Les évolutions contemporaines de la médecine, technologiques ou managériales, numériques ou politiques, sapent les conditions d'une médecine authentiquement clinique : il importe alors d'en dégager les lignes de force qui ont traversé les âges, pour déterminer ce que nous voulons vraiment pour demain. Tel est le but de ce livre, qui repart de l'expérience fondamentale du clinicien : la consultation. De quoi est faite la consultation ? Quelle crise affronte le thérapeute, quelle réalité délimite son champ d'action ? Comment intègre-t-il le principe d'incertitude? Quelle est la tension entre la créativité de l'intelligence pratique et le refuge dans la standardisation ? Refusant la dichotomie stérile entre science et art, l'auteur décrit la clinique comme un ensemble de gestes et de paroles ajustés à une situation singulière, et élabore une conception de l'éthique comme tact. Le traitement du corps est indissociable de l'accueil de la parole, comme sont indissociables l'absence de garantie et la confiance, ainsi que l'autonomie du patient et la liberté du médecin. À Strasbourg, Jean-Christophe Weber dirige un service de médecine interne aux Hôpitaux Universitaires et est professeur à la Faculté de médecine. Il mène des recherches sur la pratique médicale au sein de l'Institut de recherches interdisciplinaires sur les sciences et la technologie (IRIST).
Le corps, centre névralgique de notre vitalité, conditionne l'ensemble de notre vécu. De fait, qu'est-ce que la maladie, si ce n'est l'entrave de notre puissance d'agir, une atteinte directe à notre « corporéité » ? En parallèle de l'approche classique sur le traitement médical, l'ouvrage développe une nouvelle théorie, s'appuyant sur de nombreuses recherches scientifiques, autour des bienfaits de l'activité physique adaptée, afin de lutter contre les pathologies et les conséquences du vieillissement. Bien plus qu'une simple méthode pour réparer un « corps machine », l'activité physique adaptée permet de saisir la santé comme l'expérience d'un « corps vivant », à la fois individuelle et singulière. Ainsi par-delà ses vertus thérapeutiques, le programme d'APA offre aux patients la possibilité de retrouver le sentiment d'unité et de complétude, abîmé par la maladie.
À l'instar d'autres branches professionnelles, le monde des soignants souffre de réformes managériales engagées depuis plusieurs décennies par les pouvoirs publics. Mais il pâtit aussi des évolutions de la société, telles que la judiciarisation des rapports sociaux entre les soignants et les usagers ou encore de la montée d'un " consumérisme médical ". L'analyse nous montre que des logiques cohérentes sont à l'oeuvre derrière ces différentes évolutions. Il s'agit de logiques de standardisation censées nous " sécuriser ", de la réaffirmation du risque zéro comme objectif ou du principe de précaution comme méthode. La science et l'objectivité sont alors présentées comme des réponses rassurantes face aux vicissitudes de la maladie ou aux difficultés du soin. Il y a ici une méconnaissance profonde du débat épistémologique sur la nature de la maladie ou de la thérapeutique dont les principaux arguments sont ici récapitulés.
Julien Dumesnil est chirurgien hospitalier en obstétrique. Il poursuit parallèlement des recherches en éthique et en épistémologie médicale.
