L'atelier de Jean-Jacques Rousseau se compose d'une succession de lieux symboles où, au cours d'une vie en mouvement, il a quelque temps posé sa table de travail : parmi eux son donjon à Montmorency, son laboratoire à Môtiers, cette chambre « qui ne ressemblait en aucune manière à celle d'un homme de lettres » rue Plâtrière à Paris... sans compter bois et bosquets des promenades qu'il fréquentait un carnet et un crayon en poche. Mais cet atelier est surtout l'immense espace de papier constitué par ses manuscrits de travail, des milliers de pages autographes aujourd'hui dispersées à travers le monde. Il nous permet de découvrir les chemins de l'invention d'un écrivain penseur critique des Lumières, de suivre brouillons à l'appui la naissance du Contrat social, de l'Émile ou de La Nouvelle Héloïse, et de regarder Rousseau annoter Platon, Montaigne ou Voltaire dans les marges des livres de sa bibliothèque.
D'ordinaire, on s'efforce d'expliquer les fables de La Fontaine aux enfants. Ils n'en ont pas besoin : ils les comprennent d'intuition, même sans saisir parfois la moitié des mots. En grandissant, nous perdons cette fraîcheur de sympathie. Et il faut beaucoup de science et de patience aux adultes pour remonter la pente, pour que l'oeil se fasse à ce ciel nocturne brillant de tant d'étoiles qu'est le recueil des Fables choisies mises en vers.
Cet ouvrage voudrait jouer le rôle d'un télescope secourable pour faciliter cette observation, sans autre prétention que d'aider à lire La Fontaine, à le déchiffrer et à le goûter. Il scrute pas à pas les 22 fables du livre I, de La Cigale et la Fourmi au Chêne et le Roseau, pour en faire ressortir et en faire ressentir la profondeur secrète, les mystères enfouis, les connivences celées et la logique de l'assemblage, analogue à celle d'un jardin à la française. Une invitation à la promenade au jardin des Fables...
« Comment je travaille ? » Gadda s'est posé la question en 1949 dans l'un de ses plus célèbres essais. Et il répond malicieusement : « Comment je ne travaille pas », révélant l'incapacité de l'auteur à dévoiler le secret de son art, si intimement lié à sa vie, un inextricable « enchevêtrement, ou noeud, ou écheveau, de relations physiques et métaphysiques ».Dans un nouveau volume de la collection Dans l'atelier de... dirigée par Nathalie Ferrand et traduit par Claire Riffard, Paola Italia guide le lecteur dans le labyrinthe de ses archives et de ses bibliothèques, des notes manuscrites aux brouillons, en passant par les corrections, les révisions, les réécritures et les autocensures. Un voyage audacieux et fascinant, qui est aussi une « confession d'auteur » sur les « secrets d'atelier » de son écriture.
Kessel a marqué son siècle, il reste ce « témoin parmi les hommes » à la renommée indéfectible, mais dont on connaît assez peu les pratiques d'écriture et où l'on confond parfois celles du journaliste et du romancier.
Nous allons le côtoyer ici en explorant le fonds Kessel qui conserve les traces de l'élaboration des oeuvres et révèle sa conception du « métier d'écrivain ». Nous déambulerons aux côtés du grand reporter griffonnant ses articles aux confins de la planète, du jeune romancier reclus dans une chambre d'hôtel ou de l'académicien installé au bureau de sa dernière demeure.
On découvrira les « réemplois » qui, d'une même veine ou d'une même aventure, font naître un reportage et un roman à succès, et d'autres « Kessel », dramaturge ou scénariste. L'examen du manuscrit de L'Armée des ombres, oeuvre de combat entre fiction et documentaire, viendra clore cette déambulation kesselienne.
