Manifeste !
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À la fin de sa vie, Éluard compose Poème pour tous, une anthologie de ses propres poèmes, qu'il n'aura pas le temps de voir paraître. Regard rétrospectif sur l'ensemble de son oeuvre, Poème pour tous porte évidemment la marque des préoccupations du dernier Éluard : préoccupations politiques, sociales, résistantes, recherche d'une poésie populaire pour s'adresser à « tous », qui l'amèneront, dans cette anthologie, à minorer la place occupée par les poèmes de l'époque surréaliste. Au seuil de la mort, le poète travaille ainsi tout à la fois à dégager l'unité de son oeuvre, et à indiquer le sens qu'il veut qu'on lui donne.
« Paul Éluard a écrit des milliers de vers. Ce livre, qui groupe cent vingt poèmes seulement, ne le trahit cependant pas. Bien au contraire, en lui s'affirme le sens le plus profond de la poésie. Car les Poèmes pour tous marquent, dans l'oeuvre du grand poète, à la fois la continuité sans faille et l'approfondissement, la clairvoyance chaque jour plus haute de sa révolte contre l'injustice, la sottise, l'erreur, la guerre, la misère. De 1917 à 1952, il n'est ainsi pas un poème de ce livre - comme il n'en est sans doute pas un dans toute l'oeuvre d'Éluard - qui ne soit, sous les apparences parfois de l'obscurité ou de l'expérimentation poétique, un pas en avant dans la conquête de cette "vérité pratique" dont Paul Éluard réaffirme, après Lautréamont, qu'elle est le but de la poésie. »
Extrait de la préface de Jean Marcenac -
Aussi bien « encyclopédie personnelle de la littérature » que « laboratoire de création », Descriptions de descriptions est un livre unique dans l'oeuvre de Pasolini car il se positionne en son plein coeur. Se trouvent ici non seulement exposés les vues de Pasolini sur un pan considérable de la littérature mondiale de toute époque (aussi bien Pétrarque, Manzoni, Moravia, Italo Calvino, Elsa Morrante, que Balzac, Flaubert, Dostoïevski, Ezra Pound ou Joseph Roth, la liste continue) mais aussi le décor intellectuel et sensible dans lequel voient le jour les propres oeuvres de Pasolini en gestation, comme Les Mille et Une Nuits, Salò ou Pétrole. Paru initialement en français chez Rivage en 1984, Descriptions de descriptions reparaît aux éditions Manifeste !, à l'occasion du centenaire de la naissance de Pasolini, avec le même traducteur et augmenté de plus d'un tiers d'inédits.
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La poèsie des femmes kurdes : une anthologie
Maram Al-Masri
- Manifeste !
- La Merle Moqueur
- 8 Juin 2023
- 9782492908255
Le monde entier a découvert le rôle essentiel que les femmes kurdes ont joué dans le combat contre Daech. On sait (encore trop peu) la place qu'elles prennent dans l'action pour une société démocratique, respectueuse de l'égalité, de la diversité des opinions et des croyances.
Souvent, les femmes kurdes sont représentées comme des combattantes en armes et portant l'uniforme.
Par ce choix de poèmes, Maram al-Masri a voulu montrer qu'elles étaient aussi des combattantes des mots, pour la dignité, la liberté, la paix, le droit de vivre sur sa terre et d'être reconnue dans son identité, sa personnalité.
