D'ordinaire, on s'efforce d'expliquer les fables de La Fontaine aux enfants. Ils n'en ont pas besoin : ils les comprennent d'intuition, même sans saisir parfois la moitié des mots. En grandissant, nous perdons cette fraîcheur de sympathie. Et il faut beaucoup de science et de patience aux adultes pour remonter la pente, pour que l'oeil se fasse à ce ciel nocturne brillant de tant d'étoiles qu'est le recueil des Fables choisies mises en vers.
Cet ouvrage voudrait jouer le rôle d'un télescope secourable pour faciliter cette observation, sans autre prétention que d'aider à lire La Fontaine, à le déchiffrer et à le goûter. Il scrute pas à pas les 22 fables du livre I, de La Cigale et la Fourmi au Chêne et le Roseau, pour en faire ressortir et en faire ressentir la profondeur secrète, les mystères enfouis, les connivences celées et la logique de l'assemblage, analogue à celle d'un jardin à la française. Une invitation à la promenade au jardin des Fables...
Le présent ouvrage propose de relire l'auteur de La Divine Comédie à la lumière des grands lecteurs de Dante, européens et italiens : Ezra Pound et T.S. Eliot, James Joyce et Samuel Beckett, Ossip Mandelstam et Jorge Luis Borges, Primo Levi, Edoardo Sanguineti et Pier Paolo Pasolini. Il interroge également la réception de Dante en France, de Paul Claudel à Philippe Sollers et Jacqueline Risset. Autant de lectures, plurielles, qui constituent une introduction à La Divine Comédie et à la littérature du XXe siècle, de ses courants les plus novateurs, qui ont su coordonner Dante à notre modernité.Cette nouvelle édition de l'ouvrage Lectures de Dante, un doux style nouveau, paru en 2006, n'est pas qu'une simple révision. Il s'agit en partie d'une réécriture, augmentée d'une postface de Sara Svolacchia.
Voici un corps à corps critique avec Self-Portrait in a Convex Mirror. Paru en 1975, c'est le livre le plus célèbre de John Ashbery (1927-2017), le poète américain le plus marquant des cinquante dernières années ; un livre à la fois déroutant et attachant, énigmatique pour ne pas dire mystérieux, excitant la pulsion herméneutique autant qu'il se refuse résolument à l'interprétation.
Au gré de l'analyse de ce recueil emblématique de la poésie contemporaine, la performance du poème et celle de sa réception apparaissent comme les deux pôles d'une cérémonie improvisée, à laquelle Pierre Vinclair nous donne les moyens de prendre part, à notre tour.
Après Terre inculte. Penser dans l'illisible The Waste Land (publié dans la même collection en 2018), il poursuit ici son double travail d'explication avec la poésie moderniste et de définition d'une éthique de la réception adaptée à son effort.
Les chefs-d'oeuvre se prêtent à tous les traitements, fût-ce les plus irrévérencieux. C'est même par là qu'on les reconnaît. Mais quel sens y a-t-il à chercher à améliorer l'une des plus belles réussites du répertoire ?Le présent ouvrage propose de frayer les voies d'une critique authentiquement créatrice en renouant avec le mode de lecture qui prévalait à l'âge classique et dont Rousseau donne encore l'exemple dans la critique du Misanthrope proposée par la Lettre à d'Alembert. Il confronte ainsi le chef-d'oeuvre de Molière à ce qu'il aurait pu être, tout autant qu'à ce qu'il est devenu dans les différentes interprétations qui en ont été données et les innombrables sixièmes actes qui en ont été forgés, avec la conviction qu'il y a dans tout texte de quoi en faire un autre.La valeur d'une oeuvre se mesurant aux possibles qu'elle autorise, il n'y a jamais bien loin de la lecture vivante d'un texte à sa continuation, et il n'est pas de plus belle façon de réviser ses classiques que de leur imaginer des variantes.
