Ce récit raconte l'histoire véritable que le célèbre naturaliste américain John Muir a vécu avec un chien lors d'une expédition en 1880. Il s'agit d'un des livres les plus célèbres de cet auteur et certainement une histoire de chien les plus connues. On peut en avoir une lecture directe comme un traditionnel récit d'aventure, mais l'intention est plus profonde : il s'agit d'une analyse des relations entre l'homme et l'animal, qui vise à les rapprocher et à montrer finalement qu'ils ne sont pas si différents. Stickeen était au départ un petit chien inamical, mais après avoir survécu à un voyage périlleux à travers un glacier, il évolue et se laisse apprivoiser par l'homme qui constate que nos « frères horizontaux » ne sont pas si différents de nous au fond. Toute sa vie, John Muir conservera un culte particulier envers Stickeen. Il en parla souvent après son expédition, mais il lui faudra près de vingt ans pour écrire son récit et le publier dans une revue. Il remaniera à plusieurs reprises avant de le mettre en livre. Ce récit a souvent fait l'objet de publications illustrées pour la jeunesse. C'est un grand classique qui mérite une édition courante en langue française.
La vie de lady Churchill est aussi palpitante qu'un épisode de la série The Crown !
Issue de l'aristocratie écossaise, elle aurait pu se faire un nom à elle. Mais elle préféra se consacrer à encourager et assister le génie fantasque qu'était son mari, et surtout à lui communiquer son solide équilibre. « Clemmie » lui a littéralement appris à vivre.
Fine, pratique, imperturbable, douée de nombreuses qualités, elle se montra toujours pour lui une conseillère subtile et une compagne éblouissante. Il est peu de dire que sa perspicacité et son ascendant furent des facteurs essentiels dans l'ascension prodigieuse que connut Winston Churchill.
Poigne de fer dans un gant de velours, elle faisait la révérence à la tant décriée duchesse de Windsor mais était capable de tenir tête au général de Gaulle. Elle a traversé presque un siècle d'histoire, surmontant nombre d'obstacles et de tragédies (dont la mort brutale de deux de ses enfants), rencontrant tous les grands de ce monde, à commencer par Staline.
Qui sait à quel point la carrière de sir Winston et même l'histoire du monde auraient été différentes si Clémentine Churchill n'avait fait preuve de tant d'abnégation et d'intuition amoureuse ? Une vie fondée sur une complicité réciproque que l'humour de son couple rendit bien souvent savoureuse.
En 1944 et 1945, Lee Miller a bravé tous les dangers pour participer à la libération de l'Europe. Née dans l'État de New York en 1907, Lee Miller fut un mannequin célébré par les plus grands photographes. Protégée de Man Ray, elle fut un personnage important dans les milieux surréalistes et l'amie de plusieurs grands artistes. Alors qu'elle résidait aux côtés de Roland Penrose en Angleterre lorsque la guerre éclata, elle s'engagea dans l'armée américaine afin de saisir l'expérience extraordinaire qui régnait sur le front. En tenue kaki, proche des soldats de tous rangs, équipée de sa machine à écrire et de son appareil photo, elle participa à toutes les campagnes de libération en France et en Allemagne. Les reportages qu'elle composa à cette époque pour le célèbre magazine Vogue mêlent à la fois urgence et rigueur dans l'observation, implication et distance, tout en conservant un ton d'indépendance qui lui est propre. La présente édition est complétée de photos prises par Lee Miller elle-même durant les opérations. Autant dire qu'il s'agit du témoignage exceptionnel d'une femme en prise avec l'Histoire : le siège de Saint-Malo, la campagne d'Alsace, la découverte d'un camp comme Dachau, la chute de Berchtesgaden. Si le tableau est noir, il y a cependant quelques signes d'espoir comme cette allégresse de la Libération et la joie de retrouver des amis : Colette, Picasso, Cocteau, Éluard ou Aragon.
Ce livre étonnant de récits écrits à chaud et de photos historiques rend hommage à l'immense artiste du XXe siècle que fut Lee Miller.
