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Les métamorphoses de la question sociale
Robert Castel
- Fayard
- Espace Du Politique
- 25 Janvier 1995
- 9782213594064
Il a fallu des siècles de sacrifices, de souffrances et d'exercice continu de la contrainte pour fixer le travailleur à la tâche, puis pour l'y maintenir en lui associant un large éventail de protections qui définissent un statut constitutif de l'identité sociale. Mais c'est au moment même où la " civilisation du travail ", issue de ce processus séculaire, paraissait consolidée sous l'hégémonie du salariat et avec la garantie de l'Etat social que l'édifice s'est fissuré, faisant ressurgir la vieille obsession populaire d'avoir à vivre " au jour la journée ". Désormais, l'avenir est marqué du sceau de l'aléatoire.La question sociale, aujourd'hui, se pose à partir du foyer de la production et de la distribution des richesses, dans l'entreprise, à travers le règne sans partage du marché _ et donc n'est pas, comme on le croit communément, celle de l'exclusion. Elle se traduit par l'érosion des protections et la vulnérabilisation des statuts...L'onde de choc produite par l'effritement de la société salariale traverse toute la structure sociale et l'ébranle de part en part. Quelles sont alors les ressources mobilisables pour faire face à cette hémorragie et pour sauver les naufragés de la société salariale?Sociologue, Robert Castel est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
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Comment, au cours du demi-siècle qui précède l'indépendance d'israël (1948), le mouvement travailliste (mené notamment par ben gourion) a-t-il conjugué idéologie et action pour élaborer les principes fondamentaux de ce qui allait devenir la société israélienneoe comment accorder les exigences d'un mouvement national, fondamentalement particulariste, avec les valeurs universalistes du socialismeoe la synthèse était-elle possible?
Il apparaît dès le début des années 20 que, devant l'aspiration à l'idée nationale, les principes socialistes doivent céder le pas. l'aspiration à l'égalité n'a subsisté que comme mythe mobilisateur, voire comme simple alibi. c'est la raison pour laquelle, par exemple, l'expérience du kibboutz n'a jamais débordé le secteur agricole. le travaillisme, qui a exercé le pouvoir politique jusqu'en 1977 puis de nouveau, en partie, depuis 1992, a oeuvré pour s'assurer l'appui de la bourgeoisie, et donc défendu la propriété privée, pour la mettre au service de la renaissance nationale et de la construction du pays. c'est pourquoi les écarts sociaux ont toujours été très importants dès l'époque pré-étatique, et aujourd'hui ils sont encore plus larges. la " révolution sioniste ", commencée voici un siècle, a été avant tout une révolution nationale _ culturelle et politique _ et non un effort vers une société autre. l'alignement d'israël sur la bourgeoisie et le capitalisme d'etat fait partie intégrante de l'héritage des pères fondateurs.
La priorité donnée à la nation a permis à israël, à quatre reprises au moins, de triompher de ses voisins qui niaient jusqu'à son droit à l'existence, mais le prix social en a été très élevé. la paix qui se profile va-t-elle avoir une incidence sur l'organisation interne de la société israélienne, ou bien les pesanteurs du passé seront-elles les plus fortesoe le travail d'historien auquel s'est livré zeev sternhell et que personne n'avait mené avant lui constitue une précieuse contribution aux débats en cours.
Professeur à l'université hébraïque de jérusalem, zeev sternhell s'est fait connaître en france par quatre ouvrages qui ont remis en cause les idées reçues sur les origines du fascisme: maurice barrès et le nationalisme français (1972 et 1985), la droite révolutionnaire, les origines françaises du fascisme (1978 et 1984), et ni droite, ni gauche. l'idéologie fasciste en france (1983 et 1987), enfin naissance de l'idéologie fasciste (1989).
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Théorie de l'agir communicationnel Tome 2 : Pour une critique de la raison fonctionnaliste
Jürgen Habermas
- Fayard
- Espace Du Politique
- 8 Avril 1987
- 9782213019512
" Depuis la première génération des élèves de Hegel, la philosophie tente d'aborder le medium de la pensée post-métaphysique. Sous ces prémisses, la Théorie de l'agir communicationnel tente de poursuivre l'élaboration de quatre thèmes de la pensée post-métaphysique." Par l'esquisse d'une pragmatique formelle, je voudrais radicaliser le tournant linguistique qui, depuis Frege, ainsi que dans le structuralisme, ne fut accompli qu'au prix d'abstractions inadéquates." Par les concepts complémentaires de monde vécu et d'agir communicationnel, j'entends donner tout son sérieux à cette mise en situation de la raison qui, de Dilthey à Sartre et Merleau-Ponty en passant par Heidegger, ne fut accomplie que dans la dépendance à l'égard de la philosophie de la conscience. Une raison incarnée dans l'agir communicationnel permet d'appréhender l'ensemble dialectique que composent l'ouverture langagière au monde et les procès d'apprentissage dans le monde." En analysant la base de validité des discours, je voudrais surmonter le logocentrisme qui a marqué effectivement la tradition occidentale. L'ontologie était fixée sur l'étant en sa totalité, la philosophie de la conscience, sur le sujet qui se représente des objets, et l'analyse du langage, sur le discours constatant des faits, et par là, sur le primat de la proposition assertorique. On peut dissiper cette étroitesse de vue sans que la raison en tant que telle s'en trouve dénoncée." Sur cette voie, on peut prendre congé du concept d'Absolu mais également de la pensée totalisante de la philosophie de la réflexion s'incluant elle-même avec le monde (Kant, Hegel)." Bien qu'elle travaille ces thèmes de pensée philosophiques, la théorie de l'agir communicationnel demeure en son noyau une théorie de la société. "J.H.