Cette anthologie, qui ne se veut pas exhaustive, présente quarante-cinq femmes poètes, de Syrie, d'Irak, de Turquie, d'Iran. Certaines vivent dans des régions autonomes, reconnues ou combattues. Toutes ont connu la guerre, souvent l'exil, mais leurs poèmes parlent aussi de l'amour, des rapports avec les hommes, de la nature, de la vie tout simplement. Certains de ces poèmes ont été écrits dans une des langues kurdes, le kurmandji ou le sorani. D'autres ont été écrits en arabe, en turc, parfois dans une autre langue et sont présentés aujourd'hui au public français. -
Pour la première fois, la voix de la poétesse cubaine Serafina Núñez est offerte au public français, non dans son intégralité, mais dans ce qui fut sa durée, sa permanence, malgré les aléas de l'histoire et des modes littéraires. Cette anthologie suit donc, du premier recueil de 1937 jusqu'au dernier de 2004, une destinée peu commune, méconnue, mais saluée par les plus grands écrivains et poètes latino-américains. Poétesse lyrique, sans doute ; Serafina Núñez chante la nature, l'amour, l'absence, les tragédies de l'histoire, mais aussi sa ville, La Havane, avec une touche de sensualité. Tout en donnant une idée de la variété des thèmes et des formes employés par la poétesse, l'ouvrage met en avant deux genre dans lesquels Serafina Núñez excella tout particulièrement : la grande « chanson », à tonalité élégiaque, et en vers libre, et surtout le sonnet - elle fut surnommée « la femme-sonnet » -, dont elle a peut-être épuisé les anciens secrets et qu'elle a, assurément, renouvelé.
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Une nue, un nuage descend sur terre pour s'incarner en femme. C'est vers la Grèce que le vent la porte, ce pays où des hommes ont imaginé que les Idées voguaient
dans le ciel, comme des nues...
La nue vivra douze vies de femmes grecques, entre fiction et réel : trois mythes, trois corps, trois esprits, trois oeuvres. Leurs vies de fantôme ou de magicienne, de philosophe, de peintre ou de poétesse s'enfantent les unes les autres comme les différents états du cycle de l'eau et racontent autrement l'origine de la pensée abstraite.
Louise Guillemot, par sa prose poétique, redonne voix, geste et idée à ces oubliées de l'Histoire, de la reine Néphélé à Corinne, rivale de Pindare, en passant par Hélène et son double perdu, Agnodice, femme médecin, ou Hydna, plongeuse qui en un souffle détruisit la flotte perse. -
Pour la première fois réédité depuis sa publication originale en 1947, ce petit bijou d'écriture et de dessin porte la signature de deux artistes singuliers du XXe siècle : Elsa Triolet et Raymond Peynet. Imaginé par Elsa comme un conte merveilleux aux allures de « dessin animé », l'ouvrage est contemporain du Cycle d'Anne-Marie (Personne ne m'aime, 1946 et Les Fantômes armés, 1947) et donc porteur des mêmes obsessions, des mêmes angoisses. À y regarder et lire de plus près, tous ces décors colorés, enfantins, et cette écriture féérique cachent un envers plus sombre : le paysage d'une France et d'un monde décimés par la guerre et le fascisme, où la narratrice, en laquelle on reconnaît l'auteure, est entraînée dans une fuite en avant onirique et angoissée qui finit toujours, comme dans un cartoon, par une chute, ici douloureuse, moins tragique peut-être, que douce-amère.
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Mimmo : « À vous qui êtes un peuple en route vers un rêve d'humanité, vers un lieu imaginaire de justice, à vous qui mettez votre engagement quotidien pour défier même l'inclémence du temps. » Domenico Mimmo Lucano est l'ancien maire de Riace, un village de Calabre, condamné le 30 septembre 2021 à 13 ans de prison pour devoir de solidarité. La cause ? Avoir accueilli 200 naufragés kurdes puis avoir fait revivre son village avec la participation des réfugiés. À l'énoncé du jugement, Mimmo a ressenti chaque année du verdict comme une balle dans son coeur. Il s'est pourvu en cassation.
L'expérience de Riace, l'accueil des migrants, l'économie solidaire, la démocratie locale... avaient été saluée par tous, du Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés à Wim Wenders, au Pape et à l'ensemble des ONG, avant d'être attaqués conjointement par l'extrême-droite, le pouvoir italien et la Ndrangheta, la mafia calabraise.
Le collectif « Liberté pour Mimmo » s'est saisi de ce combat. Écrivains, poètes et artistes visuels ont décidé de donner de la voix pour soutenir Mimmo et poursuivre son combat. Avec les maisons d'édition Le Merle moqueur / Manifeste!, et en partenariat avec Médiapart, ce livre a été pensé comme un livre de combat. Les artistes qui y participent renouent avec l'héritage de la littérature engagée du xxe siècle : lier les luttes, l'imaginaire et l'art.
