Ce texte est le fruit d'une recherche de terrain minutieuse, menée par l'auteure entre 2000 et 2002, et complétée par d'autres séjours de recherche tout au long des dix dernières années. Il s'agit de la première description ethnographique des Paumari, peuple autochtone qui vit dans la région du moyen cours du Rio Purus, en Amazonie brésilienne.
L'auteure cherche à rendre intelligible la façon qu'ont les Paumari de se soumettre à autrui, en se plaçant en position de « proie » ou de « victime », afin d'obliger leurs interlocuteurs à assumer un rôle de protecteur et de pourvoyeur de biens et d'attentions. Ainsi, contrairement à ce qui est assez récurrent en Amazonie, ce n'est pas à travers la guerre, ou en occupant une position de « prédateur » que les Paumari sont en relation avec autrui ou obtiennent ce qu'ils veulent, mais bien en se soumettant à lui.
Au cours des années 2000, alors que les banlieues populaires s'élèvent contre des injustices et des discriminations qui touchent tout particulièrement les populations noires de France, se renforce dans certaines boîtes de nuit et maisons de jeunes dans la région parisienne un engouement autour de danses et musiques urbaines africaines. Dans ces espaces destinés aux loisirs, une africanité trop souvent disqualifiée est transformée en capital. Les médiations numériques, alors en plein essor, font émerger des proximités nouvelles, tout en permettant à des jeunes français noirs d'être davantage auteurs de leurs propres représentations. Boucan restitue comment on devient quelqu'un dans un « milieu afro » aux contours et aux contenus mouvants. Il explore comment des jeunes français noirs négocient leur condition paradoxale dans la société française, entre invisibilité et hypervisibilité, par le biais d'une économie de prestige alternative.
Cette dernière célèbre des références, des valeurs et des pratiques qui puisent dans les cultures urbaines du continent africain, tout en étant façonnée dans l'entre-soi des quartiers populaires et un quotidien résolument francilien.
L'amour ne fait généralement pas bon ménage avec l'argent dans la plupart des sociétés occidentales.
Pourtant les sentiments ont, plus souvent qu'il n'y paraît, affaire avec les comptes. Cet ouvrage a pour objectif d'explorer ces relations méconnues qui, de l'Europe ancienne à l'Afrique de l'Ouest actuelle, se sont déclinées de multiples façons. Convoquant anthropologie, histoire et sociologie, les auteurs analysent la circulation des biens entre conjoints et parents et les modes d'appropriation de l'argent au sein des familles, au gré de leurs mutations et de leurs recompositions.
Les transactions matérielles donnent en effet sens aux liens amoureux et affectifs, permettent à chacun d'occuper une place, de remplir une fonction et d'assumer un statut dans l'espace de la parenté. Ce faisant, la valeur assignée aux liens conjugaux et familiaux révèle, hier comme aujourd'hui, des formes majeures d'asymétrie entre hommes et femmes et entre générations.
Cet ouvrage préparé en hommage à Agnès Fine réunit anthropologues, historiennes et sociologues autour d'un projet commun : croiser sciences sociales et fiction dans l'approche des différents domaines et perspectives travaillés par Agnès Fine tout au long de sa carrière. Comment la fiction littéraire, cinématographique ou musicale nourrit-elle l'analyse des rapports de genre, des relations de parenté ou des parcours d'initiation ? Comment éclaire-t-elle sur la démarche anthropologique ? Quels sont les points de rencontres et de démarcation entre création artistique et anthropologie ?
Organisées en quatre volets - la construction et les représentations du féminin, la parenté, les relations entre littérature et anthropologie, la mémoire et ses traces -, les contributions réunies dans ce livre s'attachent à comprendre et analyser autrement des expériences sensibles que nos disciplines seules peinent souvent à restituer.
