C'est la rencontre d'une voix ardente et d'une plume merveilleusement poétique qui a donné naissance à un chef-d'oeuvre dont l'écoute est un enchantement. Cette voix, c'est Pierre Fresnay (1897-1975) qui se met tout entier au service des vingt-six Poèmes de Fresnes, derniers écrits de prison de Robert Brasillach (1909-1945).
Si l'on se sent emporté dans un univers de grandeur c'est qu'en l'occurrence Brasillach est plus qu'un poète : il est une âme qui s'élève, se purifie, se simplifie jusqu'au sacrifice au bord de l'éternité. C'est une montée spirituelle que l'auditeur vit avec Brasillach, et parce que l'ascension de son âme est véritable, il nous apparaît profondément humain : épris de la vie, affamé d'amitié, fier de loyauté.
L'écoute de ces poèmes est un grand moment d'admiration, de contemplation, de recueillement même, qui laisse au coeur qui dépasse l'injustice du jour de la terre un parfum de la paix d'ailleurs.
Remastérisation de l'enregistrement de 1963.
Le Voleur d'étincelles (1932) est le premier roman de Robert Brasillach. Un jeune homme, Lazare Mir, travaille comme journaliste à Paris depuis quatre ans et souffre de ce qu'on appellerait aujourd'hui le "burn out" ou le "stress". Il quitte la capitale pour se ressourcer dans son Midi natal. Deux femmes, sa tante Sérafina et sa cousine Claude, agissent en intercesseurs pour le rattacher à sa famille catalane, dont l'histoire remonte au moins au XVIII e siècle.
Grâce à elles, Lazare apprend "qui il est". Il part à la recherche de la mémoire de sa mère, "la jeune fille de 1900". Ainsi apprend-il la joie de vivre et le bonheur d'exister : il a le sentiment d'appartenir à une lignée familiale. Il ne se sent plus seul. Il renaîtra, comme son prénom l'indique, illustrant ainsi "le mythe du commencement", un thème qui reviendra souvent dans l'oeuvre romanesque de Brasillach.
"On ne connaît personne si on ne connaît sa mère et son enfance. Car c'est là que les bêtes en cercle vivent." Ce sentiment - Lazare imagine que c'est ainsi que sa mère parlait - doit beaucoup à Colette, que Brasillach admirait. La tante Sérafina racontera à son neveu sa famille, d'origine espagnole. Elle évoquera son arrière-grand-père, alchimiste qui aurait découvert de l'or. Elle le sensibilisera au pouvoir des "bêtes de la famille".
Avec Claude, belle comme un été méridional, il éprouvera un amour qui ne dit pas son nom, mais qui finira par le relier chaleureusement et cordialement à la tradition familiale. Les thèmes qui feront le bonheur des lecteurs des romans ultérieurs de Brasillach font leur apparition, ici, pour la première fois : la nostalgie de l'enfance, la jeunesse, le temps qui passe, la joie d'exister, la sensualité, la magie, la Méditerranée et, surtout, l'importance de la famille.
Pour Lazare Mir, désormais, il "fera beau toute la vie".
Robert Brasillach nous plonge dans l'univers de Virgile et nous fait découvrir chaque étape de sa vie dans un style agréable et plein de vie.
Roman du souvenir, de l'enfance et de la tentation, de la séparation et du retour, Comme le temps passe, c'est l'histoire de deux enfants de Tolède qui deviennent adultes en France ; "l'histoire de deux êtres qui peuvent se chercher, se perdre, se retrouver, sans jamais cesser d'être faits l'un pour l'autre", disait Brasillach. Publié pour la première fois en 1937, Comme le temps passe est le roman le plus riche et le plus connu de Robert Brasillach, c'est aussi le roman de la jeunesse en quête de bonheur, qui fuit et qui renaît tour à tour.
L'Enfant de la nuit (1934) est le deuxième roman de Robert Brasillach, paru deux ans après Le Voleur d'étincelles. Loin de l'optimisme méditerranéen de celui-ci, L'Enfant de la nuit dresse le tableau plutôt sombre d'un quartier de Paris ainsi que de ses habitants.
Le passage de 1933 à 1934 n'est pas ressenti en France comme une période faste : janvier 1933, Adolf Hitler est devenu chancelier de l'Allemagne nationale-socialiste ; la même année, l'affaire Violette Noziè redéfraye la chronique judiciaire et criminelle, avec son histoire de stupre et de jeunesse dévoyée. Brasillach a suivi les péripéties du procès, comme journaliste. Des aspects de la personnalité de cette parricide libertine se retrouvent d'ailleurs, sous une forme atténuée, chez son héroïne, la petite Anne. En 1933, toujours, les soeurs Papin ont assassiné et affreusement mutilé leur patronne et sa fille. Enfin, les émeutes de février 1934 viennent apposer leur sceau sur cette nouvelle ère, quand la désorientation sociale s'associe à une forte inquiétude politique. Tout ceci, dans un monde où la situation des femmes est de plus en plus remise en question, surtout depuis la Grande Guerre.
Au hasard d'une séance de cartomancie, le narrateur, Robert B., ensemblier, rencontre la petite Anne, abandonnée par ses parents, figure centrale du roman. Quelques amis, plus ou moins engageants et bienveillants, se réunissent dans le but de soustraire Anne à la mauvaise influence d'un voyou qu'elle aime et, ainsi, cherchent à infléchir son destin, potentiellement tragique. Repêchée dans la Seine, après une tentative de suicide, Anne mènera une existence plus stable et plus heureuse. Peut-être.
Brasillach se révèle ici le poète des petites gens de Paris, agglomération de « villages » urbains.
Chantre de la jeunesse éphémère, le romancier peint avec une réelle tendresse la vie des Parisiens et surtout celle d'Anne, qui a le diable au corps.
Lorsque cet ouvrage parut pour la première fois en 1938, Auguste Bailly le salua ainsi : « Un livre qui nous retrace de Corneille assurément l'image la plus complète que nous possédons. » Brasillach redonnait chair à l'homme de théâtre et insistait sur le mondain, l'amoureux, un classique qui était d'abord un romantique. Parce qu'il avait lu toutes les pièces de Corneille, il mettait en avant la variété de l'oeuvre d'un des poètes français les plus inventifs, lyrique, religieux et moderne.
Aujourd'hui, si cet essai littéraire reste important parmi les travaux consacrés à Corneille et à sa psychologie, et s'il mérite d'être réédité à l'occasion du 400e anniversaire de sa naissance, c'est également à la fois à cause et en dépit de son caractère de document illustrant les propos engagés d'un journaliste d'extrême droite, futur collaborateur, qui a rapproché parfois le contenu politique des pièces de Corneille - notamment sous l'angle du « culte de la volonté » - avec les références d'époque qu'il puisait dans l'Allemagne nazie ou l'Italie mussolinienne.