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Bonheur privé, action publique
Albert o. Hirschman
- Fayard
- Espace Du Politique
- 4 Mai 1983
- 9782213012438
Tranquillité des années cinquante, turbulence des années soixante, retour à la passivité dans les années soixante-dix : ce mouvement cyclique a frappé tous les observateurs, mais n'a guère reçu jusqu'ici d'explication. Albert O. Hirschman en propose une, des plus séduisantes, qui, au-delà de cet exemple récent, s'applique à toutes les manifestations d'une structure essentielle à nos sociétés développées, au moins depuis la révolution industrielle.
C'est en effet une alternance récurrente que l'on constate, entre l'engagement des individus comme des groupes dans l'action publique et le repli sur les paisibles valeurs du bonheur privé. Chaque moment du cycle entraîne une satisfaction relative, mais aussi une déception spécifique qui pousse les acteurs vers le moment suivant.
Cette brillante utilisation de la catégorie centrale de déception trouve encore bien d'autres illustrations ; on découvrira ainsi dans cet ouvrage une critique de la théorie classique de la consommation, une brillante analyse du suffrage universel, entre bien d'autres aperçus féconds et originaux.
Albert O. Hirschman est professeur émérite en sciences sociales à l'Institute for advanced study de Princeton. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié en France Les Passions et les intérêts ; Deux siècles de rhétorique réactionnaire ; Un certain penchant à l'autosubversion et Défection et prise de parole.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Martine Leyris et Jean-Baptiste Grasset.
Collection « L'espace du politique » dirigée par Pierre Birnbaum. -
Théorie de l'agir communicationnel Tome 1 : Rationalité de l'agir et rationalisation de la société
Jürgen Habermas
- Fayard
- Espace Du Politique
- 8 Avril 1987
- 9782213018935
" Depuis la première génération des élèves de Hegel, la philosophie ente d'aborder le medium de la pensée postmétaphysique. Sous ces prémisses, la Théorie de l'agir communicationnel tenté de poursuivre l'élaboration de quatre thèmes de la pensée postmétaphysique." Par l'esquisse d'une pragmatique formelle, je voudrais radicaliser le tournant linguistique qui, depuis Frege, ainsi que dans le structuralisme, ne fut accompli qu'au prix d'abstractions inadéquates." Par les concepts complémentaires de monde vécu et d'agir communicationnel, j'entends donner tout son sérieux à cette mise en situation de la raison qui, de Dilthey à Sartre et Merleau-Ponty en passant par Heidegger, ne fut accomplie que dans la dépendance à l'égard de la philosophie de la conscience. Une raison incarnée dans l'agir communicationnel permet d'appréhender l'ensemble dialectique que composent l'ouverture langagière au monde et les procès d'apprentissage dans le monde." En analysant la base de validité des discours, je voudrais surmonter le logocentrisme qui a marqué effectivement la tradition occidentale. L'ontologie était fixée sur l'étant en sa totalité, la philosophie de la conscience, sur le sujet qui se représente des objets, et l'analyse du langage, sur le discours constatant des faits, et par là, sur le primat de la proposition assertorique. On peut dissiper cette étroitesse de vue sans que la raison en tant que telle s'en trouve dénoncée." Sur cette voie, on peut prendre congé du concept d'Absolu mais également de la pensée totalisante de la philosophie de la réflexion s'incluant elle-même avec le monde (Kant, Hegel)." Bien qu'elle travaille ces thèmes de pensée philosophiques, la théorie de l'agir communicationnel demeure en son noyau une théorie de la société. "J.H.
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La traversée du désert ; l'invention de la responsabilité
Raphaël Draï
- Fayard
- Espace Du Politique
- 4 Janvier 1989
- 9782213022215
Après la terrible sortie de l'Egypte pharaonique, le peuple des Bnei Israël s'engage dans le pays de la soif, dans le désert, pour y recevoir la Loi qui légitimait leur libération et les incitait à bâtir une société d'où seraient absents la domination et l'exploitation de l'homme. Ce trajet devait durer trois jours. Il dura plus de quarante années. Telle fut l'éprouvante durée de la Traversée du Désert qui conduisit les anciens esclaves à sortir de l'Egypte mentale après leur libération de l'Egypte des maîtres de corvée et du clergé idolâtre. C'est leur trajet qui est reconstitué ici. Une traversée du désert qui ne fut pas seulement celle d'une fournaise propice au désespoir, mais aussi celle du langage humain dans son apprentissage des demandes confiantes et de la responsabilité sans laquelle la liberté apparaît comme une dangereuse incitation à l'errance.Il en ressort une vision plus véridique de la formation du peuple juif, " peuple élu " qui suscite toujours croyances messianiques et fantasmes destructeurs. Ce récit éclaire en fait l'enjeu de la naissance politique de toute collectivité humaine qui, une fois acquise son indépendance, se voit confrontée au risque de mimétisme avec les anciens dominants et doit justifier sa libération par son exemplarité, sous peine de discréditer l'idée d'indépendance elle-même. Ainsi cet ouvrage tend-il à inscrire encore plus profondément l'exigence éthique dans l'espace du politique, tout en ouvrant ses indispensables perspectives à une science politique de la patience et de l'endurance, sans laquelle le devenir historique resterait un vain mot.Raphaël Draï est professeur agrégé de sciences politiques à l'Université d'Amiens. Ces ouvrages et études portent sur la communication politique et administrative, sur l'éthique et la guerre. Il est apparu aussi, avec La Sortie d'Egypte, comme l'un des analystes les plus écoutés du récit biblique.
