Celui qui est désigné par le nom de bouddha est détaché de son ego.
Il use du "je" tout en parlant de lui à la troisième personne. il est donc tentant de se fondre dans sa parole en disant "je" à sa place, mais le discours ainsi prononcé ne peut l'être en aucun nom.
Autobiographies donc, où les épisodes de la vie du bouddha se répondent dans le temps et dans l'espace, traçant l'épopée d'une conscience en quête de l'eveil.
Deux voix s'y font entendre plus que les autres.
La première appartient à l'homme qui a vécu, souffert, éprouvé la difficulté d'être avant de s'éveiller à une sagesse libératrice. son ton se reconnaît car il part de la conscience, du vécu et de l'expérience pour arriver à dire ce qui est. cette voix représente le bouddha des sources historiques.
La seconde 'vient de plus loin, de l'être pur et parfait qui se destine depuis toujours à porter le message de la libération aux hommes.
Par son nom, bodhisattva, il apaise l'angoisse des éprouvés et leur montre le chemin du salut. il est aussi le bouddha.
Après l'eveil, la voix du bouddha se retire derrière les événements de sa carrière et le disciple infatigable s'engage à la restituer.
Fondé sur l'alternance de ces deux paroles en un seul homme, le discours autobiographique capte aussi d'autres voix où s'entend encore l'eveillé. le texte se fait parfois poème pour chanter la vérité, d'autres fois, quand il dit la souffrance de l'être créé, il touche à ses limites.
En 1925, les évêques de France appelaient à la résistance civile aux lois laïques ; en 2005, ils se sont déclarés globalement satisfaits du régime de laïcité issu de ces lois. Dira-t-on que l'Église catholique, particulièrement à Rome et en France, se trouve au milieu du gué, dans une situation composite qui n'en facilite pas l'intelligence ?
Néanmoins, elle demeure entièrement présente - quand elles le veut - aux grands et petits problèmes que pose à l'humanité une société sécularisée qui escomptait bien les avoir résolus par la seule vertu du déni religieux.
Ce que l'Église doit aujourd'hui affronter, ce n'est plus la révolte de notre société contre un ordre désormais périmé, mais sa créativité qui fonce dans l'inconnu les yeux fermés, sans même se soucier des problèmes qu'elle multiplie sous ses pas. La question pour l'Église est désormais de mettre en oeuvre sa capacité à entrer dans les problèmes de toute nature posés à l'humanité souffrante par une humanité conquérante peu portée à la compassion, à la réflexion, à la communion.
Entre religieux et sécularisation, il n'y a pas incompatibilité par exclusion mutuelle, mais plutôt division du travail, partage des rôles. À chacun pleine liberté de croire ce qu'il veut, même si cette liberté est conditionnée par la marche de la société ; à cette dernière de frayer sa voie propre, de s'inventer sans s'encombrer de convictions en tous sens et d'agitations désordonnées, même si le désordre en vient à nuire à son ordre et à le menacer. Notre société a voulu se délier des contraintes religieuses qui l'étouffaient : elle se découvre affrontée à la fois au vide religieux, porteur de nihilisme, et à la violence religieuse, où le fondamentalisme débouche sur le terrorisme.
Ce sont autant de carrefours pour l'Église de France au cours du siècle écoulé.
La seule source écrite dont nous disposons pour connaître Moïse reste la Bible et, plus précisément, le livre de l'Exode.
Mais ses récits relevant plus de la légende que de l'histoire telle que nous la concevons aujourd'hui, il est indispensable de les confronter à ce que nous avons appris, entre autres par les découvertes archéologiques, du milieu culturel et religieux où vécut le Législateur.
La légende n'en est pas pour autant à rejeter au niveau de la fable. Il semble qu'elle ait conservé le souvenir de ce qui a touché l'âme du peuple et, pour cela, sa valeur est considérable.
Elle sera enrichie au cours des siècles par les commentateurs, de Philon d'Alexandrie (1er siècle) aux rabbins contemporains en passant par Rachi de Troyes (XlIe siècle). Mais l'histoire est quelquefois plus belle que la légende.
Le résultat auquel parvient le rédacteur de ce livre est bien évidemment une hypothèse supplémentaire. Dans cette Autobiographie, Moïse parle de sa jeunesse en Egypte, à la cour de Pharaon.
Il raconte que sa mère, princesse de ce pays, l'a initié au culte du dieu unique qu'avait tenté d'instaurer Akhénaton, le pharaon "hérétique". Il replace ainsi la découverte de Yahvé dans la société de son temps. Moïse ne créera pas une nouvelle religion pour les Hébreux, mais il renouvellera l'Alliance passée avec les Patriarches en l'enrichissant.
"Je ne veux pas perdre le nom que ma mère m'a donné et que les Hébreux traduisent par Sauvé des eaux " déclare Moïse dans cette autobiographie.
" Ce nom dit autre chose que l'histoire proposée par leurs livres dont les récits me contraignent et m'étouffent. Je ne veux pas me sacrifier à l'image qu'ils offrent d'un Moise changé par la vie que les scribes lui ont imaginée et qui se superpose à ce que j'étais dans ma lointaine jeunesse pour taire ce que je suis véritablement. ".
