Fausto a quarante ans, Silvia en a vingt-sept. Il est écrivain, elle est artiste-peintre. Tous deux sont à la recherche d'un ailleurs, où qu'il soit. Alors que l'hiver s'installe sur la petite station de ski de Fontana Fredda, au coeur du val d'Aoste, ils se rencontrent dans le restaurant d'altitude Le Festin de Babette. Fausto fait office de cuisinier, Silvia, de serveuse. Ils se rapprochent doucement, s'abandonnant petit à petit au corps de l'autre, sans rien se promettre pour autant. Alors qu'arrive le printemps et que la neige commence à fondre, Silvia quitte Fontana Fredda pour aller toujours plus haut, vers le glacier Felik, tandis que Fausto doit redescendre en ville rassembler les morceaux de sa vie antérieure et finaliser son divorce. Mais le désir de montagne, l'amitié des hommes et des femmes qui l'habitent et le souvenir de Silvia sont trop forts pour qu'il résiste longtemps à leur appel.
Après le succès mondial des Huit Montagnes, Paolo Cognetti revient sur ses sommets bien-aimés avec un éblouissant roman d'amour, véritable ode à la montagne tour à tour apaisante, dangereuse, imprévisible et puissante.
« Quel que soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes. » Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana, au coeur du val d'Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
Vingt ans plus tard, c'est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé - et son avenir.
Dans une langue pure et poétique, Paolo Cognetti mêle l'intime à l'universel et signe un grand roman d'apprentissage et de filiation.
Traduit de l'italien par Anita Rochedy
Après le succès de ses Mémoires, Woody Allen revient avec un recueil de nouvelles jubilatoire. Qu'il écrive sur des acteurs ratés ou des vaches meurtrières, sur l'origine du poulet du Général Tso ou sur celle du noeud de Windsor, qu'il explore la vie sexuelle des célébrités, le talent d'un cheval peintre ou le destin tragique du nez de Sylvester Stallone, il donne vie à des récits loufoques, perspicaces et, surtout, implacablement drôles.
Un recueil où s'exprime à chaque page toute la singularité, l'humour et le talent d'observateur et d'écrivain du réalisateur oscarisé de Manhattan.
Du pur Woody Allen !
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Au début du siècle, une petite pension sur la Côte d'Azur, ou plutôt sur la Riviera, comme on disait alors. Grand émoi chez les clients de l'établissement : la femme d'un des pensionnaires, Mme Henriette, est partie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée.
Seul le narrateur prend la défense de cette créature sans moralité. Et il ne trouvera comme alliée qu'une vieille dame anglaise, sèche et distinguée. C'est elle qui, au cours d'une longue conversation, lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez elle.
Stefan Zweig est né à Vienne en 1881. Il s'est essayé aux genres littéraires les plus divers : poésie, théâtre, traductions, biographies romancées et critiques littéraires. Mais ce sont ses nouvelles qui l'ont rendu célèbre dans le monde entier.
Profondément marqué par la montée et les victoires du nazisme, Stefan Zweig avait émigré au Brésil. Il s'est suicidé en même temps que sa seconde femme à Pétropolis, en février 1942.
« L'auteur de Rien de grave aime Blonde parce que c'est l'une de ses obsessions : avoir tout et finir avec rien. » Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche, 17 juillet 2008.
Blonde ne ressemble à aucun livre de Joyce Carol Oates. Avec cette oeuvre monumentale et baroque, qu'elle compose à partir des fantasmes que lui inspire Marylin Monroe, l'écrivain a ainsi marqué de son empreinte un genre inédit : la « bio-fiction ». Construite en cinq actes, cette tragédie est écrite sur deux modes : l'un narratif et réaliste, l'autre surréaliste, fait de visions et d'hallucinations. Un peu comme si la folie d'une Marylin starifiée venait interrompre les voix de différents personnages tentant de raconter son histoire. Au sein de ce choeur, on entend le souffle gracile et timide de Norma Jean, l'enfant blessée et perdue que Marylin a dû être, obsédée par le pouvoir de destruction et la fragilité de sa mère.