Oeuvre sacrée à Rome, L'Enéide est l'opus magnum de la culture occidentale avec les textes homériques d'une part, la Bible en son entier de l'autre. Marcel Desportes dans cet effort magistral de translation voyait en Virgile "un Voyant" et sur tous les plans "un devancier", "notre contemporain" permanent. Le genre humain étant le même, ce qui s'offrait à la spéculation de nos ancêtres nous concerne tout aussi pertinemment au troisième millénaire.
Peut-on parler de malédiction ukrainienne ? Les crises succèdent aux crises et l'Ukraine surgit régulièrement dans l'actualité comme un diable de sa boîte et généralement, c'est dans un contexte de catastrophes, de rébellions contre le pouvoir ou de scandales : Tchernobyl, Révolution orange, EuroMaïdan, problèmes gaziers avec la Russie, élections à répétition, corruption, collusions entre oligarques et politiciens, instabilité politique chronique, etc. Tout cela sur fond de divisions et de rivalités persistances entre les deux parties du pays, l'est - globalement tourné vers la Russie - et l'ouest qui regarde l'Union européenne avec les yeux de Chimène Expliquer les raisons de cette situation hors normes en plongeant dans l'histoire récente de l'Ukraine, tel est le propos de l'ouvrage.
Il revient sur l'histoire mouvementé de cet État qui a toujours cherché à exister sans y parvenir de manière durable. Plusieurs questions se posent sur les mythes et les réalités de l'identité ukrainienne. Quelles sont les racines historiques du « peuple ukrainien » ? Et d'ailleurs, un seul peuple ou plusieurs ?
Un chapitre sera consacré à chacune des étapes de la création de l'État ukrainien et à ses différents avatars jusqu'à aujourd'hui.
La deuxième partie traitera des événements qui ont secoué l'Ukraine depuis novembre 2013 et qui, même s'ils n'ont pas dégénéré en guerre civile, ont provoqué l'une des crises internationales majeures en Europe depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
En réalité, il n'y a pas une seule crise mais plusieurs qui s'emboîtent à la manière des matriochki de l'artisanat. Un chapitre sera consacré à chacune d'entre elles, à savoir crise économique, crise politique, crise institutionnelle, crise internationale.
Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de goethe où s'enracine le mythe de faust : l'urfaust (1775), le faust i (1808), le faust ii (1832).
Accompagnée d'un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d'aujourd'hui et lui ouvre des perspectives d'interprétation contemporaines. l'urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. cette pièce caractéristique du xviiie siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c'est une oeuvre autonome. dans le faust i, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde.
Faust signe un pacte avec méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. le héros séduit l'innocente marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. meurtrière de l'enfant, marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine. riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l'empereur, qui revisite l'antiquité classique pour retrouver hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d'abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec méphistophélès le condamnait.
Faust il fait l'inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l'humanisme et l'art goethéens.
Quel genre de voyageur fut J.-K. Huysmans (1848-1907) ? On ne s'attendrait pas à trouver en lui un adepte du tourisme alors naissant. Pourtant il s'est souvent déplacé hors des frontières françaises. Le périmètre européen de Huysmans reste limité à la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, une partie de la Suisse. Comme des Esseintes, il a lui aussi renoncé à passer la Manche. Il n'a d'ailleurs traversé aucune mer, même s'il a fréquenté des ports. Et il n'a passé aucune frontière du Sud. Il admire les Primitifs italiens, mais il n'est pas allé les voir en Italie. Dans En rade, il est allé jusqu'à imaginer un voyage sur la lune. En voyage, Huysmans observe et prend beaucoup de notes, qu'il utilise pour ses articles et ses romans.
Le présent recueil rassemble ses textes principaux qui forment un art du voyage bien singulier où les considérations esthétiques tiennent une part essentielle. Plusieurs lettres, dont certaines complètement inédites, adressés à des proches, complètent l'ensemble et offrent un éclairage inattendu sur l'oeuvre huysmansienne.