Le roman de l'écrivain argentin César Aira, Un episodio en la vida del pintor viajero, publié en 2000, relate le premier voyage en Argentine de Johann Moritz Rugendas, peintre allemand de la première moitié du xixe siècle, soutenu par Alexandre de Humboldt, qui sillonna l'Amérique latine durant vingt ans et rapporta de ses voyages des centaines de dessins et de peintures. En 1838, accompagné du peintre Robert Krause, il traversa les Andes puis une partie de la pampa argentine, mais fut victime d'une grave chute de cheval avant d'arriver à San Luis. Durant le trajet de retour vers le Chili, il aurait approché les Indiens de la région du sud de Mendoza. La première partie de cet ouvrage consiste en l'analyse textuelle approfondie du roman, à travers ses différentes thématiques (l'art en voyage, les liens entre écriture et peinture, la perception de la beauté et de la laideur, le voyage initiatique...). Dans la seconde partie, nous tentons de confronter le roman aux faits vécus, tels qu'ils sont racontés dans les biographies de Rugendas ou dans les témoignages de ses contemporains, et de mener une réflexion au sujet de la dialectique entre fiction et réalité.
Enfin disponible en français, A Critique of the Study of Kinship est un classique qui a contribué, en particulier via une historiographie critique et une approche réflexive, à la réforme des théories, des méthodes et des résultats en matière d'études de parenté outre-Atlantique, outre-Manche et, plus récemment, en France autour du renouvellement des formes familiales et des modes de procréation.
Les dimensions construites et culturelles versus données et biologiques de la parenté y sont mises au premier plan. Les études féministes et de genre revendiquent ce livre comme fondateur.
Cette étude se présente comme une enquête sur les théories anthropologiques à partir de deux descriptions alternatives du système de parenté à Yap (Micronésie), où Schneider a mené ses recherches doctorales entre 1947 et 1948.
Dans la première, il adopte de manière caricaturale le style et la forme des descriptions conventionnelles des systèmes de parenté. Dans la seconde, il propose une description qui « ne présuppose pas la parenté » mais part des unités culturelles locales pour les décrire à partir de leurs multiples significations. Se répondant étroitement l'une l'autre, ces deux descriptions visent à débusquer les théories, souvent implicites, qui se dissimulent sous les « prétendus faits ethnographiques ».
Pendant un demi-siècle, en plein coeur d'Osaka, deuxième grande cité du Japon, une femme, Nakai Shigeno, prodigue oracles, soins et guérisons à tous ceux qui viennent lui demander de l'aide.
Pour ses consultants, elle remplit la fonction de da': d'intermédiaire entre les hommes et les dieux, qui parlent par sa bouche lorsqu'ils "descendent. sur elle. " Shirataka ", dieu Inari quelle déclare être son protecteur, est un renard. Dans ces pages est relatée pour la première fois en français, l'expérience intime et rarement dévoilée de la " possession " au japon, telle qu'elle est vécue au quotidien.
Fondé sur des données originales issues des enquêtes de l'auteur, cet ouvrage rend compte de la démarche de l'ethnologue qui explore l'univers des praticiens des oracles exerçant dans les milieux urbains les plus peuplés de l'archipel, terrain jusque-là méconnu des études d'ethnologie du Japon. Relation de la vie d'une femme japonaise du XXe siècle, c'est aussi une chronique de la société japonaise contemporaine, dans laquelle s'entrecroisent moments historiques, anecdotes de la vie courante, événements dramatiques ou comiques, réflexions sur les dieux et les humains.
Pour la présente réédition, le texte de ce livre, qui a reçu le prix Alexandra David-Neel en 1993, a été augmenté de la " suite" de l'histoire de Nakai Shigeno et de nombreuses photographies.
depuis le terroir où la plante puise, dit-on, une part de ses vertus, à l'alambic où elle exhale, avec son essence, son pouvoir de guérir, cet ouvrage nous conduit au plus secret du monde des simples.
il nous ouvre la porte des officines des derniers herboristes diplômés de france, personnages hauts en couleurs dont les modernes aromathérapeutes sont les héritiers. autant que des plantes elles-mêmes, il est donc question ici des hommes et des femmes et de leurs pratiques : leurs façons de les cueillir et de les sécher, de les mêler en de savants dosages ou de les distiller. hommes et femmes dont les parcours personnels sont restitués avec précision et sensibilité, et dont la vision des simples est aussi une vision du monde.