C'est donc la part d'ombre de ce personnage devenu mythique qui a inspiré Joyce Carol Oates : « Je n'ai pas décidé de faire un livre sur Marilyn Monroe. C'est en découvrant une photo de Norma Jean prise en 1944 quand elle avait dix-sept ans que j'ai eu envie d'écrire sur cette jeune fille ordinaire, quelconque, une Américaine typique avec ses cheveux foncés et son visage rond, qui ne ressemblait en rien à Marilyn Monroe. [...] C'est grâce et à cause d'Hollywood qu'elle s'est métamorphosée, qu'elle est devenue un miracle. Ce qui compte pour moi, c'est la vie privée de Norma Jean, comment cette vie privée s'est transformée en produit. » Quand on sait que c'est à sa mère que Joyce Carol Oates a pensé en découvrant cette photo des jeunes années de Marilyn, on a très envie d'entendre l'auteur de Mauvaise fille nous raconter en quoi la lecture de Blonde a été pour elle d'une telle importance.
« Il y a les adieux, et puis on repêche les corps - entre les deux, tout est spéculation. » Sur le sable d'une plage hongkongaise, une main soulève des draps. La jeune Anh, 16 ans, reconnaît ses parents et quatre de ses frères et soeurs, noyés. Anh et ses deux frères, Thanh et Minh, sont désormais seuls au monde. Il y a quelques mois à peine, ils étaient encore une famille. Une famille obligée de fuir le Vietnam après le départ des dernières troupes américaines. Alors que les fantômes des absents et la culpabilité leur collent à la peau, qu'ils dérivent de camps de réfugiés en centres de réinstallation, les trois orphelins finissent par poser leurs valises à Londres, dans la Grande-Bretagne de Thatcher. Une nouvelle vie commence.
Un premier roman éblouissant qui explore les blessures générationnelles et le pouvoir guérisseur des mots.
Traduit de l'anglais par Carine Chichereau
Toute sa vie Lucy a suivi une route tracée d'avance, notamment en matière d'amour. Elle a rencontré un homme qui lui ressemblait : même âge, même parcours, mêmes rêves ; ils se sont mariés et ont eu deux enfants. Mais voilà, aujourd'hui, Lucy est une enseignante de quarante et un ans, divorcée, avec deux fils à charge, et la route débouche sur un carrefour. Quelle direction prendre ? Lucy sent ses certitudes vaciller... Serait-ce le parfait timing pour un coup de foudre ?
Lorsqu'elle rencontre Joseph derrière le comptoir de la boucherie de son quartier bobo londonien, elle ne cherche pourtant pas l'amour, loin de là. Plutôt un baby-sitter de confiance, pour pouvoir sortir de temps à autre. Et puis Joseph a vingt-deux ans, habite chez sa mère, cumule les petits jobs et rêve de devenir DJ. Pire encore, il a voté LEAVE. Disons-le, il n'a rien du candidat idéal. Mais parfois, il s'avère que la personne qui peut vous rendre le plus heureux est celle à laquelle vous vous attendez le moins ! Même si cela peut générer quelques complications...
Entre comédie sociale et romantique, sur fond de Londres déchirée par le Brexit, Nick Hornby nous offre un roman de notre époque qui nous rappelle que pour vivre ensemble il faut savoir dépasser ses préjugés et accepter les différences. En amour comme en politique.
« Prénom ? Roman, Romain, Romouchka, Émile.Nom de famille ? Kacew, de Kacew, Gari, Gary, Ajar, Sinibaldi, Bogat. Lieu de naissance : Wilno, Koursk, Moscou, steppes russes, en 1914, en mai, en décembre, dans l'après-midi... » Difficile de mettre de l'ordre dans la biographie hors norme de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur. Homme célèbre qui s'est suicidé en 1980 après une carrière littéraire fulgurante. Mystificateur. Enfin, illusionniste qui jonglait avec les faits et les inventions, avec ses histoires et celles qu'il entendait, créateur infatigable de son opus magnum : sa propre biographie.
