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Littérature traduite
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Pour la première fois, la voix de la poétesse cubaine Serafina Núñez est offerte au public français, non dans son intégralité, mais dans ce qui fut sa durée, sa permanence, malgré les aléas de l'histoire et des modes littéraires. Cette anthologie suit donc, du premier recueil de 1937 jusqu'au dernier de 2004, une destinée peu commune, méconnue, mais saluée par les plus grands écrivains et poètes latino-américains. Poétesse lyrique, sans doute ; Serafina Núñez chante la nature, l'amour, l'absence, les tragédies de l'histoire, mais aussi sa ville, La Havane, avec une touche de sensualité. Tout en donnant une idée de la variété des thèmes et des formes employés par la poétesse, l'ouvrage met en avant deux genre dans lesquels Serafina Núñez excella tout particulièrement : la grande « chanson », à tonalité élégiaque, et en vers libre, et surtout le sonnet - elle fut surnommée « la femme-sonnet » -, dont elle a peut-être épuisé les anciens secrets et qu'elle a, assurément, renouvelé.
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Contrairement à la plupart des poètes arabes de sa génération, Ouled Ahmed ne s'est pas engagé poétiquement en politique, mais il s'est engagé en poésie politiquement. Dommage qu'ils n'aient pas pris modèle sur lui et sur son engagement, leur poésie aurait ouvert un espace de création à partir de la relation entre la vision politique et la vision poétique. Ainsi sa poésie paraît différente : par son individualité, sensiblement et tendrement ; par son regard, du point de vue de la compréhension et de la clairvoyance. La politique et l'idéologie, dans sa poésie, sont restées pareilles à un nuage qui n'indique pour celui qui regarde que ce qui ressemble à la promesse ou aux signes d'une petite pluie passagère. C'est ainsi qu'a vécu Ouled Ahmed dans l'agitation politique et idéologique, à l'instar d'un oiseau dans une forêt : ne fréquentant pas les denses ombrages, il résidait au coeur de la clairière lumineuse, solitaire dans les bras d'une branche solitaire. Adonis 14 janvier 21
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À travers le Wen Fu, petit traité sur la littérature, Lu Ji (261-303) adresse aux poètes à venir une série de conseils et de recommandations, tout en légèreté, dont la beauté traverse les âges. Illustration par l'exemple qui apporte une preuve, s'il en fallait, de la perspicacité du poète et du caractère intemporel de l'essence poétique. Car, sinon la poésie, que peut-il y avoir de commun entre un poète de l'Antiquité chinoise, Lu Ji et un poète américain proche de la Beat generation, Sam Hamill (1943-2018), son traducteur, son frère ? La poésie, bien sûr, et «une conception rigoureuse du rôle fondateur, politique et moral du travail poétique». C'est à cette rencontre extraordinaire que nous convie Alexis Bernaut, auteur de la traduction française, qui commente: «â€‰Telle est la poésie, telle est l'histoire de la littérature à travers siècles et continentsÂ: une hache dont on a maintes fois changé tête et manche mais dont l'essence demeure. »
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La republication, en 2022, du Childe Harold de Byron, dans une nouvelle traduction, pourrait sembler une gageure, si elle n'était plus que jamais nécessaire. Premier ouvrage du génial poète anglais Lord Byron, qui le rendit « immédiatement célèbre » à travers toute l'Europe, Childe Harold a fourni un archétype romantique à des générations de poètes européens, comme Lamartine et Pouchkine, ou plus récemment Jean Ristat et Tom Buron. Pourtant, jusqu'ici, l'oeuvre n'avait connu que des traductions galvaudées ou incomplètes, vieilles de plus d'un siècle. Ce problème, qui touchait l'ensemble de l'oeuvre de Byron, s'est peu à peu dissipé avec le XXIe siècle et une nouvelle génération de traducteurs qui a su restituer au public français la vivacité du style du poète. À l'orée du bicentenaire de la mort de Byron, sa redécouverte en France a commencé ; et les voyages de Harold à travers une Europe dévastée par la guerre, mise sens dessus-dessous par les révolutions, n'ont pas fini de nous bercer.
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« En 1972, dans un essai sur Fernand Léger, peintre français qui lui était très cher, John Berger écrit que chaque artiste a un sujet continu, un thème constant qui traverse tout son travail. Eh bien, en travaillant sur la sélection des textes que vous trouverez dans ce livre, je me suis convaincue que le sujet constant de John, son leitmotiv, est précisément le temps, décliné de multiples façons, aussi variées que vous pouvez le faire avec un thème musical.
La même chose peut être dite de Demirel, qui presque partout dans ses dessins parle de mutations, métamorphoses, renversements, de ce devenir incessant qui est l'existence. Et l'existence, pour John comme pour Selçuk, n'est pas une prérogative des êtres humains. La nature et les choses sont existantes, les oeuvres d'art comme les objets d'usage quotidien, les chats, les arbres, les cuillères et les horloges, et les idées et les actions et leur être perpétuellement en cours de route, changeants, contradictoires, jamais définitifs.
Comme le ciel, nous rappellent Berger et Demirel, le temps n'est pas vide : il est ouvert. » (Préface de Maria Nadotti) -
XV fabliaux d'enfants, d'animaux et d'épouvante
Renato Leduc, Leonora Carrington
- Manifeste !
- 19 Mai 2022
- 9782492908149
Renato Leduc, reprenant la tradition mexicaine des fables et fabliaux, la détourne ici pour en offrir une version à son imageÂ: fantasque, ironique et grivoise, dans une veine libertaire (voire libertine) que n'auraient pas reniée ses amis surréalistes. Morts d'el dia de los muertos, cocus, girafes, coyotes ou berceuses se succèdent dans une frénésie joyeuse dont les dessins de Leonora Carrington, réalisés expressément pour le livre, redoublent la farandole dans un rouge-sang cruel. Résultats d'une rencontre, d'un amour entre deux créateurs singuliers du vingtième siècle, ces quinze fabliaux illustrés sont une curiosité à lire avec délectation.
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« S'il n'a certes pas la puissance du «rire de laMéduse», tel qu'analysé par Hélène Cixous, dans un texteresté célèbre de 1975, qui lança, en France, la secondevague du féminisme, le rire discret d'Atalante n'en est pasmoins éloquent. Il dit quelque chose du bonheur qu'il y aà se savoir libre de ne pas cultiver les «passions tristes» etde ne pas attacher d'importance à ce qui, au fond, en a sipeu : la virilité, dont les oncles de Méléagre craignent ledélitement, si Atalante était venue à terrasser, à elle seule,le monstre à front bas. Libre de prendre les choses à lalégère, en faisant montre d'un détachement dont s'avèrentincapables ses frères d'armes, la fine fleur de la jeunessegrecque. Libre, enfin, de ne pas subir les assignationsà résidence génériques, celles qui vous enjoignent de vouscantonner aux fonctions traditionnellement reconnuesà la femme et à la mère. [...] Un élixir de jouvence, donc,à boire sans modération, si l'on veut être au rendez-vousde l'ivresse. »Extrait de la préface de Marc PoréeSe proposant de traiter une captivante légende mythologiquesous la forme d'une tragédie grecque rêvée, traduite dans une sorted'anglais archaïque, Swinburne trouve ainsi, avec Atalante àCalydon, un puissant moyen de déchaîner allégoriquement, enplein puritanisme victorien, les démons les plus intimes et les plusfascinants de son art poétique réputé décadent.