Ce dictionnaire, écrit avec humour et esprit critique retrace, selon lordre chronologique, le parcours dhommes atypiques se réclamant dune inspiration divine et apparaissant à des moments douloureux de lhistoire. Ce sont, pour la plupart, des mystiques apocalyptiques, des érudits, mais il y a aussi parmi eux des exaltés ou même des charlatans comme on en trouve au sein des trois religions du Livre, ces dernières se référant à un sauveur venu ou à venir, quil se nomme Mashiah, Christ ou Mahdi, devant rédimer lhumanité déficiente. Dans le judaïsme, cest au début du 1er siècle, alors que des troubles majeurs comme loccupation du royaume de Judée par les Romains viennent confirmer pour certains limminence de la « fin des temps », quinterviennent nouveaux prophètes, thaumaturges et « envoyés » de Dieu voulant accélérer la marche de lhistoire vers un monde meilleur. Du Christ, qui laissa à lhumanité sa tragique et douloureuse Passion, en passant par Shimon Bar Kochba qui, en 135, leva une armée contre Rome, battit monnaie et se fit sacrer roi-messie, les entrées de ce dictionnaire sont consacrées à des messies sur une période allant de lAntiquité à nos jours. Au Moyen Age, il y eut entre autres : David Elroi, Abraham Aboulafia, David HaRévouni, ce dernier protégé du pape Clément vii tandis que son successeur Shlomo Molkho sera livré à lInquisition par des juifs sourcilleux. En 1492, lexpulsion des juifs dEspagne apparaissant comme un signe avant-coureur de larrivée éminente du Sauveur tant attendu, eut pour conséquence la croyance en la messianité de tel ou tel docte Rabbi. Une notice importante est accordée à Sabbataï Tsevi qui souleva les foules et suscita, au cours du xviie siècle, dans les communautés juives des Balkans et des pourtours de la Méditerranée une sorte de folie populaire telle quelle provoqua linquiétude des autorités ottomanes. Conduit devant le sultan dAndrinople, Sabbataï Tsevi se convertit à lIslam pour éviter le supplice du pal. Un siècle plus tard Jacob Frank, passant pour sa réincarnation, enflamma lui aussi des foules considérables. La rédemption devant passer selon lui par le mal absolu, il incita ses fidèles à la trangression de tous les interdits afin de hâter la fin des temps. Il rendit lâme en 1791 après sêtre converti au christianisme. La secte périclita puis disparut à lorée du xxe siècle. Plus près de nous, la Seconde Guerre mondiale et la Shoah eurent pour conséquence de donner naissance à des mouvements messianiques tel celui de feu Loubavitcher de Brooklyn dont les adeptes attendent toujours le retour sur terre. Tous ces protagonistes, sages et moins sages, dont la vénalité de certains est mise au service de leurs mouvements, se réclament dune quête « rédemptrice ».
Qui fut Jésus, vu du ghetto ? Comment fut perçu cet homme au nom de qui les Juifs subirent tant d'errances et de tourments ? Tout au long du Moyen Age, en d'innombrables et savantes disputes, rabbins et chrétiens, tentèrent d'esquisser des réponses acceptables par tous.
Mais l'interlocuteur juif devait faire preuve de retenue : le bûcher ou la persécution étaient bien souvent son lot s'il s'exprimait librement. Aussi, pour le peuple juif, il fallait à toute force que ce Jésus, étrange fondateur de l'Eglise persécutrice, passe au feu de la parole exorciste, traitement ordinaire que tout opprimé fait un jour ou l'autre subir à son tourmenteur, faute de mieux. Ainsi naquirent les Toledoth Yeshuh (les dits sur Jésus), récits de la vie de Jésus racontés de bouche à oreille, avant d'être dûment enseignés par les victimes de la toute-puissante chrétienté.
Ces récits, dont la dérision est à la mesure de la violence subie par ceux qui les racontaient, présentent au cours des temps de nombreuses variations. Ils sont cependant, pour l'essentiel, identiques. Que disent-ils ? Que Jésus ne fut qu'un impudent bâtard, un imposteur, une sorte de magicien de bas-fonds, évidemment indigne de la vénération dont il est l'objet. Bref, ils imposent une sorte d'évangile à rebours, une présentation du Christ et de Marie tout à fait scandaleuse pour les chrétiens, tandis que Judas est exalté en sauveur du peuple juif.
Ces textes, bien que " théologiquement incorrects " devaient être versés au " dossier Jésus ". Il serait trop simple de les considérer comme purement anecdotiques car ils empruntent beaucoup aux légendes traditionnelles juives et à la mémoire talmudique, ce qui en fait des documents historiques incontournables. On trouvera d'ailleurs dans ce livre, publié une première fois en 1984 sous le titre L'EVANGILE DU GHETT0, la plupart des passages du Talmud, censurés depuis l'invention de l'imprimerie, relatifs à Jésus et à Marie.
Cette traduction française, faite d'après les originaux hébreux et araméens, n'a pas de précédent.
si le titre de cet ouvrage, eglise contre bourgeoisie, peut sembler paradoxal, ou même provocateur, c'est que la vieille imagerie des " deux france " demeure tenace : celle lui oppose la gauche laïque à la droite cléricale, le mouvement à la réaction, les révolutionnaires aux conservateurs.
mais que ce soit en france, en allemagne, en italie ou ailleurs, la réalité est loin d'être aussi dualiste, et diffère bien souvent de l'histoire enseignée. l'eglise romaine a été antisocialiste, anticommuniste, c'est entendu, tout le monde le sait. pourtant, de plus longue date, et conjointement ensuite, elle n'a cessé de dénoncer l'idéologie libérale bourgeoise. on insiste depuis si longtemps sur l'alliance de l'eglise avec la bourgeoisie qu'on en est devenu incapable de voir leur conflit et d'en mesurer la profondeur.
ces deux aspects sont pourtant tout aussi réels. a se polariser sur l'un en ignorant l'autre, on déforme l'histoire et on s'engage dans une impasse, on s'enferme dans le cercle d'une logique qui se nourrit de ses convictions, on s'installe dans un système interprétatif inexpugnable.