Pour célébrer, en 2017, le centenaire de la naissance de Jean Rouch, Rina Sherman a invité des amis, des collègues, des spécialistes de son oeuvre, à nous faire partager à travers la rédaction de textes courts certaines singularités du foisonnement « rouchien » : sa traversée de l'histoire coloniale et postcoloniale, ses films, ses expérimentations techniques, sa pratique de « l'anthropologie partagée », sa place dans l'histoire du cinéma comme dans les sciences humaines, son enseignement novateur de l'ethnographie visuelle...
Rina Sherman a ainsi rassemblé une vingtaine d'essais inédits, contrastés et surprenants à plus d'un titre - angles nouveaux de prospection, témoignages inédits et révélations diverses sur tel ou tel aspect de son travail et de sa vie -, qui attestent la qualité interpellatrice de l'oeuvre, sa complexité, et soulignent la vitalité actuelle de l'héritage Jean Rouch, la diversité des recherches qui s'inscrivent dans son sillage, la force des souvenirs et, aussi, la difficulté à définir la pluralité de ses défis.
Pourquoi les Tsiganes pleurent-ils en jouant de la musique ? Que se passe-t-il pendant les funérailles, quand la musique se superpose aux lamentations des femmes ? Par quelles stratégies les musiciens touchent-ils leur public ? C'est à ces questions que tente de répondre Filippo Bonini Baraldi, qui a partagé pendant plusieurs années la vie musicale d'une communauté tsigane de Transylvanie (Roumanie).
L'auteur montre comment musique et pleurs vont de pair et révèlent des tensions entre union et séparation, vie et mort, soi et les autres, en mobilisant des facultés fondamentales: la sympathie, la contagion émotionnelle, l'empathie. Facultés que les Tsiganes exaltent, exacerbent et perçoivent comme identitaires. À partir d'une ethnographie ancrée dans la dimension sensible de la pratique musicale, cet ouvrage propose une réflexion théorique et interdisciplinaire sur les liens entre musique, émotion et empathie.
Le DVD-ROM joint à l'ouvrage contient le film documentaire Plan-séquence d'une mort criée (prix "Bartrok" au 24e Bilan du film ethnographique " Jean Rouch "), 4 heures de documents audiovisuels et de nombreuses animations interactives qui permettent de suivre le chemin analytique de l'auteur.
Il existe des ressorts cognitifs et affectifs communs entre les croyances contemporaines en Afrique, les fictions nord-américaines à la X-Files et les théories du complot aujourd'hui si répandues.L'Afrique, plus en encore qu'ailleurs, est en proie à un grave accroissement des inégalités, aux épidémies mortifères (sida, ébola) et à l'expansion des fondamentalismes religieux.Elle devient le lieu paradigmatique du développement d'une modernité sorcière, dans un contexte néolibéral vécu par tous.Se propage ainsi à travers le monde un imaginaire inquiétant où s'opposent de manière schématique forces du bien et forces du mal.
Quels sens donner aux pratiques sonores et musicales dans les situations de violence organisée? Comment penser la relation dynamique qu'entretient le son avec l'expérience sensible des lieux, des personnes et des événements? Ce livre est organisé autour de deux propositions.La première est que les expériences sonores en contexte de violence organisée peuvent être comprises non seulement comme des événements politiques, mais comme ce que nous proposons d'appeler des «lieux de mémoire sonore».Notre seconde proposition est que ces lieux de mémoire sonore peuvent être appréhendés sous une double perspective, à la fois la face noire et la face lumineuse d'un même phénomène. D'une part, le son, la musique et le silence sont utilisés comme des armes en contexte de violence organisée, que cela soit par exemple dans certains lieux de détention ou en situation de guerre ou de conflit politique. D'autre part, ils constituent des ressources symboliques qui contribuent à la (re)construction de subjectivités, notamment dans des situations faisant suite à des expériences d'exil forcé et de violence organisée.Lieux de mémoire sonore est une somme exceptionnelle sur les usages des sons et des pratiques musicales dans des situations de crise humanitaire, de guerre civile, d'exil ou de catastrophe naturelle. Ce travail conjoint entre chercheurs et musiciens présente différents contextes de violence organisée, et les exemples choisis couvrent de nombreuses régions du globe, depuis le Liban, la Syrie ou le Vanuatu jusqu'au Canada, au Viêt Nam et plusieurs pays européens.