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La republication, en 2022, du Childe Harold de Byron, dans une nouvelle traduction, pourrait sembler une gageure, si elle n'était plus que jamais nécessaire. Premier ouvrage du génial poète anglais Lord Byron, qui le rendit « immédiatement célèbre » à travers toute l'Europe, Childe Harold a fourni un archétype romantique à des générations de poètes européens, comme Lamartine et Pouchkine, ou plus récemment Jean Ristat et Tom Buron. Pourtant, jusqu'ici, l'oeuvre n'avait connu que des traductions galvaudées ou incomplètes, vieilles de plus d'un siècle. Ce problème, qui touchait l'ensemble de l'oeuvre de Byron, s'est peu à peu dissipé avec le XXIe siècle et une nouvelle génération de traducteurs qui a su restituer au public français la vivacité du style du poète. À l'orée du bicentenaire de la mort de Byron, sa redécouverte en France a commencé ; et les voyages de Harold à travers une Europe dévastée par la guerre, mise sens dessus-dessous par les révolutions, n'ont pas fini de nous bercer.
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« Avec Franck Delorieux, c'est un « lieu intérieur » plus cru qui est mis à nu. [...] Et dans ces corps-à-corps brutaux, sans nom, sans psychologie, sans réelle identité, mais animés d'une sensualité strictement animale où l'humanité ne se lit que dans l'échange des regards, on est en présence de scènes où l'érotisme paraît se dissoudre, à force de se fragmenter dans une désarticulation des gestes et des mouvements, un peu à la manière des tableaux de Francis Bacon. Un observateur commente parfois les scènes avec une précision anatomique dépourvue de tout jugement. Il n'y a ni cruauté, ni complaisance, ni provocation.
La détermination même du projet littéraire surprend le lecteur qui comprend rapidement que le but n'est pas de choquer. On n'est ni dans la pornographie vulgaire ni dans l'érotisme raffiné. On est dans ces zones neutres que prisait Foucault. Celles où l'image froide et précise, mécanique et désocialisée, se substitue aux relations de désir. » René de Ceccatty, Le Monde des livres, 11 novembre 2010. -
Marx à Paris, 1871 ; le cahier bleu de Jenny
Michael Löwy, Olivier Besancenot
- Manifeste !
- 8 Avril 2021
- 9782957521531
Les auteurs imaginent que Marx et sa fille Jenny se rendent clandestinement à Paris pendant la Commune. Ils rencontrent les principaux acteurs : Eugène Varlin, Léo Frankel, Elisabeth Dmitrieff, Louise Michel. Marx suit les événements avec passion et donne parfois son avis.
Une uchronie sous forme de docu-fiction très vivante et informée. Une introduction à l´histoire de la Commune, et un portrait de Marx et de sa fille, non dénué d´humour et de tendresse.
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Contrairement à la plupart des poètes arabes de sa génération, Ouled Ahmed ne s'est pas engagé poétiquement en politique, mais il s'est engagé en poésie politiquement. Dommage qu'ils n'aient pas pris modèle sur lui et sur son engagement, leur poésie aurait ouvert un espace de création à partir de la relation entre la vision politique et la vision poétique. Ainsi sa poésie paraît différente : par son individualité, sensiblement et tendrement ; par son regard, du point de vue de la compréhension et de la clairvoyance. La politique et l'idéologie, dans sa poésie, sont restées pareilles à un nuage qui n'indique pour celui qui regarde que ce qui ressemble à la promesse ou aux signes d'une petite pluie passagère. C'est ainsi qu'a vécu Ouled Ahmed dans l'agitation politique et idéologique, à l'instar d'un oiseau dans une forêt : ne fréquentant pas les denses ombrages, il résidait au coeur de la clairière lumineuse, solitaire dans les bras d'une branche solitaire. Adonis 14 janvier 21
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Histoires ordinaires et extraordinaires du temps des colonies
Alain Ruscio
- Manifeste !
