Les corps comme nos ordinateurs ont la mémoire du monde, la mémoire des mots échangés à l'ombre d'un arbre en ramassant des fruits, la mémoire des silences des torpeurs du jardin et des enthousiasmes face aux poussées des plantes. Trois femmes s'emparent de ces mots et des images qu'ils suscitent. Plantes politiques.
"Depuis maintenant trente années, la présence de « black blocs » lors de manifestations politiques s'observe aux quatre coins du monde. À la présentation par la presse et les autorités de ce phénomène comme celui de réunions de délinquants passionnés, ce livre oppose une analyse généalogique qui permet d'éclairer ce qui peut réunir une action contre l'extrême droite. Cette circulation de la tactique à l'échelle internationale invite à appréhender le phénomène des black blocs dans sa trajectoire historique, des années 80 à nos jours."
Premier texte académique de la chercheuse Zoë Sofoulis (publié en 1984 sous le pseudonyme Zoë Sofia) qui influença notamment la pensée de Donna Haraway, ""Exterminer les foetus"" est une oeuvre scientifique illustrée excessive, drôle, et cruellement actuelle.
Écrit dans le contexte réactionnaire étasunien de son époque, l'article pose une question urgente : comment un État peut-il soutenir une position «pro-vie» tout en détenant des armes de destruction massive ? Pourquoi ces deux enjeux affichent-ils rhétoriquement une raison commune paradoxale, celle de défendre la vie ?
"La ville patrimoniale, toujours déjà en ruine et restaurée : son image de marque se vend.
Par un temps d'entre-deux, d'après-guerre, d'avant-guerre, de catastrophe en cours, trois gueules cassées se rencontrent et se rétablissent à la marge de ce paysage, chez eux dans les friches et les bâtiments à l'abandon.
La violence sourde est partout, civile et militaire, elle patrouille, éclate à l'occasion. Elle les a frappés tous les trois, Tav défiguré par une grenade, Gousse à la blessure inconnue. Le narrateur pousse son fauteuil, assigné à un devoir de mémoire immédiate et d'autosurveillance. Car s'ils sont victimes, miraculés, c'est aussi qu'ils sont coupables, ils devront rendre compte.
Il neige des cendres roses."
"Les corps comme nos ordinateurs ont la mémoire du monde, la mémoire des mots échangés à l'ombre d'un arbre en ramassant des fruits, la mémoire des silences des torpeurs du jardin et des enthousiasmes face aux poussées des plantes. Trois femmes s'emparent de ces mots et des images qu'ils suscitent. Plantes politiques.
L'affiche «Insurrection. Time to think» est issue du livre «Surgeons et autres pousses» des mêmes auteures (éditions Excès, sortie : sept. 22). Elle rassemble un coin de jardin du livre: les «simples», autre nom donné aux plantes médicinales."
Une pandémie réorganise le monde, notre monde, du plus intime au plus global ; ça se sépare : les lieux, les personnes, les mouvements, les ardeurs et les désespérances. Ça se politise un peu aussi, entre haine et lamentations. Certains disent que c'est trop tard. Il y a ceux qui meurent et ceux qui font mourir, ils ne se rencontrent pas, mais ça réorganise les vies et la mort, les vivants et les spectres. Ne sont-ils pas devenus des sortes de spectres, ceux qui n'osent plus rien toucher et dont les rêves s'aplatissent ?
Nous vivons en France une époque politique trouble et pleine de stridences, mais aussi bien ce trouble que ces zébrures du temps ont une histoire qu'il convient de restituer pour comprendre ce qui nous arrive et relever les défis politiques que nous avons désormais devant nous. La crise écologique, sanitaire, sociale et démocratique a mis en scène les vieux démons de notre histoire mais fait aussi émerger une capacité neuve à proposer des formes de vie, une nouvelle conception de l'égalité, une nouvelle attention à la planète.
Ce texte est une invitation à continuer de déboutonner nos cerveaux pour les faire venir sans ignorer les efforts passés, les impasses et les chausses trappes. L'expérience des mouvements sociaux, des gilets jaunes, puis la résistance à l'art de mentir des gouvernants en période de Covid permettra peut être de rêver un nouvel esprit démocratique.
Certes, il existe déjà des déclarations, celle de 1948, universelle dit-on, celles de notre bloc constitutionnel français, mais qui les connaît ? Elles sont sans souffle comme l'installation du texte de 1789, séparé de sa rythmique, à la station Concorde de la ligne 12 du métro de Paris. Celle que vous allez lire a vocation à circuler et à offrir un texte pour réapprendre à lire notre fondement ; des gilets jaunes, déjà, nous y avaient invités en inscrivant l'Article 35 et son devoir d'insurrection sur leur dos.Les enfants de 1789 à 1792 apprenaient à lire dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Aussi, chacun la connaissait par coeur et les constituants réactionnaires qui firent régresser le texte constitutionnel après la terrible répression anti révolutionnaire du 17 juillet 1791, n'osèrent pas toucher au texte de la déclaration. Le monde ne tient que sur le souffle des enfants qui étudient, dit le Talmud ; gageons que notre monde pourra tenir sur le souffle des enfants qui apprendront à lire leurs droits dans cette réécriture de la déclaration radicale de 1793. Chaque article peut faire l'objet d'une affiche, d'une vidéo virale, être lu comme un poème qui dans l'obscurité saurait chasser la nuit. Ramener la foi en l'impossible, ici maintenant, partout.