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L'Etat importé ; l'occidentalisation de l'ordre politique
Bertrand Badie
- Fayard
- Espace Du Politique
- 12 Novembre 1992
- 9782213030135
Depuis les Lumières, la domination politique exercée par l'Occident sur les " pays du Sud " s'accompagne _ quand elle ne la précède ou ne la prépare pas _ d'une domination culturelle plus forte encore. La décolonisation, loin d'avoir fourni aux sociétés du tiers monde le moyen de trouver une organisation qui corresponde à leurs traditions, a même fortement accentué ce phénomène.Derrière une rhétorique de rupture, les leaders du Sud se font les importateurs de notre droit, de notre modèle de développement, de notre forme de démocratie représentative (même s'ils l'accommodent à leur façon). Ces Princes, leurs entourages et leurs intellectuels pensent, agissent, construisent largement en fonction de nos catégories.Mais, hormis peut-être au Japon, cette occidentalisation imposée échoue parce que la greffe est impossible. Cet échec rend largement compte de l'évolution du monde contemporain depuis 1945. Il éclaire l'histoire de l'Inde comme celle du monde arabe et de l'Afrique noire, ou encore de l'Amérique latine et de la Chine, voire les incertitudes propres au Japon d'aujourd'hui. En dépit des espoirs que les élites ont mis en elle, l'occidentalisation, manquée, est cause de multiples traumatismes sociaux et facteur de désordre dans les relations internationales.La cacophonie d'un monde qui ne parvient ni à unifier ses règles du jeu ni à faire leur place aux différences constitue sans nul doute la plus lourde des menaces qui pèsent sur l'humanité.Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, Bertrand Badie est l'auteur de nombreux ouvrages, en particulier de Les deux Etats. Pouvoir et société en Occident et en terre d'islam (Fayard, 1987).
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Le diplomate et l'intrus ; l'entrée des sociétés dans l'arène internationale
Bertrand Badie
- Fayard
- Espace Du Politique
- 9 Janvier 2008
- 9782213633275
Par le meilleur spécialiste français des relations internationales, une saisissante vision du monde d'aujourd'hui, bien différent de celui d'hier.
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La France conteste ; de 1600 à nos jours
Charles Tilly
- Fayard
- Espace Du Politique
- 26 Février 1986
- 9782213015767
De 1600 à nos jours, la France n'a jamais cessé de connaître, avec une intensité variable selon les époques, des agitations populaires. Charles Tilly s'est attaché à restituer dans toute son ampleur l'histoire de ces groupements de personnes agissant ensemble, réunies par des griefs et des espoirs communs, défendant des intérêts partagés. Ces actions collectives ont leur propre histoire, puisque les mots d'ordre changent, les capacités d'agir évoluent, les moyens de l'action se transforment et que les possibilités de s'organiser ne se présentent pas toujours. L'histoire de la contestation est donc une histoire discontinue. A priori, il n'est rien de semblable entre le Lanturlu de février 1630 à Dijon, violente émeute antifiscale, les manifestations ouvrières répétées de la Nation à la République, les défilés étudiants de mai 68, ou les saccages des préfectures aujourd'hui par les agriculteurs.Pourtant, l'étude de la contestation a tôt fait de révéler que les actions collectives, si elles ne se répètent pas à l'identique sur des siècles, répètent néanmoins pendant de longues périodes des signes, des pratiques, des formes d'organisation définies. Elles puisent à un répertoire selon les groupes, les lieux et les époques _ 1848 marquant en ce domaine une rupture décisive. La contestation, c'est donc la conjugaison d'intérêts, d'une occasion, d'une organisation et d'une action.Pour autant, ces quatre éléments fondamentaux, s'ils sont nécessaires, ne suffisent pas à expliquer, ni par un lieu précis, ni par une population particulière, ni même par un événement spécifique, pourquoi la France a contesté. Charles Tilly livre ici le secret de cette alchimie sociale. Ecrire l'histoire des actions collectives en France depuis le XVIIe siècle, c'est simplement répondre à la question: comment la formation de l'Etat et le développement du capitalisme ont-ils influencé les modalités de l'action _ et de l'inaction _ collective des gens du commun?Charles Tilly, professeur d'histoire et de sociologie à la New School for Social Research, est notamment l'auteur d'un ouvrage désormais classique, La Vendée (Paris, trad. française Fayard, 1970).
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L'Illusion identitaire
Jean-François Bayart
- Fayard
- Espace Du Politique
- 23 Octobre 1996
- 9782213594965
L'Occident impose-t-il au reste du monde sa propre définition des droits de l'homme et de la démocratie ? La globalisation menace-t-elle l'identité française ? Le confucianisme est-il vraiment le moteur de la réussite économique de l'Asie ? La culture africaine est-elle compatible avec le multipartisme ? L'islam est-il un obstacle insurmontable à l'intégration des Maghrébins et des Turcs en Europe de l'Ouest ?
Autant d'incertitudes, ou plutôt de trop grandes certitudes sur lesquelles nous butons constamment et qui tiennent pour acquise la permanence des cultures. Or, c'est paradoxalement l'idée même de culture qui nous empêche de saisir la dimension culturelle de l'action politique ou du développement économique. Car la formation de l'Etat met en jeu des conceptions esthétiques et morales; elle est aussi affaire de pratiques sexuelles, alimentaires, vestimentaires ou pileuses.
