John Shelby Spong, qui appartient à l'Église épiscopalienne des États-Unis (tradition anglicane), a été pendant vingt-cinq ans évêque de Newark dans le New Jersey. Dans son travail de terrain, il a très vite réalisé que le message sur Jésus était devenu confus, voire incompréhensible, pour beaucoup de femmes et d'hommes, rebutés par des textes enveloppés de mythes, de légendes et d'interprétations d'une autre époque. À partir d'une relecture des textes, il nous propose dans cet ouvrage un portrait du Jésus réel, à la fois prophète, porteur d'un message de fraternité et inventeur d'une voie dans laquelle le monde traditionnel du divin se trouve bouleversé. Il aborde avec la plus grande lucidité des sujets comme la naissance et l'enfance de Jésus, les miracles, la résurrection et l'ascension de Jésus. La version originale (Jesus for the Non- Religious, 1re éd. 2007 chez HarperCollins) s'est vendue à plus de cent mille exemplaires et a suscité un écho de grande ampleur dans le monde anglo-saxon. L'ouvrage de l'évêque J. S. Spong se situe dans la lignée des recherches qui, depuis le XIXe siècle surtout, ont entrepris de faire le tri, dans les quatre évangiles et les autres parties du Nouveau Testament, entre l'expérience faite en et avec Jésus et la culture alors disponible dont on s'est servi pour la dire. Cet énorme travail s'est encore accéléré dans la seconde moitié du XXe siècle, comme l'ont montré les livres de Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme (Karthala, 5e éd. 2015), et de José Antonio Pagola, Jésus, approche historique (Le Cerf, 2012). Encore aujourd'hui, ce travail critique reste trop souvent entre les mains des exégètes et des spécialistes. Beaucoup de chrétiens, et de catholiques en particulier, n'y ont pas accès ou ne perçoivent pas les conséquences considérables que ces acquis devraient apporter dans les prédications et les homélies, dans la rédaction des catéchismes, dans les prises de parole des évêques et du pape et, tout simplement, dans la culture religieuse et les débats de société. En s'inscrivant dans ces traditions critiques, Jésus pour le XXIe siècle est un essai libre et franc pour donner sens et puissance à une vie de Jésus revisitée.
Le paradigme écologique dans la théologie africaine, cet ouvrage de Dieudonné Mushipu Mbombo est une véritable ouverture novatrice, sachant croiser les problématiques de l'écologie et de la théologie africaine, deux sujets forts d'actualités et de réalité sur le continent africain. D';après les experts, le continent africain subira durement les effets du réchauffement et des variations climatiques, alors qu'il n'émet que 4% des gaz à effet de serre. Il risque de connaître le réchauffement le plus élevé d'ici à la fin du siècle. Sécheresse, salinisation des sols, inondation par-ci, déficit de pluviométrie par-là, urbanisation rapide, changement dans l'agriculture... Une série de phénomènes vont s'accroître et affecter durement les Africains.
L'ouvrage se présente comme un essai d'herméneutique théologique. Il revisite en particulier les oeuvres des théologiens qui ont écrit depuis les indépendances sur les sociétés africaines et leur entrée dans la modernité, en abordant partiellement des sujets comme le cosmos, la nature, la place de l'homme dans l'univers, la relation à Dieu ou aux dieux. Le propos de Dieudonné Mushhipu Mbombo est d'ouvrir la théologie aux nouvelles connaissances qu'apporte l'écologie. Ces nouvelles connaissances peuvent modifier et faire évoluer notre compréhension de la révélation, nos expressions de la foi, y compris nos représentations de Dieu, nos engagements chrétiens...
C'est un livre qui peut contribuer à élargir les champs actuels de la théologie africaine face aux défis environnementaux. Il donnera des pistes aux pasteurs pour engager les communautés chrétiennes dans un dialogue avec tous pour la sauvegarde de la nature, la défense des pauvres et la construction de réseaux de respect et de fraternité.
Gabriel Longueville, né en 1931, est parti comme prêtre « Fidei Donum » en Argentine, en août 1969. À Chamical, dans le diocèse de La Rioja, il va découvrir la vie des plus pauvres dont il voudra être solidaire. Avec Carlos Murias, son vicaire et son compagnon, il le paiera de sa vie en juillet 1976, au temps du terrorisme d'État et de la « sale guerre ».