Pourquoi Baudelaire n'a-t-il cessé d'éprouver le besoin d'en découdre avec la pensée de Rousseau dans tous les moments charnières de son oeuvre, depuis l'époque des Notes sur Edgar Poe jusqu'au projet de Mon Coeur mis à nu, en passant par de nombreux poèmes du Spleen de Paris et par les récits des Paradis artificiels ?Ce livre formule l'hypothèse que c'est dans l'explication persistante avec Rousseau que se joue dans l'oeuvre baudelairienne une compréhension renouvelée des enjeux de la poésie moderne. Il montre Baudelaire aux prises avec ses contradictions dans sa critique obstinément conduite de la « bonté » originelle, défendue par son adversaire. Puis il lance le pari d'une nécessaire reprise « rousseauiste » de la poésie, inspirée paradoxalement par la lucidité du poète autant que par son désespoir.
Quelles sont les notions principales qui structurent la production poétique et la pensée essayiste d'Yves Bonnefoy ?
Le poète lui-même n'a cessé d'affirmer, et de montrer, que « poésie » et « critique » ont, depuis Baudelaire, partie liée de manière consubstantielle. Une première partie plus théorique dresse la liste des principes et catégories de cette critique en poésie ; une seconde déploie les diverses modalités d'application pratique d'une poésie qu'on peut dire critique.
Apparu sur la scène littéraire au tournant des années quatre-vingt, Guy Goffette s'est imposé comme une figure majeure de la poésie contemporaine française. D'origine belge, il a publié la quasi-totalité de son oeuvre chez Gallimard, qui le fait entrer dans sa collection de référence « Poésie » dès 1995, avec Le Pêcheur d'eau, avant de publier son recueil le plus connu, intitulé Éloge pour une cuisine de province - initialement publié chez Champ Vallon en 1988. Ne se reconnaissant pas dans ce qu'on a appelé « le nouveau lyrisme », ce « poète du quotidien » - selon ses propres termes - a rapidement attiré l'attention de la critique : postface de Jacques Borel en 1988, numéro spécial de la revue Littératures en 2007, en 2012 un collectif dirigé par Jean-Michel Maulpoix et un essai d'Yves Leclair. Le terrain reste néanmoins largement à défricher, tâche à laquelle le présent ouvrage entend participer en s'intéressant successivement à la « cuisine » et aux rapports qu'entretient le poète avec la peinture et la musique, mais aussi à l'écriture en prose. Aux différentes contributions s'ajoutent un entretien avec Guy Goffette, ainsi que quelques poèmes et extraits de roman inédits.
Avec les contributions de Béatrice Bonhomme, Serge Bourjea, Benoît Conort, Christine Dupouy, Claire Habig et Marie Joqueviel-Bourjea.
L'oeuvre de Jacques Derrida n'aura cessé d'interroger la poésie et le poème, au travers d'une confrontation insistante à un corpus signé par certains des plus grands noms de la modernité : Mallarmé, Artaud, Ponge, Celan, Genet, pour n'en citer que quelques-uns. Le poème y est d'abord (1960-1970) saisi comme l'incarnation du rêve logocentrique d'une parole présente à elle-même, contractée et configurée dans l'unité d'un seul souffle. Déconstruit pour en reconduire l'occurrence à l'immanence générale d'une littérature faite Texte, il deviendra (avec Mallarmé notamment) l'un des instruments les plus puissants de l'opération de déconstruction.
Mais le poème résiste et insiste en son lieu singulier, à partir notamment des années 1980 : à l'effort déconstructeur, il objecte décidément sa « chose » (Signéponge), l'effet vertigineux de son secret (Schibboleth), l'itération sans fin de sa redite (Feu la cendre). Ce livre se propose dès lors de montrer comment le poème apparaît, au terme de l'itinéraire derridien, comme l'un des noms de l'indéconstructible.
Balzac, Nabokov et Troyat ont en commun d'avoir traité avec réalisme des thèmes sociaux, comme la pédophilie, qui n'ont rien perdu de leur actualité. On perçoit pourtant dans leurs oeuvres une aspiration à la transcendance, notamment révélée par une symbolique des fleurs et des couleurs, qui n'est pas étrangère au sacré. La Cousine Bette, Lolita et La Grive partagent de nombreuses caractéristiques. Leur lecture successive permet de questionner la contradiction sans âge qui inspire les formes connues du sacré et celles de l'art. C'est cette contradiction et son rôle dans la recherche d'une vérité absolue que le présent ouvrage essaie d'explorer.
