JEAN-PIERRE LEFEBVRE
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On raconte que c'est grâce aux éditions clandestines du samizdat - et donc, sans nom d'auteur - que fut introduite en Union soviétique la traduction du Procès. Les lecteurs pensèrent, dit-on, qu'il s'agissait de l'oeuvre de quelque dissident, car ils découvraient, dès le premier chapitre, une scène familière : l'arrestation au petit matin, sans que l'inculpé se sût coupable d'aucun crime, les policiers sanglés dans leur uniforme, l'acceptation immédiate d'un destin apparemment absurde, etc. Kafka ne pouvait espérer une plus belle consécration posthume. Et pourtant, les lecteurs russes se trompaient. Le projet de Kafka n'était pas de dénoncer un pouvoir tyrannique ni de condamner une justice mal faite. Le procès intenté à Joseph K., qui ne connaîtra pas ses juges, ne relève d'aucun code et ne pouvait s'achever ni sur un acquittement si sur une damnation, puisque Joseph K. n'était coupable que d'exister.
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«- Dans quel village me suis-je égaré ? Y a-t-il donc ici un château ? - Mais oui, dit le jeune homme lentement, et quelques-uns des paysans hochèrent la tête, c'est le château de M. le Comte Westwest. - Il faut avoir une autorisation pour pouvoir passer la nuit ? demanda K. comme s'il cherchait à se convaincre qu'il n'avait pas rêvé ce qu'on lui avait dit. - Il faut avoir une autorisation, lui fut-il répondu, et le jeune homme, étendant le bras, demanda, comme pour railler K., à l'aubergiste et aux clients : - À moins qu'on ne puisse s'en passer ?...»
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La sentence : Dans la colonie pénitentiaire
Franz Kafka
- Folio
- Folio 3 Euros
- 16 Mai 2024
- 9782073014665
C'est une idée éditoriale contemporaine de l'écrivain que de réunir ces textes, à laquelle Kafka opposa, en 1916, l'argument suivant : «Verdict et Colonie pénitentiaire formeraient une exécrable combinaison ; à la rigueur La Métamorphose pourrait leur servir d'intermédiaire, mais sans elle cela reviendrait vraiment à prendre deux têtes étrangères et à les cogner de force l'une contre l'autre.» Nous le prenons au mot et cognons ces deux récits, éclairés des oeuvres postérieures, l'un contre l'autre. «Le principe en vertu duquel je prononce est que la faute est toujours hors de doute.»
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Les Éditions sociales se sont imposées depuis leur recréation comme la maison d´édition de référence des écrits de Marx et d´Engels. La parution en 2016 d´une version révisée par J.-P. Lefebvre de sa traduction de 1983 du livre 1 du Capital a participé de cette reconnaissance. La publication prochaine du livre 1 du Capital en format poche permettra tout d´abord de rendre à nouveau disponible sur le marché l´édition de 2016, aujourd´hui épuisée. Elle sera aussi l´occasion d´une réactualisation du texte, notamment la correction des coquilles, l´ajout d´une introduction et la refonte de l´index. Cette initiative vise plus largement à fournir à un prix accessible et dans un format maniable, la meilleure traduction du Capital en circulation.
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Karl Rossman a dix-sept ans quand ses parents l'expédient de Prague vers New York. Au moment où le bateau entre dans le port, Karl voit se dresser la statue de la Liberté qui brandit une épée. Sombre présage ? Surgit bientôt un oncle d'Amérique providentiel qui convie le jeune homme dans sa riche demeure. Enivré de tant de luxe et de modernité, dans la verticalité de la ville de verre et d'acier, Karl doit pourtant renoncer bien vite à cet univers étincelant. Commence un road movie semé d'embûches et de rencontres insolites où il se démène, tel un double de Charlot, et découvre, à travers les divers emplois qu'il occupe, un monde de plus en plus hostile... Premier «long métrage romanesque» de Kafka, écrit avant Le Procès et Le Château, Amerika est paru en 1927, après la mort de son auteur. Dans ce conte cruel, anti-roman d'apprentissage, l'Amérique n'est assurément pas la nouvelle Terre promise qu'on annonçait au héros.
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Ouvrir un livre de Kafka, c'est arriver déjà trop tard : pénétrer dans un monde où le sujet est non seulement menacé mais d'emblée condamné. Les personnages, bien qu'abattus par cette ombre qui les dépasse, cherchent la plupart du temps à l'attraper ou à s'en défaire, opposant à l'implacabilité d'un système des résistances plus ou moins téméraires qui ouvrent progressivement, imperceptiblement, une brèche de lumière. C'est tout le paradoxe que ce corpus veut tenter de révéler : la possibilité, au coeur d'une obscurité irrémédiable, de trouver une forme d'issue.