Dans un contexte de violents affrontements, Gabriel s'en prit aux graves situations d'injustice. Avec son évêque, Mgr Enrique Angelelli, dont il suivait pleinement les orientations pastorales, il dénonçait l'oppression qui frappait les petits paysans. Il encourageait des ateliers de tissage, des coopératives, partageait la vie des ouvriers, faisait prendre conscience aux pauvres de leur dignité ; et cela devint insupportable aux yeux de la dictature.
Le 18 juillet 1976, une voiture de police vient chercher son vicaire Carlos. Gabriel ne veut pas se désolidariser de son sort. On retrouvera leurs corps, criblés de balles, à cinq kilomètres de Chamical. Puis huit jours après, Wenceslas Pedernera, un militant chrétien, sera abattu. Le 4 août, leur évêque, Mgr Angelelli, sera à son tour victime d'un assassinat masqué en accident. Dans leur enchaînement, la solidarité des quatre martyrs de La Rioja constitue la grande force spirituelle de ces événements.
Dans l'esprit du pape François, ces martyrs, béatifiés le 27 avril 2019, deviennent une figure vivante de l'enracinement évangélique pour la défense des plus pauvres, face à un terrorisme d'État qui agissait sous le prétexte de défendre la civilisation chrétienne. Ce livre raconte l'itinéraire de Gabriel Longueville, inséparable de celui des trois autres martyrs.
Cet ouvrage fait suite à la journée d'études du 5 octobre 2019 sur John Shelby Spong, lors de laquelle furent aussi discutées les idées de Joseph Moingt sur l'esprit du christianisme et cette partie de la théologie protestante familière de la culture moderne : la théologie du process et le protestantisme libéral. Cent quarante personnes ont participé à cette rencontre : des chrétiens en recherche, qui ont quitté la foi traditionnelle, s'en sont éloignés ou s'y trouvent mal à l'aise en raison des doctrines, des langages, des rites et de positions devenus obsolètes.
La crise abordée ici, en particulier celle de l'Église catholique, ne se situe pas d'abord au niveau de l'organisation ou des structures des Églises. Beaucoup plus en profondeur, elle touche le coeur même du christianisme et la façon d'exprimer une fidélité vivante à Jésus de Nazareth qui, il y a vingt siècles, a donné son nom à notre « ère commune ».
Le lecteur trouvera d'abord exposée la proposition de l'évêque Spong en réponse à sa question de base : pourquoi le christianisme doit changer ou mourir. Joseph Moingt, jésuite, nous questionnera sur une Église catholique toujours structurée autour du sacerdoce des prêtres et qui laisse peu de place aux laïcs. À travers la théologie du process, le pasteur Jean-Marie de Bourqueney nous ouvrira une fenêtre sur la recherche de Dieu comme énergie et puissance de vie. Si l'on ajoute les témoignages de personnes et d'un groupe sur l'étude des écrits de Spong, et les échanges qui ont ponctué la rencontre du 5 octobre, ce livre prend la forme d'un manifeste pour un christianisme d'avenir. Un christianisme ouvert et crédible, qui concerne notre génération.
La question de l'évangélisation est au coeur de ce récit à caractère autobiographique. Prêtre du diocèse de Vannes, Bertrand Jégouzo a passé plusieurs années de sa vie comme missionnaire Fidei donum dans le diocèse de Riobamba, en Équateur. Plus précisément dans les Andes au milieu d'une population majoritairement indienne.
Très vite, il s'est trouvé confronté à l'interrogation à la base de l'évangélisation : comment un missionnaire occidental, formé dans la théologie catholique du XXe siècle, peut-il transmettre - ou partager - la foi chrétienne à des paysans quechua vivant dans une culture plus que millénaire ? Comment composer avec les formes et les traditions d'un christianisme implanté au temps de la conquête espagnole ?
À travers le récit d'histoires et d'aventures vécues au quotidien, l'auteur questionne la pratique missionnaire. Dans les sociétés latino-américaines, l'enjeu est d'assurer le droit à la différence dans les manières de vivre, de penser et d'élaborer ses propres conceptions culturelles et religieuses. Son témoignage aborde des questions essentielles et respire l'authenticité.
