En 1989, Bernard Magné (1938-2012) avait fait paraître aux PUM un recueil de Perecollages, réunissant les principaux articles qu'il avait consacrés à l'oeuvre de Georges Perec depuis 1981. Ce deuxième volume (dont B. Magné avait le projet) rassemble les plus importants des articles qu'il a publiés dans les années 1990 : ils sont notamment consacrés à La Vie mode d'emploi (1978), le chef-d'oeuvre oulipien de Perec, pour lequel cet ouvrage constituera donc un guide de lecture indispensable.
Manifestant une exigence critique peu commune, ce témoignage d'un lecteur d'exception regroupant des textes pour la plupart devenus introuvables est appelé à faire référence pour les spécialistes (enseignants et étudiants) et les amateurs, toujours plus nombreux, de l'oeuvre aujourd'hui classique de Georges Perec.
Ce numéro se donne pour objectif de revenir sur l'histoire des controverses sur le théâtre en Europe, pour trois raisons : elle a été très inégalement explorée ;
Elle l'a surtout été du point de vue de l'histoire des idées ; enfin, elle n'a presque jamais été envisagée à une échelle européenne. Or l'hostilité contre le théâtre, relancée par la professionnalisation, s'est traduite, à partir des années 1570, par toute une série de crises à travers l'Europe ; elle a été entretenue par une ample production de traités et de pamphlets qui, très vivace jusqu'à la fin du xviii e siècle, a eu des prolongements jusqu'au milieu du xix e siècle. Ces débats s'inscrivent dans un champ polémique plus large, dont les dynamiques et les épisodes particuliers sont essentiels du point de vue de l'histoire culturelle de la période ; ils possèdent notamment des points d'intersection avec les querelles littéraires, dont on connaît le rôle structurant dans l'espace politico-culturel.
Offrant un point de vue privilégié pour observer la circulation des idées reli- gieuses, politiques, dramaturgiques, etc., dans l'espace européen, les contro- verses permettent également de cerner le rôle assigné au théâtre - et au spec- tateur - dans la société de l'époque et de voir comment cette pratique culturelle peut être instrumentalisée dans des luttes religieuses et politiques.
Dans cette anthologie de textes dramatiques francophones ou traduits, six auteurs contemporains revisitent des mythes fondateurs de la culture occidentale et africaine. Les textes choisis sont parcourus de ruptures plus ou moins fortes par rapport au mythe auquel ils se réfèrent.
Chez l'Italien Francesco Randazzo, l'affrontement entre Penthésilée et Achille est réécrit dans une optique queer. L'Américaine Sarah Ruhl nous livre une Eurydice tiraillée entre son amour pour Orphée et sa tendresse pour son père, infléchissant l'issue fatale. Le périple d'Ulysse inspire la dramaturge germano-turque Emine Sevgi Özdamar : Perikizi présente l'odyssée d'une jeune fille passionnée de théâtre, quittant Istanbul pour l'Allemagne et partant affronter le « Cyclope », au risque de devenir « personne » dans son exil. Anne Bourrel, dans Barbie Furieuse, nous livre le mythe de Médée par la bouche de ses enfants désormais adultes et condamnés à revivre leur tragédie en boucle. Tarda, du Catalan Marc Rosich, réactive le mythe de Clytemnestre, dont s'inspire une femme d'un certain âge dans sa tentative de séduire un jeune homme. Quant à Devoir de résister, Saïd Mouhamed Ba y actualise l'épopée sénégalaise de Samba Guéladio, dans une Afrique envahie par les Islamistes.
Depuis l'Antiquité et jusqu'à l'époque contemporaine, l'homme s'est toujours interrogé sur les limites de sa nature et sur la possibilité de les repousser en brouillant les repères et les frontières. Devenir plante, animal ou dieu, créer ou transformer la matière, le monde : tel est le désir de métamorphose que cette enquête explore. On va ainsi à la rencontre de multiples imaginaires, anciens et modernes, qui parlent du dépassement de soi, de la rencontre avec d'autres identités. C'est aussi une réflexion très actuelle sur les relations entre l'humain et le non-humain à l'âge de l'Anthropocène.
Les études rassemblées dans ce volume tracent un fil conducteur qui relie la littérature antique aux préoccupations contemporaines, en passant par des oeuvres médiévales, modernes et baroques. La métamorphose est abordée de manière novatrice en posant la question, qui ne va pas de soi, d'un changement désiré ou non. La présence et les modalités de ce désir de métamorphose éclairent d'un jour nouveau ce thème, ouvrant sur une relecture des textes et les faisant dialoguer autrement.