Au terme d'une pérégrination ironique - et souvent drôle - dans les imaginaires et les passions politiques du monde contemporain, cet ouvrage décapant invite le lecteur à réinventer l'universel démocratique pour mieux s'opposer aux tenants du « combat identitaire ». Les conflits qui font l'actualité - les guerres de Yougoslavie, du Caucase, d'Algérie, d'Afrique noire, ou les affrontements communalistes en Inde - tirent leur force meurtrière de la supposition qu'à une prétendue « identité culturelle » correspond une « identité politique », en réalité tout aussi illusoire. Dans les faits, chacune de ces identités est une construction, souvent récente. Il n'y a pas d'identité « naturelle » qui s'imposerait à nous par la force des choses. Il n'y a que des stratégies identitaires, rationnellement conduites par des acteurs identifiables, et des rêves ou des cauchemars identitaires auxquels nous adhérons parce qu'ils nous enchantent ou nous terrorisent. Mais nous ne sommes pas condamnés à demeurer prisonniers de tels sortilèges. Le « choc des civilisations » n'est pas une fatalité.
Directeur de recherche au CNRS et directeur du Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques, Jean-François Bayart est un spécialiste de politique comparée dont les travaux ont contribué au renouvellement de l'analyse de l'Etat. Il a publié plusieurs essais sur les sociétés politiques d'Afrique et du Moyen-Orient, en particulier L'Etat en afrique. La politique du ventre. -
Naissance de l'idéologie fasciste
Zeev Sternhell, Mario Sznajder, Maia Ashéri
- Fayard
- Espace Du Politique
- 18 Janvier 1989
- 9782213021577
Le présent ouvrage entend rétablir le vrai poids de l'idéologie dans le développement du fascisme et explorer sa période de formation, en Italie mais aussi et d'abord en France, berceau du révisionnisme révolutionnaire sorélien, composante première du fascisme. Alliés aux nationalistes, aux futuristes et autres avant-gardistes, les révisionnistes révolutionnaires italiens trouvent, dès avant 1914, les troupes, les conditions et le chef qui leur permettront de transformer en force historique la longue incubation intellectuelle commencée au début du siècle.Professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, Zeev Sternhell s'est fait connaître en France par trois ouvrages qui ont remis en cause les idées reçues sur les origines du fascisme: Maurice Barrès et le nationalisme français (1972 et 1985), la Droite révolutionnaire, les origines françaises du fascisme (1978 et 1984) et Ni droite, ni gauche. L'idéologie fasciste en France (1983 et 1987).
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Entre soi : L'élite du pouvoir dans la Chine contemporaine
Stéphanie Balme
- Fayard
- Espace Du Politique
- 31 Mars 2004
- 9782213615509
Les voyageurs comme les familiers de la Chine découvrent tous, à un moment ou à un autre, l'importance de l?art des relations, ces codes de conduite spécifiques appelés guanxi. Les réformes de Deng Xiaoping ? résumées par son slogan « Enrichissez-vous ! » ? ont conduit les Chinois en quête de prospérité et désireux de s?affranchir du pouvoir à s'enrichir de et par les guanxi. Aussi présentes soient-elles dans la vie quotidienne, ces habitudes ne laissent pas d?interpeller puisque, sous une forme dévoyée, elles provoquent un glissement des codes éthiques anciens vers des pratiques de corruption généralisées. Inscrites dans la tradition, comment se développent-elles dans un contexte de modernisation aussi intense ? A quelles formes de pouvoir donnent-elles lieu parmi des élites nourries de rhétorique égalitaire ?
Présentant une large synthèse des meilleurs travaux existant sur les guanxi dans la sphère sociale ainsi qu?une enquête sans précédent sur leur influence dans le fonctionnement du régime depuis vingt-cinq ans, ce livre propose des perspectives inattendues. Il ne s'agit ni d'un retour à une tradition confucéenne immanente ni d?une situation inédite, car les guanxi ont joué un rôle considérable dès la période maoïste. Loin d?opposer vertu privée et corruption publique, ils offrent un miroir où société et politique réfléchissent leur image en vis-à-vis. A maints égards, ils ont permis la modernisation du régime en conciliant la continuité du parti et la professionnalisation des élites. Leurs effets sont donc ambigus, car ils perpétuent le régime en renouvelant ses dirigeants. Dans un espace politique qui entend faire de la méritocratie et de la technocratie la source d?une nouvelle légitimité socialiste, les guanxi alimentent aussi des formes de contestation recourant à la légalité et au droit. Ces nouveaux usages peuvent, à terme, engendrer des évolutions politiques importantes. -
Inde : la démocratie par la caste : Histoire d'une mutation socio-politique (1885-2005)
Christophe Jaffrelot
- Fayard
- Espace Du Politique
- 11 Mai 2005
- 9782213624266
L'lnde se présente comme « la plus grande démocratie du monde » ; de fait, cet autre empire du milliard qui organise des élections libres depuis plus d?un demi-siècle a pris l?habitude de l?alternance depuis 1977, jouit d?une presse libre et connaît une justice au moins aussi indépendante que sous nos latitudes.
