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Dans le Saint-Pétersbourg des années 1920, Sofia et Trofim, couple sans enfant, voient leur union se fissurer peu à peu. Sofia décide d'adopter une jeune orpheline du voisinage, Ganka. Ce qui devait préserver son mariage va amener la catastrophe : Trofim cède au charme de l'adolescente. Anéantie, Sofia s'enferme dans le mutisme. Les eaux de la Neva commencent à monter.
Evgueni Zamiatine (1884-1937) est une des grandes figures des lettres russes de l'entre-deux-guerres. Auteur de Nous autres, contre-utopie qui inspirera le 1984 d'Orwell, il accueille favorablement la Révolution de 1917, avant de déchanter. Victime de la censure, fustigeant sans relâche la docilité de certains de ses confrères, il prend le chemin de l'exil en 1931. Il meurt à Paris en 1937.
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En novembre 1947, Artaud enregistre pour la Radiodiffusion française, une émission intitulée Pour en finir avec le jugement de dieu.
Le texte qu'il écrit pour l'occasion est lu par Roger Blin, Maria Casarès, Paule Thévenin et Artaud lui-même. L'auteur enregistre après coup un certain nombre de cris de diverses intensite´s, des bruitages, et improvise un accompagnement musical a` plusieurs de ses scansions au moyen d'instruments de percussion et de xylophones.
L'e´mission doit e^tre diffuse´e le 2 fe´vrier 1948. Alerte´ par la presse qui se re´jouit du scandale a` venir, Wladimir Porche´, directeur ge´ne´ral de la Radiodiffusion franc¸aise, interdit la diffusion au dernier moment, le 1er fe´vrier.
Malgré le soutien d'un comité de journalistes, d'artistes, d'e´crivains, de musiciens (parmi lesquels Max-Pol Fouchet, Raymond Queneau, Pierre Herbart, Roger Vitrac, Georges Ribemont-Dessaignes, Jean-Louis Barrault, Louis Jouvet, Jean Cocteau, Rene´ Clair, Paul E´luard, Jean Paulhan, Maurice Nadeau, Georges Auric, Rene´ Char, Adrienne Monnier...), l'émission n'est pas diffusée.
Le texte paraît quelques mois plus tard, au printemps 1948, à titre posthume, aux éditions K, dirigées par Alain Gheerbrant.
Avec le texte de l'émission, nous reproduisons le Théâtre de la Cruauté, des Lettres à propos de Pour en finir avec le jugement de dieu et les États préparatoires de Pour en finir avec le jugement de dieu. -
Un marchand d'art parmi les plus réputés de Berlin rend visite à l'un de ses anciens clients, dont il est sans nouvelles depuis des années. Son silence s'avère explicable : l'homme a perdu la vue. Petit fonctionnaire provincial, le vieil aveugle avait constitué, à force d'avarice et de persévérance, l'une des plus belles collections d'estampes d'Allemagne. Mais il ignore que durant la terrible crise économique qui sévit au début des années 1920, sa femme et sa fille, pour échapper à la misère, ont vendu un à un ses trésors, qu'elles ont remplacés par des feuilles blanches...
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Fanny Farou, beauté de quarante ans, est l'épouse d'un auteur dramatique célèbre. Elle supporte avec une « orgueilleuse indulgence » les infidélités du grand homme et affronte sans s'émouvoir les aléas de la vie d'artiste. La lassitude née peu à peu des longues absences et des sautes d'humeur de son mari se trouve égayée par l'arrivée dans leur ménage d'une jolie jeune femme, qui rapidement cumule les rôles de gouvernante, secrétaire et dame de compagnie. Un triangle amoureux doit-il inévitablement s'ensuivre ? Et si tel était le cas, que conviendrait-il d'en faire ? Publié en 1929 après de longues années de gestation, La Seconde est un roman de la maturité, dans lequel Colette, qui a connu deux divorces, des liaisons et des amours féminines, condense avec une indéniable malice, teintée d'un peu de résignation, son expérience des labyrinthes du sentiment amoureux.