Cette jeune fille de dix-sept ans pleine de charme que peint un Gauguin amoureux, c'est Madeleine Bernard. Elle n'est pas un modèle comme les autres. En cet été 1888, la jeune fille est la muse de Pont-Aven. D'autres l'ont peinte, dont Émile Bernard, son frère. Née à Lille en 1871, Madeleine est d'une grande beauté et d'une vive intelligence. Elle voit naître sous ses yeux la formidable aventure de l'art post-impressionniste. Sur les bords de Seine à Asnières, à Saint-Briac, à Montmartre, elle est présente, sans être artiste elle-même, et rencontre Odilon Redon, Van Gogh, grand ami de son frère. Elle s'intéresse à la peinture, mais aussi à la théosophie, aux spiritualités orientales. Entre ce frère rebelle si doué et une mère tyrannique, il lui faut trouver sa place de femme. Elle aspire à la liberté, choisit de travailler, mais supporte mal le milieu superficiel des ateliers de couture. Au fond, c'est une âme mystique, tendue vers l'invisible. Qui est Madeleine, qui mourra à vingt-quatre ans ? Cette jeune femme qui ose rompre de manière radicale avec sa vie d'avant en s'enfuyant à Genève, loin des siens ? Sa vie y prendra un tournant romanesque en croisant celle de la jeune Isabelle Eberhardt et de son frère. Marie-Hélène Prouteau, qui a eu accès à une correspondance abondante, a tenté de cerner cette personnalité remarquable, complexe, attachante dans ses contradictions.
Le présent ouvrage propose de relire l'auteur de La Divine Comédie à la lumière des grands lecteurs de Dante, européens et italiens : Ezra Pound et T.S. Eliot, James Joyce et Samuel Beckett, Ossip Mandelstam et Jorge Luis Borges, Primo Levi, Edoardo Sanguineti et Pier Paolo Pasolini. Il interroge également la réception de Dante en France, de Paul Claudel à Philippe Sollers et Jacqueline Risset. Autant de lectures, plurielles, qui constituent une introduction à La Divine Comédie et à la littérature du XXe siècle, de ses courants les plus novateurs, qui ont su coordonner Dante à notre modernité.Cette nouvelle édition de l'ouvrage Lectures de Dante, un doux style nouveau, paru en 2006, n'est pas qu'une simple révision. Il s'agit en partie d'une réécriture, augmentée d'une postface de Sara Svolacchia.
« Dans quel siècle, mon Dieu ! m'avez-vous fait naître ? » Flaubert cite ce mot de saint Polycarpe dès 1852 et aimera à le reprendre à son compte à la fin de sa vie. Ce misanthrope qui hait un siècle trop bourgeois fréquente pourtant le monde, les salons, les théâtres, les actrices. Il en veut à son époque mais n'en est pas moins captivé par elle, commentant la vie politique, suivant les débats d'idées, s'intéressant à l'histoire des sciences (que ce soit l'histoire naturelle, la médecine ou la toute nouvelle science des religions), réagissant à l'actualité littéraire, en ces temps de littérature industrielle, mais aussi à la peinture contemporaine. La censure ne se laisse d'ailleurs pas prendre aux dehors d'esthète de cet écrivain qu'elle surveilla de Madame Bovary au Candidat. Autant qu'un homme-plume, Flaubert est un homme-siècle, qui pense et écrit dans son siècle même lorsqu'il en dénigre les mauvais penchants.
Ce volume aborde, à travers son oeuvre, sa correspondance et ses notes de lecture, mais aussi les témoignages de ses contemporains, l'engagement de Flaubert dans son temps.
À quelles conditions la critique telle qu'elle se pratique en Afrique francophone peut-elle sortir de son arcboutement sur des formes routinisées pour participer à l'invention des pratiques émancipatrices ? Telle est la question au coeur de cet essai.
À la recherche d'une fonction sociale effective de la critique à l'ère du creusement des inégalités, l'auteur propose de renouer avec l'esprit de la critique tel qu'on peut le retrouver chez Marx, Nietzsche, Benjamin, Césaire, Foucault et Said, pour qui la critique avait pour ambition de déstabiliser ou de démanteler les structures ossifiées de la connaissance et de l'exploitation, les mythes et les mythologies de la vie quotidienne, d'une part ; d'autre part, de repoliliser et resocialiser la littérature et, surtout, de développer une approche intégrant théorie littéraire et théorie sociale. Sont analysés des romans de Sinzo Aanza, Mariama Bâ, Jean Bofane, Mbougar Sarr, Fiston Mwanza Mujila et un court-métrage de Sammy Baloji.