Longtemps cette démocratie a été conservatrice. L'influence de Gandhi ? réformateur moins radical que ne le dit l?hagiographie occidentale ? et la sociologie très élitiste des dirigeants du Congrès, le parti dominant au lendemain de l?indépendance, ont beaucoup contribué au statu quo. Mais les vraies racines du mal étaient ailleurs, dans l?agencement vertical d?une société de caste qui permettait depuis des siècles à une minorité d?hommes bien nés de gouverner sans partage.
Cet ordre hiérarchique a été ébranlé, dès l?époque coloniale, non seulement par la pénétration des idées d?égalité et de liberté, mais aussi et surtout par les politiques de discrimination positive mises en oeuvre par les Britanniques en faveur des intouchables et des basses castes.
Après l?indépendance, le Congrès s?est efforcé de circonscrire ces mesures au maximum, mais les basses castes y ont trouvé un objectif de mobilisation
collective qui leur a finalement permis de former un front uni à partir de 1990.
Désormais, les castes ne font plus système ; elles sont une collection de groupes d?intérêt en concurrence pour une part du pouvoir. La vieille logique clientéliste s?effondre, qui amenait la paysannerie ou les ouvriers endettés à voter pour des notables ruraux ou des magnats locaux du Congrès.
À la place, des partis de basse caste prennent leur essor et s?emparent du pouvoir à travers toute l?Inde du Nord. C?est une véritable révolution silencieuse, unique en son genre : une révolution sans effusion de sang, aussi légaliste que l?ont toujours été les leaders de basse caste à l?instar de leur modèle à tous, Ambedkar.
L'lnde accède à une démocratie enfin digne de ce nom, et ce, paradoxalement, par la caste car celle-ci, point d?application des mesures de discrimination positive, aura été le cadre et le levier des mobilisations de la plèbe indienne, la structure collective qui a permis d?agréger les intérêts du grand nombre. -
Les anti-Lumières ; du XVIII siècle à la guerre froide
Zeev Sternhell
- Fayard
- Espace Du Politique
- 19 Avril 2006
- 9782213623955
La déliquescence dans nos sociétés et nos organisations politiques des valeurs universelles que nous devons aux Lumières « franco-kantiennes » ne procède pas de la génération spontanée. Dès le XVIIIe siècle et tout au long des deux cents dernières années s'est édifiée une autre tradition - une autre modernité. Sur une argumentation similaire, elle a fait la guerre aux Lumières. Une des raisons de la cohérence interne de la pensée qui s'en prend aux Lumières tient aussi au fait que tous les ennemis des Lumières se lisent les uns les autres avec une grande attention. Pour l'historien des idées, leur oeuvre constitue un matériau premier, mais en même temps ils sont chacun à son tour interprètes de la pensée de leurs prédécesseurs, historiens des idées, critiques de la culture, philosophes politiques et aussi publicistes de renom.
Taine écrit longuement sur Burke et Carlyle, Meinecke consacre de longs développements à Burke et une centaine de pages à Herder, pour Renan Herder est le « penseur-roi », Maistre suit Burke et est lui-même suivi par Maurras, Sorel attaque les Lumières avec la même hargne que Maurras, Croce lit Vico avec le même enthousiasme que celui avec lequel Meinecke se penche sur Herder. Le concept de l'imperméabilité des cultures de Spengler poursuit et développe la pensée de Herder. Isaiah Berlin écrit avec un ravissement semblable sur Vico et Herder et subit l'influence de Meinecke. Il attaque d'une manière comparable les Lumières françaises et, en produisant sa propre version de leur oeuvre, ajoute dans la seconde moitié du xxe siècle un nouveau maillon à la culture politique des anti -Lumières.
Avec la rigueur et l'esprit méthodique qu'on lui connaît, le grand historien israélien Zeev Sternhell établit avec précision une généalogie convaincante des anti-Lumières (ou des contre-Lumières, si l'on préfère). Ce faisant, il éclaire les enjeux de notre temps tant il est vrai que ce sont les maux contre lesquels ont combattu les Lumières sont de toutes les époques. Pour éviter à l'homme du XXIe siècle de sombrer dans un nouvel âge glacé du conformisme, la vision prospective créée par les Lumières d'un individu maître de son présent, sinon de son avenir, reste irremplaçable. -
Le mérite et la nature : Une controverse républicaine : l'accès des femmes aux professions de prestige (1880-1940)
Juliette Rennes
- Fayard
- Espace Du Politique
- 7 Mars 2007
- 9782213631615
Quels sont les arguments disponibles pour justifier desinégalités en droit dans des régimes contraints par desnormes égalitaires et libérales ? Telle est la question implicitequi se pose aux républicains antiféministes qui, de la findu XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale,s'appliquent à interdire aux premières femmes le demandantl'accès aux professions de prestige. Bien que moins marquéepar l'urgence de la décision publique, cette question se poseégalement aux essayistes, journalistes et romanciers qui,tout en s'opposant à l'égalité juridique des deux sexes,veulent montrer leur allégeance aux valeurs d'égale libertéprônées par la République. Dans cet ouvrage, sous le nomde controverse, Juliette Rennes explore simultanément lespolémiques localisées sur l'accès de telle ou telle femme à teldiplôme, tel titre ou tel grade et le débat permanent relatifaux capacités et incapacités de sexe, aux conséquencessociales de l'égalité professionnelle, à ses effets sur lesrelations privées entre les hommes et les femmes.S'appuyant sur des pans extrêmement variés du discourssocial ? des débats parlementaires au théâtre de boulevarden passant par les guides d'orientation professionnelle ?, elledresse une carte des arguments, des compromis et desprésupposés partagés par les partisans et les opposants del'accès des femmes aux professions, et propose un paradigme cognitif et discursif des controverses relatives à l'égalité en droit en régime démocratique.