"Ce livre retrace l'itinéraire de Michel Younès dans lequel il montre que l'altérité fait partie de l'identité.
Dans un contexte où la diversité culturelle et religieuse n'est plus une option, il cherche à éviter les logiques d'opposition et de relativisation. Comment se repérer sans se perdre ?
À partir de ses racines libanaises, de sa double formation en théologie et en philosophie, ainsi que des projets menés sur la religion en entreprise, l'auteur présente ici son parcours personnel, son expérience interculturelle et ses convictions, croisant connaissance des religions et dialogue interreligieux. En s'intéressant aux questions relatives à l'islam, il donne des clés de compréhension, conjuguant recherche académique et expérience de terrain.
Si l'intérêt pour ce qui est différent de soi n'est pas spontané, éduquer non seulement à l'autre mais par l'autre invite à grandir autrement et à être soi-même en sa présence. C'est un itinéraire inspirant dans un monde en profonde mutation."
Parmi les prophètes de la Côte d'Ivoire, Koudou-Gbahié paraît exceptionnel tant par l'histoire de sa vie elle-même qu'en raison des problèmes que celle-ci pose sur le plan de la compréhension historique et anthropologique.
Tous les problèmes du contact entre christianisme et religions traditionnelles africaines, entre modernité et tradition, entre vie en ville et vie au village sont condensés dans l'existence de Koudou Gbahié. Ces problèmes touchent les domaines les plus débattus parmi les historiens et les anthropologues : le mort comme intermédiaire spirituel, le culte rendu à la tombe, la possession, la magie, la sorcellerie, le charisme, le consensus religieux et le consensus politique, le pouvoir de guérison et de voyance.
Cet ouvrage apporte de nouvelles données sur une aventure prophétique qui s'est développée dans la seconde moitié du XXe siècle, jusqu'à se transformer en une nouvelle secte ou religion. Après avoir étudié le contexte social de la naissance de ce prophétisme, l'auteur nous fournit une série de documents. Le prophétisme pose des problèmes d'interprétation parce qu'il se présente à la fois comme une somme d'expériences individuelles irréductibles et comme la répétition d'une typologie standardisée.
Une première réponse à ce problème est d'accueillir et de présenter, du moins pour certains prophètes et tant qu'il est encore temps, leur propre voix, en la mettant par écrit pour qu'elle puisse être utilisée également par les chercheurs à venir.
Des légendes à l'histoire, tel est le parcours initiatique que nous propose d'effectuer l'auteur, nous invitant à suivre Charles de Foucauld - pendant les deux dernières années de sa vie - " d'une rive à l'autre ", puis à explorer les faits en se reportant " d'un document à l'autre ".
L'auteur présente les deux dernières années de la vie de Charles de Foucauld comme le passage d'une rive à l'autre de l'oued Tamanrasset, mais la trame du récit s'appuie sur la valeur symbolique de ce passage, il prépare un autre passage, sur un autre rivage, définitif celui-là. Comment est mort Charles de Foucauld ? A-t-il vraiment été assassiné ? Dans quel but ? Est-il mort martyr ou victime d'un complot, voire d'une vengeance ? Une mort héroïque ou une balle perdue ? Bavure dans une prise d'otage commanditée ou volonté de supprimer un personnage gênant ? Toutes les suppositions ont été faites...
En nous expliquant comment il a été tué, ce livre nous apprend pourquoi il a été tué. Avec une rigueur toute scientifique, il permet au lecteur de passer " d'une vérité à l'autre " sur les circonstances de la mort de Charles de Foucauld. Cet ouvrage marque ainsi une avancée par rapport aux biographies et, grâce à la publication d'écrits jusqu'ici inédits, il devrait permettre au lecteur de se faire une opinion, appuyée sur une documentation sûre et aussi complète que possible.
" Lors de mon premier voyage au Mont-aux-Sources, je fus singulièrement désappointé de ne pas voir le haut du fleuve Orange, au moment où je n'en étais séparé que par quelques lieues.