Depuis de nombreuses années, Philippe Barascud travaille sur l'oeuvre de Huysmans, dont il a notamment publié Les Mystères de Paris (Manucius, 2009) et sa correspondance avec Cécile Bruyère (Éditions du Sandre, 2009). Il prépare une biographie de l'auteur d'À rebours.
Roman moderniste, roman à clefs, roman épistolaire, roman-journal intime. Et l'un des premiers romans lesbiens. Quand elle écrivit L'Adultère ingénue en 1912, Natalie Barney avait 36 ans et sa légende, la légende de l'Amazone, était en train d'éclore.
Dès les premières lignes de L'Adultère ingénue, Natalie Barney nous indique son dessein, la ligne de son roman : analyser en profondeur le sentiment amoureux. Elle le décortique, ce sentiment, elle le met sous un microscope et nous raconte son développement, ses incertitudes, ses angoisses. Et ses joies et ses triomphes. Elle le fait avec un langage nouveau en rupture avec tout réalisme du XIXe , une écriture, la sienne, parfois informelle où il y a presque un refus de la linéarité au profit d'une structure plus circulaire. Natalie Barney, avec L'Adultère ingénue, peut être considérée l'une des grandes romancières modernistes telles que Gertrude Stein, Djuna Barnes, Mina Loy, Katherine Mansfield, Rebecca West et Marianne Moore.
Dans ce roman précurseur, Natalie Barney introduit des éléments technologiques absolument novateurs et hyper modernes : le téléphone, l'automobile et même l'avion. D'un autre côté, en revanche, et cela justement pour déstabiliser le lecteur et déjouer tout rythme établi, elle y greffe une forme de style plus traditionnelle, celle du roman épistolaire, en insérant entre ses pages plusieurs vraies lettres échangées entre elle et Elisabeth de Clermont-Tonnerre.
Natalie Barney n'a pas peur de dire l'amour charnel, impudique, entre deux femmes : « L'immense force de mon désir qui me change de sexe et même d'aspect, déchaîne le grand dieu du rut que je porte dans ma tête par mes flancs. », écrit-elle. Jamais auparavant il y eut un roman rédigé avec cette même impulsion sensuelle et jubilatoire qui, contre toute attente de ses contemporaines, ne se termine pas avec la mort de l'une des deux héroïnes ou un adieu forcé par une catastrophe naturelle. C'est peut-être pour ces raisons qu'il ne trouva pas un éditeur « courageux » prêt à le publier. Écrit directement en français par une Américaine - manuscrit d'abord dans deux cahiers noirs, dactylographié et corrigé à la main par la suite - il est resté cent dix ans caché dans des tiroirs. C'est le troisième roman de Natalie - le premier, Lettre à une connue (également inédit) dit l'histoire entre Natalie et Liane de Pougy, une sorte de réponse à Idylle saphique, le deuxième, Je me souviens (1910) est une réponse lui aussi à Une femme m'apparut de Renée Vivien - c'est ce troisième roman, qui est le plus novateur et original.
Il était temps de lui donner la place qu'il mérite.
Été 1978, le narrateur, un adolescent de Venise, passe les vacances dans sa ville. C'est l'occasion de rencontres passionnantes, d'un temps heureux propice aux expériences. Un été vénitien, c'est un peu l'Éducation sentimentale sur les rives de la Sérénissime. Toutes les découvertes sont permises. Le jeune Francesco vit avec sa mère, son frère. Chaque jour il rencontre des amis de la famille. Adultes et adolescents se lient d'amitié dans une Sérénissime qui conserve tout son éclat et qui n'est pas encore cette attraction touristique vertigineuse. Avec délicatesse, Francesco Rapazzini restitue l'atmosphère de ces années de liberté et de magie. Magnifique roman de l'amitié et de l'initiation, Un été vénitien est aussi une ode à la langue française. L'auteur a traduit lui-même son roman.
