Notre espèce est devenue mortelle à échéance pensable à partir du jour où a été construite l'arme nucléaire. Il nous faut donc apprendre à penser, en des termes neufs, non seulement notre appartenance à la nature, mais encore les rapports sociaux injustes et les régulations politiques archaïques qui pèsent sur les humains. Pour cela, il importe de reconsidérer les fondements de l'écologie politique. L'écologie politique est d'abord la pensée critique du culte de la productivité, mantra des temps modernes. Cette dernière, longtemps promesse d'abondance, s'est inversée en machine d'exclusion des humains et se trouve à la source de ravages mortifères de la nature. La critique écologique ne saurait par ailleurs se cantonner aux frontières nationales et la politique écologique sera transnationale ou ne sera pas. Enfin, l'universalisation de la marchandise ne peut être que celle de la crise sociale, écologique et morale dont souffre l'humanité.
Aussi s'agit-il ici de revenir sur les fondements de cette liaison tumultueuse entre écologie et politique en donnant à lire quelques textes incontournables dans des domaines aussi différents que ceux de l'histoire, du droit, de l'économie, de la philosophie ou encore de l'anthropologie.
Les espaces littoraux situés entre le grand Rhône et l'étang de Berre ont fait l'objet de projets d'industrialisation successifs qui frappent par leur démesure. Le golfe de Fos a été dédié à la pétrochimie, la métallurgie et au traitement des déchets. L'étang de Berre, affecté par des pollutions aux hydrocarbures, a été sacrifié sur l'autel de la production hydroélectrique. Les effets environnementaux ont été immédiats et se font encore sentir. Ce numéro spécial documente la catastrophe qui se joue sur ce territoire en même temps qu'il présente certaines pistes pour en sortir.
En prenant acte du recours croissant à la notion de santé environnementale dans les politiques publiques depuis une quinzaine d'années, il s'agit d'interroger la plasticité de cette notion à travers son histoire et à travers les forces sociales qui participent à la façonner. Un regard distancié sur cette notion est nécessaire, la santé dite environnementale pouvant ne constituer que le dernier avatar d'une préoccupation ancienne : celle de la relation entre la santé des êtres humains et les écosystèmes qu'ils habitent. L'émergence de cette notion, au tournant du XXIe siècle, s'inscrit dans un contexte d'incertitudes et de crise de la biomédecine :
Après l'ère des « victoires spectaculaires » sur les maladies infectieuses, les dernières décennies voient naître des incertitudes quant aux effets sanitaires de certains choix de développement (agriculture intensive fondée sur le recours aux pesticides, usage du diesel, nanoparticules, etc.). Pour mieux caractériser ce moment de structuration de politiques publiques autour de la santé environnementale, en l'inscrivant dans une perspective historique, les regards d'historiens et de sociologues spécialistes des questions de santé, ainsi que ceux de géographes et de membres des professions médicales, permettent d'éclairer la manière dont l'action publique et les pratiques de santé peuvent être transformées lorsqu'une attention plus soutenue est portée à l'altération des écosystèmes dans lesquels évoluent les sociétés humaines.
Ils révèlent aussi comment la notion de santé environnementale peut être utilisée pour renforcer les frontières socialement construites entre la santé publique et la santé au travail, en ignorant la question des risques industriels.
Les liens entre femmes et écologie sont multiples : ils vont de l'énonciation essentialiste d'une « nature » féminine qui porterait au soin et à l'écologie, à la contradiction de cette affirmation. L'écologie est-elle donc un tremplin pour les femmes - sonne-t-elle l'ère d'une prise de responsabilité environnementale et d'un recentrement autour de « valeurs » dites féminines - ou est-elle un leurre, une menace de décapacitation ? Faut-il craindre une « naturalisation » du phénomène social qu'est le genre féminin ? Ou faut-il sortir de cette dichotomie et profiter de ce « féminin » pour s'engager sur des pistes de changements ? Sans répondre définitivement à ces questions, les différentes contributions proposent leur point de vue sur le lien entre femmes et écologie.
Dossier "Mers et Océans" et de nombreux articles hors dossier, avec les rubriques habituelles.
Dossier: pourquoi sortir du nucléaire ? Avec de nombreux articles hors dossier et les rubriques habituelles. Une lecture indispensable !