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CLAUDE DAVID
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«Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. [...] Que m'est-il arrivé ? pensa-t-il. Ce n'était pas un rêve. [...] Et si je continuais un peu à dormir et oubliais toutes ces bêtises, pensa-t-il, mais cela était tout à fait irréalisable, car il avait coutume de dormir sur le côté droit et il lui était impossible, dans son état actuel, de se mettre dans cette position. Il avait beau se jeter de toutes ses forces sur le côté droit, il rebondissait sans cesse sur le dos.»
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En cheminant dans ce recueil où des textes illustres comme La Métamorphose côtoient des trésors souterrains comme Regard, nous domptons nos propres angoisses, mises à nu par l'humour noir de Kafka. Alors que nous errons dans les méandres d'une conscience tourmentée, la voix désolée de Kafka nous berce. En véritable ami, Kafka offre la consolation qui lui a toujours manqué. À entendre ce ton immédiatement familier dans un monde rendu étrange et sévère sous sa plume, nous mesurons le prix de ce compagnonnage noué le temps d'une lecture. Lire Kafka, c'est endosser le rôle indispensable de son interlocuteur muet.
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«L'intérêt que l'on porte aux jeûneurs professionnels a beaucoup baissé au cours des dernières décennies. Alors qu'il était avantageux autrefois d'organiser pour son propre compte des spectacles de cette nature, cela est devenu aujourd'hui tout à fait impossible. C'étaient d'autres temps. A'cette époque, toute la ville s'occupait du jeûneur ; l'intérêt croissait de jour de jeûne en jour de jeûne ; chacun voulait voir le jeûneur au moins une fois par jour ; vers la fin, il y avait des abonnés qui restaient toute la journée assis devant la petite cage grillagée...»
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Oeuvres en prose ; récits et essais
Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Février 1993
- 9782070112555
Dans sa remarquable préface, Claude David émet l'hypothèse que l'oeuvre toute entière de Rilke s'édifie sur une absence, celle de la mère. Il va radicalement à l'absence, c'est-à-dire à la mort qui «mûrit en nous comme un fruit». Car la mère, qui n'est même pas morte (si on peut dire), s'est absentée et la retrouver, c'est l'halluciner. Ainsi s'ouvre le temps et l'oeuvre s'inaugure. Par des spectres, qui donnent à voir l'invisible. On sait que le Golem erre dans Prague comme Rilke ne cessera d'errer à la recherche de fantômes qui habilleraient la disparue. «Même Dieu, évoqué presque à chaque page, ce Dieu sans passé, sans tradition, sans contour, sans dogme, n'est guère différent d'une absence. Et les choses elles-mêmes ne sont à leur tour qu'un masque et qu'un décor» note Claude David. Comme les anges dans les églises baroques de Prague, elles sont suspendues dans le vide qui seul leur donne un sens. Dans ce «manchon de néant, à revêtir des déguisements et des masques, soudain on ne se reconnaît plus. Ce n'est jamais la chose, ni l'être que l'on trouve, mais seulement son image, sa représentation». Le deuil, pour s'apaiser, cherche une relique : l'oeuvre comme ombre portée de la mère ?
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Le verdict ; à la colonie pénitentiaire
Franz Kafka
- Folio
- Folio 2 Euros
- 3 Janvier 2017
- 9782072705397
C'est une idée éditoriale contemporaine de l'écrivain que de réunir ces textes, à laquelle Kafka opposa, en 1916, l'argument suivant : «Verdict et Colonie pénitentiaire formeraient une exécrable combinaison ; à la rigueur La Métamorphose pourrait leur servir d'intermédiaire, mais sans elle cela reviendrait vraiment à prendre deux têtes étrangères et à les cogner de force l'une contre l'autre.» Nous le prenons au mot et cognons ces deux récits, éclairés des oeuvres postérieures, l'un contre l'autre. «Le principe en vertu duquel je prononce est que la faute est toujours hors de doute.»
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Notes sur la mélodie des choses et autres textes
Rainer Maria Rilke
- Folio
- Folio 2 Euros
- 7 Janvier 2021
- 9782072904530
« Et nous sommes comme des fruits. Nous sommes suspendus bien haut parmi des branches étrangement entrelacées, et nous sommes livrés à bien des vents. Ce que nous possédons, c'est notre maturité, notre douceur, notre beauté. Mais la force qui les nourrit coule à travers un seul tronc, depuis une racine qui a fini par s'étendre sur des mondes entiers. Et, si nous voulons témoigner de sa puissance, chacun de nous doit vouloir l'utiliser dans le sens qui est le plus propre à sa solitude. Plus il y a de solitaires, plus solennelle, plus émouvante et plus puissante est leur communauté. » Dans cette composition de jeunesse (1898) - ici enrichie de trois textes sur l'art de la même période -, se forment et se dessinent les plus grandes percées de la poétique de Rilke : de ce qui se nommera, dans les Élégies de Duino, « l'Ouvert » et « l'espace intérieur du monde ».
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Oeuvres complètes Tome 3
Franz Kafka
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 23 Octobre 1984
- 9782070110841
«Aux confins du rêve insondable et du logarithme exact, roi de la langue allemande moderne et maître des mystères du temps présent, Kafka (1883-1924), le Pragois, le Juif, le plus grand romancier allemand du siècle avec Musil, hante nos châteaux, instruit nos procès, et observe nos métamorphoses avec humour et fraternité, parraine jusqu'au bout du monde la solitude et le désespoir.» Jean-Pierre Lefebvre.