Il s'agit de divulguer à un vaste public une histoire fascinante et dont certaines thématiques restent actuelles et sont d'ailleurs universelles. Ce roman raconte la quête d'identité d'un Français qui va s'initier au monde indien sans en devenir un. Sans le savoir, Jean Antoine Leclerc fait l'expérience d'une radicale altérité. Mais c'est aussi l'histoire d'une confrontation entre des peuples encore "sauvages" et le monde américain naissant. Ce roman n'a aucune finalité idéologique même s'il est question, ici et là, du métissage ou de l'esclavage, car les Indiens du sud est, c'est un fait méconnu, avaient parfois des esclaves noirs. Il ne s'agit pas ici d'incriminer les "méchants" américains ou d'idéaliser les gentils "bon sauvages". Le but de ce roman n'est ni de dénoncer, ni d'édifier mais de transporter le lecteur dans un Ailleurs disparu. Il n'existe aucun roman qui relate cette étrange épopée franco-indienne qui commence en Corse, se déroule dans le sud est américain pour s'achever en France une trentaine d'années plus tard.
L'intérêt du livre d'Elisabeth de Gramont consacré à Marcel Proust, publié pour la première fois en 1948, consiste à nous dévoiler le regard personnel sur le grand écrivain par une observatrice du premier cercle. Son témoignage sur Proust est éminemment capital, surtout en cette période de centenaire. Outre qu'il analyse avec acuité exceptionnelle l'oeuvre de Proust, la duchesse de Gramont fut une des premières à montrer combien la Recherche est une oeuvre autobiographique. Familière du monde dans lequel Proust a puisé son inspiration pour composer sa cathédrale littéraire, elle donne plusieurs clés jusqu'alors inconnues pour identifier ses personnages. Et pour la première fois, elle avoue avoir été l'un des modèles pour la duchesse de Guermantes. Certains et certaines s'en étaient doutés, ainsi Alice Toklas, l'amie de Gertrude Stein qui déclarera : « Chose que j'avais soupçonnée pendant plus de vingt ans. » Depuis quelques années, l'oeuvre et la vie d'Elisabeth de Gramont sont mieux connues : par les nombreuses rééditions en Cahiers rouges chez Grasset de ses Mémoires en quatre volumes (2018-2020) et la biographie de Francesco Rapazzini (Fayard, 2004). C'est d'ailleurs ce dernier qui signe la préface et Christian de Bartillat la postface.
Elizabeth Von Arnim conte ici l'histoire d'une jeune princesse allemande, parfaite à tous points de vue. Priscilla n'a qu'un défaut : avoir été instruite par le pompeux professeur Fritzing. Fort imprudemment, celui-ci a éveillé chez la jeune fille un goût pour la liberté et une passion pour la vie ordinaire.
Quand un prince tout aussi parfait demande sa main, Priscilla décide de s'enfuir loin du château paternel et de cette vie monotone, contraignant Fritzing à l'aider. Ils arrivent en Angleterre, s'installent dans un petit village, où Priscilla fait l'amère expérience de la vie et de ses contingences : la nécessité de l'argent, d'un logement confortable et de repas... Elle découvre aussi l'intérêt que peuvent prendre les garçons à une belle jeune fille, ce qui l'amène à une position délicate.
Quand on assassine une vieille femme du village afin de lui dérober l'aumône extravagante offerte par Priscilla, celle-ci comprend alors qu'elle se trouve dans une situation inextricable. Heureusement, le prince, aussi amoureux qu'efficace, la retrouve et Priscilla se laisse facilement persuader de redevenir princesse.
Maléfices, conjurations, sorcellerie, communication avec les esprits, voyance, télépathie : cet essai qui relate d'innombrables pratiques de magie, repose sur une documentation ethnologique de premier plan. Mais son importance, soulignée par des esprits aussi éminents que Benedetto Croce ou Mircea Eliade, tient à l'attitude originale de l'auteur face au problème des pouvoirs magiques, de leur réalité et de leur signification culturelle. Au refus des positivistes, au désintérêt des ethnologues, comme aux illusions qu'ont pu entretenir la parapsychologie et l'irrationalisme, de Martino réplique par une interprétation historique qui assigne à la magie sa place dans le développement de l'esprit humain : celle d'une culture où l'homme doit encore accomplir un effort intellectuel et spirituel pour s'affirmer et s'imposer au monde.