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Jeune homme d'affaires en faillite, Bedford s'est retiré à la campagne pour rédiger une pièce de théâtre qui doit idéalement mettre un terme à ses difficultés financières. Quand il fait la rencontre d'un inventeur aussi fantasque que ferré en physique, il ne se doute pas immédiatement qu'il est sur le point d'être entraîné dans une aventure que nul être humain n'a jamais vécue... Publié en 1901, Les Premiers Hommes dans la lune est à la fois récit de science-fiction, réflexion sur ce qui constitue l'identité humaine, examen critique de la rationalité... Faisant entrer le thème connu du voyage lunaire dans la modernité anglo-saxonne, il sera une source d'inspiration pour plusieurs générations d'auteurs, de C. S. Lewis à Alan Moore, et compte parmi les plus célèbres romans d'Herbert George Wells (1866- 1946), auteur de La Guerre des mondes et de La Machine à explorer le temps.
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Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
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- 26 Avril 2024
- 9782381410623
Les partis sont un merveilleux mécanisme par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité. Si on confiait au diable l'organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux.
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En 1906, Colette se faisait objet de scandale en apparaissant nue sur la scène de l'Olympia, lors d'une représentation théâtrale. Plus de trente ans après, alors que les corps dévoilés se sont banalisés dans les salles de spectacle, elle analyse notre regard sur la nudité, des revues de music-hall à la statuaire grecque, en passant par le cadre intime ou les mannequins de grands magasins. Au travers des souvenirs de ses années de bohème ou de réminiscences livresques, elle juge de l'évolution des normes esthétiques, de notre rapport à l'obscène ou de la froideur parfois anti-érotique de l'exhibition d'un corps parfait - avec l'acuité et l'élégante légèreté qu'on lui connaît.
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Victor, à trente-quatre ans, est un poète qui n'a encore rien publié. Pour mieux répondre à l'appel de sa vocation, il a renoncé quelques années plus tôt à épouser la belle Theuda. Bien qu'ils aient rompu toute relation, il continue de vivre, en imagination, une union exaltée avec la jeune femme. Quand il la retrouve mariée et mère d'un jeune enfant, il se sent affreusement trahi. Résolu à ne pas tolérer pareille défection, il s'efforce de renouer des liens qui très vite l'enchaîneront bien plus qu'il ne l'avait imaginé... Imago, publié en 1906, est le roman majeur de Carl Spitteler (1845-1924), prix Nobel de littérature en 1919. Salué par Freud comme un chef-d'oeuvre d'ironie et de clairvoyance, Imago se joue des rôles absurdes et figés dans lesquels son époque enferme les femmes, victimes inévitables de la tension permanente entre des pulsions vécues comme honteuses et des idéaux d'une redoutable rigidité.
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Caravansérail, l'unique roman de Picabia, est écrit en 1924, l'année de la publication du premier Manifeste du surréalisme. C'est aussi l'année de sa rupture avec André Breton, et celle qui le voit quitter Paris pour vingt ans. Autobiographie narquoise, anti-manifeste à l'individualisme désinvolte, portrait au vitriol des avant-gardes, règlement de comptes : Caravansérail, texte aussi inclassable que son auteur, est tout cela à la fois. Des sommeils hypnotiques des surréalistes aux casinos monégasques, des boîtes de nuit à la mode aux dîners mondains, Picabia fait défiler amis et ennemis - Duchamp, Picasso, Cendrars, Cocteau, Satie, Desnos... -, égratignant les uns et chahutant les autres, refusant avec une répugnance instinctive toute méthode, tout dogme, scrupuleusement attentif à ne rien prendre au sérieux.
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Durant la nuit qui précède le jour de l'an, une petite soeur de l'Armée du Salut agonise. Emportée toute jeune par la tuberculose, elle n'est agitée que d'un unique regret : n'avoir pu ramener sur le droit chemin David Holm, fort gaillard, ivrogne et mauvais sujet. Ni les menaces ni les prières n'ont pu le détourner d'une longue déchéance volontaire, où il tâche d'ailleurs d'entraîner avec lui femme et enfants. Quel lien mystérieux peut unir la jeune femme au pire vaurien de la ville ? Parviendra-t-elle, au seuil de la mort, à détourner le châtiment terrible qui attend sans qu'il s'en doute cet homme dévoyé, malfaisant, sûr de sa force ? Selma Lagerlöf (1858-1940), grande écrivaine suédoise, militante féministe, première femme à recevoir le prix Nobel de littérature, fit paraître en 1912 Le Charretier de la Mort, conte de Noël fantastique qui reste l'une de ses plus belles réussites.