Ce numéro se donne pour objectif de revenir sur l'histoire des controverses sur le théâtre en Europe, pour trois raisons : elle a été très inégalement explorée ;
Elle l'a surtout été du point de vue de l'histoire des idées ; enfin, elle n'a presque jamais été envisagée à une échelle européenne. Or l'hostilité contre le théâtre, relancée par la professionnalisation, s'est traduite, à partir des années 1570, par toute une série de crises à travers l'Europe ; elle a été entretenue par une ample production de traités et de pamphlets qui, très vivace jusqu'à la fin du xviii e siècle, a eu des prolongements jusqu'au milieu du xix e siècle. Ces débats s'inscrivent dans un champ polémique plus large, dont les dynamiques et les épisodes particuliers sont essentiels du point de vue de l'histoire culturelle de la période ; ils possèdent notamment des points d'intersection avec les querelles littéraires, dont on connaît le rôle structurant dans l'espace politico-culturel.
Offrant un point de vue privilégié pour observer la circulation des idées reli- gieuses, politiques, dramaturgiques, etc., dans l'espace européen, les contro- verses permettent également de cerner le rôle assigné au théâtre - et au spec- tateur - dans la société de l'époque et de voir comment cette pratique culturelle peut être instrumentalisée dans des luttes religieuses et politiques.
La plasticité et la fécondité de la notion d'« aventure » - des récits viatiques d'explorations qui en donnent des témoignages vécus ou inventés, aux histoires dramatiques ou romanesques qui la mettent en scène et aux réflexions éthiques, politiques, philosophiques qui l'interrogent - lui confèrent une étonnante productivité créatrice en un XVIIe siècle caractérisé par la diversité. L'étude, dans des corpus variés, des constantes interactions entre les actions hasardeuses et surprenantes qui la constituent et leur écriture narrative, poétique ou dramatique montre brillamment la richesse de la littérature de cette époque, entendue comme laboratoire de formes et comme fabrique d'imaginaire. L'enquête, qui permet de donner une consistance sémantique et stylistique à la notion d'aventure dans ces contextes anciens, s'invite donc comme un témoin à réentendre dans les débats épistémologiques modernes la concernant.
Sous l'Ancien Régime, les objets iconotextuels abondent, des ouvrages d'emblèmes aux récits avec figures, des livres-galeries aux traités de science ou aux relations de fêtes. Les articles réunis dans le présent volume abordent le geste de l'illustrateur, acte graphique autant que performance de lecture, sous trois angles combinés : historique, poétique et méthodologique.
Ils témoignent de la diversité des pratiques, des supports, des dispositifs et des opérations qui rattachent les textes aux images. Ils cherchent également à sensibiliser à la pluralité d'approches auxquelles convie l'étude de l'illustration.
Leurs méthodes, confrontées à de multiples exemples tirés du riche corpus des livres à figures, s'attachent à entrecroiser les savoirs dans la mesure où la relation qui coordonne textes et images ne saurait être saisie de manière unilatérale et résumée à des constantes prédéterminées. Ce dialogue doit bien plutôt être envisagé dans sa mutabilité et ses modulations. À ce titre, il invite la recherche littéraire à renouveler ses horizons et à plaider pour la fécondité des échanges entre les disciplines.
Rabelais et Montaigne font preuve d'un maniement très personnel de la langue, leur singularité se manifestant entre autres dans leur façon d'employer des énoncés parémiques, en exploitant les ressources de ces derniers.
Dans les deux premières parties, l'approche lexicologique est privilégiée, et plus précisément l'analyse de l'étymologie des formules ainsi que des relations systémiques et sémantiques qui les caractérisent. Le troisième versant sera davantage socio-linguistique, prenant en compte des facteurs externes à la langue et ne considérant pas uniquement les structures linguistiques internes. Cette approche s'avère très pertinente étant donné que les proverbes tirent leur légitimité de la tradition. Ainsi, dans les Essais et dans les romans de Rabelais, ces formes d'origine populaire s'opposent aux formes de culture contestées par les auteurs. Enfin, dans la quatrième partie, le procédé de détournement est abordé du point de vue stylistique. Un tel usage des formules va à l'encontre des conventions. Affranchie de la sorte des contraintes du sérieux, la parole déploie sa créativité, en frôlant la dérision et l'absurde.
Alors que de nombreux travaux ont éclairé la manière dont la référence à Molière, comme modèle ou repoussoir, nourrissait les théâtres nationaux dans la plupart des pays européens, on s'est moins attaché aux conditions et aux modalités de la diffusion de l'oeuvre moliéresque hors de France.