Seule Agata Tuszy ska, l'autrice de Wiera Gran l'Accusée et de La Fiancée de Bruno Schulz pouvait relever ce défi ! Elle se met en scène, enquête pour chercher la vérité, tente de dévoiler les nombreux portraits de son personnage et engage avec lui un dialogue tout en essayant de résoudre les mystères de l'identité juive de l'auteur de La Promesse de l'aube - et de la sienne. Elle évoque sa mère dominatrice et fascinante, Nina Owczy ska, leur séjour de plusieurs années à Varsovie dans les années 1920, la route pour Nice, les deux mariages tempétueux de l'écrivain (dont celui avec la star de Hollywood Jean Seberg), sa carrière artistique et celle de diplomate. Elle raconte sa faiblesse pour les pseudonymes, les destins parallèles et le jeu. Dans Le Jongleur, Agata Tuszy ska peint un portrait unique de Romain Gary, et montre comment son personnage va au-delà des limites de la pirouette artistique et des responsabilités humaines. Jongler devient ainsi la métaphore de l'art.
Traduit du polonais par Isabelle Jannès-Kalinowski
Edmund Malinowski, jeune psychiatre comportementaliste, est en passe d'accomplir son rêve. À trente-six ans, il vient de prendre la direction d'un établissement psychiatrique dans les montagnes du Montana. Travaillant d'arrache-pied, il délaisse trop souvent sa femme, Laura. Cette dernière a l'impression d'avoir été dupée : pour la convaincre de s'installer ici, Edmund lui avait promis qu'ils fonderaient une famille. Étaient-ce seulement des belles paroles ? Une chose est sûre, elle n'y croit plus.
Passionné, charismatique, Edmund, ambitionne avant tout de réformer la psychiatrie, d'obtenir la reconnaissance de ses pairs et de guérir ses patients. Surtout Penelope, une jeune fille épileptique internée de force par ses parents qui, voyant en lui son sauveur, tombe peu à peu sous son charme. Alors que leur relation prend une tournure des plus ambiguë, Laura décide de donner des cours de dessin aux patients de son mari, s'immisçant ainsi dans sa vie professionnelle et le forçant à réévaluer ses choix.
À la manière de Richard Yates dans Les Noces Rebelles, Virginia Reeves livre à ses lecteurs une bouleversante exploration du mariage, du désir et de l'ambition. Dans un décor sublime et chaotique, porté par des personnages qui semblent prêts à exploser à tout moment, Anatomie d'un mariage est un roman d'une intelligence sans détour, captivant, auquel on ne peut s'empêcher de revenir.
Habitants d'une petite ville du fin fond des états-unis, les personnages du coeur est un chasseur solitaire se sentent profondément seuls, abandonnés avec leurs révoltes.
Subsistent cependant certains rêves. pour mick l'adolescente complexée, celui d'apprendre à jouer du violon qu'elle s'est confectionné, et qu'elle cache sous son lit. biff lui, observe ses clients pour échapper à sa vie de couple bien terne. jake rêve d'un monde plus juste. le docteur copeland essaie pour sa part d'oeuvrer concrètement à la réalisation de ce monde car sa couleur de peau l'expose à des brimades quotidiennes.
Leur rencontre avec john singer, sourd-muet dont le calme et la courtoisie inspirent confiance, leur permet d'entrevoir la possibilité d'être compris.
Cette édition comprend également l'esquisse de ce grand roman ainsi que l'ensemble des essais et des articles que carson mccullers a publiés de son vivant. ces textes précisent les références de ce prodige de la littérature américaine tout en mettant en valeur sa sensibilité et son engagement.
Dans les rues du Caire résonne une étrange musique : l'écho des appels à la prière, les insultes furieuses lancées entre les conducteurs, les cris des vendeurs ambulants. Nadia Wassef connaît cette chanson par coeur. C'est là qu'elle a grandi, et c'est là, dans le quartier de Zamalek, cette île fluviale entourée d'un désert que, le 8 mars 2002, avec sa soeur Hind et son amie Nihal elle a inauguré Diwan, la première librairie moderne et indépendante d'Égypte.
