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"De temps à autre.
Les nuages accordent une pause.
à ceux qui contemplent la lune".
Bashô.
Le haïku, admirablement mis en lumière par Yves Bonnefoy dans sa préface, est un poème en trois vers dont l'origine est presque aussi ancienne que la poésie japonaise traditionnelle. Parmi les nombreux auteurs présents dans ces pages, quatre grands noms, qui ont ponctué l'histoire du haïku, se détachent: Bashô (1644-1694), Buson (1715-1783), Issa (1763-1827) et Shiki (1866-1902).
À l'égal des autres arts du Japon, tels que l'arrangement des fleurs, l'art des jardins, le tir à l'arc ou le théâtre Nô, le haïku est beaucoup plus qu'un poème sur un instant privilégié. Ce qu'il propose est une expérience proche du satori ou de l'illumination. -
Opus incertum Tome 7 : Mars 1995-septembre 1997 ; La voix de l'érable
Roger Munier
- Éditions Arfuyen
- Les Cahiers D'Arfuyen
- 6 Mars 2025
- 9782845903876
Ce livre est le 7e volume de l'oeuvre d'une vie : l'Opus incertum, que Roger Munier a commencé à écrire en 1980 et n'a interrompu que quelques jours avant sa mort le 10 août 2010. oeuvre totale, à la fois philosophique, spirituelle et poétique, qui ne peut se comparer dans l'histoire des littératures qu'à celle d'un Montaigne, d'un Joubert ou d'une Emily Dickinson. Les éditions Arfuyen ont commencé de publier Roger Munier en volume dès 1980, l'année même où il commence à écrire son Opus incertum. À sa demande elles ont repris le flambeau de on édition en 2007 (Les Eaux profondes. Opus incertum V) lorsque Gallimard s'est retiré du projet. À l'occasion de leur 50e anniversaire, les Éditions Arfuyen ont décidé de se lancer dans l'édition intégrale de l'Opus incertum : plus de 2000 pages, qui paraîtront en huit gros volumes sous la direction conjointe de Jacques Munier et Gérard Pfister. Singulier projet que celui de Munier, immense chantier patiemment mené année après année pour capter un peu de ce qui fait l'essentiel de notre destinée de vivants : « Une autobiographie, mais qui ne serait faite que des moments impersonnels où l'être s'est senti traversé. » Avec la même intransigeante lucidité et la même sereine obstination qu'un Montaigne, Munier s'essaie à écrire ce qui sans cesse, en même temps que la vie, lui échappe : « Je fais, dans ces notes, un demi-pas vers l'inconnu - mon inconnu ou l'inconnu - parfois un autre moindre encore, parfois un pas en retrait. Mais peu à peu j'avance dans l'incertain. Au total j'avance. »
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Le parcours oblique
Roger Munier
- Les Compagnons D'Humanite
- Bibliotheque De L'existence
- 21 Septembre 2023
- 9782493296177
Comme une exploration du visible, une rencontre du sensible, Le Parcours oblique est un chemin sur lequel se rencontrent la puissance du langage et celle du monde. Navigation poétique et philosophique, cet essai singulier se compose de voix plurielles qui toutes se font l'écho d'une dimension oubliée qui résonne encore au contact du verbe. Comme des variations poétiques, les textes qui composent cet ouvrage (« Du commencement », « Le parcours oblique », « Face à face », « La déchirure », « Le pays », « Du silence ») nous initient à la poésie de Char, de Reda, Guillevic, Rilke, de Bonnefoy et de Rimbaud. Commencer un tel Parcours, c'est plonger aussitôt dans la présence du monde que seule la poésie fait sentir :
« L'art donne figure. La poésie, dans l'attention qu'elle impose à une voix issue du fond, du sommet, de partout, de nulle part, perçue néanmoins dans l'ici le plus instant, est vécue comme un saisissement. Une dimension des choses se rend présente, une hauteur, une profondeur, comme un axe qui les traverse. [...] Que se passe-t-il? Probablement ceci : le monde se lève en son présent. Il se ramène à son commencement... » (R. Munier) -
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J'attends, je n'attends vraiment, je n'attendrai jamais que Le Visiteur qui jamais ne vient, du Vishnu Purana.