De « Chanel N° 5 » à « Opium », d' « Arpège » à « Joy », de « l'Air du temps » à « Shalimar », chaque parfum célèbre cache une histoire passionnante.
En quinze chapitres, Anne Davis et Bertrand Meyer-Stabley, longtemps journalistes à ELLE, nous dévoilent les secrets des fragrances cultes, les coulisses des grandes maisons de couture ou de parfum, le travail des plus grands « nez ».
On découvre comment Madame Carven, Coco Chanel, Christian Dior, Jean Paul Gaultier, Jeanne Lanvin, Nina Ricci, Marcel Rochas ou Yves Saint Laurent ont exprimé leur style dans leurs parfums. On renoue avec l'âge d'or des maisons Caron, Guerlain, Hermès, Roger & Gallet.
On retrouve sans faille ces effluves mythiques qui sont presque des oeuvres d'art, la quintessence de la parfumerie française.
Cinq nouveaux parfums ont été ajoutés : Ambre sultan (Serge Lutens), Angel (Thierry Mugler), Chypre (Coty), Trésor (Lancôme) et Eau d'Hadrien (Annick Goutal).
Dans L'Homme du ressentiment (1923), Scheler examine ici, selon la pure méthode de description phénoménologique, un phénomène psychique entrevu par Nietzsche, le ressentiment. À l'origine, le ressentiment est toujours l'expression de quelque sentiment d'impuissance, né de l'échec du sujet à assumer selon les formes de sa personnalité telle ou telle valeur morale. C'est Nietzsche qui a donné à cette notion un droit de cité dans le sens technique dans le domaine de la philosophie. Max Scheler tente dans ce volume la description d'une totalité d'expériences et d'actions vécues en étudiant l'homme de ressentiment et insère sa doctrine dans le cadre d'une philosophie des valeurs. Scheler se dresse contre la conception nietzschéenne du christianisme qui est expliqué au travers de cette notion dans La Généalogie de la morale.
Dans le contexte actuel de remontée du ressentiment, la pensée de Scheler analysant cette notion retrouve une actualité particulière. La réédition de ce classique est d'autant plus justifiée.
Comment s'est développé en France, aux lendemains de la guerre de 1870, une volonté cohérente d'expansion coloniale ? Comment cette volonté s'est-elle affirmée, quels échos a-t-elle rencontrés dans les esprits et dans les coeurs ? Autour de quels thèmes la vision impériale française s'est-elle progressivement définie ? À quelles résistances s'est-elle heurtée et comment celles-ci se sont manifestées ? De l'époque où se consommait le partage du monde jusqu'aux derniers sursauts de la décolonisation, quelle place le fait et le débat colonial ont-ils en définitive occupée dans la conscience nationale française ? C'est à ces questions encore jamais abordées qu'a tenté de répondre Raoul Girardet.
Étude d'histoire collective des mentalités, des sentiments et des croyances, menée avec toute la rigueur méthodologique du spécialiste, ce livre est aussi l'histoire d'une idée, une idée que l'on voit naître, croître, combattre, s'imposer, puis décliner et succomber...
La renaissance de ce livre équilibré et original permettra justement d'offrir un regard pertinent sur le fait colonial qui fait tant débat aujourd'hui.
Géographe, Élisée Reclus a consacré sa vie à de nombreux travaux dans un esprit encyclopédique. Il n'en avait pas moins un rare sens de la synthèse. Les pages du manifeste suivant en témoignent. Elles sont un concentré de la pensée qui l'habitera toute sa vie. Rien ne vaut l'expérience personnelle pour se faire une idée des rapports entre l'homme et le cosmos. Dans la lignée des grands penseurs depuis Jean-Jacques Rousseau, Reclus synthétise ses impressions et offre une vision grandiose : « En escaladant les rochers, le piéton des montagnes ressent une véritable "volupté". » Il ajoute : « La vue des hautes cimes exerce sur un grand nombre d'hommes une sorte de fascination. » Reclus est considéré comme un astre de la géographie. Il compte parmi nos éclaireurs et mérite une totale réhabilitation.