Alors que la culture traversait une mauvaise passe, les trois femmes décidèrent de tenter l'impossible et se jurèrent de redonner aux Cairotes le goût de la lecture. Sans formation ni expérience professionnelle dans ce domaine, elles durent affronter la censure, le patriarcat, les clients excentriques, les employés rebelles et donner tort à tous les tristes sires qui leur serinaient qu'elles ne réussiraient pas et feraient mieux de rester dans leur cuisine.
Vingt ans après, avec plus d'une dizaine de succursales à travers le pays, 150 employés et des clients assidus, Diwan est une véritable institution en Égypte. Comment en sont-elles arrivées là ? Nadia Wassef nous raconte ici l'incroyable histoire de cette aventure entrepreneuriale, humaine, et littéraire. Au fil de ses mémoires, on croise des habitués hauts en couleur, comme l'exigeant docteur Medhat, Samir le chauffeur qui a un avis sur tout, et on tombe à notre tour sous le charme des trois femmes de Diwan : Nihal la sérieuse contemplative, Hind la taiseuse pleine de sagesse et Nadia, la perfectionniste aux accents parfois dictatoriaux.
La Libraire du Caire est le portrait détonnant d'une Égypte moderne, loin des guides touristiques, un cri de ralliement féministe, ainsi qu'une magnifique déclaration d'amour aux librairies du monde entier.
Traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter
« Il me semble qu?un homme est bien fou de vouloir qu?un autre le comprenne. » (Le fusil de chasse) Deux chefs-d?oeuvre, Le fusil de chasse et Combat de taureaux, ouvrent ce recueil qui rassemble l?intégralité des nouvelles de Yasushi Inoué publiées aux éditions Stock. Toutes s?inscrivent dans la veine intimiste de son oeuvre. Sur fond d?un Japon en pleine mutation au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les personnages qui traversent ces récits se heurtent à la dure réalité de l?existence. Nombre d?entre eux vivent des amours que le poids des tabous sociaux et le sentiment dévorant de culpabilité rendent impossibles. Dans un style sobre et élégant, l?auteur dresse le portrait d?artistes ratés, d?intellectuels négligeant les contingences matérielles ou encore d?êtres épris de sagesse fuyant la compagnie de leurs semblables. Autant d?histoires d?individus dont les ambitions et les désirs les tiennent à la lisière de l?univers normé que délimite la civilisation. En choisissant souvent une narratrice ou en donnant à ses protagonistes féminins des rôles de premier plan, Yasushi Inoué exprime son admiration pour le courage et la ténacité des femmes qui ont su défier les valeurs patriarcales de la société japonaise de l?époque.
Helsinki, 2016. Olenka, assise sur un banc dans un jardin public, observe un couple et leurs deux enfants en train de jouer avec leur chien. Une femme vient s'asseoir à ses côtés. Olenka sursaute : malgré les années, elle la reconnaîtrait entre mille. Après tout, Olenka n'a-t-elle pas ruiné la vie de cette femme, sa soi-disant amie ? Et cette dernière est sans doute ici pour lui rendre la pareille. Elle seule connaît la vérité sur ce qu'a fait Olenka, d'où elle vient et de qui elle se cache. Malgré tout, pendant un court instant, les voici à nouveau réunies, spectatrices impuissantes de la vie qu'elles auraient pu avoir, si elles avaient fait d'autres choix.
Faisant alterner son récit entre la Finlande contemporaine et l'Ukraine aux premiers jours de la transition post-Soviétique, Sofi Oksanen raconte avec une acuité rare la trajectoire de ces deux femmes incapables de se libérer du passé. Leurs histoires d'amitié, d'amour, d'ambition et de trahison, résonnent douloureusement dans ce monde où le corps des femmes est souvent réduit à une marchandise.