La collection "Science, histoire et société", dirigée par Dominique Lecourt, professeur à l'Université de Paris VII, a pour objectif de rassembler des travaux originaux portant sur le destin social de la pensée scientifique : provenance sociale des problèmes et des concepts scientifiques, incidences économiques, politiques, religieuses, éthiques, voire esthétiques des progrès de la science, sans exclure les questions posées par l'organisation sociale de la recherche et les applications technologiques des résultats obtenus
Ce livre propose une réflexion collective sur le triage en médecine, du XIXe au XXIe siècle. Il se place au plus près de ses pratiques, dans les salles d´attente des généralistes, au sein des bureaucraties sanitaires, sur les théâtres des catastrophes humanitaires. Le triage y constitue à la fois une promesse et une épreuve, un fondement de l´identité de la profession médicale moderne et une intrusion menaçante de contraintes économiques et politiques dans la décision médicale, une pratique volontiers mise en scène et dont l´expérience reste cependant indicible, une routine des services d´urgence ou d´une médecine de ville pourtant marquée du sceau de l´exception. Enquêter sur le triage mène au coeur même de la médecine et des politiques de santé contemporaines, en mettant à jour les opérations de classement, de sélection, de priorisation et de négligence, qui, en traçant la ligne de partage entre ceux qu´il faut soigner d´abord et ceux qui peuvent attendre, constituent à la fois une condition nécessaire et un envers des relations de soin.
Après les pratiques médico-chirurgicales des anciennes Egypte et Mésopotamie, les origines de la médecine moderne sont évoquées, ainsi que la transmission du savoir médical de l'Antiquité grecque : par les Nestoriens, les mondes arabe et juif, et les copistes des monastères. Au Moyen Age, l'herbier médiéval atteste l'attachement à la nature ; les astres et l'Homme zodiacal président à la saignée. Diverses influences modulent l'art de soigner : conceptions religieuses, symbolisme et arithmologie, magie, philosophie naturelle, physique des éléments, connaissances expérimentales et enseignement. Parallèlement à la science des proportions, l'anatomie réinventée devient quête et expression de beauté. Basée sur la tradition, la médecine des XVIe et XVIIe siècles est placée sous l'influence de la Renaissance. Hors du temps, la médecine asiatique est abordée dans sa diversité et sa philosophie.
Dans un siècle marqué par deux guerres mondiales qui ont laissé la France exsangue et par des découvertes décisives en recherche biologique, le monde médical, confortablement installé dans ses croyances et pratiques ancestrales, a connu une véritable révolution, à partir des années 1950, entamée notamment par quelques grands cliniciens « éclairés ». C'est à cette aventure que nous convient les auteurs de cet ouvrage, résultat d'un travail exhaustif d'analyse d'archives, éclairé par les témoignages de grandes personnalités, médecins praticiens et chercheurs. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a été au coeur des grands événements qui ont marqué cette métamorphose.
À l'origine de cet ouvrage dirigé par Maurice Godelier, anthropologue de réputation internationale, il y a deux hypothèses : la première postule que les réactions des populations à diverses épidémies ou pandémies, tel le sida, dépendent assez étroitement des représentations culturelles que ces populations se font de l'origine et des causes des maladies qui les affectent la seconde que les gouvernements de ces sociétés doivent prendre en compte ces représentations dans les politiques de santé qu'ils mettent en place pour lutter contre ces maladies. Pour éclairer la complexité de cette recherche, quatre textes ouvrent ce livre : de Jean-Pierre Dozon, Le sida en Afrique subsaharienne : problème culturel ou problème de politique publique ? de Francis Zimmermann, Du phlegmon à l'azadirachtine. Représentations indiennes des maladies et bioprospection d'Elisabeth Hsu, Expériences de la personne, de la santé et de la maladie en Chine de Sylvie Fainzang, La culture, entre représentations de la personne et politiques de santé. Mises en perspective avec quelques données occidentales. Sous la rubrique « Contrepoints », Claudine Attias-Donfut, Marie-Odile Bertella Geffroy, Xavier Carpentier-Tanguy, Jean-Marc Ferry, Joseph Maïla, Serge Marti débattent des analyses proposées.