C'est à cette première réception, engagée du vivant du dramaturge, et dans le cadre de l'espace européen, qu'est consacré le présent numéro. Les 14 articles qu'il réunit montrent dans quels contextes (théâtre de cour, théâtre scolaire, spectacles proposés par des troupes ambulantes), par quels vecteurs, matériels, humains, politiques et économiques, selon quelles voies esthétiques (traduction, adaptation, hybridation de matériaux empruntés à Molière et à d'autres traditions spectaculaires...) mais aussi avec quels effets ou quelles conséquences (telles que la création d'une institution théâtrale ou d'un répertoire nationaux) s'opère une telle diffusion. En retour, la réception du dramaturge et de son oeuvre en dehors de la France jette des lumières neuves sur la constitution des hiérarchies et du canon français.
Le répertoire implique un point de vue sur l'histoire du théâtre, et une volonté de rendre cette histoire présente, vivante. Il est, par définition, significatif et organisé, et signalant ainsi un point de vue sur le théâtre comme figurant une spécificité particulière, nationale le plus souvent, et en rapport avec une langue, ou une manière de faire ou de se reconnaître dans des productions passées, un type d'intervention sur le monde, un jeu de formes-sens capable d'être transcrit d'un moment historique à un autre.
Ainsi, répéter publiquement une pièce, c'est l'inscrire dans un répertoire. Dès lors, se pose la question du canon : pourquoi cette pièce-ci ou celle-là, où la jouer, comment la traiter ? Outre les articles qui cherchent à définir ce qu'est le répertoire aux XVIIe et XVIIIe siècles en France, le dossier propose des contributions sur le répertoire français en Russie et en Allemagne, et sur les premières traductions-adaptations de Molière en arabe.
Il permet enfin de (re)lire sur ces questions des textes de metteurs en scène proches de nous, comme Jouvet ou Bozonnet.
L'objectif du numéro est de saisir les tensions qui font l'originalité d'une poétique en prise avec l'histoire personnelle autant que collective, soucieuse de maintenir un sens de la vie sur la conscience d'un tragique existentiel et l'élucidation des drames contemporains. Rejet de tout déni, équilibre entre fantaisie et désignation concrète de la réalité environnante, expression per- sonnelle et polyphonie, rêverie intime et hermétique et recours à l'imagi- nation héritée ou populaire, raisonnement discursif et allégorisme, situent la singularité de la voix de Vénus Khoury-Ghata dans le champ de la poésie française contemporaine et, plus largement, moderne.
Voilà pourquoi la parole poétique est d'abord abordée sous l'angle moral de son rapport à la mémoire, aux forces destructrices du mal, de la mort ou de la folie, autant que sous l'angle du don et de la reconnaissance, voire de l'herméneutique du monde élémentaire. Cet éclairage explique l'attention portée aux réalités et aux symboles ambivalents, comme celui des orties, ainsi qu'aux limites, et l'importance prise par l'esthétique compensatrice et correctrice qui fait alterner des tendances langagières contraires : ainsi s'affirme une énergie du rééquilibrage régulier de la parole qu'une logique univoque, figée et définitive pourrait trahir.
Dans la seconde moitié du xviie siècle, les machines sont mises en scènes dans l'espace public, avec le chantier du Louvre ou les feux d'artifice, et au théâtre, de Mirame et Andromède aux opéras de la période révolutionnaire, en passant par les tragédies à machines du théâtre du Marais, la Psyché de Molière, les tragédies lyriques de Lully et Quinault. Ce dossier étudie ces « scènes de machines » en cherchant d'abord à les situer. Il suit leur importation, des spectacles romains aux scènes parisiennes, et les cherche dans des écrits et des images : didascalies, périodiques, écrans de feu, tapisseries... Les machines y sont mises en scènes pour mieux attirer le public, ou pour figurer le pouvoir du roi. Les articles réunis ici interrogent les effets de ces spectacles, entre action vraisemblable et illusion des sens. La machine n'est-elle pas aussi machination ? La surprise qu'elle provoque est prise dans une tension entre admiration et tromperie, entre plaisir et violence. Le théâtre machiné apparaît alors comme le lieu d'une réflexion sur l'exercice de la force et ses effets, sur la manière dont elle peut susciter le plaisir, l'agrément et l'adhésion.
