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Sciences humaines & sociales
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Le parcours oblique
Roger Munier
- Les Compagnons D'Humanite
- Bibliotheque De L'existence
- 21 Septembre 2023
- 9782493296177
Comme une exploration du visible, une rencontre du sensible, Le Parcours oblique est un chemin sur lequel se rencontrent la puissance du langage et celle du monde. Navigation poétique et philosophique, cet essai singulier se compose de voix plurielles qui toutes se font l'écho d'une dimension oubliée qui résonne encore au contact du verbe. Comme des variations poétiques, les textes qui composent cet ouvrage (« Du commencement », « Le parcours oblique », « Face à face », « La déchirure », « Le pays », « Du silence ») nous initient à la poésie de Char, de Reda, Guillevic, Rilke, de Bonnefoy et de Rimbaud. Commencer un tel Parcours, c'est plonger aussitôt dans la présence du monde que seule la poésie fait sentir :
« L'art donne figure. La poésie, dans l'attention qu'elle impose à une voix issue du fond, du sommet, de partout, de nulle part, perçue néanmoins dans l'ici le plus instant, est vécue comme un saisissement. Une dimension des choses se rend présente, une hauteur, une profondeur, comme un axe qui les traverse. [...] Que se passe-t-il? Probablement ceci : le monde se lève en son présent. Il se ramène à son commencement... » (R. Munier) -
Le contour, l'éclat
Roger Munier
- Les Compagnons D'Humanite
- Bibliotheque De L'existence
- 23 Mars 2023
- 9782493296092
L'oeuvre de Roger Munier est inédite. Au croisement du poétique et du philosophique, il nous laisse témoin d'une parole où le réel lui-même, comme de l'intérieur, semble vouloir se dire.
Dans ce magnifique texte, l'auteur nous plonge dans les vacillations de l'existence; au seuil de notre finitude la voix du poète-philosophe en dessine les contours, ravinement du Rien qui appelle et laisse résonner l'éclat, une déflagration : il y a.
« Ce qui, dans il y a, est pour une conscience, c'est le y seul, soit la présence d'un présent par elle circonscrite, enclose dans le périmètre que sa prise délimite. La conscience est fragmentaire. Elle n'atteint jamais, et sous un certain angle, qu'un domaine restreint d'il y a : ce qui par elle et pour elle est là. Or, ce qui me requiert, c'est justement le reste, ce qui n'est pas dénombré, situé, non seulement le reste de tous les là explorés, le reste hors de tout là, mais le reste à l'intérieur du là même, ce qui au fond de tout là exploré est l'inexploré et comme tel l'inexplorable. Ce reste qui me nie, s'il est vrai que je ne suis moi que par l'approche partielle qui l'avoue nécessairement comme reste, est l'élément où se déploie proprement il y a. C'est peu de dire que je n'ai pas de prise sur lui. Il m'exclut, en quelque façon me réfute - pour autant que je suis et demeure conscience, intériorité, dedans. Pour autant que je reste je sans plus. Mais alors où est l'issue? En me rendant anonyme et simple, en me ramenant moi-même au niveau d'il y a. » (R. Munier) -
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Après une longue formation chez les Jésuites, avec Jean Mambrino, Roger Munier a renoncé à entrer dans la Compagnie de Jésus pour se consacrer à des études philosophiques. Aujourd'hui âgé de 84 ans, il est l'un des écrivains les plus admirés et les plus secrets de notre époque. Un film vient de lui être consacré par Patrick Zeyen, « Roger Munier, le Visiteur », qui sera présenté le 21 octobre 2008 à la Maison de la Poésie à Paris.
À travers ses nombreux livres, Roger Munier a poursuivi une méditation permanente sur notre rapport à Dieu et au Divin. Des ouvrages comme Exode, Dieu d'ombre ou Adam, tous trois parus aux Éditions Arfuyen, ont été des éléments de cette recherche. Il ressent aujourd'hui le besoin de témoigner de son expérience spirituelle sous une forme plus personnelle et plus directe. C'est pourquoi ce livre paraît dans la collection des Carnets spirituels, comme un témoignage profondément contemporain sur la foi d'un homme qui a vécu en étroit compagnonnage avec les Écritures et manifeste aujourd'hui sa manière, profonde et paradoxale, de les vivre.
Pour un psaume : le titre choisi par Roger Munier signifie bien son propos. Il s'agit, modestement, de rassembler des éléments pour une louange, une célébration. En épigraphes deux citations très significatives. La première, de Maître Eckhart : « Tant que l'âme a un Dieu, connaît un Dieu, sait un Dieu elle est loin de Dieu. C'est pourquoi c'est le désir de Dieu de s'anéantir Lui-même dans l'âme, afin que l'âme se perde elle-même. » La seconde, de Mère Teresa : « On me dit que Dieu m'aime - et pourtant la réalité des ténèbres, du froid et du vide est si grande que rien ne touche mon âme. » Dans un bref avant-propos, Munier présente ainsi son ouvrage : « Chacun des fragments ici réunis peut être entendu comme l'ébauche ou la forme en creux d'un verset d'une autre louange. Issue de nos ténèbres, cette louange peut se laisser aisément pressentir. Elle partira d'un constat : celui de la ''mort'' annoncée de Dieu. Mais de quel ''Dieu'' s'agit-il en l'occurrence, sinon d'un Dieu fait de nos désirs et de nos seuls élans, d'un Dieu qu'on pourrait qualifier de ''Dieu des hommes''. Sur cette base reconnue, la louange à venir n'aura d'autre horizon que l'absence amère, mais irradiée en elle-même, du Dieu divin. » La « mort de Dieu » annoncée par les penseurs de la modernité n'était que celle du « Dieu des hommes ». Le « Dieu divin » est bien vivant et proche de nous. C'est précisément à cause de cette extrême proximité que nous ne le voyons pas. Nous voulons le saisir par la pensée, et c'est absolument impossible : « Dieu est si inconcevable que par instants je cesse de croire en Lui. Pourquoi, touchant Dieu, la pensée du monde est-elle à ce point dans l'écart, pourquoi a-t-elle, quand elle s'exerce, un tel pouvoir de dérive ? » L'orgueil des modernes a été de prétendre tout réduire à la raison. Mais, note Munier : « À partir du moment où l'on reconnaît, qu'il y a de l'inconnaissable, quelle objection peut-on faire à Dieu ? Qu'on l'avoue, il n'y a plus qu'un léger pas vers l'adoration. » De ce point de départ Roger Munier pousse sa méditation vers une approche intime et adorante de Dieu qui trouve dans l'expérience même de son ignorance et son indignité le fondement d'une relation forte et vraie.