Préalablement à ces réflexions, Maurice Godelier propose une définition en quatre points de ce qu'il entend par « représentations culturelles » ce qui le conduit à faire la part de l'imaginaire et du symbolique. Il insiste également sur un autre préalable théorique : ne pas coller sur toutes les formes d'individualité sociale et historique les attributs de la personne humaine tels que l'Occident les pense. Apparaissent alors en filigrane dans cet ouvrage les premiers traits d'esquisse d'un Manifeste de l'anthropologie. Prendre en compte et analyser chacun des facteurs qui entrent dans un processus en développement est une exigence scientifique qui impose la mobilisation et la coopération d'un grand nombre de disciplines des sciences sociales et des sciences médicales. Toutes doivent se décentrer et se distancier par rapport aux stéréotypes et préjugés que nos sociétés nourrissent contre les autres sociétés, leurs cultures et leurs pratiques. L'anthropologie pratiquée par un Occidental avec cette rigueur, cette érudition et cette vigilance critique n'est pas une description au service de la domination occidentale sur le reste du monde. Cette anthropologie-là produit un savoir partagé qui bénéficie aussi bien aux partenaires indiens ou africains qu'à leurs collègues européens. Ni arrogance, ni auto-flagellation.
Quels sont les enjeux éthiques entre les sciences du vivant, l'impact éthique de la recherche sur embryons, et les représentations sociales construites à partir de conflits de convictions ou de représentations narratives sur l'origine de la vie ?
Quelle place ont prise les femmes dans ce débat ? comment la délocalisation de l'embryon, de l'utérus à la cité, met-elle en jeu la hiérarchie des sexes dans la fabrication d'enfants, et quel sera, dès lors, l'avenir de la naissance ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles répondent les deux auteurs.
Dans l'introduction, m.
Fabre-magnan explique que le souci majeur de c. labrusse-riou a toujours été que l'humanité de l'homme soit préservée, que l'homme est la fin du droit et ee l'éthique et que le juriste a un rôle spécifique à jouer pour protéger cette humanité et pour rendre possible la vie dans un corps social organisé à partir des principes fondateurs du droit et des données du droit positif. ces écrits sont regroupés en trois parties : " la naissance d'une discipline " dont certains sont devenus des textes de référence, " les grandes questions de la bioéthique ", en particulier des réflexions sur la légitimité et la responsabilité, " l'horizon de la bioéthique ", sa nécessaire finalité qui est de sauvegarder la vie de l'homme, de défendre son humanité menacée par autrui comme par lui-même.
Remerciements, V Introduction, 1 1 - L'enfant Sándor. Les toutes premières détresses, 3 2 - Un élève bien chaperonné, 13 3 - La formation médicale : Vienne et Budapest, 23 4 - Les quatres fanaux du jeune explorateur, 35 L'activité, 38 Le nomadisme doctrinal, 38 L'indépendance d'esprit, 39 L'auto-analyse, 39 Titres des textes de Sándor Ferenczi, 41 5 - 1899. 1re scolie : Saga des orifices et division de l'esprit, 45 La découverte du moi divisé, 45 La saga des orifices (1er, 2e, 3e, 4e et 5e cas), 49 Conclusion, 53 6 - 1900. 2e scolie : Les avatars de la conscience, 55 7 - 1901. 3e scolie : Les trois valeurs fondamentales, 67 La question du Vrai, 68 La question du Bien, 72 La question du Beau, 77 8 - 1902. 4e scolie : Les notions d'événement, de processus et de structure, 81 9 - 1903. 5e scolie : Logiques de la paralysie, 95 10 - 1904. 6e scolie : Médecine romantique et médecine d'organe, 107 11 - 1905. 7e scolie : Le cheptel vif des notes d'un jeune anthropologue, 127 12 - 1906-1907. 8e scolie : Le cairn des années d'avant Freud, 145 13 - 1908. 9e scolie : Un certain dimanche, 2 février 1908, 161 14 - Sándor Ferenczi psychanalyste. L'apport thérapeutique : les quatre opérateurs de la "technique active", 177 L'interprétation, 179 L'incitation, 185 La confrontation, 188 L'identification, 193 15 - L'apport théorique : Symbolisme et traumas, 197 16 - L'apport méthodologique : Le statut épistémologique du "Parallèle" dans la théorie psychanalytique du symbolisme et du trauma, 213 17 - L'héritage férenczien : les principaux disciples, 235 Bibliographie, 245 Index des noms, 249