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L'Etat en Afrique : La politique du ventre
Jean-François Bayart
- Fayard
- Espace Du Politique
- 18 Octobre 2006
- 9782213630793
L'opinion occidentale reste gorgée de stéréotypes sur le pouvoir et l'Etat en Afrique, en particulier quant au rôle privilégié que la corruption et le tribalisme sont censés jouer au sud du Sahara. Certes, les Africains parlent eux-mêmes à ce propos de "politique du ventre". Mais l'expression renvoie, aussi bien qu'aux nécessités de la survie et de l'accumulation, à des représentations culturelles complexes, notamment celles du monde de l'"invisible", de la sorcellerie. En d'autres termes, la "politique du ventre" témoigne d'une trajectoire africaine du pouvoir qu'il faut comprendre à la lumière de la longue durée.
L'analyse des groupes sociaux qui se disputent l'Etat post-colonial et des différents scénarios qui ont prévalu depuis la proclamation des indépendances permet d'avancer des hypothèses neuves sur la formation d'une classe dominante, sur la dépendance des sociétés africaines vis-à-vis de leur environnement international, sur la place déterminante en leur sein des stratégies individuelles et des modes populaires d'action politique, sur l'importance des réseaux d'influence et des terroirs historiques dans le déroulement des conflits, sur la récurrence des conduites - souvent religieuses - de dissidence sociale, sur l'émergence de cultures politiques originales.
En définitive, cet essai, devenu un classique en sociologie de l'Etat, propose une lecture à la fois provocante et nuancée de ce qu'il est convenu de nommer le "développement". Il ouvre aussi la voie à une réflexion plus générale sur l'invention du politique dans les sociétés d'Afrique et d'Asie. -
L AMBITION ET LE REMORDS : Les socialistes français et le pouvoir (1905-2005)
Alain Bergounioux, Gérard Grunberg
- Fayard
- Espace Du Politique
- 26 Octobre 2005
- 9782213621043
Le Parti socialiste français a dirigé pour la première fois un gouvernement il y a près de soixante-dix ans. Il a exercé le pouvoir sous trois républiques et il est devenu, plus encore sous le régime actuel que sous le précédent, un parti du système, parvenant enfin, pendant trois législatures, à diriger ce « gouvernement parfaitement normal de la nation tout entière » que Gaston Defferre appelait jadis de ses voeux. C'est sous ces couleurs que François Mitterrand a conquis la présidence de la République et il est l'un des deux seuls partis français à pouvoir espérer raisonnablement gagner à nouveau cette élection dans un avenir prévisible. Pourtant, paradoxalement, ce parti n'a jamais assumé aisément son action gouvernementale. Il s'est généralement senti soulagé quand il est retourné dans l'opposition, s'accusant lui-même, ou ceux qui avaient gouverné en son nom, d'avoir trahi ses objectifs et son projet, bref, de n'avoir pas conduit une véritable politique de gauche. Après chaque défaite, envahi par le doute, il a recherché dans son identité originelle les ressources nécessaires à l'élaboration d'un projet authentiquement socialiste. Sa vocation gouvernementale, qui paraît établie, ne lui apparaît pas à l'évidence comme le résultat et la preuve de ses succès. Au contraire, elle suscite chez lui méfiance et suspicion. L'exercice du pouvoir ne le satisfait pas, ne lui suffit pas. II veut autre chose. Comme le remarquait Léon Blum, il veut accomplir des réformes qui laissent « une trace éblouissante ». D'où ses déceptions répétées et son intention, réitérée régulièrement, de mener, la fois suivante, une action enfin résolument transformatrice. Chaque cycle de pouvoir débute ainsi par la réaffirmation de la doctrine, puis, une fois au pouvoir, par un malaise croissant débouchant sur une critique de l'action gouvernementale, des désillusions et l'appel à un retour aux sources avec la réaffirmation d'une volonté de « rupture ».
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Ce XXe siècle, qui promettait l'émancipation des peuples, apparaît bien plutôt comme celui de la puissance des masses : donnant raison au fondateur de la psychologie des foules, Gustave Le Bon, qui dès 1895 prophétisait 'l'âge des foules".
Parmi toutes les sciences de l'homme qu'a produites notre modernité, deux seulement l'ont elles-mêmes façonnée : l'économie politique et la psychologie des foules. Mais celle-ci, contrairement à la première, reste ignorée, voire secrète.
Serge Moscovici expose ici, de façon très accessible, le système d'idées dont la cohérence constitue la psychologie des foules, à partir des travaux de ses trois grands artisans : Gustave Le Bon, Gabriel de Tarde, Si gmund Freud. Et il présente leurs réponses à des questions telles que celles-ci : qu'est-ce qui faitagirles masses ?quels hommes sont leurs meneurs et d'où tirent-ils leur puissance ? pourquoi sont-ils l'objet d'un "culte de la personnalité"? comment les individus sont-ils entraînés par les processus de masses, et pourquoi leurs possibilités de résistance sont-elles si faibles ?
On trouvera également décrites ici les méthodes que la psychologie des foules préconise pour le gouvernement des masses, méthodes qui sont de fait appliquées un peu partout dans le monde, avec un impressionnant succès.