- 10 Juin 2021
- 9782492908002
L'auteur a rassemblé en un recueil anecdotes et historiettes, glanées au cours de son travail d'historien du colonialisme. De la « Mauresse de Moret », fille présumée de la Reine sous Louis XIV, jusqu'à l'assassinat de Maurice Audin par l'Armée française en 1957, en passant par la contribution surprenante d'un célèbre magicien à l'« Å«uvre coloniale », le lecteur traverse une galerie d'histoires parfois drôles, joyeuses, tristes, banales, épiques, mais toujours glaçantes, avec son lot de personnages connus ou inconnus, grotesques ou tragiques, qui font apparaître, en creux, l'image cohérente d'un passé qui a parfois bien du mal à passer... Un recueil qui réconcilie avec brio histoire et microhistoire, dans un style alerte qui n'enlève rien à la rigueur de l'historien.
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À travers le Wen Fu, petit traité sur la littérature, Lu Ji (261-303) adresse aux poètes à venir une série de conseils et de recommandations, tout en légèreté, dont la beauté traverse les âges. Illustration par l'exemple qui apporte une preuve, s'il en fallait, de la perspicacité du poète et du caractère intemporel de l'essence poétique. Car, sinon la poésie, que peut-il y avoir de commun entre un poète de l'Antiquité chinoise, Lu Ji et un poète américain proche de la Beat generation, Sam Hamill (1943-2018), son traducteur, son frère ? La poésie, bien sûr, et «une conception rigoureuse du rôle fondateur, politique et moral du travail poétique». C'est à cette rencontre extraordinaire que nous convie Alexis Bernaut, auteur de la traduction française, qui commente: «â€‰Telle est la poésie, telle est l'histoire de la littérature à travers siècles et continentsÂ: une hache dont on a maintes fois changé tête et manche mais dont l'essence demeure. »
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« En 1972, dans un essai sur Fernand Léger, peintre français qui lui était très cher, John Berger écrit que chaque artiste a un sujet continu, un thème constant qui traverse tout son travail. Eh bien, en travaillant sur la sélection des textes que vous trouverez dans ce livre, je me suis convaincue que le sujet constant de John, son leitmotiv, est précisément le temps, décliné de multiples façons, aussi variées que vous pouvez le faire avec un thème musical.
La même chose peut être dite de Demirel, qui presque partout dans ses dessins parle de mutations, métamorphoses, renversements, de ce devenir incessant qui est l'existence. Et l'existence, pour John comme pour Selçuk, n'est pas une prérogative des êtres humains. La nature et les choses sont existantes, les oeuvres d'art comme les objets d'usage quotidien, les chats, les arbres, les cuillères et les horloges, et les idées et les actions et leur être perpétuellement en cours de route, changeants, contradictoires, jamais définitifs.
Comme le ciel, nous rappellent Berger et Demirel, le temps n'est pas vide : il est ouvert. » (Préface de Maria Nadotti) -
La poésie n´est pas réservée aux grandes personnes. Les enfants apprécient la poésie pour peu qu´on la leur fasse découvrir. Dès leur plus jeune âge, on peut tout leur lire, même les poèmes qui semblent difficiles. Ils les écoutent, les engrangent, en comprennent des morceaux petit à petit, apprennent de nouveaux mots, rient aussi. Et ils en redemandent. L´autrice de ce florilège en a fait l´expérience auprès de ses enfants puis de ses petits-enfants. D´Agrippa d´Aubigné à Andrée Chedid en passant par Alphonse Allais, Louise Michel, Victor Hugo ou Robert Desnos, cette anthologie illustrée de plus d´une centaine d´auteurs dépoussière certains textes, nous en fait découvrir d´autres. Plus qu´un livre pour enfant, ce florilège est un recueil à lire aux enfants. Il participe à faire de la poésie un moment de partage familial et privilégié.