Anecdotes, comédies dont Molière est le héros, romans, tableaux, films : la vie et l'oeuvre de Molière sont génératrices d'histoires. La tentation de la fiction se manifeste dès les premiers textes qui lui sont consacrés, à commencer par les Nouvelles nouvelles (1663), où Donneau de Visé retrace le parcours fictif d'un auteur dont la réussite est bâtie sur la chance, l'absence de scrupules et les soutiens des « gens de qualité », ou La Vie écrite par Grimarest (1705), « un des plus faux et des plus ennuyeux romans qui aient jamais paru », selon Jean-Baptiste Rousseau. Cette tendance s'accentue aux siècles suivants, où se développe le mythe moliéresque, relayé par les biographes et les critiques, mais aussi par les institutions culturelles, artistiques et scolaires, et où s'opère ce que Nathalie Heinich a appelé une « mise-en-légende » de l'artiste. Recopiées, amplifiées ou au contraire discréditées, minorées, les histoires imaginées par les premiers biographes et commentateurs sont pérennes. Cet ouvrage s'interroge sur le rôle de la fiction dans la réception de Molière, et plus généralement s'attache à éclairer la construction de l'histoire littéraire.
Voici un corps à corps critique avec Self-Portrait in a Convex Mirror. Paru en 1975, c'est le livre le plus célèbre de John Ashbery (1927-2017), le poète américain le plus marquant des cinquante dernières années ; un livre à la fois déroutant et attachant, énigmatique pour ne pas dire mystérieux, excitant la pulsion herméneutique autant qu'il se refuse résolument à l'interprétation.
Au gré de l'analyse de ce recueil emblématique de la poésie contemporaine, la performance du poème et celle de sa réception apparaissent comme les deux pôles d'une cérémonie improvisée, à laquelle Pierre Vinclair nous donne les moyens de prendre part, à notre tour.
Après Terre inculte. Penser dans l'illisible The Waste Land (publié dans la même collection en 2018), il poursuit ici son double travail d'explication avec la poésie moderniste et de définition d'une éthique de la réception adaptée à son effort.
Les chefs-d'oeuvre se prêtent à tous les traitements, fût-ce les plus irrévérencieux. C'est même par là qu'on les reconnaît. Mais quel sens y a-t-il à chercher à améliorer l'une des plus belles réussites du répertoire ?Le présent ouvrage propose de frayer les voies d'une critique authentiquement créatrice en renouant avec le mode de lecture qui prévalait à l'âge classique et dont Rousseau donne encore l'exemple dans la critique du Misanthrope proposée par la Lettre à d'Alembert. Il confronte ainsi le chef-d'oeuvre de Molière à ce qu'il aurait pu être, tout autant qu'à ce qu'il est devenu dans les différentes interprétations qui en ont été données et les innombrables sixièmes actes qui en ont été forgés, avec la conviction qu'il y a dans tout texte de quoi en faire un autre.La valeur d'une oeuvre se mesurant aux possibles qu'elle autorise, il n'y a jamais bien loin de la lecture vivante d'un texte à sa continuation, et il n'est pas de plus belle façon de réviser ses classiques que de leur imaginer des variantes.
Pourquoi Baudelaire n'a-t-il cessé d'éprouver le besoin d'en découdre avec la pensée de Rousseau dans tous les moments charnières de son oeuvre, depuis l'époque des Notes sur Edgar Poe jusqu'au projet de Mon Coeur mis à nu, en passant par de nombreux poèmes du Spleen de Paris et par les récits des Paradis artificiels ?Ce livre formule l'hypothèse que c'est dans l'explication persistante avec Rousseau que se joue dans l'oeuvre baudelairienne une compréhension renouvelée des enjeux de la poésie moderne. Il montre Baudelaire aux prises avec ses contradictions dans sa critique obstinément conduite de la « bonté » originelle, défendue par son adversaire. Puis il lance le pari d'une nécessaire reprise « rousseauiste » de la poésie, inspirée paradoxalement par la lucidité du poète autant que par son désespoir.