Laura El Makki et Nathalie Wolff
Le Procès, Dans la colonie pénitentiaire, Le Terrier... En six fragments, cette anthologie dessine un parcours singulier dans l'oeuvre de Kafka. Un parcours prenant le parti, inattendu, de la lumière. -
Alors que, 70 ans après sa mort, les textes de Freud tombent dans le domaine public, les éditions du Seuil ont entrepris de retraduire les plus grands d'entre eux. Sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre, ces nouvelles traductions, par leur parti-pris de lisibilité, s'adressent à l'honnête homme et non aux seuls psychanalystes. Livre monument qui n'a d'équivalent dans l'histoire de la pensée occidentale que Le Capital de Marx, L'Origine des espèces de Darwin ou La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, L'Interprétation du rêve est LE livre de Freud.
Il connut huit éditions successives entre 1900 et 1930, chacune enrichie des lectures qu'en firent les interlocuteurs de Freud. Somme théorique, consacré à un phénomène psychique universel, il ouvrit la voie à des pratiques thérapeutiques fondées sur la parole échangée avec les patients. Ainsi naquit la psychanalyse. La présente édition s'imposera à n'en pas douter comme l'édition de référence, tant la traduction française aujourd'hui disponible (aux PUF) est décriée pour son peu de lisibilité.
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Sur le rêve.
« Je me suis rendu compte un jour, à ma grande surprise, que ce n'était pas la conception médicale du rêve, mais la conception profane à moitié prisonnière encore de la superstition qui s'approchait de la vérité. Je suis parvenu en effet à de nouvelles lumières sur le rêve en lui appliquant une nouvelle méthode qui m'avait rendu d'excellents services pour résoudre les phobies, les idées obsessionnelles, délirantes, etc., et qui depuis sous le nom de «psychanalyse» a trouvé un accueil auprès de toute une école de chercheurs. ».
Sigmund Freud. -
élégies de Duino ; sonnets à Orphée
Rainer Maria Rilke
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 25 Octobre 1994
- 9782070327874
«Un regard sur l'accueil fait aux Élégies dans les années 20 s'impose. On constate avec étonnement que les interprétations divergent d'une manière extrême : les uns, tous ceux qui sont proches de Rilke, admirent la continuité, autrement dit, la victoire de Rilke sur le "temps funeste" de la grande guerre. C'est comme si les Élégies avaient guéri la plaie créée par la catastrophe historique. D'autres s'offusqueront du fait que le monument rilkéen ne porte aucune trace de la déchirure du monde occidental. D'autres encore, notamment la génération perdue de la guerre, allaient considérer, en dépit des faits, les Élégies comme l'expression majeure de cette crise aiguë de l'histoire. C'est ainsi que la Sixième Élégie (L'élégie du héros), pourtant rédigée dans sa majeure partie dès 1912/1913 (à Duino, Ronda et Paris), enfanta l'image d'un Rilke "héroïque" cristallisant les expériences de la guerre. "La tessiture primitive de l'âme" (Urtext der Seele), la grande scène des archétypes, le théâtre intérieur de Rilke se heurtèrent donc bien aux discours idéologiques de l'époque dont parlait Musil. Rilke "apolitique" et "atemporel" ? Même si une interprétation de l'oeuvre comme miroir de son temps peut paraître inadaptée, il faut néanmoins tenir compte du fait que les Élégies et les Sonnets posent la question de l'être humain à l'époque du nihilisme. Les difficultés du texte viennent essentiellement du fait que tous les systèmes d'orientation traditionnels et identifiables ont disparu du texte. "Étrange de voir ainsi que tout ce qui se rattachait, librement vole de ci de là, dans l'espace sans lien" (Première Élégie). Tout ce qui est dit du positionnement des morts peut être mis en relation avec la situation de l'homme après l'annonce par Nietzsche de la mort de Dieu. Il s'agit d'une tentative extrême de trouver la place de l'homme - son temps et son lieu ("emplacement, site, gîte, sol, domicile", Dixième Élégie). Les Élégies sont l'une des grandes manifestations de l'expérience de la "solitude" (Nietzsche) et de l'absence d'un "chez-soi transcendantal" (Lukacs, La théorie du roman).» Gerald Stieg.
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« Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. » Ainsi débute la journée de cet employé modèle qui n'est pas au bout de ses surprises... et que dire de ses parents qui ne sont guère enchantés de trouver un gros insecte dans la chambre de leur fils ? Fable philosophique sur le thème de la culpabilité et conte fantastique qui explore les peurs humaines, La métamorphose se place parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature du XX? siècle.