Je me promis d'y retourner un jour si les circonstances m'étaient favorables. " Ainsi commence le texte dans lequel Thomas Arbousset a raconté son excursion au Mont-aux-Sources, qui surgit des Montagnes bleues, au nord du Lesotho, et domine le Drakensberg et le Natal. L'excursion missionnaire est le récit de conversations avec le roi des Sotho, qui n'avait jamais vu de Blancs avant de rencontrer les missionnaires.
La présente édition comporte aussi la Notice sur les Zoulas, chapitre XVI de la Relation, où l'on trouve le Chant de louanges de Dingan, roi des Zulu, successeur de Chaka. Ce texte a été recueilli sur le terrain en 1838, auprès de Zulu réfugiés au Lesotho, transcrit et traduit par Arbousset. Il est sans doute le premier chant de louanges bantou à bénéficier d'un tel traitement ethnographique.
il est rare que des homélies fassent l'objet d'un livre grand public.
jean corbineau est une exception. sa proximité tant avec le public qu'avec l'evangile, son ton à la fois simple et profond, font merveille aussi bien imprimés que proclamés. très nombreux sont ceux qui ont aimé " dire l'evangile avec les mots d'aujourd'hui ". nous pourrons retrouver dans ce nouveau volume " parole de dieu, paroles de fête " cette même pédagogie du coeur qui touche les publics les plus variés, et en particulier ceux qui vivent dans le silence de la foi, la nuit ou l'éloignement par rapport aux dogmes.
car jean corbineau ne prend jamais la vie et l'accueil de la parole comme une évidence. il va là oú nous rencontrons des difficultés, et c'est là qu'il fait jaillir pour nous la lumière de la bonne nouvelle. ce second volume d'homélies suit le cycle des fêtes liturgiques de l'année. il peut également être un guide pour les prédicateurs, et tous ceux qui se réunissent pour partager autour de l'évangile du dimanche.
avec ce don de nous conduire directement au coeur de l'évangile, il nous met en route et nous permet de faire jaillir ce que nous avons à transmettre nous-mêmes de cette parole. merci à jean et aux éditeurs de continuer à nous transmettre ce précieux trésor de vie.
Le rapport privilégié que la religion entretiendrait avec la violence est devenu l'un des poncifs du débat public. En proie au djihadisme et au radicalisme politique du christianisme évangélique, l'Afrique semble être un cas d'espèce. Mais cette pseudo-évidence soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. De quelle violence, de quelles religions, et même de quelle Afrique parle-t-on ? La guerre, en Afrique, a été politique, et non pas religieuse. Elle a eu pour objet le contrôle de l'état et des ressources, plutôt que celui des âmes, même si elle a pu emprunter, ici ou là, le langage de Dieu.
Le chassé-croisé de la violence et de la religion doit être analysé au cas par cas, à l'échelle des terroirs historiques. Aux antipodes des généralisations idéologiques apparaît alors un objet sociologique très circonscrit : des mouvements armés d'orientation religieuse qui participent d'obédiences diverses, aussi bien islamiques que chrétiennes, conduisent des insurrections sociales, mais occupent une place marginale dans les interactions entre Dieu et César. Au fil de cette réflexion, c'est toute l'histoire de l'état en Afrique qui apparaît sous un jour nouveau.
Comment devient-on sujet de Dieu dans une société considérée comme l'une des plus sécularisées du monde ? Comment rendre compte en termes anthropologiques du pouvoir qu'exerce le dieu du christianisme sur ceux qui déclarent y croire ? Cet ouvrage étudie les milieux pentecôtistes en Suède, pays rarement exploré par l'anthropologie internationale, et offre un contrepoint heuristique pour l'anthropologie du christianisme et les nombreux travaux menés dans les « pays du Sud ».
En Suède, les pentecôtistes engagent une conversation avec d'autres forces que celles qui sont si prégnantes en Afrique et en Amérique latine. Les variables économiques, sociales et politiques y sont bien différentes et les agents de la surnature des systèmes de croyances coutumiers en sont absents. C'est le « séculier », en tant que régime de subjectivation et figure imaginaire de l'altérité pour le croyant, qui devient le point de référence dans la construction des subjectivités chrétiennes.
