : "Des années plus tard, quelques impressionistes français (...) se décrivent acharnés à saisir 'les phénomènes fugaces de la lumière'. En 1799, Turner réalise la série d'aquarelles consacrées à l'abbaye de Fonthill saisie en différents moments de la journée, c'est-à-dire de la luminosité ; Claude Monet, un siècle environ plus tard, fera la célébrissime série La Cathédrale de Rouen avec toutes les possibles variations de lumière (...). En l'espave de cent ans... la lumière de la modernité se définit aussi comme la lumière de la précarité. Lumière sécularisée d'un monde désacralisé..."
-
Balthus à contre-courant
Costanzo Costantini
- NOIR SUR BLANC
- Conversations Avec...
- 23 Août 2001
- 9782882501059
Balthus fut un peintre rare.
Rare par son talent si singulier, par sa vision de la peinture, par son refus de suivre les modes. Rare aussi par sa légendaire discrétion, cette réticence profonde à parler de son oeuvre. Dans ce livre d'entretiens commencés en 1989, et se déroulant sur une douzaine d'années, on peut enfin entendre la véritable voix du peintre. De Paris à la villa Médicis à Rome, sans oublier la maison de Chassy et les montagnes suisses, Balthus a vécu dans des cadres privilégiés, connu des personnages brillants, sans jamais renoncer à ses certitudes intimes ni hypothéquer son art.
Un art dont il parle ici avec finesse et émotion.
-
En 1947, la famille Maraini revient en Sicile, après une longue détention dans un camp de concentration japonais (voir Le bateau pour Kôbé). Ce livre de souvenirs d'enfance, Dacia Maraini (longtemps compagne d'Alberto Moravia) l'a écrit en 1993, c'est-à-dire avant Le bateau pour Kôbé. Ce fut un de ses plus gros succès de librairie. Elle y raconte son retour dans un environnement qu'elle ne connaissait pas (elle était partie à un an pour le Japon). C'est un très beau portrait de son père, l'anthropologue Fosco Maraini (alors que le Bateau
est consacré à sa mère, surtout). Et c'est la description très sensuelle de la Sicile. Comme dans ses autres livres, Dacia Maraini mêle des descriptions très subjectives et affectives, à des analyses plus intellectuelles et sociologiques : elle procède ici à un véritable tableau généalogique (elle remonte dans le temps, jusqu'à son ancêtre Marianna Ucria, qui lui inspirera un bestseller, du reste). Une famille aristocratique en pleine décadence, dans une province vouée aux requins spéculateurs. Elle décrit la corruption de ce monde peu
scrupuleux. Mais la partie la plus intéressante du livre concerne la famille (notamment les tantes de l'auteur) et des souvenirs personnels (dont quelques scènes sexuelles traumatisantes avec des adultes). C'est un livre très personnel, mais aussi une approche historico-politique de la Sicile. Le style en est très agréable à lire, très fluide, tout en étant littéraire et en constituant un témoignage très singulier et très bien informé sur l'évolution de la Sicile depuis la dernière guerre mondiale.
-
Vies, morts et renaissances de goliarda sapienza
Castagne Nathalie
- Points
- Points Document
- 3 Octobre 2025
- 9791041425525