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Oeuvres complètes Tome 2 ; romans
Franz Kafka
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Octobre 2018
- 9782070144327
La littérature doit beaucoup aux testaments trahis. La plus grande partie de l'oeuvre de Kafka, par exemple. Histoire connue. Franz Kafka demande à son ami Max Brod de détruire - vernichten, dit-il, «anéantir» - après sa mort les papiers inédits qu'il laisse derrière lui, ses manuscrits littéraires aussi bien que ses écrits personnels, journaux et lettres. Brod refuse d'obtempérer. Sa trahison, si c'en est une, est double. Il ne se contente pas de conserver les inédits : il les fait paraître. Aux romans et récits s'ajoutent bientôt, dans des versions d'abord édulcorées, les écrits intimes. Quant aux éditions françaises réunissant plusieurs textes, elles ne respecteront pas les recueils organisés et publiés par Kafka, mais mêleront - nouvelle trahison - récits publiés et écrits posthumes. Sur le résultat les avis divergent. Certains lecteurs en ont plusieurs. Un expert en testaments trahis comme Milan Kundera situe Kafka au sommet de son panthéon personnel et, au sommet du sommet, place les romans, tous trois sauvés par Brod. Pourtant, Brod lui paraît coupable : divulguer ce qu'un écrivain a souhaité voir détruire, c'est «le même acte de viol que censurer ce qu'il a décidé de garder». Quant au fait de mêler posthumes et ouvrages publiés par Kafka, cela produit, selon Kundera toujours, «un flot informe comme seule l'eau peut l'être, l'eau qui coule et entraîne avec elle bon et mauvais, achevé et non achevé, fort et faible, esquisse et oeuvre». Sans renoncer à aucune oeuvre ni à aucune esquisse - Brod fut peut-être un traître, mais sa trahison était à coup sûr nécessaire -, la présente édition adopte une disposition plus fidèle à l'histoire de la découverte de l'oeuvre de Kafka. Elle propose, en ouverture, l'intégralité des textes publiés par lui, ici restaurés dans la forme (recueil, petit livre ou publication dans la presse) qu' il a voulue pour eux. Puis viennent ses récits et fragments narratifs posthumes : ceux que l'on trouve dans ses Journaux, qui servaient aussi de laboratoire littéraire, et ceux des liasses ou des cahiers dans lesquels il composait la plupart de ses récits. L'ensemble est retraduit. Les conditions d'une redécouverte sont réunies.
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Cette édition propose un choix de poèmes réalisé par Celan lui-même. C'est le parcours de l'auteur dans son oeuvre. L'extrême dispersion des éditions de Celan en français confère à ce livre une fonction d'éclaireur, de viatique. Celui-ci invite à plus qu'à la découverte d'un poète majeur de ce siècle : il favorise une approche qui se change en reconnaissance.À l'effrayante question : comment écrire après Auschwitz ? Celan répond : en usant du langage de la mort. Car il eut à affronter et à vivre l'un des plus tragiques paradoxes qui soit : sa langue maternelle, l'allemand, est à la fois celle qui fonde sa culture et son identité, mais aussi celle qui régit le camp d'extermination où disparaissent ses propres parents. Et pourtant, Celan ne peut sans «mentir» (c'est lui qui le note) se soustraire à cette langue de l'enfance et de l'oppression mêlées.
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Phénoménologie de l'esprit
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 8 Février 2023
- 9782080413574
La Phénoménologie de l'esprit n'est pas seulement un ouvrage décisif dans l'histoire de la philosophie : c'est aussi, aux côtés du théâtre de Shakespeare ou de La Divine Comédie de Dante, l'une des oeuvres majeures de la culture occidentale. Achevée dans l'urgence, parue en 1807 dans une Europe agitée par les guerres napoléoniennes, elle eut un succès tardif : en France, il fallut attendre le XX? siècle pour qu'on reconnût en elle le sommet de la philosophie idéaliste allemande - à la fois une remémoration dense et fulgurante de toute la philosophie, et le début d'une nouvelle façon de penser la vie, l'histoire et la pensée elle-même. La présente traduction restitue la dynamique poétique propre à ce moment où s'expose pour la première fois la démarche dialectique de Hegel : en s'attachant à préserver l'économie et la fluidité singulières de la langue de l'auteur, elle offre une nouvelle lecture de ce texte capital.
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La Métamorphose
Cédric Hannedouche, Franz Kafka
- Belin éducation
- Classico College - Texte Integral Et Dossier
- 21 Août 2024
- 9791035833749
Dossier pédagogique de Cédric Hannedouche.