Émir Mahieddin analyse ces techniques de subjectivation comme autant de manières de rendre Dieu présent au monde. Il montre comment ce dispositif de construction de soi et de transformation du monde, que les pentecôtistes appellent le « travail de Dieu », se renouvelle en permanence le long de la frontière instable et poreuse entre le religieux et le séculier.
Né en 1895, le père Marie-Dominique Chenu a profondément marqué la théologie du XXe siècle. D'abord historien de la pensée de Thomas d'Aquin au Saulchoir, il s'est rapidement intéressé aux signes annonciateurs d'un renouveau du christianisme pour le XXe siècle. Trente ans après sa mort, en 1990, sa pensée garde toute son actualité, et peut nous aider à comprendre et à vivre les transformations de la foi chrétienne.
Antonino Franco a bâti son livre sur de longues conversations avec le père Chenu, de 1979 à 1988. C'est le coeur de son livre en édition italienne qui constitue la première partie de notre ouvrage, intitulée l'intelligence de la foi. Elle nous amène assez vite à percevoir en Chenu l'unité du théologien cherchant à saisir la pensée thomiste dans son contexte historique et, en même temps, se tenant constamment à l'écoute des événements de son siècle pour en déchiffrer le sens.
Cette édition française comprend une seconde partie faite d'écrits où M.-D. Chenu révèle toute son attention aux « signes des temps ». De la Mission de France aux prêtres ouvriers, de l'émergence de nouvelles formes d'Église au Concile Vatican II, ces textes parlent de l'Évangile dans le temps.
C'est dans cette démarche que se situent le génie de M.-D. Chenu et sa fécondité pour aujourd'hui et pour demain.
"Le soufisme, la dimension spirituelle, mystique et ésotérique de l'islam, est dans une phase d'expansion au XXIe siècle, guidé par des maîtres charismatiques qui renouvellent leur langage, en attirant de nouveaux disciples et en dépassant leurs cadres culturels et géographiques d'origine.
Ce livre décrit le développement du soufisme en Europe occidentale, en particulier en France et en Italie, à travers une recherche empirique prolongée et fondée sur l'observation participante dans quatre confréries soufies à Paris et à Milan : la ?Alawiyya, la Budshishiyya, la Naqshbandiyya ?aqqaniyya et la A?madiyya-Idrisiyya Shadhiliyya.
Dans une perspective réflexive en socio-anthropologie des religions, l'auteur montre la tension présente dans le soufisme contemporain entre la scientia experimentalis, la mystique axée sur l'expérience directe du divin, autorisant une certaine créativité, et la sacra doctrina, la tradition axée sur les textes sacrés, qui reproduit les structures et l'ordre moral islamique.
Il décrit également les différentes formes d'hybridation entre la tradition islamique-soufie, le discours ésotérique occidental, notamment guénonien-traditionaliste, et le discours new age. Ces hybridations comportent souvent la création de nouveaux rituels, doctrines, et structures organisationnelles, et donnent lieu à des discours universalistes variés. Enfin, l'ouvrage discute les différentes options politiques du soufisme en Europe, comme le désintérêt dû à une attente eschatologique imminente, l'engagement citoyen et l'élitisme métapolitique.
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Ux Antilles et en Guyane françaises, le mouvement d'évangélisation, engagé dès les débuts de la colonisation, paraît s'accélérer au cours du XIXe siècle. Sous la monarchie de Juillet, les congrégations enseignantes lancent diverses initiatives en direction des esclaves. Mais elles doivent compter avec la toute puissance des maîtres. La suppression du travail forcé en 1848 ouvre de nouvelles perspectives. Durant les décennies qui suivent, le clergé catholique cherche à investir tous les aspects de la vie sociale. Les écoles primaires congréganistes, les confréries et les oeuvres se multiplient. Les ecclésiastiques s'emploient par ailleurs à diffuser un type de piété ultramontaine, marquée par la référence au Christ souffrant et à la Vierge compatissante.