Qu?est ce que broder ? C?est d?abord ralentir, faire une broderie prend du temps. C?est aussi se piquer, se pencher, mettre des lunettes loupes, c?est un geste qui engage le corps et la pensée, une pensée qui relie, les temps d?hier et d?aujourd?hui, les femmes d?hier et d?aujourd?hui, les questions et les récits d?hier et d?aujourd?hui. Broder est un geste qui joue avec la somptuosité et le sacré. On brode les draps, les nappes, les mouchoirs pour le trousseau de la mariée, on brode avec des fils d?or, d?argent, des perles, des couleurs ou ton sur ton dans la masse, mais chaque fois le geste cherche la beauté et parfois la fioriture comme les musiciens baroques font des affetti dans un partition lacunaire et pourtant support.
En France et ailleurs, des citoyens s'autorisent à rêver une transformation si radicale des règles du jeu politique, qu'elle accoucherait d'un monde tout autre où il s'agirait simplement de redevenir humain. Rêver, imaginer, mettre en mots ce désir n'est pas un simple exercice de style, mais bien un exercice de résistance à l'oppression. Face à la monstruosité faite norme, les révolutionnaires français avaient, en leur temps, voulu offrir aux êtres humains une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pour juger les situations politiques qu'ils allaient traverser. Elle devait en faire des veilleurs capables de sauvegarder la liberté politique. En confrontant chaque article de la Déclaration de 1793 à une situation présente, Luce Faber montre qu'ils n'ont pas oeuvré en vain. 1793 pourrait redevenir matière à notre rêverie politique.
De jeunes lignes de vie sont suspendues, menées dans un hors monde. Leurs voix racontent par bribes ce qui ne leur est pas dit, ce qu'elles ne comprennent pas, ou comprennent trop bien pour pouvoir être insouciantes. Ça pèse, mais ça vit, mais d'une vie trouée et creusée par l'irréparable et l'inavouable. Maruan Paschen, auteur germano-palestinien vit à Berlin. Kaï. Une histoire d'internat est son premier roman.
Vincent Jarry dessine une démocratie des murmures, murmures littéraires car « l'homme est un animal politique parce que c'est un animal littéraire ». Loin des donneurs de leçon, la littérature comme émancipation, politique et intellectuelle qui reconnaît l'égalité des intelligences.
D'un côté, la montée de la barbarie en Allemagne, de l'autre, l'ascension d'un musicien génial qui a contracté un pacte avec le diable et qui, à son zénith, bascule dans la folie. Par ce double registre, Marc Abélès laisse entrevoir les enjeux actuels de la dissonance en musique comme en politique.
"Vanawine Sylviery est étudiante en médecine et note régulièrement avec humour et inquiétude ce qui se noue dans les services hospitaliers qu'elle fréquente, d'abord comme jeune débutante, puis comme externe, puis comme interne. Noeuds et liens. Avec les patients, avec la hiérarchie, avec les autres médecins en formation. Son regard porte une critique fine sur ce monde hospitalier codé au risque de l'inhumanité. Il porte aussi un regard sur ce qui, au-delà du corps malade, s'apprend là sur la vie, l'amour, la mort."
Des mots changent de sens. D'autres surgissent et, subrepticement, se substituent aux précédents. Des qualificatifs sont associés aux vocables pour en changer les enjeux. Ce que Michel Simonot nomme, dans le champ culturel, retournement, désigne un usage de la langue par lequel l'idéologie néolibérale amène, progressivement, à percevoir ses critères comme incontournables, quasi naturels. S'ensuit une dépolitisation de la politique culturelle publique et de ses fondements. Le néolibéralisme tend à infuser dans tous les domaines. La langue est un vecteur essentiel de cette infusion. La culture n'y échappe pas. Écrit sous forme d'un dictionnaire critique, l'ouvrage de Michel Simonot déconstruit pas à pas ce nouveau langage et nous ouvre la possibilité de repenser à neuf les enjeux de futures politiques culturelles.
La psychanalyse est une activité politique et éthique car elle rencontre les traumas de l'histoire. Face aux fantômes et béances laissées là pour tous et d'une manière singulière pour chacun, son projet est de redonner un chemin à a vie, à la joie.