Traduction de Jean-Pierre Lefebvre.
Grégor Samsa se réveille un matin métamorphosé en insecte immonde. Sa transformation est inexplicable et la situation, absurde, tourne au cauchemar. Tout le monde fuit l'immense coléoptère et Grégor reste seul avec lui-même.
La Métamorphose, chef-d'oeuvre de Franz Kafka, est un récit terrifiant, qui mêle critique sociale et questionnement sur l'individu en communauté. Dans le volume, des activités pour dire, lire et écrire.
Groupements de textes :
1. D'autres métamorphoses
2. Face à l'étranger
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1915. Tandis que la Première Guerre mondiale ensanglante l'Europe, un auteur quasiment inconnu publie son premier roman, qui connaît un succès foudroyant. Placé sous le signe du Golem, cette créature d'argile façonnée jadis par un rabbin, et qui revient hanter la ville tous les trente-trois ans, le livre ressuscite la Prague du tournant du siècle : Prague et son ghetto, rasé quelques années avant la guerre par des autorités soucieuses d'«assainissement». Dans ses rues tortueuses où sont tapis des êtres fantastiques, dévorés par la passion et la haine, des crimes se commettent, tandis que les couples dansent dans des cabarets sordides. La folie sourd des vieilles pierres... Elle poisse les songes et les souvenirs, elle sème sous les pas des passants des arcanes indéchiffrables. Jusqu'où le narrateur ira-t-il pour se libérer de son emprise et connaître enfin son destin ?
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Le Moi et le Ça, paru en 1923, est la clé de voûte de ce qu'on appelle la « seconde topique » chez Freud. À l'empilement pyramidal de l'inconscient, du pré-conscient et du conscient (première « topique » de la psychanalyse) succède une conception du système psychique plus fluide, interactive et dialectique, dans laquelle le Moi s'avère très lié à l'inconscient, lequel ne coïncide plus avec le refoulé.
Freud complète cette réorganisation par la mise en évidence d'une instance qualifiée de « Surmoi », qui prend le relai de l'idéal du Moi mis en évidence dans les travaux antérieurs sur le narcissisme. Tout le champ du travail psychanalytique est remanié, les conflits à l'origine de la névrose sont redéfinis, la théorie de la libido est redéployée pour mieux intégrer la dualité (pas toujours contradictoire) des pulsions de vie et des pulsions de mort, qui avait été abordée pour la première fois dans Au-delà du principe de plaisir.
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Au-delà du principe de plaisir, paru en 1920, est un texte majeur de la littérature psychanalytique. Freud y remanie profondément le dispositif conceptuel dans lequel s'était développée la psychanalyse depuis l'origine. Le premier dispositif reposait sur une théorie des pulsions où un rôle essentiel était dévolu au principe de plaisir, selon lequel l'appareil psychique tend à réduire à un niveau aussi bas et constant que possible les tensions causes de déplaisir, d'étiologie principalement sexuelle. Dans le présent essai, une pulsion étrangère à l'économie du plaisir - la pulsion de mort - entre en concurrence avec elle, ce qui conduira, dans un ouvrage ultérieur (Le Moi et le Ça), à une réorganisation du dispositif psychique, dite « seconde topique ».
Freud s'attache ici principalement à mettre en évidence l'existence de cette pulsion de mort et à définir son rapport aux pulsions de vie, à réinstaller ses analyses antérieures dans un horizon nouveau, qui implique cependant un retour et un détour systématiques par les hypothèses neurologiques de ses premières approches de la souffrance psychique.
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Une nouvelle inachevée du dramaturge romantique allemand mort à 23 ans, Büchner (1813-1837), sur le poète J. Lenz (1751-1792) qui, pour échapper à sa folie, se réfugia chez le pasteur J.-F. Oberlin dans les montagnes vosgiennes, en vain. Avec en annexe le texte d'Oberlin qui inspira Büchner et celui de P. Celan qui lui fut inspiré par la lecture de Lenz,«Dialogue dans la montagne».
Un homme venu de Suisse coupe par la montagne pour rejoindre un village au coeur des Vosges. Il marche jusqu'à la fin du jour, entre dans une maison... Ainsi commence l'histoire vraie d'un dramaturge venu soigner son âme malade chez un pasteur alsacien, au début de l'hiver 1778. L'un des textes les plus célèbres de la littérature allemande, qui a inspiré de nombreux écrivains et philosophes. « Il avait l'impression que quelque chose le suivait, et qu'inexorablement quelque chose d'effroyable était sur le point de l'attraper. »
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C'est après la publication de La Rose de personne que Paul Celan écrit Renverse du souffle. Cette période coïncide avec une phase difficile de sa vie, (première hospitalisation dans un établissement psychiatrique). La poésie de Paul Celan, dense et parfois ardue, garde une puissance d'évocation peu ordinaire qui lui vaut d'être tenue pour l'une des oeuvres fondamentales de la littérature allemande.