En janvier 2022, Molière a eu 400 ans. Quatre siècles d'une notoriété prodigieuse qui s'est affirmée dès les premiers spectacles donnés à Paris à la fin des années 1650 et qui n'a cessé de s'amplifier au fil du temps, jusqu'à s'étendre à l'échelle planétaire.Quatre cents ans après sa naissance, Molière est à la fois cet auteur construit au fil des siècles par les discours critiques et les infléchissements du goût, et ce comédien-poète fermement inscrit dans son temps, chef de troupe habile à mettre au point diverses stratégies esthétiques et économiques pour bâtir sa carrière et faire valoir son oeuvre. Le retour sur Molière nous ramène aux origines de la création des comédies et, dans un même mouvement, nous fait porter un regard renouvelé sur la manière dont s'est élaborée notre conception de l'oeuvre.Les contributions réunies dans le présent volume s'inscrivent sous le signe de ce double retour sur Molière : d'une part, un retour fondé sur une recherche documentaire renouvelée, sur les modalités concrètes de l'activité du comédien-poète et de sa troupe au travail entre 1643, date de ses débuts comme comédien, et 1680, date de la fondation de la Comédie-Française, sept ans après sa mort ; d'autre part, et dans le prolongement chronologique du premier volet, un retour sur Molière auteur, au prisme du discours critique de 1680 à 1980.
Avec les contributions de : Sandrine Berrégard, Hélène Bilis, Claude Bourqui, Muriel Brot, Mariane Bury, Isabelle Calleja-Roque, Céline Candiard, Fabrice Chassot, Georges Forestier, Matthieu Franchin, Stéphanie Genand, Jean de Guardia, Hubert Hazebroucq, Bénédicte Louvat, Lise Michel, Emmanuelle Mortgat-Longuet, Louise Moulin, Serge Proust, Jocelyn Royé, Agathe Sanjuan, Anthony Saudrais, Christophe Schuwey, Marine Souchier, Frédéric Tinguely, Piermario Vescovo.
Quelles sont les notions principales qui structurent la production poétique et la pensée essayiste d'Yves Bonnefoy ?
Le poète lui-même n'a cessé d'affirmer, et de montrer, que « poésie » et « critique » ont, depuis Baudelaire, partie liée de manière consubstantielle. Une première partie plus théorique dresse la liste des principes et catégories de cette critique en poésie ; une seconde déploie les diverses modalités d'application pratique d'une poésie qu'on peut dire critique.
Poète, écrivain, voyageur, archéologue et médecin de marine, Victor Segalen (1878-1919) est l'un des témoins majeurs du tropisme extrême-oriental qui traverse la littérature française au début du XXe siècle. Sa poésie, ses textes romanesques, ses récits de voyage disent à quel point l'empire chinois finissant fut pour lui une source d'inspiration. Mais de quel Orient nous parle Segalen, et qu'allait-il y chercher ? Quelle est la nature profonde de cette connaissance de l'Est que, dans le sillage de Paul Claudel, il semblait si soucieux d'approfondir ? Des sinologues, des critiques, des lecteurs, tous attachés par un lien fort à l'un des aspects de son oeuvre, tentent ici de répondre à ces questions.
Dans un contexte de mondialisation culturelle, la notion de « paysage originel » permet de retrouver un sol. Cet essai montre combien l'identité peut se construire par la littérature, car nous nous reconnaissons tous dans des lieux fondateurs avec des valeurs qui nous constituent. L'élaboration dynamique de soi est ici explorée par les poésies dites « francophones » et l'étonnante construction d'un « étranger au sein de la même langue ». Par-delà les déterminismes nationaux, l'affirmation de l'identité articule les échelles de la diversité, du « pluriversel ». De manière emblématique, les poètes provenant de Suisse romande tentent d'échapper à un héritage particularisant ; ou, au contraire, de le revendiquer. Le choix des paysages originels souligne alors un trait commun : on ne naît pas « écrivain francophone », on le devient.
Que peut-on faire avec les textes illisibles ?
Les oeuvres poétiques qui ont bouleversé la modernité ont imposé un nouveau régime de réception, dont on n'a pas encore pris toute la mesure. Déjouant la manière habituelle dont le lecteur synthétise la signification, elles réclament de sa part une attention spécifique.