La collection "Science, histoire et société", dirigée par Dominique Lecourt, professeur à l'Université de Paris VII, a pour objectif de rassembler des travaux originaux portant sur le destin social de la pensée scientifique : provenance sociale des problèmes et des concepts scientifiques, incidences économiques, politiques, religieuses, éthiques, voire esthétiques des progrès de la science, sans exclure les questions posées par l'organisation sociale de la recherche et les applications technologiques des résultats obtenus
En 2007 les Rencontres Droit et santé, organisées par l'Institut Droit et santé de l'Université Paris Descartes et la chaire Santé de Sciences Po, sur ce thème, ont souligné combien la notion d'observance dissimule des enjeux essentiels pour l'avenir de notre système de santé. Derrière la complexité de cette notion se pose aussi bien la question des acteurs de l'observance que celle des conditions dans lesquelles l'observance doit être garantie. L'efficacité et l'efficience du système de santé dépendent de la capacité à mobiliser et responsabiliser les acteurs sur cette question essentielle.
Table des matières Préface -- Introduction : La notion d'observance par Didier Tabuteau -- Les enjeux de l'observance par Gilles Duhamel Première partie : Qui doit accompagner l'observance ?
Les patients, responsables de l'observance par Thomas Sannié -- L'éducation thérapeutique par Philippe Lamoureux -- Prescription ou promotion de l'observance par Pierre-Louis Druais -- Les laboratoires au chevet du patient, du fantasme à la démarche qualité ? par Christian Lajoux Deuxième partie : Qui doit garantir l'observance ?
L'encadrement de l'observance par Etienne Caniard -- Les programmes d'aide à l'observance par Anne Laude -- Le "disease management" par Pierre-Louis Bras -- Les risques de l'observance par Pierre Chirac Rapport de synthèse par Gérard Reach
L'engagement médical implique toute une philosophie.
Une métaphysique, parce que la médecine trouve sa raison d'être dans le constat de la réalité des maux qui affligent les vivants. Une épistémologie, parce qu'une connaissance du normal et du pathologique est la nécessaire condition d'une lutte intelligente contre ces maux. Des dilemmes moraux, parce que cette lutte associe la recherche du bien des malades individuels, le respect de leur autonomie, et la prise en compte de l'intérêt collectif.
C'est cette philosophie de l'acte médical que les essais ici réunis entreprennent d'expliciter, en abordant notamment les défis méthodologiques et éthiques de cet art, tout armé de technologies et au carrefour de multiples sciences, qu'est la médecine. L'auteur, philosophe et médecin, expose avec rigueur et clarté les stratégies utilisées par la recherche médicale pour détecter, identifier et classer les éléments pathogènes (étiologie des affections, logique de l'inférence diagnostique, recherche épidémiologique), les procédures employées pour évaluer les coûts et bénéfices des interventions thérapeutiques (notion de qualité de vie), et les problèmes moraux soulevés par la mise à disposition de services de santé (procréation médicalement assistée, suivi de la grossesse).
De cette lecture, on sort convaincu que la sagesse médicale tient à un fragile équilibre entre dévouement à ceux qui souffrent, rationalité incluant l'acceptation du risque, et lucidité sur les limites de nos connaissances.
La pratique médicale fait l'objet de débats passionnés et complexes. Reconnue grâce aux résultats qu'elle obtient en médecine de pointe, la médecine déçoit souvent les patients consultant pour des troubles de moindre importance : entre la médecine performante exercée en milieu hospitalier et l'accompagnement offert par la médecine ambulatoire, le fossé se creuse. De quelles transformations la médecine a-t-elle réellement besoin ? Cet ouvrage confronte des points de vue épistémologiques différents, et dans un souci d'ouverture à la confrontation et au dialogue, le contenu de plusieurs chapitres ont été soumis à l'opinion de divers professionnels des domaines concernés, qu'il s'agisse de nouvelles orientations hospitalières, de pratiques ambulatoires, de la médecine traditionnelle chinoise ou de l'éthique médicale.