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Inspiré par la beauté des paysages et par la profonde spiritualité du peuple russe, qu'il découvre lors d'un voyage en 1900, Rilke est convaincu de la présence de Dieu à chaque instant de sa vie et dans chacun de ses gestes, «sanctifiant» son travail. C'est cette conviction qu'illustrent les nouvelles de ce recueil.Ces Histoires du Bon Dieu s'inspirent à la fois des contes universels et de la chanson populaire russe, «ces mélodies, écrit Rilke, que personne, fût-il cosaque ou paysan, n'a jamais pu entendre sans pleurer». Le poète interprète librement le récit biblique de la création du monde et le martyre du Christ, retrace la rencontre du tsar Ivan Vassiliévitch avec un bâtisseur d'églises qui pourrait être Dieu, relate le retour de Jego, fils exilé, auprès de son père, et le destin d'un vieux peintre d'icônes ou une «scène du ghetto de Venise».
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C'est ici le dernier tome des oeuvres complètes de Kafka dans la Pléiade. Il procure - si l'on peut dire - deux femmes (Felice et Milena) et un homme (le Père). Certes, d'autres femmes passent dans la vie de Kafka. Mais il ne leur écrit pas, et le temps les a dévorées. Il n'est d'être sauvé que par les mots.
L'aventure avec Felice est singulière : Felice ou la femme métaphorique. Au principe, Kafka ne l'aime pas, mais il se prend à l'aimer et, en cette métaphore, il enregistre tous les registres de la passion. Pour retrouver le goût d'écrire. On n'oserait sans doute pas dire que Felice fut son divan. De psychanalyste. Elle le mit à nu, et sans doute cherchait-il obscurément cette nudité-là. Un jour, il quittera Felice parce qu'elle ne lui sera plus «nécessaire» et il mettra à mort - sous les espèces de Gregor Samsa, dans La métamorphose - cet homme qui s'était pris à aimer cette femme.
Quand la femme disparaît revient le Père. Le père - tout Père - est à tuer. On ne quitte pas le divan. C'est ici un autre procès, le vrai peut-être, après cet Autre procès déjà - comme l'a si bien montré Elias Canetti - qu'avait été sa relation avec Felice. Le Père interdit la femme. Kafka l'écrit dans cette insoutenable lettre au père, qui n'est que supplication. Le père est - hélas et aussi - aimable et aimé. Comment subvertir le maître du Château? C'est, dirait Hamlet, toute la question. Bref, la femme est-elle accessible? La véritable arrive toujours trop tard et annonce la mort; C'est Milena la rebelle. C'est aussi l'étrangère - elle n'est pas juive. C'est donc l'autre femme. Mais Milena prend peur et fuit.
Kafka pouvait-il être sauvé? «La sagesse est ici de se taire», note Claude David dans son avant-propos. Le reste du volume, c'est la vie ordinaire. Les riens. Des miettes, eût écrit Kierkegaard. Il faut de quelque façon se leurrer et prendre des masques. Kafka était aussi rédacteur dans une entreprise, et c'est dérisoire. Il n'est pas certain que cela soit tout à fait consolant.
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Oeuvres complètes Tome 2
Franz Kafka
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Avril 1980
- 9782070109708
«Les textes narratifs de Kafka sont de longueur très inégale ; certains ont quelques lignes seulement. Fallait-il nous imposer une limite et rejeter en notes comme miettes inutilisables les passages trop courts? La moindre réflexion montrait qu'il était impossible d'agir de la sorte. Le fragment est, pour Kafka, un mode d'expression qu'il convient de respecter. Il existe d'ailleurs différentes sortes de fragments : les uns - les plus nombreux - sont simplement des ébauches qui n'ont pas abouti. D'autres sont plutôt l'esquisse d'un récit à venir. D'autres encore contiennent en peu de mots un aperçu qui se suffit à lui-même. Tel texte que l'on dirait fragmentaire était peut-être achevé. Tel autre, que l'on croirait achevé (nous pensons, par exemple, aux petits textes de jeunesse, intitulés "Robes" ou "Les arbres"), est seulement un lambeau détaché d'un récit plus long et lui-même resté en suspens.
Les grands récits de Kafka sont aujourd'hui connus de tout le monde. Il faut maintenant découvrir, à l'intérieur de cette oeuvre qui n'a rien d'un champ de ruines, dans le moindre morceau de phrase, le témoignage d'une imagination inépuisable.» Claude David.
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Un voyageur visitant une colonie pénitentiaire est appelé à donner son avis sur le système judiciaire qui y est appliqué. Un officier, grand admirateur de l'idéologie de l'ancien commandant, lui présente une machine de torture infernale conçue par son mentor : elle inscrit dans la chair du prisonnier le commandement enfreint, de plus en plus profondément, et ce jusqu'à ce que mort s'ensuive... L'officier passionné finira par remplacer de son plein gré le condamné torturé par la machine, la sentence choisie pour s'enfoncer dans sa propre chair étant : « sois juste ».
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Josefine : illustrations, noir et blanc
Franz Kafka, Margo Beffa, Rose Frances
- Othello
- 9791095244356
Le dernier texte écrit par Kafka, édité dans deux versions différentes : la tradition canonique de Claude David pour Gallimard, et la plus récente, offerte chez Payot par Olivier Mannoni. Une nouvelle collection ludique et néanmoins classieuse, petit prodige de fabrication illustrée, destinée à profiter du plaisir du texte... deux fois plus.