A quelques mois de sa mort prématurée, Anna de Noailles (1876-1933) se résout à écrire ses Mémoires. Elle n'aura pas le temps de mener cet ultime projet à son terme : Le Livre de ma vie sera, en fait, le récit d'une enfance et d'une adolescence à la fin du XIXe siècle. Naissance dans une famille princière venue des rives du Danube et du Bosphore, enfance aux bords de la Seine et du lac Léman, adolescence inquiète, désordonnée, ivre de poésie et de reconnaissance : la " petite Assyrienne " chère à Anatole France ne cache rien de ses émois, de ses rêves, de ses révoltes, de ses ambitions. La présente édition du Livre de ma vie est augmentée de deux textes peu connus : " Ici finit mon enfance ", avant-propos aux Poèmes d'enfance, et " La Lyre naturelle ", texte d'une conférence demeurée inédite. L'ensemble compose un surprenant autoportrait de celle que Proust surnommait " une femme-mage " et Catherine Pozzi " la dame des exagérations éblouissantes ".
Qui n'a entendu un jour parler de Mélusine, de Viviane et de Morgane, des possédées de Loudun, de la sorcière de Montpezat ou de Maria de Naglowska ? Fictives ou réelles, les sorcières peuplent notre imaginaire, encore plus depuis quelques mois. Elles existent dans nos rêves depuis les origines de notre histoire : Patrick Ravignant nous les raconte pour nous les redonner à nous-mêmes. Elles brûlent sur les bûchers après les sentences des chambres ardentes et provoquent le plus grand scandale du siècle du Roi Soleil : Patrick Ravignant nous les décrit dans le tumulte des terribles procès qui sentent le soufre. Elles dessinent aussi des parodies impalpables et témoignent d'un passé effrayant et quelquefois d'un avenir impossible. Pour comprendre l'engouement actuel autour du phénomène des sorcières, il faut revenir à leur histoire : des origines mythologiques jusqu'à notre temps.
Deux mille îles grecques... Il fallait le talent de Lawrence Durrell pour les évoquer en un volume charmant. En effet, Durrell a passé là de longues années de sa vie. Il y apuisé l'inspiration d'ouvrages devenus célèbres : Citrons acides, L'Ile de Prospero. à l'occasion de ce livre, il a revisité nombre de ces îles, dans le dessein de les étudier et de les décrire de façon plus approfondie et plus vaste. Dans un style remarquable, Durrell a mêlé ensemble dans un même élan, une seule coulée, une égale harmonie, la description et l'évocation des sites, l'histoire, les mythes, l'architecture, l'archéologie et les souvenirs d'un voyageur exceptionnel. Exceptionel, car Lawrence Durrell ne peut faire oublier qu'il est l'auteur de l'une des oeuvres majeures du XXe siècle : Le Quatuor d'Alexandrie. Et l'on devine alors que cet ouvrage possède une admirable beauté littéraire. Les îles grecques demeurent un des hauts lieux de la planète. Durrell nous le rappelle avec une langue admirable.
De grands artistes l'ont représenté, de Véronèse à Renoir, de Chardin à Courbet. Bondissants ou endormis, inquiétants ou ronronnants, ces félins se promènent à travers l'histoire de l'art, jouant avec les enfants, croquant des oiseaux ou se prélassant sur un sofa. Des postures de divas ? Non, car si les peintres ont aimé les chats, bien souvent ils ont su respecter la discrétion de leurs modèles qu'ils sont parfois allés jusqu'à les placer dans l'obscurité d'une cheminée ou d'une alcôve.
Le chat serait donc du domaine de l'intime et c'est le lien particulier unissant des poètes de la couleur à leur félin de compagnie qui est l'objet de ce livre. Les propriétaires de chats, quels qu'ils soient, ont tous en commun un amour inconsidéré pour cette race d'animaux, à la fois énigmatique et troublante.
Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher sur la relation que Pablo Picasso, au regard magnétique, Salvador Dali, le fou génial ou encore Henri Matisse, le sage entretenaient avec leurs chats pour s'apercevoir qu'elle est source de fascination. Et lorsque l'animal devient omniprésent dans une oeuvre au point d'en faire partie intégrante - il rentre alors dans l'histoire de la peinture, comme si artiste et chat étaient presque des âmes-soeurs, des jumeaux, des frères, en un mot, de merveilleux comparses. Certes les femmes-peintres, Marie Laurencin, Suzanne Valadon n'imaginaient pas la vie sans eux. Mais leurs confrères, de Bonnard à Van Dongen, ne furent pas en reste. Noirs, roux, tigrés, persans, siamois ou de gouttière, ils se prélassèrent dans l'histoire de la peinture, tout en étant aux premières loges des mouvements artistiques.
Chats d'artistes nous promène à travers une impressionnante galerie d'artistes.
Bien connu pour ses romans salués comme des classiques 1984 et La Ferme des animaux, George Orwell est également un essayiste de premier plan où dans ces courts textes d'intervention s'expriment toute son attention et toute son humanité à l'égard des plus faibles et des plus démunis. Le présent volume recueille quelques-unes de ses plus importantes contributions de 1931 à 1948 : «Une pendaison», «Tirer sur un éléphant», «Au fond de la mine», «Pourquoi j'écris». On y trouvera aussi ses essais sur Marrakech et Dickens, un de ses modèles dans la peinture sociale des bas-fonds.
Orwell fut un écrivain engagé dans son temps, dont la capacité de vision continue encore d'éclairer notre présent et notre avenir. Sa place dans les lettres mondiales est parmi les auteurs les plus lus. Nul doute que ce précieux recueil rassemblant ses essais les plus pertinents contribuera à éclairer sa pensée large et démocratique, interprétée de différentes manières en un temps empreint de profondes interrogations. Plus que jamais la pensée d'Orwell s'inscrit dans le débat contemporain.
Ce volume rassemble différents textes que Zweig a eu l'occasion de composer au cours de la dernière décennie de son existence. Plusieurs contributions sont à classer dans le genre autobiographique : L'Histoire de Demain, la Pensée européenne dans son développement historique, La Vienne d'hier (sa dernière conférence prononcée à Paris au théâtre Marigny en avril 1940). Son âme de Viennois y éclate avec force. Le contexte dramatique y ressort avec d'autant plus de force que Zweig mettra fin à ses jours au Brésil en 1942 en raison de la situation politique dramatique.
Le Secret de la création artistique dévoile le fond de la pensée artistique de Zweig. C'est aussi ce thème qu'il explore à travers des essais sur Tolstoï, Nietzsche ou Byron.
Ce volume rassemble le meilleur de la pensée de Zweig.
Ce texte de 1901 d'Élisée Reclus raconte les circonstances par lesquelles il est devenu végétarien. Au début du texte, le géographe revient clairement sur le souvenir d'enfance qui déterminera son choix : « Je me rappelle distinctement l'horreur du sang versé. » Le choc de voir des animaux abattus par des bouchers le bouleverse et Reclus dès lors se convertira aux orientations végétariennes. Ce serait lors de ses études à la faculté de théologie protestante en 1848-1849 qu'il aurait adopté ce régime particulier. Reclus n'est pas le premier intellectuel à revoir son régime alimentaire. D'autres avant lui avaient exprimé des tendances dans ce sens : Voltaire, Rousseau, Linné, Lamartine, Michelet... De toute sa vie, Reclus n'avala pas un morceau de viande ou de poisson. Il s'alimentait de fruits, de légumes et de biscuits. Ses arguments en faveur d'un tel régime relèvent de raisons personnelles. Au moment où le végétarisme rencontre un fort écho, ceux d'Élisée Reclus méritent d'être entendus.