Serge Moscovici, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, est l'auteur de nombreux travaux en histoire des sciences, en psychologie sociale et en psychologie politique. -
Les deux Etats ; pouvoir et société en Occident et en terre d'Islam
Bertrand Badie
- Fayard
- Espace Du Politique
- 11 Février 1987
- 9782213019055
Existe-t-il un modèle universel de l'État et de sa contestation par la société ?
L'État est apparu en Occident à la fin du Moyen Âge. Un espace politique autonome et souverain se dégagea alors de la puissance de l'Église et triompha de la dispersion des pouvoirs qui prévalait auparavant. Cette situation nouvelle, souvent appelée via moderna, est à l'origine de notre modernité. Elle fut longtemps, aux yeux de la sociologie, l'aune des progrès ou des retards des autres cultures.
Dans le monde musulman plus qu'ailleurs, tant les régimes politiques que les rapports entre le pouvoir, la communauté et l'individu sont aujourd'hui extraordinairement divers. Au point qu'on ne peut plus parler d'État au sens occidental du terme. Bertrand Badie retrace la généalogie et l'évolution de l'État au cours des siècles, sa diversité au sein de ces ensembles abstraits que sont l'Occident et la terre d'Islam. Il prend dans cet ouvrage de référence l'exacte mesure des promesses et des impasses des modèles étatiques contemporains.
Bertrand Badie, professeur de sciences politiques à la faculté de droit de Clermont-Ferrand, est notamment l'auteur du Développement politique. -
L'ouvrage de Martin Broszat, spécialiste mondialement reconnu de l'histoire du nazisme et du IIIe Reich, a fait au fil de ses rééditions figure de classique de référence. Le lecteur français, qui pourra enfin pour la première fois en prendre connaissance dans sa langue, conviendra assurément qu'il tient là le bilan incontournable d'une recherche pionnière. Ce qui a en effet retenu Martin Broszat, ce n'est pas, comme tant d'autres historiens avant et après lui, la personnalité d'Adolf Hitler restituée dans une perspective biographique, c'est bien plutôt le nazisme comme structure politique et comme appareil de parti de l'Etat. Avec Martin Broszat, de la naissance du parti à la prise du pouvoir et à l'installation du régime, le national-socialisme retrouve sa réelle dimension d'univers bureaucratique tirant son unité et sa puissance du culte de la personnalité du Führer. Seul ce culte permettait de triompher de l'inertie d'un appareil administratif qui ne se prêtait pas spontanément à la poursuite d'une révolution brune destinée à satisfaire les ambitions inassouvies du parti; de neutraliser les rivalités entre adhérents et dirigeants de la première et de la dernière heure, les luttes sourdes entre fiefs et chefs locaux et régionaux, l'opposition ouverte entre les forces favorables à de nouveaux changements et celles attachées à un Etat autoritaire stabilisé. Les conflits existant à tous les niveaux de l'Etat et de la société furent réglés à chaque fois au coup par coup. Derrière la volonté du Führer qui s'imposait comme légitimation et arbitrage, libre de toute dépendance tant du parti que de l'Etat, Martin Broszat nous révèle superbement la réalité d'un pouvoir chaotique qui ne demeura un système fonctionnel qu'aussi longtemps qu'il ne fut pas submergé par les délires raciaux.
L'espace du politique, série dirigée par Pierre Birnbaum.
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Les élites de la République ; 1880-1990
Christophe Charle
- Fayard
- Espace Du Politique
- 7 Janvier 1998
- 9782213020273
Les élites de la République sont encore en grande partie inconnues.
Pourtant quelques-unes de leurs principales figures ornent, statues muettes, les places publiques, leurs noms baptisent les grandes artères des villes, leurs bustes ou leurs portraits trônent tristement dans les salles solennelles ou les couloirs des institutions. Elles ne sont plus que les objets apprêtés de rituels commémoratifs académiques, victimes du tri d'une mémoire _ nationale ou de corps _ qui isole les grands hommes de leurs milieux d'origine et les immobilise dans une perspective tronquée qui interdit de les connaître et de les comprendre.
Pour rompre ce cercle magique de la piété que les élites se vouent à elles-mêmes, il fallait transformer ces listes d'inconnus ou ces héros éponymes en groupes vivants et agissants, puisque, après tout, ces quelques milliers de personnes _ hommes d'affaires, hauts fonctionnaires, universitaires _ détenaient l'essentiel des leviers de commande de la société française ou élaboraient les tendances dominantes de la culture de l'époque.
1800: après que Gambetta eût annoncé l'arrivée des " nouvelles couches ", la conquête définitive du pouvoir par les républicains signifie dans l'esprit des contemporains une rupture d'avec les élites traditionnelles et le monde des notables. 1900: vingt ans ont suffi aux élites républicaines pour qu'elles atteignent le sommet de l'Etat, bénéficient pour leur recrutement des effets des réformes et des épurations et assoient enfin leur renouvellement grâce à des stratégies individuelles et collectives de carrière, d'alliances matrimoniales, de choix d'éducation et de profession pour les générations de la relève.
Des niveaux de fortune à l'étude des styles de vie, des rivalités entre les élites aux subtiles différenciations internes à chacune d'elle, du conseiller d'Etat au professeur d'Université, du diplomate à l'homme d'affaires, cette grande étude pionnière et panoramique nous restitue enfin les milieux dominants qui firent la France républicaine. Elle permet, en cela, de mieux saisir les mécanismes d'évolution de notre société.