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Poète, dramaturge, essayiste, romancier, journaliste, VitÄ›zslav Nezval (1900-1958) est l'un des plus grands poètes tchèques du XXe siècle. Il fut l'un des principaux initiateurs du mouvement littéraire et artistique tchèque appelé «Âpoétisme». Ce mouvement (influencé d'un côté par Apollinaire et de l'autre par le futurisme russe de Maïakovski) prônait un art nouveau, capable de transcrire le merveilleux moderne. Il défendait un art de la vie, dans ses changements, un art à la fois réaliste, populaire, et d'une réjouissante fantaisie. Pour les poétistes la poésie est l'expression même de la faculté humaine essentielle : la liberté d'imaginer, de créer et d'inventer. Son recueil le plus célèbre, Prague aux doigts de pluie (1936), issu de la période surréaliste, est donné ici pour la première fois dans son intégralité en français, traduit par François Kérel, qui a bien connu Nezval, et à qui l'on doit également d'autres traductions de Nezval et de Mandelstam.
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C'est avec toujours autant d'humour, qui n'exclut pas un certain sens du tragique, que Julien Blaine poursuit sans relâche ses obsessions et sa quête poétique d'une parole des origines, libérée du joug tyrannique des monothéismes, d'où son intérêt pour l'art et les cultures paléolithiques ou chamaniques. Comme de juste, chez Julien Blaine et dans un certain nombre d'auteurs d'avant-garde, le livre est autant l'accomplissement que la recherche en elle-même, l'aventure d'un corps qui se jette dans la poésie. D'où cette question qui surgit à l'entrée de la vieillesse : que faire lorsque le corps d'éternelle jeunesse de l'avant-garde a vieilli ?
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C'est l'indignation anticoloniale ressentie au moment de la guerre du Rif qui amène le jeune écrivain surréaliste, Louis Aragon, a adhéré au PCF. Cet engagement se poursuivra tout le long de sa vie, comme un fil conducteur que l'on retrouve aussi bien dans ses actions et prises de position politique que dans son oeuvre poétique et romanesque. Pourtant, parce qu'avec Aragon rien n'est simple, cet engagement ne fut pas toujours sans ambiguïtés. Alain Ruscio s'attache à suivre la trajectoire anticoloniale du poète, même dans ses hésitations, qui furent souvent celles de son parti. Pourtant, Aragon s'employa constamment à exercer lucidement sa conscience, quitte à agacer au sein de son parti ou de certains écrivains de pays colonisés qu'il célébrait pourtant, comme Aimé Césaire.
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Jack Hirschman est né à New York en 1933 et est mort à San Francisco en 2021. Il fut l'ami de poètes de la Beat Generation, comme Lawrence Ferlinghetti, dont il partage le refus de la guerre et le rejet du capitalisme américain ; mais son parcours est différent. Sa poésie est à la fois révolutionnaire par ses thèmes et par sa forme. Il fut aux côtés des sans logis, des immigrés, des Noirs, des Latinos, des femmes en lutte... Et sa parole poétique, qui ne recule ni devant le métissage ni devant les néologismes, transfigure l'idiome américain. Marxiste, il était aussi un passionné de la Kabbale ou l'un des traducteurs d'Antonin Artaud en américain. Il a d'ailleurs traduit de très nombreux poètes (comme Pasolini, René Depestre, Aït Djafer...) Son Å«uvre qui comprend une centaine de titres et son activité militante inlassable pour un monde plus fraternel en font la figure majeure de la Street poetry aux États-Unis.
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XV fabliaux d'enfants, d'animaux et d'épouvante
Renato Leduc, Leonora Carrington
- Manifeste !
- 19 Mai 2022
- 9782492908149
Renato Leduc, reprenant la tradition mexicaine des fables et fabliaux, la détourne ici pour en offrir une version à son imageÂ: fantasque, ironique et grivoise, dans une veine libertaire (voire libertine) que n'auraient pas reniée ses amis surréalistes. Morts d'el dia de los muertos, cocus, girafes, coyotes ou berceuses se succèdent dans une frénésie joyeuse dont les dessins de Leonora Carrington, réalisés expressément pour le livre, redoublent la farandole dans un rouge-sang cruel. Résultats d'une rencontre, d'un amour entre deux créateurs singuliers du vingtième siècle, ces quinze fabliaux illustrés sont une curiosité à lire avec délectation.
