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shun medoruma
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« Un jour, la rumeur s'est répandue qu'on entendait le chant d'une femme sur l'îlot-cimetière. L'endroit suscitait régulièrement ce genre d'histoires... »
Dans ces six nouvelles, la légende est comme un recours face à l'étrangeté parfois monstrueuse du monde, sur cette île marquée par la Seconde Guerre mondiale.
Les enfants grandissent sous l'occupation américaine, leurs parents se remettant avec peine de la bataille d'Okinawa, surnommée le « typhon d'acier ». Les sanctuaires des forêts sacrées vibrent des danses et des invocations des prêtresses kaminchu, simples paysannes frappées du don de double vue. Dans l'eau polluée couleur de rouille, seuls des tilapias déformés évoluent encore. Pendant ce temps, Kôtarô, tombé dans un étrange coma, a de nouveau égaré son âme...
C'est de la synthèse entre un fonds de traditions et de croyances toujours vivaces et son enfance sous le joug américain dans le très singulier Japon d'Okinawa que l'univers de Medoruma Shun tire sa puissance évocatrice. -
Tout commence par un jeu d'enfants au pied de l'ancien ossuaire, sur l'air de chiche qu'on grimpe sur la falaise, pour aller voir de plus près le crâne humain qu'on aperçoit d'en bas, et dont tout le monde au village sait bien qu'il gémit sous le vent. Objet sacré, craint et vénéré, le crâne est l'emblème des tragédies humaines vécues pendant la Seconde Guerre mondiale.
De toute la bande, seul Akira a le courage de monter. Et de tout le village, seul Seikichi, le père d'Akira, ose s'opposer à ce que Fujii, journaliste en fin de carrière, vienne tourner un reportage autour de la légende du crâne qui pleure.
L'un et l'autre pourtant sont hantés par un même souvenir : les heures terribles de la bataille d'Okinawa que ni Fujii, enrôlé dans un bataillon de kamikazes à vingt ans, ni Seikichi, enfant pendant la guerre, n'ont oubliées.
Les Pleurs du vent conte la paix retrouvée des âmes - celles des morts comme des vivants.