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L'homme Moïse et la religion monothéiste
Sigmund Freud
- Points
- Points Essais
- 19 Avril 2018
- 9782757872611
« Une tradition dont la transmission ne serait fondée que sur une communication ne pourrait engendrer le caractère de contrainte qui ressortit aux phénomènes religieux. On l'écouterait, la jugerait, au besoin on la refuserait comme toute autre nouvelle venue de l'extérieur, elle n'atteindrait jamais au privilège d'être affranchie de la contrainte de la pensée logique. Il faut d'abord qu'elle ait vécu entièrement le destin du refoulement, l'état de séjournement dans l'inconscient, avant de pouvoir déployer à son retour des effets aussi puissants, forcer les masses à tomber sous son emprise fascinante, comme nous l'avons vu avec étonnement, et sans comprendre jusqu'à présent, dans la tradition religieuse. Et cette réflexion pèse assez lourd dans la balance pour nous faire croire que les choses se sont effectivement produites ainsi que nous nous sommes efforcés de le décrire, ou à tout le moins de façon analogue ».
Sigmund Freud
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Abrégé de théorie analytique ; un chapitre inédit du Portrait psychologique du Président T. W. Wilson
Sigmund Freud
- Points
- Points Essais
- 2 Février 2017
- 9782757862643
« Nous sommes autorisé à dire : tous les êtres sont plus ou moins névrosés. Chez certains malgré tout le compromis est si solidement fondé qu'ils peuvent supporter beaucoup de malheurs sans sombrer dans la névrose. Mais chez d'autres il suffit de très peu de déboires pour occasionner la formation de symptômes névrotiques. On peut dire pour conclure que tout Moi humain est le résultat final des efforts déployés pour trouver le compromis entre tous ces conflits, entre les conflits qui opposent les diverses aspirations de la libido, les conflits de la libido avec les exigences du Surmoi et avec les faits objectifs du monde extérieur réel ».
Sigmund Freud.
Voici le texte, inédit en français, d'un document de travail rédigé par Freud en 1931 pour affermir la culture analytique du diplomate américain William C. Bullitt, qui préparait un ouvrage consacré au président T.W. Wilson. Il s'agit d'un bref résumé des grands principes de la psychanalyse, tels que Freud les avait alors constitués.
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La poésie de Paul Celan se caractérise par son étroit rapport à l'Histoire. Partie de neige, recueil de 70 poèmes écrits deux ans avant la mort du poète, entre décembre 1967 et octobre 1968, est imprégné des révoltes étudiantes de cette période, des mouvements sociaux et du Printemps de Prague. Au plus près de son époque et de lui-même, Paul Celan y réinvente sa diction. Il dira lui-même à propos de cet ensemble : " [Ce volume] est sans doute ce que j'ai écrit de plus fort et de plus audacieux. "
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Les manuscrits de 1857-1858, souvent appelés Grundrisse, sont aujourd'hui considérés comme l'un des textes majeurs de l'oeuvre de Marx. Exilé à Londres depuis 1849, Marx relance, à la faveur de la crise économique de 1857, son projet d'une vaste confrontation avec l'économie politique, qui doit lui permettre d'élaborer la méthode et les catégories à même de saisir le mode de production capitaliste. Véritable laboratoire de la pensée de Marx, ces manuscrits constituent une première esquisse d'ensemble de sa critique du capitalisme, mais aussi une occasion pour lui de préciser sa méthode dialectique ou d'analyser les sociétés précapitalistes. Ils sont une étape essentielle sur le chemin qui conduit Marx à la publication du livre 1 du Capital en 1867. Découverts et publiés pour la première fois en 1939-1941, ces manuscrits sont, à partir de la seconde moitié du xxe siècle, au centre des débats autour de l'oeuvre économique, historique et philosophique de Marx.
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Octogénaire, Günter Grass fait parler ses huit enfants, nés de quatre mères différentes, qui évoquent les souvenirs d'une enfance marquée par la figure de leur " petit père ". Au coeur de ces réminiscences, l'Agfa Box, un appareil photo aux pouvoirs surnaturels depuis qu'il a échappé aux flammes d'un bombardement : en plus de témoigner du passé, ses clichés annoncent l'avenir, et parfois même transfigurent des scènes banales en rêves enfouis.