Le roman et le fait démocratique entretiennent une relation privilégiée. C'est là une idée couramment admise, que viennent étayer à la fois leur date de naissance commune et la capacité supposée du roman à faire de tout un chacun un héros ou une héroïne. Mais qu'en est-il à l'heure de la crise de la démocratie que nous connaissons aujourd'hui ? Elle donne à penser que roman et démocratie ont désormais aussi en commun de faire face à une crise profonde de la représentation qui engage tant la capacité à dire quelque chose du réel que la légitimité à revendiquer une position de représentant. Telle est l'hypothèse que veut explorer cet ouvrage.Portant à la fois sur la représentation de la crise démocratique telle qu'elle est racontée dans le roman contemporain et sur la crise du roman lui-même en tant que genre démocratique, cet essai fait le pari d'une homologie entre démocratie et roman : sans aller jusqu'à prêter à la littérature le pouvoir de résoudre tous les problèmes de la démocratie, il postule que l'exploration romanesque de la crise démocratique et les stratégies littéraires pour la surmonter peuvent ouvrir à la pensée et à l'expérience de nouvelles formes de vie démocratiques.
Roland Mortier, le maître, et Raymond Trousson, l'élève, ont donné à l'étude des Lumières un éclat particulier. Ce recueil d'hommages souligne l'universalité des perspectives ouvertes par les idées nouvelles, avec une réflexion sur la façon dont la figure du poète s'est, grâce à Voltaire, construite en Russie, sur la transmission des valeurs culturelles de la Chine en Europe ou sur le questionnement qu'apportaient les relations de voyage de Bougainville, de Cook et de Lapérouse.
C'est au franchissement des frontières qu'invite aussi la recherche en histoire du livre, qui portent sur à l'édition en Suisse, la bibliographie du Temple de Gnide, la genèse de l'Encyclopédie méthodique ou l'examen critique de la correspondance de Voltaire et du prince de Ligne.
Le temps des Lumières sait par ailleurs réserver quelques surprises, avec les portraits de Rivarol, voltairien sans le vouloir, et de Mercier, plus conservateur qu'on ne le croirait. De tels retournements de perspective s'éclairent en outre par une synthèse théorique sur les « alternatives des Lumières ».
Pour répondre à la variété des intérêts des dédicataires, d'autres auteurs, d'autres thèmes sont abordés dans des analyses d'une profondeur et d'une qualité exceptionnelles.
Samuel Beckett n'a cessé de lire Dante depuis ses années d'études à Dublin jusqu'à sa mort, en 1989. Sa lecture n'est pas critique : elle est une source, une énergie qui apparaît, disséminée dans ses livres, avec une régularité exemplaire. Elle opère un déplacement de La Divine Comédie. Les coups et les cris que Dante entend derrière la porte de son Enfer ne finissent pas. Ni le Purgatoire ni le Paradis ne peuvent les apaiser. « Ô frère, aller là-haut, qu'importe ? » Une question qui traverse ce livre, comme les deux pôles d'un méridien, et qui renouvelle notre lecture de Beckett.Bien que de nombreuses études aient déjà traité du rapport entre Dante et Beckett, aucune encore n'avait proposé un inventaire exhaustif des emprunts de l'un à l'autre ni abordé dans son ensemble cette seconde grande influence, la première étant celle de James Joyce. Ce livre en représente la tentative.
Qu'ont en commun Diderot, D'Alembert et l'abbé de Saint-Pierre ? Voisenon et Pluche ? Fontenelle et Sade ? La Font de Saint-Yenne et Condillac ? Casanova et Buffon ? Batteux et Barruel ? Peu de chose a priori réunit les auteurs qui dialoguent au sein de ce volume, sinon que tous, quel que soit leur domaine de réflexion, ont été amenés durant leur parcours intellectuel à se confronter à la question du système et à se prononcer sur sa nécessité, sa pertinence et sa valeur. À lire les études ici rassemblées, il apparaît que la pensée du système innerve les champs du savoir et de la création au XVIIIe siècle. Mais ce tropisme systématique étonnamment persistant ne signifie nullement la permanence de la valeur accordée à l'esprit de système : ces systèmes omniprésents traduisent plutôt la perte de majesté du système, détrôné par d'autres manières de penser et d'écrire le monde et les hommes.