Un hôpital psychiatrique dans les années 1960. Malades mentaux, dérangés légers et légumes lobotomisés cohabitent sous la direction de la très sévère Miss Ratched, infirmière en chef, qui mène son service d'une main de fer. C'est le « Chef » Bromdem, colosse indien qui se fait passer pour sourd et muet, qui raconte cette histoire à mesure des coups de balais frénétiques qu'il passe sur le sol.
Un sol foulé un beau jour par un certain McMurphy, un sacré énergumène, tout juste sorti de prison, arrivé là pour écourter son séjour, une armoire à glace irlandaise affable et enjouée, qui va très vite s'opposer à la direction hospitalière. Après tout, qui est vraiment fou ? Avec son énergie et son franc parler, il va très vite tenter de résister à l'institution, redonnant dignité et espoir aux malades.
D'une main de maître, Ken Kesey dépeint dans Vol au-dessus d'un nid de coucou l'enfermement psychiatrique avec une vérité criante. Devenu un classique contemporain, il n'a rien perdu de sa force, constituant un hymne à la vie et à la liberté à l'égard d'un système qui oppresse les plus faibles, en leur accordant une voix qui résonne encore aujourd'hui.
« Cette maison allait changer leur fortune. Ils le sentaient. » Cole, Bart et Teddy sont associés d'une petite entreprise de construction à Jackson, dans le Wyoming. Lorsque Gretchen Connors, une richissime avocate californienne, leur propose de terminer de bâtir une sublime maison au coeur des montagnes voisines, le trio aperçoit une porte de sortie, loin de leur quotidien banal. Cette maison serait un bijou architectural, la plus belle de toute la région, leur chef-d'oeuvre.
Un seul problème : ils doivent terminer le chantier en quatre mois, ce qui signifie travailler jour et nuit. Et pourquoi le précédent entrepreneur a-t-il jeté l'éponge ?Mais l'appât du gain est trop fort. Ils acceptent.Alors qu'un hiver glacial s'installe, que le chantier se met en difficilement en branle, Cole doit aussi gérer son divorce malheureux, Teddy ses quatre filles et Bart son addiction à la méthadone. Cette maison qui semblait être un petit coin de paradis, ne deviendrait-elle pas leur pire cauchemar ?
Portrait d'une Amérique orpheline de ses rêves, coincée entre le mirage du bien-être et un capitalisme implacable, La Maison dans les nuages est un roman noir à couper le souffle. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mireille Vignol
Les bombes larguées par les Autrichiens sifflent sur les cimes de la Carnie, dans le Frioul italien. Mille mètres plus bas, les femmes les entendent et prient pour que leurs hommes soient épargnés. Agata prie aussi. Elle qui a abandonné ses études pour s'occuper de son père malade, elle qui a une maison remplie de livres qu'elle n'a plus le temps de lire depuis que la Grande Guerre a fait d'elle « une porteuse ».Chaque matin, à l'aube, Agata court vers les entrepôts militaires de la vallée, remplit sa hotte de vingt, trente, parfois quarante kilos de nourriture et de munitions et se lance à l'assaut de la montagne. Elle marche des heures dans la neige pour atteindre les lignes de front où sont retranchés les militaires qui tentent de repousser les assauts des Autrichiens. Un voyage épuisant et dangereux qu'elle entreprend avec ses amies du village. Ensemble, les porteuses chantent pour se donner du courage, parlent pour couvrir le bruit des armes, et quand elles redescendent, leurs hottes sont vides mais leurs mains tiennent les brancards des blessés à soigner ou des morts à enterrer.
Avec Fleur de Roche, Ilaria Tuti célèbre le courage, le sacrifice des femmes, et le rôle qu'elles ont joué - et qu'elles continuent de jouer - dans la guerre.
Un extraordinaire récit de courage, d'amour et de résilience.
Traduit de l'italien par Johan-Frederik El-Guedj
Nietzsche est l'un des trois essais biographiques écrit par Stefan Zweig en 1925. Il s'agit d'une interprétation personnelle mais argumentée de la vie du célèbre philosophe allemand. Les premières touches de ce portrait laissent entrevoir un être déraciné, quasi-aveugle, tourmenté par de violentes migraines et de terribles maux d'estomac, menant une existence solitaire dans des pensions sans nom. Mais ce quotidien austère, fait de souffrances, n'intéresse Zweig que dans la mesure où il est, selon lui, indissociable du cheminement intellectuel de Nietzsche.