Sommes-nous fondés à parler de crise structurelle de la santé ? La demande insatiable de santé tient-elle lieu, dans nos sociétés, de dérivation à l'angoisse existentielle ? Quel serait l'apport d'un concept normatif de la santé, qui soit perspectiviste et opératoire ? Un concept perspectiviste.
Distribuons le concept de santé entre les perspectives différentes des trois personnes pronominales, je, tu, il : la " santé-je ", vécue parte patient, la " santé-tu ", thématisée, comme dans le rapport à son médecin, et la " santé-il ", des politiques publiques notamment. Envisagée dans chacune de ces trois dimensions, la notion de santé se révèle dépendante d'attentes et d'exigences formulées culturellement.
L'usage que nous en faisons dit quelque chose de notre identité. Un concept opératoire. Evaluons le concept de santé à l'aune des capabilities, capacité d'une personne à réaliser son bien-être. Emerge alors une notion presque " scandaleuse " en un bon sens du terme : celle d'un état de relative satisfaction du patient malade quant à ses capacités de vivre sa maladie d'une façon qui, à ses yeux, serait finalement " bonne " quand même.
Trois textes ouvrent ce livre, le premier d'un cycle sur la santé : de Mark Hunyadi, " La santé-je, -tu, -il : retour sur le normal et le pathologique " ; de Caroline Guibet Lafaye, " Penser le droit à la santé au prisme des capacités de base " ; de Jean-Marc Ferry, " De la maladie comme crise à la crise de la Santé publique ". Sous la rubrique " Contrepoints ", Claudine Attias-Donfut, Marie-Odile Bertella Geffroy, Jean-Louis Bourlanges, Yves Charpak, Benoît Eurin, Maurice Godelier, Olivier Ihl, Joseph Maïla, Serge Marti, Gilles Pialoux discutent les analyses proposées.
Dans la postface, Jean-Marc Ferry revient sur les propositions, questions et critiques auxquelles elles ont donné lieu.
Les maïs des Indiens zapotèques des montagnes du Mexique sont " contaminés " par la présence de transgènes échappés des laboratoires biotechs nord-américains.
Ce croisement inattendu est bien plus qu'une simple question environnementale ou sanitaire, c'est un véritable choc quant aux différentes façons de se représenter l'agriculture, l'alimentation, la propriété, la connaissance et même la vie. Les maïs transgéniques, produits phares des biotechnologies agricoles, représentent en effet une redéfinition radicale du vivant, à l'heure où émerge la notion trouble de biodiversité comme nouvelle façon de parler de la nature.
Ils incarnent aussi le rêve hypermoderne d'une alliance entre science et technologie, au service d'un marché tout-puissant, quand la crise écologique globale met justement en évidence les limites du contrôle humain sur son environnement et la nécessité de repenser le lien entre nature et culture. Finalement, on peut même se demander si ce micro-drame qui se joue dans les montagnes mexicaines ne renvoie pas à des conflits beaucoup plus fondamentaux autour de la redéfinition de notre époque moderne, bouleversée par le processus de globalisation.
"Pourquoi écrire un livre sur les psychotropes ? Il en exise de nombreux qui répondent à plusieurs préoccupations : leurs modes d'action sur les mécanismes cérébraux, leur efficacié dans les différents troubles mentaux, les pistes actuelles de recherche et les progrès attendus. Il nous semble pourtant que tous ces travaux se heurtent à une difficulté qu'ils n'ont pas résolu, pourquoi est-il si difficile d'en réguler la consommation ? Pourquoi les quantités prescrites sont-elles si différentes dans des pays par ailleurs assez semblables ? Comment expliquer de tels faits ?