Cette attente est ce que je dis ici. Elle prend d'innombrables formes. Car le Visiteur qui jamais ne vient peut et doit être attendu en tout. Il n'est réel qu'en cette attente, mais il est réel alors : en elle, pour ainsi dire, il vient. Il est le sens qui se diffère, l'espoir ou la vision qui s'offrent autant qu'ils se dérobent, la sérénité, en un mot, de l'attente quin'est qu'attente mais s'illumine comme attente.
Le Visiteur qui jamais ne vient est le tissu même de nos jours.
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«Opus incertum est un terme d'architecture désignant un mode d'assemblage de pierres irrégulières s'enchâssant les unes dans les autres, de manière à former un tout continu : dallage extérieur, mur ou soubassement de façade. Il s'applique assez bien à l'ensemble de pensées au jour le jour ici réunies. Elles s'ajoutent les unes aux autres dans un certain désordre, mais qui n'est pas sans un mouvement secret gouvernant leur venue, comme un dallage qui peu à peu s'ébauche. Mais l'opus évoqué est aussi incertain, cette fois au sens second du terme. Il n'est qu'en marche et parfois dans la nuit. Non pourtant sans quelque lueur, au passage. Joubert le laisse entendre, lorsqu'il écrit de ses propres pensées : "Locke dit que 'les maximes n'éclairent pas'. - Non, mais elles guident, elles dirigent, elles sauvent aveuglément."» Roger Munier.
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«Le monde humain est un domaine gardé. Nous y évoluons suivant nos humeurs, avec prudence ou folie, mais sur une aire balisée. C'est le territoire habitable où nous sommes chez nous. Mais ce territoire a des marges, des confins indécis où le réel accoutumé n'a plus la même assiette. C'est une incursion dans certaines de ces marges que ce livre propose. Elle peut permettre à une autre dimension des choses d'affleurer, que masque le plus souvent le cadre étroit de nos conduites. Le Paradis n'est peut-être fermé que parce qu'un monde clos commence à ses portes. Qu'on sorte de l'enceinte et ce monde peut redevenir matière d'extase, départ d'extase...» Roger Munier.
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«Le su est ce qu'on sait ou croit savoir. L'insu est ce qui nous échappe, hors du su, mais aussi bien en lui. Le su qui nous entoure est notre appui dans l'incertain. Mais il n'est que de surface. Seul l'insu touche à la profondeur. C'est lui que j'interroge au long des jours, en tentant de relever ses traces dans le quotidien le plus banal ou dans ces instants soudains qui ébranlent notre présence au monde. Retrouver cet insu enfoui, le déchiffrer dans le su lui-même, hors du rassurant savoir, me semble être la première, sinon la plus sûre tâche de la littérature.» Roger Munier.
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Le contour, l'éclat
Roger Munier
- Les Compagnons D'Humanite
- Bibliotheque De L'existence
- 23 Mars 2023
- 9782493296092
L'oeuvre de Roger Munier est inédite. Au croisement du poétique et du philosophique, il nous laisse témoin d'une parole où le réel lui-même, comme de l'intérieur, semble vouloir se dire.
Dans ce magnifique texte, l'auteur nous plonge dans les vacillations de l'existence; au seuil de notre finitude la voix du poète-philosophe en dessine les contours, ravinement du Rien qui appelle et laisse résonner l'éclat, une déflagration : il y a.