Le Dictionnaire sauvage Pascal Quignard, ponctué d'affiches ou encore de dessins que l'écrivain effectue cependant qu'il écrit un livre et qui constituent une véritable archive de l'écriture, est l'oeuvre d'un collectif de chercheurs et d'universitaires du monde entier. Près de trois cents entrées, répertoriées par ordre alphabétique et complétées d'une bibliographie exhaustive, offrent des clés de lecture et ouvrent de multiples parcours croisant divers domaines (lettres et arts, sciences, philosophie, langues et cultures antiques et contemporaines, anthropologie) qui sont autant de lieux, pour Pascal Quignard, d'une recherche insatiable de l'âme.
Pascal Quignard participe lui-même à cette élaboration sous la forme d'un dialogue avec Mireille Calle-Gruber. Dès l'A, il explicite son rapport au savoir, à la bibliothèque qu'emblématise l'exercice du dictionnaire ; le qualificatif de « sauvage » préservant quant à lui la part indomptable de la connaissance et en particulier de la cosmogonie de son oeuvre.
Ce Dictionnaire, guide à plusieurs voix, dessine une cartographie de l'oeuvre. Volume de ressources et de références incontournable, il est le meilleur garant d'une approche capable de faire prendre toute la mesure de l'interrogation originaire qui se joue au secret de l'écriture de Pascal Quignard.
Entre la mort de Molière et l'avènement de Marivaux, le théâtre comique connaît de profondes modifications, tant d'un point de vue socio-économique qu'esthétique. En prenant l'exemple d'Edme Boursault (1638-1701), cet ouvrage entend mettre en lumière une double trajectoire, celle d'un genre - la comédie - et celle d'un auteur. Il s'agit donc d'une part d'observer les stratégies de carrière mises en oeuvre par les dramaturges de la seconde moitié du XVIIe siècle, mais aussi, d'autre part, de comprendre la manière dont se renouvelle l'écriture dramaturgique.
Les comédies de Boursault, écrites entre 1661 et 1701, attestent des hésitations et des mutations esthétiques qui caractérisent le passage de la dramaturgie classique à celle de la fin de règne. Depuis ses premières comédies et farces jusqu'à ses comédies moralisantes, Boursault a su s'adapter aux changements que connaissent la société française et le théâtre, mettant en oeuvre un arsenal de stratégies, tant sociales que littéraires.
Par une approche qui combine sociologie de la littérature, poétique des genres et théorie de la réception, cet ouvrage étudie les réseaux de sociabilité de Boursault (salons précieux, cercles littéraires, mécénat) et analyse son théâtre comique, tout en tenant compte des aspects liés aux conditions de représentation et à la réception du public.
Le voyage poétique, malgré le dernier « tournant spatial » des études littéraires, reste encore très peu traité par la critique. Le registre poético-réflexif du voyage poétique, entre document et témoignage, tant dans la dynamique que dans la scénographie énonciative qui le génèrent, semble relever d'une topique relationnelle, surtout à la fin du XXe siècle.
Car, au fondement même de cette pratique d'écriture, il y a l'événement de la rencontre avec l'altérité. Dès lors, on interroge ici les types de représentation, de témoignage, de vision critique, de régimes d'intelligibilité du réel, et la vertu spéculative enfin, que peut proposer le recueil de voyage poétique, tant en langue française qu'en langue espagnole.