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J'ai pas mal vagabondé en mon temps, me voilà devenu bête et flétri. Mais je n'ai pas cette croyance sénile et perverse d'être devenu plus sage que je n'étais. Et j'espère du reste que je ne deviendrai jamais sage. C'est un signe de décrépitude. Quand je remercie Dieu de la vie, ce n'est pas en vertu d'une plus grande maturité qui est venue avec l'âge, mais parce que j'ai toujours eu de la joie à vivre. L'âge n'apporte aucune maturité, l'âge n'apporte rien d'autre que la vieillesse. Un vagabond joue en sourdine est, après Sous l'étoile d'automne, le deuxième roman qu'Hamsun consacra à son double fictionnel, Knut Pedersen. Sans amertume, il y dresse le constat de l'absurdité de la vie bourgeoise et d'à peu près toute littérature. Tour à tour manoeuvre, bûcheron, flotteur de bois, il se fait spectateur passif du tumulte du monde, s'interdisant par là de protéger la femme qu'il chérit - mais peut-être n'y a-t-il là qu'inévitable résignation à notre fragilité, et à notre fondamentale impuissance ?
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Première traduction française intégrale de Loin de la foule déchaînée. Publié en 1874, Loin de la foule déchaînée est le premier des grands romans de Thomas Hardy (1840-1928), à qui il apporte la notoriété. Il marque l apparition dans son uvre de la région imaginaire du Wessex, calquée sur son Dorset natal. C est le texte fondateur d un univers familier aux lecteurs de Tess d Urberville ou Jude l obscur.
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Charles Yellowplush, fils d'une mère à la vertu incertaine, est contraint dès son plus jeune âge d'embrasser la très instructive profession de valet de pied. Après des débuts décevants, il parvient à entrer au service du fils d'un pair d'Angleterre, viveur sans scrupules. Yellowplush a un penchant inné pour la distinction et le raffinement aristocratiques, dont après tout on peut jouir même aux côtés d'un jeune lord sans fortune, tricheur, voleur et prêt à toutes les fourberies. De ce maître mémorable, il recevra des leçons qu'il saura mettre à profit - la principale étant peut-être que la loyauté, si belle qu'elle soit, n'a pas l'absolu devoir d'empiéter sur un salutaire instinct de survie. William Makepeace Thackeray (1811- 1863), auteur de La Foire aux vanités et de Barry Lyndon, rival de Dickens à l'ironie mordante, fut l'un des plus grands romanciers anglais du XIXe siècle.
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Par une belle journée du mois de juillet 1714, non loin de Lima, le pont du roi Saint-Louis, légère passerelle jetée au-dessus d'un abîme, s'écroule. Un moine franciscain va consacrer sa vie à tâcher de comprendre pourquoi Dieu, dans son infinie sagesse, a choisi ce jour-là de faire périr les cinq victimes de l'accident. La signification de cette tragédie nous est-elle accessible ? La mort fut-elle pour ces cinq-là une étape logique, souhaitée peut-être ? Les tentatives de réponse à ces questions reposent dans les pages d'un gros volume poussiéreux, réchappé des bûchers de l'Inquisition, au fond d'une bibliothèque de Lima. Publié en 1927, Le Pont du roi Saint-Louis est le chef-d'oeuvre romanesque de Thornton Wilder (1897-1975), écrivain, dramaturge, professeur et érudit.
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À la fin des années 1870, un jeune officier de marine anglais s'engage sur un trois-mâts devant convoyer une cargaison de charbon à Bangkok. Âgé de tout juste vingt ans, il brûle de découvrir l'Orient, où il ne s'est jamais rendu.
Sa fougue et sa détermination à effectuer ce voyage ne lui seront pas inutiles : il va se trouver contraint d'affronter la plus invraisemblable série de catastrophes qu'il est possible d'imaginer. Ode à l'enthousiasme, à l'énergie et à la naïveté de la jeunesse, célébration de l'austérité de la vie de marin et de la magie de la mer, Jeunesse est sans doute l'une des plus belles nouvelles écrites par Conrad. -
Qu'il soit question de rivalités amoureuses, du dilemme entre art sacré et profane, des bonnes actions d'un tortionnaire ou des méfaits de la procrastination, Machado de Assis, tout au long des sept nouvelles du présent recueil, conserve invariablement la même simplicité et le même étourdissant brio.
Avec une concision qui n'ôte rien à la subtilité psychologique de ses portraits, il excelle à décrire les situations les plus inextricables, pour mieux célébrer le génie impitoyable du destin quand il se charge de trancher. -
Troublé jusqu'au fond de l'âme, anéanti, j'espérais du moins être quitte de cette mystification absurde qui venait de m'endetter de trois mois au moins de mon revenu pour un caprice auquel je n'aurais pu raisonnablement sacrifier plus de cinquante francs... Asselineau, ami et premier biographe de Baudelaire, prend un plaisir diabolique à conter au lecteur les déboires de son héros bibliophile. Des quais de Seine aux ventes aux enchères, un élan irrépressible le pousse aux acquisitions les plus regrettables, jusqu'à la catastrophe finale...