Régulièrement mis en accusation, les psychotropes seraient responsables du malheur social. L'auteur essaie de comprendre ce qui arrive de spécifique avec les psychotropes, pourquoi jouent-ils un tel rôle dans la société contemporaine, pourquoi leur consommation est si différente d'un pays à l'autre, les raisons pour lesquelles il semble si difficile de dégager un consensus à leur sujet. Il utilise de nouveaux instruments d'analyse, inspirés de l'anthropologie médicale et de l'ethnopsychiatrie, il explique les modes d'invention des psychotropes, leur spécificité par rapport aux autres médicaments modernes. " Texte de couverture
La médecine occidentale doit ses avancées à la mise à l'écart du patient souffrant et à l'objectivation du corps humain. On assiste à une clôture et une relégation du corps que la technique rend désormais quantifiable et transparent. Les auteurs de l'ouvrage plaident pour une pratique médicale qui s'adapte à ces transformations tout en prenant en compte le malade comme sujet souffrant, doté d'un corps entier, intégré dans un environnement. Ils souhaitent le développement d'une médecine qui reconnaisse la présence de ce corps, l'expérience du patient, qui cesse de le "reléguer" derrière des objectivations rassurantes mais trompeuses.
Table des matières Avant-propos par Dominique Lecourt -- Introduction : Les métamorphoses du corps par Olivier Doron 1 -- Le gène comme patient, une médecine sans sujet par David Le Breton 2 -- Une certaine transparence du corps ? Le corps relégué de la tradition hésychaste par Antoine Courban 3 -- Mutations du regard médical par Alain-Charles Masquelet 4 -- Le corps transparent par Pierre Lasjaunias 5 -- Le corps malade, le corps témoin par Philippe Barrier 6 -- Rejet et fascination du corps. Aspects psychiques et transculturels par Béatrice Gal et Marie-Rose Moro 7 -- L'inquiétante étrangeté du corps par Danièle Brun 8 -- A propos de la greffe de mains par Gabriel Burloux et Jean-Michel Dubernard 9 -- La médecine sans le corps par Didier Sicard 10 -- La relégation du corps à corps chirurgical par Alain-Charles Masquelet 11 -- De la relégation du corps par les techniques médicales à la relégation du corps par la maladie, un corps en quête
Ayant participé avec jenny aubry et john bowlby à l'étude des carences de soins maternels et créatrice du premier centre de guidance infantile en province (1950), j'ai été sollicitée par l'oms pour évaluer la relation mère-enfant au cours du kwashiorkor.
Mes premières questions ont été : pourquoi certains enfants développent-ils cette maladie, alors que tous ont la même alimentation, le même type d'éducation ? l'observation quotidienne du comportement des mères hospitalisées avec leurs enfants, les réactions de ces derniers m'ont amenée à découvrir que la malnutrition n'était pas la seule cause de cette maladie survenant après le sevrage. mais que le vécu du nourrisson à travers une relation maternelle insécurisante en suscitait l'éclosion et la gravité ; que la thérapeutique devait largement tenir compte de ce facteur affectif.
Le suivi des anciens petits malades ainsi que les psychothérapies qui ont pu être entreprises confirmèrent l'importance du vécu émotionnel.
Le sevrage était ressenti comme un abandon lorsque les mères, pour des raisons qui leur étaient propres, n'avaient pas pu construire une relation sécurisante.
Au mozambique, en pleine guerre, dans un pays exsangue oú la malnutrition était sévère pour tous, n'étaient atteints de kwashiorkor que les enfants dont le vécu douloureux des mères n'avait pas permis à celles-ci d'établir un lien d'amour chaleureux, épanouissant.
C'est dire combien la renutrition seule est insuffisante et combien l'écoute et l'accompagnement des mères est capital.