La réception de Rimbaud est traditionnellement envisagée sous l'angle du mythe, qui la ramène à une erreur d'interprétation collective. Le présent ouvrage entend réinterpréter un ensemble de grands textes consacrés à celui que Mallarmé appelait le «passant considérable» à l'aune d'une notion plus vaste, positive, propre à rendre compte de la naissance, de l'affermissement et de l'enrichissement extraordinaire de cette réception: le rimbaldisme. Celui-ci y est envisagé, dans une triple perspective théorique, historique et poétique, comme une langue critique de la modernité, fruit d'un dialogue intime entre l'oeuvre et ses lecteurs, et dont les avatars sont ici étudiés des grandes heures du symbolisme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Le concept de small stories a été introduit dans la discussion scientifique par Michael Bamberg et Alexandra Georgakopoulou. Il désigne « un ensemble d'activités narratives sous-représentées, comme les récits d'événements en cours, d'événements futurs et hypothétiques, d'événements partagés (connus), mais aussi les allusions à des récits, les récits différés ou encore les refus de raconter ». Le but de la small stories research est de déplacer l'attention, auparavant centrée sur les récits de soi, récits longs, pris en charge par un narrateur unique, consacrés à des événements passés non partagés, vers les récits courts et fragmentés que l'on trouve dans les environnements interactionnels de tous les jours.
Cet ouvrage vise à présenter au public français les principaux développements de la small stories research et à encourager la collaboration entre les chercheurs français et anglo-saxons, de même qu'entre les chercheurs de différentes disciplines.
Malgré des débuts prometteurs, le retour de la tragédie grecque en France s'estompe brutalement à partir de 1550, laissant la voie libre à Sénèque comme seul modèle antique dans la naissance et le développement de la tragédie française. Comment justifier le silence étonnant qui sépare les premières traductions de Sophocle et Euripide, sous François Ier, du succès de Phèdre de Racine en 1677 ? L'explication esquissée par l'ouvrage décloisonne les champs de recherche pour montrer que l'intérêt fluctuant envers le théâtre athénien tient à des préférences extra-littéraires : derrière la passion pour le grec s'en cache une autre, inavouable, pour la lecture de la Bible en langue originale. Une passion dangereuse que le Concile de Trente s'empressera d'effacer pendant plus d'un siècle, retardant ainsi l'éclosion d'une tragédie française d'inspiration grecque. L'histoire d'une occasion manquée.
Si le genre poétique est essentiel pour l'émergence et la définition des littératures francophones, des Amériques aux Afriques, en passant par les francophonies européennes ou le Machrek, il est aujourd'hui beaucoup moins travaillé que le roman ou le théâtre. Ce volume entend contribuer à combler cette relative lacune. Le livre propose une cartographie des lieux de cette poésie. Point de géographie de mappemonde cependant, puisque justement les poètes et poétesses ont tendance à associer dans leurs vers des espaces divers. Il s'agit avant tout de faire parcourir des imaginaires : les grandes questions que posent l'expression même de « poésies francophones », les chevauchements de lieux, d'histoires et de langues qu'orchestrent les textes, les limites dépassées d'une poésie qui investit bien au-delà de la forme versifiée.
À l'heure de la retraite des Sages, tant en France qu'à l'étranger, la carrière féconde et diversifiée de Jacques Wagner a spontanément suscité ce volume de Mélanges en hommage à la qualité et à l'importance de ses travaux sur la littérature du XVIIIe siècle français. Dans la variété des études ici rassemblées, le lecteur trouvera comme l'écho des préoccupations littéraires, philosophiques, esthétiques et éthiques qui ont constamment guidé Jacques Wagner dans le développement de ses recherches.
L'exigence de l'erreur est la condition de possibilité de la recherche dans le roman de Proust. Les erreurs du narrateur rythment son récit. Il revient sur celles du héros, mais lui-même n'est pas toujours sûr de ce qu'il avance. On a souvent dit que les phrases de Proust étaient longues. Il arrive pourtant qu'une très courte phrase s'intercale. Formée du seul verbe « se tromper » conjugué, elle relance le récit qui explore différentes idées ou hypothèses.À la lecture, ces multiples présentations peuvent conduire à opter pour telle réflexion particulière du narrateur. Mais pourquoi celle-là ? Et peut-on reprendre comme analyse de l'oeuvre, une analyse donnée à l'intérieur de cette oeuvre ? Cet ouvrage propose une méthode d'analyse comparée permettant une lecture qui ne soit pas la reprise d'une interprétation du narrateur.« La duchesse de Guermantes était-elle amoureuse du héros ? » C'est par cet exemple que s'ouvre le premier chapitre. Pour répondre à cette question, on est conduit à revoir les notions narratologiques, à en proposer une redéfinition, à s'interroger sur le rôle même de la lecture.