S'inscrivant dans la réflexion actuelle sur le « sentiment » ou « l'imaginaire » de la langue, ce dossier étudie la persistance de l'imaginaire organique de la langue en diachronie longue (XVIe-XXIe siècle). En combinant des approches linguistiques, stylistiques et littéraires, il interroge la présence des images végétales ou corporelles dans les réflexions sur la langue littéraire au XVIe siècle ou chez les « remarqueurs » du XVIIe siècle, mais également leur persistance aussi bien à travers le style du « drame sérieux » au XVIIIe siècle que dans les romans de Maurice Blanchot ou dans les albums de jeunesse, à travers le motif des lettres faites graines.
Ces études sont complétées par un entretien avec le romancier Jocelyn Bonnerave autour de L'Homme bambou, roman dont le style est gagné, peu à peu, par une envahissante « végétalisation ».
Certains écrivains apparaissent comme des inspirateurs plus essentiels que d'autres pour les générations suivantes. Tels sont Proust et Faulkner, grands romanciers du temps, de la mémoire, de la sensation, mais aussi grands inventeurs de formes. Leur fortune fut pourtant différente, le premier étant, dans les années 1930 et l'après-guerre, largement déclaré obsolète, bourgeois, voire snob, et n'obtenant sa pleine reconnaissance qu'à partir des années 1970, quand le second était sacré, dès la traduction de Sanctuaire en 1933, et plus encore après 1945, comme la figure majeure du roman américain contemporain, capable de révolutionner la pratique romanesque en la sortant de l'ornière bourgeoise et psychologique. Cependant, ils finirent par se rejoindre comme des références majeures de la modernité, l'un et l'autre révélateurs des pouvoirs de la littérature et de ses perspectives de renouvellement.
Les études réunies dans ce numéro abordent certains aspects et figures de ce double héritage, sans prétendre à l'exhaustivité, mais en s'attachant à cerner cette ombre portée de Proust et de Faulkner, à la fois inspiratrice et tutélaire, comme une présence-absence qui hante notre littérature.
Si la question de l'illustration du livre moderne a déjà été bien explorée, un de ses aspects est pourtant resté jusqu'à présent à l'écart des questionnements : la réillustration, soit l'illustration à une autre époque d'un texte déjà illustré par le passé. Pourtant, cette pratique est très fréquente et permet de mobiliser un large empan chronologique (xvie-xxie siècle). Certaines études ont par ailleurs déjà insisté sur la question de la reproductibilité, mais aussi sur les inflexions que les illustrations successives font subir aux textes. Il s'agit par conséquent dans ce dossier d'établir, dans la continuité de ces travaux, la spécificité de ce phénomène non encore abordé pour lui-même. L'objectif est de déterminer selon quelles modalités la lecture et peut-être même l'appréhension critique des oeuvres concernées peuvent être catalysées par ces nouvelles images : dans quelle mesure les réillustrations reconfigurent-elles le sens des textes qu'elles accompagnent, ou du moins, quels gestes impliquent-elles, tant du côté de la production que de celui de la réception ?
Réunis dans le cadre du programme de l'agrégation de lettres modernes 2009, hernani et ruy blas sont deux oeuvres phares de la littérature du xixe siècle.
Dans l'histoire du théâtre, elles opèrent une rupture avec la tradition dramaturgique occidentale : l'espace, les personnages et la structure de l'action y sont en effet repensés à la lumière des théories énoncées dans la préface de cromwell et y subissent l'influence du grotesque, notion clé de la poétique hugolienne. conçus pour la scène, hernani et ruy blas - sommets du théâtre romantique - renouvellent aussi l'art dramatique par une écriture au service du spectaculaire qui attise constamment le plaisir du spectateur.
Victor hugo établit lui-même un lien explicite entre l'un et l'autre drame. essentiellement historique, le rapport entre les deux pièces est aussi génétique, thématique et esthétique. au-delà du choix d'un même cadre espagnol, et sous le vernis d'une semblable couleur locale, hugo brosse le portrait d'un etat qui naît dans hernani et agonise dans ruy blas. a plus d'un titre, les deux oeuvres apparaissent comme le fruit de " l'école moderne " et annoncent, sur bien des points, les révolutions du théâtre au xxe siècle.
Sylvain ledda propose ici une étude à la fois rigoureuse et claire d'hernani et de ruy blas. sens du romanesque, portée symbolique des situations, lyrisme épique de l'écriture, souffle du dialogue, force de la théâtralité sont autant de pistes que propose l'auteur pour analyser ces oeuvres dans toute leur complexité. au-delà des étudiants préparant l'agrégation, cet ouvrage intéressera tous les fervents de victor hugo et tous les amateurs de théâtre romantique.
Ce volume est accompagné d'un DVD sur lequel figure les communications non imprimées ainsi que les discussions des deux journées. Des séquences filmées et l'enregistrement sonore de certaines interventions, complètent l'ensemble.