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???Quand le diable, par une belle soirée d'été, décide de prendre possession d'un paisible village des Alpes suisses, il n'a que fort peu à faire : vanité, appât du gain, ivrognerie sont des armes faciles à manier, et bientôt une sourde aigreur, une insatisfaction diffuse s'emparent de bien des hommes. Par lâcheté ou cynisme, les villageois laissent s'étendre l'emprise du Malin, qui n'attend que le moment de pouvoir triompher à visage découvert... Publié au début de l'été 1914, Le Règne de l'esprit malin prend des allures prémonitoires : une grande partie de l'humanité bascule dans la folie, les innocents sont abandonnés à une vie de famine, des forces mauvaises effacent la frontière qui sépare le bien du mal, et exposent au grand jour la faillite de ceux qui prétendaient nous en garder.
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Dans un futur lointain, nous apprendrons peut-être à dissocier la création littéraire de l'honnêteté intellectuelle.
Pour l'heure nous savons seulement que l'imagination, tout comme certains animaux sauvages, n'est pas féconde en captivité. Tout écrivain ou journaliste qui nie cela appelle, en réalité, a` sa propre destruction.
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Le 19 juillet 1870, Jean, un garçon de douze ans qui s'ennuie dans la maison cossue de son père, à Versailles, apprend la nouvelle de la déclaration de guerre : Napoléon III attaque les Prussiens. Bas les coeurs ! est le récit de l'année qui va suivre : la fièvre patriotique des débuts, la succession des défaites que la propagande tente de masquer comme elle peut, le désastre de Sedan, le siège de Paris par les troupes allemandes, l'insurrection de la Commune et son écrasement... Jean observe, écoute, apprend, témoin chaque jour moins innocent des forfanteries, des lâchetés et des hypocrisies du milieu dans lequel il grandit. Dans ce roman rédigé en 1889 et nourri des souvenirs d'enfance de son auteur, Darien fait le procès d'un nationalisme qu'il pressent revanchard, et de la cupidité féroce et imbécile d'une bourgeoisie contre laquelle il lutta toute sa vie.
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En 1802, alors que la Suisse est dirigée par une instable République helvétique née dans le sillage de la Révolution française, une rumeur se répand dans le Pays de Vaud : les seigneurs d'hier tenteraient de faire rétablir leur droit à lever la dîme, attesté par leurs archives. Qu'à cela ne tienne : dans tous les châteaux qui parsèment les vallées vaudoises, brûlons les archives, et la dîme disparaîtra pour de bon... Ainsi débute, avec une circonspection et des atermoiements que seul le regard de Ramuz pouvait rendre à la fois si drôles et si touchants, la guerre aux papiers. Admiré par des écrivains aussi divers que Stefan Zweig, Thomas Mann ou Paul Valéry, Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) fut l'un des plus grands écrivains suisses du xxe siècle. La Guerre aux papiers est le dernier roman qu'il publia.
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De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
Benjamin Constant
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- 20 Juin 2024
- 9782381410661
Le but des Anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d'une même patrie. C'était là ce qu'ils nommaient liberté. Le but des Modernes est la sécurité dans les jouissances privées ; et ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances.
Benjamin Constant -
Quand, en 1906, Hamsun publie Sous l'étoile d'automne, il a quarante-sept ans ; il est un auteur célèbre, mais traverse une période de doute et d'errance tant littéraires que personnels, suite à l'échec de son mariage avec une jeune femme qu'il a passionnément aimée.
Sous l'étoile d'automne est le récit du vagabondage dans les campagnes norvégiennes de Knut Pedersen, homonyme et double littéraire d'Hamsun. Usé par les déceptions d'une vie citadine et mondaine dont il ne dira rien, Pedersen s'embauche ici ou là comme manoeuvre, maçon, bûcheron, vit de rien, tente de revenir à une simplicité originelle dans sa manière d'être au monde ; il décrit les difficultés et les bonheurs de ses rencontres, des amitiés et amours qui inévitablement se nouent - avec une spontanéité, un naturel et une économie de moyens qui, de Thomas Mann à Henry Miller, marqueront des générations d'écrivains.