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Défection et prise de parole : Théorie et applications
Albert o. Hirschman
- Fayard
- Espace Du Politique
- 12 Avril 1995
- 9782213592381
La pensée économique et la philosophie politique envisagent plus volontiers le développement que le déclin. Albert O. Hirschman, à qui l'on doit d'importantes contributions sur la croissance, conteste cette simplification et introduit la considération du déclin dans l'analyse économique elle-même.Sa pensée s'organise autour des deux moyens dont dispose le public pour exprimer son mécontentement: la défection, c'est-à-dire la fuite de la clientèle s'il s'agit d'une entreprise ou de la démission dans le cas d'une institution, et la prise de parole, c'est-à-dire une action menée de l'intérieur par ces mêmes parties. L'ouvrage est consacré à l'examen de ces deux voies et à leur interaction.Rapidement, la réflexion de l'économiste s'élargit, car ce double mécanisme s'applique également aux institutions les plus variées: groupes spontanés, associations volontaires, partis politiques, administration, mariage, etc. Ce thème est devenu pour lui une façon d'analyser certains processus économiques qui semblaient devoir éclairer tout un ensemble de phénomènes sociaux, politiques et même moraux.Un quart de siècle après la rédaction de cet ouvrage, le modèle d'Albert O. Hirschman a conservé toute sa force opératoire: il s'applique par exemple admirablement, quoique d'une façon particulière, aux comportements des habitants de la RDA avant et après la chute du Mur.Albert O. Hirschman est professeur émérite en sciences sociales à l'Institute for advanced study de Princeton. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié en France Les Passions et les intérêts; Bonheur privé, action publique; Deux siècles de rhétorique réactionnaire et Un certain penchant à l'autosubversion.
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Un monde sans souveraineté : Les Etats entre ruse et responsabilité
Bertrand Badie
- Fayard
- Espace Du Politique
- 20 Janvier 1999
- 9782213602936
Décidément, le monde n'est plus ce qu'il était... Il y a dix ans encore horizon indépassable des relations internationales, la souveraineté peine à maintenir ses positions face à l'émergence des valeurs communes à l'humanité et à la globalisation de l'économie. A vrai dire, elle recule un peu partout : de vieux Etats-nations doivent en sacrifier une partie pour s'intégrer à de plus grands ensembles ; l'ingérence a de moins en moins besoin de se parer des oripeaux des grands principes et passe à l'occasion pour un devoir ; certains Etats ne parviennent plus à garantir l'immunité de leurs ressortissants, voire de leurs anciens dirigeants... Bref, l'autorité des Etats n'est plus un dogme.
Cette mutation - considérable - n'ayant pas fini de produire ses effets, les Etats gagneraient grandement à mener une politique moins brutale et moins cynique. Au lieu de se cramponner au couple dépendance/coopération du temps de la Guerre froide, ils pourraient, plus modestement, défendre celui que forment l'autonomie et l'interdépendance. Sans doute doivent-ils aussi développer l'esprit de responsabilité au détriment de la ruse (qui n'est rien d'autre que la violence déguisée).
Beau programme pour le xxie siècle !
Bertrand Badie est professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Paris. Il a publié chez Fayard Les Deux Etats (1987), L'Etat importé (1992) et La Fin des territoires (1995).
Collection « L'espace du politique »
dirigée par Pierre Birnbaum -
La diplomatie des droits de l'homme : Entre éthique et volonté de puissance
Bertrand Badie
- Fayard
- Espace Du Politique
- 16 Octobre 2002
- 9782213613345
Il est aujourd'hui courant de brandir les droits de l'homme dans les relations internationales : certains Etats se prévalent d'une « diplomatie des droits de l'homme » dont la constance et l'efficacité sont pourtant sujettes à caution ; les ONG humanitaires se multiplient et croissent sans convaincre toujours ; la promotion des grandes causes justifie interventions, ingérences, actions violentes. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ? Les droits de l'homme ne cachent-ils pas d'autres visées franchement politiques ?Les Etats sont-ils bien armés pour défendre les droits de l'homme face aux résistances du réalisme, aux impératifs économiques, aux défauts de puissance, aux coûts de l'intervention, à un droit resté résolument souverain, aux interdépendances entre gouvernants ?Progrès réel mais invention combien fragile, la judiciarisation progressive de la scène internationale, de La Haye à Arusha, de Pinochet à Habré, révèle, au-delà, un déplacement du sujet, source de toutes les incertitudes : du peuple souverain au nom duquel on rendait la justice à une « humanité » méta-souveraine au nom de laquelle on ne sait pas encore le faire. Mais peut-être la démocratie va-t-elle prendre sa revanche là où on ne l'attendait pas : dans le calcul réaliste de ceux qui découvrent que les dictatures étaient hier utiles et qu'elles sont coûteuses et encombrantes aujourd'hui alors que triomphent les besoins d'intégration.Les Etats sont plus que jamais sous surveillance : celle de conventions qui ne sont pas seulement ou pas toujours formelles, celle de leurs semblables dont ils dépendent de plus en plus ; celle d'un espace international sujet à bien des manipulations mais qui débat, agit, proteste et se mobilise. En cela, la demande des droits de l'homme est symptomatique des données nouvelles de la vie de la planète, de ses impasses et de ses promesses. En analyste incisif des Etats dans le monde contemporain, Bertrand Badie nous fait voir, entre éthique et volonté de puissance, les relations internationales sous un jour inédit.Professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Paris, spécialiste des relations internationales, Bertrand Badie est l'auteur de plusieurs ouvrages pour la plupart publiés chez Fayard, dont L'Etat importé (1992), La Fin des territoires (1995), Un monde sans souveraineté (1999).