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Du 22 mai 1913 au 6 juin 1914, Rupert Brooke voyage aux Amériques, d'où il fait suivre, pour la Westminster Gazette, une série d'articles-reportages, qui seront publiés à titre posthume, dès 1916, avec la préface de James. Brooke pose sur les lieux, les peuples et les coutumes qui s'offrent à lui un regard pénétrant, tendre, d'où transparaît la fascination exercée par le Nouveau Monde sur un jeune représentant de la Vieille Angleterre. Ses facultés poétiques trouvent pleinement à s'employer dans les nouveautés du voyage: gratte-ciel de New York, grandes plaines du Canada, chutes du Niagara Cette imagination échevelée, cette expérience d'une terre neuve, vierge de mythes à peupler, n'empêchent pas le jeune socialiste idéaliste qu'il est, proche des idées des «Fabiens», de s'exercer à saisir les contradictions d'une jeune république pleine de vitalité, d'avenir, mais où déjà le dollar et la division des classes règnent en maîtres.
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Serge Fauchereau propose un recueil de textes littéraires personnels. Alors que la main droite assure les activités professionnelles de l'auteur, ces écrits « de la main gauche », semblent avoir vu le jour entre deux portes, entre deux voyages et assument volontiers le décalage qu'ils offrent à la lecture. Décalage vis-à-vis de de l'époque et de la vie publique de l'auteur, comme dans la « Danse Mabraque », danse macabre du nouveau millénaire. Ce pas de côté permet pourtant de se concentrer sur l'essentiel de l'existence : l'intime, l'amour, les souvenirs d'enfance, les voyages et la découverte d'autres cultures, comme celle du Mexique, dont Serge Fauchereau est devenu l'un des spécialistes. Richement décoré par les amis artistes de l'auteur, avec en couverture son portrait par Hervé Télémaque et, à l'intérieur, dix reproductions d'Å«uvres du sculpteur José Abad spécialement réalisées pour lui, De la main gauche livre dans un style imagé et poétique un véritable autoportrait de l'âme.
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Roger vailland. libertinage et lutte des classes
Franck Delorieux
- Manifeste !
- 4 Novembre 2021
- 9782492908095
En libertin moderne, la posture de Roger Vailland est profondément éthique. Sagesse antique d'un homme qui achève sa vie par ces paroles à Elisabeth : « Mon amour, quel bonheur. Comme je suis heureux. » En libertin moderne, la posture de Roger Vailland est profondément politique. Goût et sens du bonheur, goût et sens du plaisir, Roger Vailland avait bien raison d'affirmer qu'il n'est plus qu'un scandale possible, c'est d'être communiste. Épuisé depuis plusieurs années, le recueil d'essais de Franck Delorieux sur la vie et l'Å«uvre de cet écrivain si singulier qu'est Roger Vailland (1907-1965), paru initialement en 2008, reparaît dans une version corrigée et augmentée de plus d'un tiers pour cerner au plus près, et d'un regard passionné, le « cas » de Roger Vailland, qui fut un temps proche des surréalistes, avant de rejoindre la Résistance, le rationalisme, le Parti communiste, tout en affichant un libertinage de pensée et de mÅ«urs dont il fut, au XXe siècle, le principal théoricien.
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Chacun a perçu la continuité entre, d'une part les « premiers de corvées », soignants, livreurs, routiers, ouvriers, éboueurs, caissières, etc., en première ligne, à la fois victimes et combattants contre la Covid 19, et d'autre part le mouvement des Gilets Jaunes quelques mois plus tôt. Faisant mentir tous ceux qui prédisaient leur disparition, les prolétaires ont de nouveau fait irruption sur la scène médiatique. Les « inutiles » devenaient indispensables. Partout, des mouvements sociaux bousculent l'ordre établi, du Chili jusqu'en Inde où s'est déroulée la grève la plus massive de l'histoire. Ce n'était pas au XIXe siècle ! Il s'agit par cet ouvrage de prolonger ces mouvements, de contribuer aussi à leur émergence dans la sphère des idées ; de secouer le discours qui déforme la réalité des sociétés des années 2020 et en particulier la société française ; de contribuer à la prise de conscience de l'importance des prolétaires ; et d'aider à leur unité.