« Ce qui, dans il y a, est pour une conscience, c'est le y seul, soit la présence d'un présent par elle circonscrite, enclose dans le périmètre que sa prise délimite. La conscience est fragmentaire. Elle n'atteint jamais, et sous un certain angle, qu'un domaine restreint d'il y a : ce qui par elle et pour elle est là. Or, ce qui me requiert, c'est justement le reste, ce qui n'est pas dénombré, situé, non seulement le reste de tous les là explorés, le reste hors de tout là, mais le reste à l'intérieur du là même, ce qui au fond de tout là exploré est l'inexploré et comme tel l'inexplorable. Ce reste qui me nie, s'il est vrai que je ne suis moi que par l'approche partielle qui l'avoue nécessairement comme reste, est l'élément où se déploie proprement il y a. C'est peu de dire que je n'ai pas de prise sur lui. Il m'exclut, en quelque façon me réfute - pour autant que je suis et demeure conscience, intériorité, dedans. Pour autant que je reste je sans plus. Mais alors où est l'issue? En me rendant anonyme et simple, en me ramenant moi-même au niveau d'il y a. » (R. Munier) -
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Être et son poème (L') : Essai sur la poétique d'André Frénaud
Roger Munier
- Encre Marine
- 11 Janvier 1993
- 9782909422046
André Frénaud est sans doute le poète le plus métaphysique de sa génération. Non que sa poésie soit plus qu'une autre chargée de pensée, même si les préoccupations éthiques y sont plus manifestes qu'ailleurs. C'est sa démarche poétique elle-même qui se révèle métaphysique, dans la mesure où tout poème de Frénaud, quels qu'en soient presque le contenu ou l'intention, est en son fond poème de l'être.
Le présent essai tente de dégager cette dimension ontologique de l'oeuvre du poète. Elle est strictement poétique, non philosophique et encore moins dialectique. On a cru déceler en elle un héritage hégélien. Il me semble plus vrai d'y retrouver un écho heideggérien, même s'il ne s'agit là que d'une rencontre, non d'une reconnaissance explicite. La pensée poétique de Frénaud s'affirme, en tout cas, comme l'une des plus fortes et originales de ce temps. -
Pessoa ou l'inconnu personnel
Octavio Paz, Juan Soriano, Roger Munier
- Fata Morgana
- 6 Mai 1998
- 9782851944467
Dans cet essai pénétrant sur Fernando Pessoa, Octavio Paz éclaire les relations complexes qui unissent et distinguent la vie et l'oeuvre, l'être profond et la mise en scène des hétéronymes, enfin le poète et son "identité perdue". Ce texte, illustré de dessins originaux de Juan Soriano, peintre mexicain ami de Paz, constitue non seulement une approche originale de l'oeuvre du poète portugais, mais également un précieux témoignage sur l'auteur qui, interrogeant le destin d'un poète, interroge aussi le sien.
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Roger Munier a cette élégance, qui est peut-être celle de la maturité, d'atteindre au plus profond sans rien céder à la sentence ou à l'emphase. Les brèves réflexions qui composent ce volume n'ont rien du clinquant aphorisme : elles sont l'empreinte d'une pensée en mouvement, où le poème et le syllogisme se mêlent et s'éclairent.
Nada est le quatrième titre de Roger Munier à notre catalogue. -
Après une longue formation chez les Jésuites, avec Jean Mambrino, Roger Munier a renoncé à entrer dans la Compagnie de Jésus pour se consacrer à des études philosophiques. Aujourd'hui âgé de 84 ans, il est l'un des écrivains les plus admirés et les plus secrets de notre époque. Un film vient de lui être consacré par Patrick Zeyen, « Roger Munier, le Visiteur », qui sera présenté le 21 octobre 2008 à la Maison de la Poésie à Paris.
À travers ses nombreux livres, Roger Munier a poursuivi une méditation permanente sur notre rapport à Dieu et au Divin. Des ouvrages comme Exode, Dieu d'ombre ou Adam, tous trois parus aux Éditions Arfuyen, ont été des éléments de cette recherche. Il ressent aujourd'hui le besoin de témoigner de son expérience spirituelle sous une forme plus personnelle et plus directe. C'est pourquoi ce livre paraît dans la collection des Carnets spirituels, comme un témoignage profondément contemporain sur la foi d'un homme qui a vécu en étroit compagnonnage avec les Écritures et manifeste aujourd'hui sa manière, profonde et paradoxale, de les vivre.