En effet, si la condition physique du philosophe a influencé sa réflexion, lui soufflant des concepts aussi fondamentaux que la volonté de puissance, sa pensée a en retour façonné sa manière d'être au monde. Relativiste, amoral, Nietzsche l'a été jusque dans sa vie, dans ses rapports à autrui. Mû par une passion excessive de la vérité qui excluait toute concession, laissant sans cesse derrière lui ses croyances perdues, le philosophe est allé jusqu'à sacrifier ses amitiés au nom de son insatiable besoin de connaissances et de nouveauté. Cette course vers l'abîme, Stefan Zweig en exprime toute la profondeur, toute la beauté à travers les événements et les oeuvres qui jalonnent la vie de Nietzsche.
Traduit de l'allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac
« Qu'allais-tu faire là-bas ? Tes amis te le demandaient souvent : pourquoi encore cette ville ? Pourquoi tout ce temps ? Qu'y a-t-il à New York que tu ne connais pas déjà ? Parfois tu te le demandais aussi. Tu l'avais arpentée en long, en large et en travers, si bien que tu la connaissais mieux que ta ville natale. «Pour écrire» était la réponse qui coupait court à toute question. Mais il y avait quelque chose d'autre de trop difficile à expliquer. ».
En 2003, Paolo Cognetti, âgé de 25 ans, se rend à New York pour réaliser une série de films documentaires sur la littérature américaine. Le jeune écrivain tombe sous le charme de la ville qui ne dort jamais et, pendant dix ans, il n'aura de cesse d'y retourner. Ces Carnets de New York sont le récit de ses multiples allers-retours dans la ville « des chasseurs de fortune, des souffleurs de bulles de savon et des rêves brisés ».
Dans cette langue qui n'appartient qu'à lui - divin mélange de simplicité et de poésie -, il nous entraîne sur les pas de ses héros littéraires, Melville, Whitman, Ginsberg, Capote ou encore Paley, Salinger et Kerouac. Il déambule dans Brooklyn, « la ville des écrivains », erre entre les gratte-ciel de Manhattan, traîne sa solitude le long de l'Hudson ou de l'East River, fait une pause chez Ozzie's pour noircir les pages de son carnet. Comme toujours avec Paolo Cognetti, il n'est de voyage sans rencontres et nouvelles amitiés : à chaque retour à New York, le voilà qui retrouve ses amis italo-américains, Bob, son « oncle de Brooklyn » qui doit ses rudiments d'italien à lecture de Moravia et Jimmy, qui nourrit une passion pour Mussolini et n'a jamais mis les pieds en Italie.
Illustré de neuf cartes dessinées par l'auteur, ces carnets sont une ode à New York, « ses ponts, ses îles, ses automnes, ses habitants mi-réels, mi-fantastiques ».
« C'est depuis cette seconde que je t'ai aimé. Je sais que les femmes t'ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t'a aimé aussi fort - comme une esclave, comme un chien -, avec autant de dévouement que cet être que j'étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l'amour inaperçu d'une enfant retirée dans l'ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l'amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d'une femme épanouie. » Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l'ombre, n'attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d'un enfant, symbole de cet amour que le temps n'a su effacer ni entamer. L'être aimé objet d'une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d'une femme qui se meurt doucement, sans s'apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu'elle admire plus que tout. La voix d'une femme qui s'est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l'a reconnue.
Avec Lettre d'une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l'analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d'une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu'elle touche au sublime.
« Hertz Minsker était arrivé à New York en 1940, amenant avec lui une nouvelle épouse qui avait abandonné un mari - et deux enfants - à Varsovie. On racontait qu'il travaillait depuis des années à un chef-d'oeuvre qui éblouirait le monde, mais jusque-là, personne n'en avait rien vu. ».