Laquelle ? Pour la déterminer, Pierre Vinclair propose de partir des textes mêmes. Dans un corps à corps avec le célèbre poème de T. S. Eliot, The Waste Land (1922), il avance strophe par strophe, élucidant les références intertextuelles, les ramenant au contexte de production, offrant une nouvelle traduction du texte et élaborant de nouveaux schèmes théoriques à même de rendre compte de son fonctionnement. Il parvient ainsi à comprendre ce que le poème attend de nous. S'ouvre alors un nouveau territoire de pratiques à explorer, qui définit une éthique de la réception.
Plus de deux décennies après la disparition de Nathalie Sarraute, l'ambition de ce volume est d'ouvrir des perspectives nouvelles d'interprétation de son écriture. Il s'agit, au moyen des travaux d'une nouvelle génération de sarrautiens, de replacer cette oeuvre dans des contextes historique, social et littéraire, et tout particulièrement de se confronter à tous les tabous dressés par Sarraute elle-même autour de son univers. Sa biographie était-elle réellement de si peu d'importance dans son travail d'écrivain ? Était-elle si objective en présentant son travail comme un travail solitaire ? Son genre était-il réellement sans rapport avec son écriture ? Les comparaisons avec d'autres écrivains étaient-elles vraiment mal venues ?Dans une volonté de renouvellement des grilles de lecture de cette oeuvre, ce livre se concentre sur la recherche de l'origine toujours à trouver de l'extraordinaire fraîcheur de cette écriture. Il tente de s'aventurer dans « cette fausse direction » qu'elle-même indiquait par où toutes les certitudes s'estompent et où l'interprétation trouve à se défaire pour se tisser d'un geste neuf.
Avec les contributions de : Françoise Asso, Marie-Hélène Boblet, Mireille Calle-Gruber, Joëlle Chambon, Simona Crippa, Pascale Fautrier, Chloé Jacquesson, Jean-Louis Jeannelle, Ann Jefferson, Annabel Kim, Carrie Landfried, Sylvie Loignon, Evgeniya Molkova, Solenne Montier, Rainier Rocchi, Jean-Yves Tadié, Naomi Toth, Olivier Wagner.
Édition présentée par Anoucka Vasak et préfacée par Emmanuel Le Roy Ladurie En 1803, Luke Howard invente dans On the modifications of clouds la classification des nuages qui est encore la nôtre aujourd'hui (cirrus, stratus, cumulus). Cet essai fondamental pour la météorologie, pour l'histoire des sciences, mais aussi dans l'histoire de la peinture, n'a été que partiellement traduit en français en 1804 et n'a jamais été édité intégralement dans notre langue.
Tel est l'objet du présent ouvrage : la traduction de l'ouvrage de Luke Howard avec le texte original anglais, illustré par les gravures qui ont accompagné ses éditions successives. Témoin d'un moment de l'histoire des sciences en Europe où les démarcations entre les disciplines et les champs ne sont pas effectives, ce livre propose également une nouvelle traduction du texte de Goethe La Forme des nuages selon Howard (1820), et rend hommage à Lamarck, auteur d'une classification des nuages aux accents poétiques, que l'histoire avait oubliée.
De nombreux ouvrages ont traité de l'allure politique d'Orwell, de la lucidité avec laquelle il a saisi la véritable nature du pouvoir totalitaire, mais plus rares sont ceux qui se sont attardés sur son « allure poétique », plus précisément sur les qualités de son écriture, sa curiosité et son érudition littéraire au service d'une pensée exigeante.Avec un titre le plaçant sous le signe de l'humanisme de Montaigne, mais aussi de Shakespeare, ce recueil d'essais classés par ordre alphabétique invite le lecteur à partager le plaisir d'une démarche « à sauts et à gambades », inspirée d'Orwell, pour embrasser une oeuvre beaucoup plus vaste qu'elle ne paraît. En laissant le choix du cheminement à travers les textes ici rassemblés, cet ouvrage propose une immersion dans une pensée libre et vivante, soucieuse des transformations du langage et attachée à la force poétique de l'écriture.