Pour un psaume : le titre choisi par Roger Munier signifie bien son propos. Il s'agit, modestement, de rassembler des éléments pour une louange, une célébration. En épigraphes deux citations très significatives. La première, de Maître Eckhart : « Tant que l'âme a un Dieu, connaît un Dieu, sait un Dieu elle est loin de Dieu. C'est pourquoi c'est le désir de Dieu de s'anéantir Lui-même dans l'âme, afin que l'âme se perde elle-même. » La seconde, de Mère Teresa : « On me dit que Dieu m'aime - et pourtant la réalité des ténèbres, du froid et du vide est si grande que rien ne touche mon âme. » Dans un bref avant-propos, Munier présente ainsi son ouvrage : « Chacun des fragments ici réunis peut être entendu comme l'ébauche ou la forme en creux d'un verset d'une autre louange. Issue de nos ténèbres, cette louange peut se laisser aisément pressentir. Elle partira d'un constat : celui de la ''mort'' annoncée de Dieu. Mais de quel ''Dieu'' s'agit-il en l'occurrence, sinon d'un Dieu fait de nos désirs et de nos seuls élans, d'un Dieu qu'on pourrait qualifier de ''Dieu des hommes''. Sur cette base reconnue, la louange à venir n'aura d'autre horizon que l'absence amère, mais irradiée en elle-même, du Dieu divin. » La « mort de Dieu » annoncée par les penseurs de la modernité n'était que celle du « Dieu des hommes ». Le « Dieu divin » est bien vivant et proche de nous. C'est précisément à cause de cette extrême proximité que nous ne le voyons pas. Nous voulons le saisir par la pensée, et c'est absolument impossible : « Dieu est si inconcevable que par instants je cesse de croire en Lui. Pourquoi, touchant Dieu, la pensée du monde est-elle à ce point dans l'écart, pourquoi a-t-elle, quand elle s'exerce, un tel pouvoir de dérive ? » L'orgueil des modernes a été de prétendre tout réduire à la raison. Mais, note Munier : « À partir du moment où l'on reconnaît, qu'il y a de l'inconnaissable, quelle objection peut-on faire à Dieu ? Qu'on l'avoue, il n'y a plus qu'un léger pas vers l'adoration. » De ce point de départ Roger Munier pousse sa méditation vers une approche intime et adorante de Dieu qui trouve dans l'expérience même de son ignorance et son indignité le fondement d'une relation forte et vraie.
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Écrire, résister : Précédé de N. N. (Nacht und Nebel)
Violette Maurice, Jean-Baptiste Gourinat, Jean-pierre Charcosset, François Cheng, Charles Vacher, Claude Montserrat-cals, François Dagognet, Robert Damien, Françoise Dastur, Roger Munier, Henri Maldiney, Jean Salem
- Encre Marine
- 1 Janvier 2002
- 9782909422558
Paul Audi, Olivier Bloch, Idelette de Bure, Jean-Pierre Charcosset, François Cheng, Marcel Conche, François Dagognet, Robert Damien, Françoise Dastur, Natalie Depraz, Jean-Pierre Dieny, Eliane Escoubas, Jacques Garelli, Claude Gaudin, Jean-Baptiste Gourinat, Henri Maldiney, Violette Maurice, Robert Misrahi,Claude Montserrat-Cals, Roger Munier, Daniel Parrochia, Eido Shimano Roshi, Gilbert Romeyer-Dherbey, Jean Salem, François Solesmes, Charles Vacher, pour marquer dix années d'existence d'Encre Marine, ont accepté de décliner, chacun à sa manière, « Écrire, résister ».
Des encres de Michel Denis ponctuent ces contributions. -
Les sept essais-méditations qui composent ce livre sont autant d'approches personnelles pour dire la subtile relation de l'homme et du monde sensible.
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Sous-titré "Opus incertum", terme d'architecture désignant un mode d'agencement des matériaux par assemblage de pierres irrégulières, Roger Munier propose ici la suite de son "ouvrage non délimité", de sa "notation d'instants". Concernant les années 82-83, cet ouvrage reprend donc vingt-quatre mois d'esprit, de traits fugaces et lapidaires sur l'existence. Ce texte vient rejoindre à notre catalogue Si j'habite (1994) et Éternité (1996).
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A un certain âge, il faut se préparer à l'éternité. Ou au néant.
Car on peut aussi se préparer au néant.
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