Des pôles de résistances persistent. Avant tout soucieux de rendement économique, les grands planteurs ne semblent guère disposés à épauler l'action évangélisatrice. Par ailleurs, durant les années 1880, la bourgeoisie de couleur républicaine, qui remporte d'éclatants succès sur la scène politique, déclare la guerre au cléricalisme. Mais ces refus n'expliquent pas tout. Le modèle religieux véhiculé par les ecclésiastiques subit aussi de subtiles accommodations. L'union libre semble beaucoup trop répandue pour être frappée d'opprobre. De même, dans des sociétés marquées par la peur de l'autre, les rites chrétiens sont aisément assimilés à des protections magiques. Un catholicisme « créole », qui puise aux réalités coloniales comme à la sensibilité africaine, émerge finalement.
Agrégé et docteur en histoire, Philippe Delisle est maître de conférences à l'Université Jean Moulin-Lyon III. Il a vécu cinq ans à l'île de La Réunion et a effectué plusieurs séjours aux Antilles et en Guyane.
Philippe Delisle a également publié à Karthala, Le catholicisme en Haïti au XIXe siècle. Le rêve d'une « Bretagne noire » (1860-1915), et L'anticléricalisme dans la Caraïbe francophone. Un « article importé » ? (1870-1911). Il a également dirigé deux dossiers de la revue Histoire et Missions Chrétiennes, publiée à Karthala, le n° 5 sur « Acculturation, syncrétisme métissage, créolisation », et le n° 12 sur « Religion et créolité ». Il est par ailleurs, le directeur de la collection Esprit Bd à Karthala, dans laquelle il a publié trois ouvrages traitant de la question du christianisme et de la colonisation dans la Bd du XXe siècle.
Dossier dirigé par Nathalie KOUAME, avec les contributions de Gonoi TAKASHI, Oishi KAZUHISA, Joao Paulo OLIVEIRA E COSTA, Ohashi YUKIHIRO.
Les historiens d'aujourd'hui sont fascinés par les mondialisations, les métissages, les visions des peuples vainqueurs, et celles des peuples vaincus. Par la diversité de ses sources et de ses spécialistes, le "siècle chrétien" du Japon (1549-1650) permet cette double perspective. La parole est ici donnée en grande partie - il y a quand même deux auteurs européens - à des chercheurs japonais pour écouter ce qu'ils en disent. Le regard japonais sur la première évangélisation du Japon est pour ainsi dire inconnu en France, comme il l'est d'ailleurs dans toute la communauté scientifique mondiale. Les historiens japonais qui ont accepté de participer à ce dossier comptent parmi les meilleurs spécialistes de leur domaine, et leurs contributions offrent un regard neuf sur les sujets qu'ils abordent.
Pleine de bruit et de fureur - mais aussi d'évangile annoncé malgré tout -, voici l'histoire des spiritains en Amérique du Nord, de 1732 à 1839.
Elle coïncide avec la conquête progressive des colonies françaises du continent et avec les contrecoups de la Révolution française. Bon nombre de spiritains ont été amenés à jouer un rôle important dans la longue lutte désespérée entre la France catholique et la protestante Angleterre pour l'hégémonie sur l'Amérique du Nord. A cette époque, on appelle spiritains non seulement les membres appartenant au séminaire du Saint-Esprit fondé par Claude-François Poullart des Places en 1703, mais également tous ceux qui ont été formés par lui.
Dans un récit piquant, Henry J. Koren nous présente les principales figures des missionnaires spiritains de cette période dans cette partie du monde M. Maillard, l'apôtre des indiens Micmacs ; Jean Le Loutre, le père des Acadiens ; l'abbé Le Guerne, aumônier des hommes traqués lors du Grand Dérangement... Quelques-uns d'entre eux resteront des figures controversées. Mais, après examen de tous les documents disponibles, il apparaît bien que la valeur chevaleresque éclipse les canailleries imputées à cette "racaille de prêtres".
Tel est, en effet, le jugement partagé par un nombre croissant d'historiens contemporains qui ont désormais plein accès aux sources de l'époque. Même si les missions canadiennes de l'Acadie occupent la majeure partie du livre, l'Auteur suit partout les migrations et les labeurs des missionnaires spiritains d'Amérique du Nord : à Saint-Pierre et Miquelon, aux îles de la Madeleine, aux îles Vierges, en Guyane et aux Etats-Unis où " le bon M.
Moranvillé ", à la vie si agitée par les événements, était considéré comme un saint par ses paroissiens de Baltimore.