Hertz Minsker, pseudo-philosophe, pseudo-sociologue et véritable charlatan, vit aux crochets de son ami d'enfance, Morris Calisher, magnat de l'immobilier. Hertz, séducteur invétéré, a pour quatrième femme la ravissante Bronia, qui ne se remet pas d'avoir laissé derrière elle ses deux jeunes enfants, désormais prisonniers du ghetto de Varsovie. Morris, lui, est marié à la plantureuse Minna.
Depuis des mois, Hertz et Minna entretiennent une liaison passionnée au nez et à la barbe de leurs conjoints respectifs. Quand l'ex-mari de Minna fait irruption dans leurs vies et décide de vendre à Morris des Picasso et des Chagall - tous faux, bien entendu -, le château de cartes s'écroule et les péripéties s'enchaînent.
Avec ce nouveau roman inédit, Singer nous offre une formidable histoire menée tambour battant, mais aussi un grand livre sur l'exil, le déracinement, et la douleur de l'incertitude quant au sort de ceux qui sont restés en Pologne.
« Un vrai chef-d'oeuvre. Une merveille.
J'espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. » Nancy HustonEn 1992, l'union soviétique s'effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu'elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l'occupation soviétique et l'amour qu'Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix.
Sofi Oksanen s'empare de l'Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d'Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ?
Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.
Un ferry en provenance de Tanger traverse le détroit de Gibraltar par une chaude matinée d'été. Au moment où Ilham et Thouraya posent le pied sur le sol européen, les deux Néerlandaises d'origine marocaine découvrent que Murat, le jeune clandestin de dix-neuf ans qu'elles avaient caché dans le coffre de leur voiture, est mort étouffé. Leur nouvel ami et protecteur rencontré au Maroc, qui a arrangé le passage du jeune homme, disparaît aussitôt. Devant elles, la terre rouge espagnole s'étend à perte de vue. Les deux femmes entament leur périple en voiture, avec ce corps dissimulé dans leur coffre, cherchant désespérément le courage de s'en débarrasser. Elles se souviennent : c'est Murat qui les avait suppliées de l'aider à quitter son bidonville marocain, sa mère s'était jetée à leurs pieds. Comment auraient-elles pu lui refuser cette chance, celle de construire une vie aux Pays-Bas et de fuir la misère ?
La Mort de Murat Idrissi raconte l'histoire de milliers de morts anonymes, ces personnes que l'on retrouve chaque année le long des routes espagnoles, fauchées en plein envol. Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
« Un orage d'hiver balayait la ville dans sa rage insensée. Au travers de ses hurlements, les coups de canon sourds annonçant la débâcle des glaces sur la Moldau arrivaient à intervalles rythmés. La pièce flamboyait à la lueur des éclairs qui se succédaient sans interruption. Je me sentis soudain si faible que mes genoux se mirent à trembler. » Une présence maléfique hante le ghetto de Prague : le Golem est de retour. Semant la panique sur son passage, la statue d'argile animée par une formule magique a surgi du néant. Et qui désormais saurait l'arrêter ? Traduit de l'allemand par Denise Meunier
Avec les trois longues nouvelles qui composent ce recueil, Stefan Zweig nous plonge dans l'enfer de la passion, l'enfer au fond duquel se tord, brûlé, mais éclairé par les flammes de l'abîme, l'être essentiel, la vie cachée, écrivait Romain Rolland dans sa préface enthousiaste à la première édition française.
Dans « Amok », peut-être la plus célèbre des trois, un jeune médecin raconte comment, dans la jungle malaise, sa vie a basculé en quelques instants, comment une jeune femme jusque-là inconnue a déchaîné en lui l'amour et la folie.
« Lettre d'une inconnue », un des textes les plus déchirants qui soient, souvent adapté au théâtre, est la confession, à la veille de sa mort, d'une femme à un homme qu'elle a aimé toute sa vie et qui ne l'a jamais vraiment vue, jamais vraiment regardée.
« La ruelle au clair de lune » nous entraîne jusqu'au plus profond de l'humiliation où la passion - toujours elle - peut parfois faire tomber l'être humain